Lentement, il passa le main sur le crucifix qu'il trône sur la cheminée. Selon son père, cette croix en bois est ce qu'il a de plus précieux, et il doit y veiller comme il veillerait sur un être cher. A presque 6 ans, Lux ne comprends toujours pas en quoi cet objet est important. « Primordial » selon son père. En plus, il y en a des dizaines d'autres dans la maison. De différentes tailles, à différents endroits... Le petit garçon les a toujours trouvées effrayantes. Il paraît que le type cloué dessus s'appelle « Jésus Christ ». Il trouve que c'est un nom plutôt étrange, mais après tout, on ne lui demande pas son avis ! Le plus grand crucifix, et sans doute le plus important, est accroché au dessus de la porte de la cuisine. Peut-être parce que c'est la pièce où la famille passe le plus de temps... Chaque soir, Monsieur Campbell joint ses mains et ferme les yeux. La première fois que Lux l'a vu faire, il s'est demandé ce qu'il pouvait bien faire, accroupit de la sorte sous la croix... « Il faut prier chaque soir, Lux. Pour le pardon. » Alors Lux avait prié. Pour le pardon. De quoi, il ne savait pas, mais puisque père l'avait dit...

Chaque dimanche, les deux hommes se rendaient à la messe. C'était obligatoire. Le petit garçon n'avait jamais rechigné à y aller. Son père l'aurait puni pour s'être montré effronté et désobéissant, et il détestait voir père en colère. Il lui faisait peur dans ces moments. Il comprenait alors à quoi servait de prier, et il redoublait de sérieux à joindre ses mains sous la croix chaque soir avant de se coucher. Parfois, après ces colères, il trouvait son père effondré. Il l'entendait murmurer son pardon à une ombre invisible. Il l'entendait prononcer son nom des dizaines de fois... « Elena. » Qui était cette femme ? Lux ne l'avait jamais su, et il n'osait demander... Alors il restait à fixer les larmes couler sur le visage de son père, espérant peut-être y trouver des réponses à ses questions... Ce n'était jamais arrivé.

Le temps s'écoulait lentement, les jours se suivaient et se ressemblaient, au plus grande damne de l'adolescent qu'était devenu Lux. Il avait grandit, et il comprenait les choses. Évidemment, certaines lui échappaient encore, mais quelque unes de ses questions avaient trouvées des réponses. Il en était arrivé d'autres, par dizaines. Elles n'avaient pas encore de dénouement.
Le mystère avait été levé sur les croix, les chants de la messe, l'eau bénite et les pleurs incessants de son père. Elena n'était qu'une femme disparue, sa mère, morte quelques jours après sa naissance à la suite d'un accident. Lux ne ressentait rien pour elle, pas même de la tristesse, en songeant qu'il ne la connaîtrait jamais. Le chagrin et la douleur de son géniteur semblaient compter pour deux... Jésus Christ ne la ramènerait pas. Lui aussi avait disparu... parfois même, le jeune homme se demandait si cet homme en pagne, cloué sur des morceaux de bois ternis par le temps, avait réellement existé. Personne ne semblait en douter lorsqu'il allait passait les portes de l'Eglise. Peut-être était-il le seul hérétique du village ? Honteux, Lux n'avait jamais avoué ses doutes à son père. Ce dernier semblait tellement sûr, tellement... impliqué. La religion était sa raison de vivre, et il aurait été injuste que son fils lui enlève son bonheur parce qu'il doutait.

« Tu ne mentiras point. »

« Le doute est le propre de l'adolescent », lui avait dit son oncle un jour. Lux venait d'avoir vingt ans. Il songeait à son avenir. Et même si son père le voyait prêtre, lui n'avait aucune envie d'une vie enchaîné au service d'une cause à laquelle il croyait de moins en moins... Les disputes avec son père étaient devenues de plus en plus violentes, et à termes, le jeune homme avait fuit. Sa fugue l'avait mené chez le frère de celui qui l'élevait dans la tradition chrétienne depuis deux décennies. Là-bas, il avait relâché toute sa colère, sa douleur, sa frustration, et la vérité était tombée. Il avait tout dit à son oncle. Ses doutes, ses peurs, les questions qui l'empêchaient de dormir depuis des mois, le désir de son père de le voir réciter des prières derrière un autel chaque dimanche... Il lui parlé de ses rêves. De sa mère. De cette réalité qu'il ne comprenait pas.
Son oncle aussi s'était dévoilé. Ce jour là, Lux avait apprit que le mensonge est le propre des croyants. Son père lui cachait la sombre vérité depuis toujours, et même si il parvenait à comprendre son choix, il ne pouvait pas l'approuver. Jamais.

Ce soir là, ses rêves avaient été peuplés d'Esprits, de sang, de cris... Il y avait vu sa mère, douce créature enveloppée dans une robe en flanelle, souriante et heureuse. Elle s'était approché et lui caressé le visage. Une tâche de sang colorait son torse, et son sourire s'était transformé en rictus, avant qu'elle ne tente d'étrangler Lux. En nage au réveil, le jeune homme entendait encore son rire jubilatoire résonner dans sa tête. Ses yeux vides reflétait la mort dans les siens, et il supporté ce regard pendant des jours.

« Ton fils avait besoin de savoir, Ab. Je suis désolé. » - « Ne le soit pas, tu as raison. J'aurais dû lui en parler depuis longtemps... » Le vieille homme poussa un long soupir. Son visage était pâle comme la mort, et il semblait avoir prit dix ans depuis la dernière fois que Lux l'avait vu. Son père était tout ce qui lui restait, et il était incapable de lui en vouloir plus longtemps. Doucement, il s'approcha des deux frères et attendit qu'ils remarquent sa présence, silencieux. Lorsque le regarde de son fils croisa le sien, après presque deux mois d'éloignement, le père de Lux fondit en larmes. L'instant d'après, son bonheur de revoir la chair de sa chair était noyé dans une étreinte bienvenue et salvatrice. Sa raison d'exister était de retour, il ne comptait pas la perdre à nouveau.

La formation de Lux commença l'année suivante. Il apprit tout sur les Esprits, les Possessions, et la manière de renvoyer les morts dans le royaume qui avait été créé pour eux. Il apprit comment sa mère était morte, et pardonna à son père. Il comprit alors la raison pour laquelle il avait voué sa vie à Dieu et la religion. Le pardon qu'il demandait chaque soir. Il comprit son enfance entière, et décida de changer le futur.

L'Esprit hurla sa douleur et sa colère, décidé à ne pas laisser le gamin le renvoyer chez les Morts. Lux ne cilla pas, décidé à démontrer à son oncle qu'il était capable de s'en sortir seul. Bientôt, le silence reprit ses droits, et le jeune homme put souffler. Il jeta un oeil au corps à ses pieds, et s'approcha pour soulever à la jeune femme. Doucement, il la serra contre lui afin qu'elle ne subisse aucun choc. Lorsqu'il passa à côté de lui, son oncle lui sourit à demi et hocha simplement la tête, satisfait.

Depuis la mort de son père un mois plus tôt, Lux redoublait d'efforts dans son apprentissage de l'Exorcisme. Pour le moment, il ne s'attaquait qu'à des Fantômes, faciles à berner et plutôt réceptifs au rituel. Il attendait impatiemment le moment où son Maître Exorciste déciderait de lui confier des tâches de plus haute importance, mais jamais ce moment ne venait... Lux adorait son oncle, et il le respectait plus que tout autre. Cependant son impatience commençait à prendre le dessus, et après cinq ans à suivre les tâches de son père, le jeune homme estimait avoir le droit à un peu de liberté. Toute sa vie, il avait refusé de devenir prêtre, pour conserver sa liberté.

Mais lorsque son père avait disparu, tué par un Esprit trop puissant, Lux avait pleuré son obstination. Il aurait voulut que son père meurt en étant fier de lui. Il aurait voulut le sauver. Être capable d'être plus qu'un Apprenti Exorciste, juste une fois. Cela s'était terminé autrement, et le jeune homme aimait à se dire qu'il était parti sa douce Elena, et qu'enfin il était en paix au Paradis. Lux n'avait jamais eut soif de vengeance, et même après avoir vu son père rendre son souffle dans ses bras, il était incapable de ressentir de la haine à l'égard des Esprits. Elle n'aurait été qu'une perte d'énergie inutile ; les âmes étaient déjà mortes. Elles avaient besoin d'être remise sur le bon chemin, pas d'être détruites.
Alors, quand son oncle avait reprit le flambeau de son frère en devenant le Maître Exorciste de Lux, ce dernier avait pensé que les choses changeraient, qu'il pourrait s'attaquer à plus que des Fantômes. Non pas pour venger son père, mais pour gagner en force et en efficacité.

« Tu n'es pas prêt. » - « Tu es aveuglé par ton chagrin, je suis prêt. » - « C'est moi qui décide de qui a raison ou tort dans cette histoire, mon grande. » - « Père disait que j'étais prêt. » - « Ton père est mort. Fin de la discussion, Lux. Remets toi au boulot. » A bien y regarder, le pauvre oncle ne pouvait que se reprocher tant d'impudence de la part de son neveu. Il était sans aucun doute à l'origine de son esprit rebelle. Il avait réussi à faire de Lux un autodidacte lorsque le jeune homme avait exprimé le désir de devenir prêtre, après la mort de son père. Il avait sauvé sa liberté, et son droit sur lui était entier. Jusqu'à ce qu'il le juge prêt à faire cavalier seul, son Maître restait l'unique décisionnaire.

L'apprentissage s'acheva par une nuit d'hiver, dans les plaines d'Irlande, loin des regards indiscrets. Les cris du Dibbouk résonnèrent pendant de longues minutes dans le silence, enflammant le ciel étoilé de ce mois de Décembre. Lux tomba à genoux dans la neige, en nage, le corps tremblant de froid et de fatigue. Il serrait sa croix si fort que lorsque son oncle voulut lui retirer des mains, il ne parvint qu'à le faire s'y agripper plus encore. Doucement, il se pencha sur le jeune homme et lui caressa les cheveux. « C'est fini, Lux. Il est parti. Respire. Calme toi, mon fils. » Jamais Lux n'oublia le jour où il gagna son indépendance. Jamais il n'oublia que ce soir signifiait aussi qu'il avait tout perdu.


Des cris, il avait finit par arrêter d'en pousser. Sa gorge en saignait, et il détestait voir arriver l'infirmière munie d'une seringue de calmants. Il détestait ne pas être maître de son corps. Il détestait lutter en vain pour ne pas s'endormir, sentir son regard se voiler, et être incapable de retenir ses paupières lorsqu'elle venait lui masquer la vue pendant de longues heures. Il aurait aimé disparaître à jamais. Le jour de l'enterrement, il avait souhaité prendre la place de son oncle dans la tombe. Alors il s'était jeté du haut d'un pont, en espérant que son corps serait à son tour porté dans un cercueil et enseveli. Il voulait simplement le silence. Le calme. La simplicité. Malheureusement, une entité supérieure en avait décidé autrement...

Lux aurait pu maudire Dieu. Il était le seul capable de faire revivre les morts. Le seul à l'origine de son malheur depuis qu'il était né. Seulement il était aussi son Salut. Alors il se contentait de supporter la douleur et le désespoir qui l'envahissaient à chaque fois qu'il ouvrait les yeux sur le plafond immaculé. Tout ici semblait faire pour drainer tout sentiment de bien être. Le blanc était la couleur de la lumière et du bien être, mais entre ces murs, il semblait plus oppressant qu'autre chose... Lux ne supportait pas sa vie enfermé. Aux yeux de tous ces gens qui l'entouraient, il n'était qu'un fou. Et il avait été interné pour cela. Après sa tentative de suicide, il avait été entendu par les forces de police. Ce qu'il avait raconté, la manière dont il l'avait fait, et la conviction qu'il avait mit dans ses mots avaient causé sa perte.

Apparemment, le coup qu'il avait reçu sur la tête lui avait endommagé le cerveau, il n'était « plus apte à disposer de lui-même dans la société sans mettre danger sa personne ou autrui. » Il aurait pu mentir. Faire en sorte que la vérité semble toute autre, et retrouver ainsi sa liberté, après quelques tests psychologiques. Cependant, si il était parfaitement capable de jouer un faux jeu, ses cauchemars incessants trahissait son esprit torturé toutes les nuits. Lux maudissait son inconscient et son incapacité à contrôler ses songes ténébreux. Il aurait voulut être incapable de rêver. S'endormir dans le noir et y rester jusqu'à son réveil. Pour toujours même, cela aurait été l'idéal.

Depuis son internement, il les ressentait plus encore qu'auparavant... Se battre contre ses propres sentiments était une épreuve de chaque instant, mais Lux menait bataille sans se plaindre. Il avait apprit à vivre avec ces sensations d'étouffement. Il comprenait les Esprits... rôder dans les couloirs d'un asile démontrait d'une intelligence supérieure de ces êtres en perdition, qui devaient trouver chez les pensionnaires des réceptacles faciles à manipuler... Lux quant à lui, semblait repousser l'ennemi comme la peste. Les Esprits l'entouraient mais le fuyaient. Avait-il peur ? Voulaient-il le faire souffrir plus encore ? Il ne trouva jamais de réponses à ses questions, et fut prit pour plus fou encore lorsqu'ils leur hurlait de le laisser tranquille et qu'on le retrouvait recroquevillé dans un coin, tremblant. En soi, les Esprits étaient devenus des obstacles à la liberté.

Heureusement, son calvaire cessa le jour où il posa ses yeux sur le journal qu'un vieillard, devenu son compagnon d'infortune et ami de banc. Il ne comprit jamais comment un exemplaire du journal de la Nouvelle-Orléans était arrivé jusqu'entre les mains du vieille homme, mais il vit cela comme un signe, un moyen de s'en sortir enfin, quitter toute cette merde et tenter de reprendre de zéro dans une autre vie, un autre monde.
Un mois plus tard, Lux regardait le paysage le son Irlande natale couler sous ses yeux. Le train silencieux l'arrêta à Dublin. Il prit un avion, légalement, et se laissa porter par delà les océans jusqu'à sa liberté.


Sur cette terre où la guerre fait rage, le mensonge sera son Salut. Dieu n'existe plus que dans son souvenir. Le servir ne sert qu'à aggraver la brûlure de l'âme. Lux n'a pas prié depuis des mois... Lorsqu'on lui proposait la messe à l'hôpital, il refusait, préférant l'enfermement au mensonge. Mais ici, dans cette nouvelle vie, il n'est qu'une ombre parmi d'autres. Dieu ne l'aura sans doute pas suivi jusqu'ici. Dieu a quitté ce monde ténébreux depuis longtemps déjà... Et il n'a aucune raison de revenir.

Le jeune homme ne sait si ici, il trouvera le bonheur. Mais au moins il est libre. Le désir d'exercer ce pourquoi il est né n'a pas été détruit par des mois de prison. Il n'a pour but que de chasser les Esprits, et les renvoyer dans leur Enfer ou leur Paradis. Le pire de tous est, le plus dangereux sans doute, se tient à quelques pas de son psaume exorciste. Il a choisi de le côtoyer, de suivre sa voie. Les autres font un travail intéressant, et il pourrait se joindre à eux... Mais l'eau à coulé sous les ponts. Ses Maîtres sont morts, et il est seul maître de son destin à présent.

Lux a choisi de vivre à travers Belaam. Il a oublié qui il devait être pour devenir celui qu'il est. Jamais il n'a été plus convaincu de la vérité.

Le regard fixé sur le vide qui s'étant à ses pieds, Lux pousse un long soupir. Tout dans cette ville sent la mort, et il a l'impression que tout cela ne cessera jamais d'exister... La douleur, la tristesse, le désespoir, la mort. Elle semble partout, s'immisce sans peine dans les cœurs, suinte à travers les murs, se meut dans le vent et se fond dans les âmes. En quittant son pays natal, le jeune homme songeait retrouver une étincelle d'espoir. Mais à cet instant, alors qu'il n'a qu'une rue déserte, grise et sombre devant les yeux, cette idée folle semble totalement illusoire.
Un nouveau soupir vient se mêler à la brise fraiche de ce début d'automne ; le jeune homme avance vers sa nouvelle vie, certain qu'elle ne pourra pas être pire que la précédente. Ici, il n'est personne. Juste un homme parmi des hommes. Des Esprits. Des Sorciers. Des Médiums... Eux ne posent pas de question. Ils ne vous regarde pas de haut en bas comme si vous étiez une chose indéfinie. Un monstre. Ici, Lux n'est rien.

Alors qu'il tente de s'imprégner des lieux, seul l'écho de son coeur battant résonne dans sa tête. Comme si le vide l'enveloppait. Comme si ce bruit était la seule chose qui le relie encore à la réalité... Il peut tout aussi bien se trouver dans un rêve. Un cauchemar plutôt... Prudent, l'irlandais s'arrête et ferme les yeux un moment. Le silence lui répond. Il reste figé pendant de longues minutes, sans bouger. On pourrait presque croire qu'il dort debout. Sa pâleur cadavérique le fait ressembler à une statue de marbre. Enfin, lorsqu'il rouvre les yeux, ces derniers se posent sur un vieux panneau, à moitié détruit par le temps et la guerre. « TREME'S QUARTER ». Aucune utilité. Pour lui, qui ne connait rien d'autre que son Irlande natale, connaître le nom d'un quartier de la Nouvelle-Orléans est étrange... Au regard de Lux, tout ici se ressemble. Il s'agit de bâtiments en piteux état, alignés les uns à côté des autres le long de rues vides et ténébreuses. En soi, une cité en guerre. Ravagée par la mort. Elle les vaincrait tous...

Il s'approche encore, décidé à ne pas laisser tomber cette chance de tout recommencer. Il n'a pas tellement le choix. Ce dernier a été fait trois jours plus tôt, entre quatre murs, et à l'époque il s'agissait de survie. Aujourd'hui, Lux pourrait regretter. Mais lorsqu'il regarde derrière lui, la raison l'habite de nouveau et il prend sur lui de se dire que cette ville lui sauvera la vie.

Évidemment, il aurait pu en choisir une autre. Complètement au hasard... Mais Nola avait ce petit quelque chose en plus qui avait pourri son existence et égayé son quotidien depuis toujours. Qu'il l'ai choisi ou non, Lux est un Exorciste. Et un Exorciste sans Esprits n'est qu'une coquille vide. Jusqu'ici, il avait cru que plus jamais il ne reverrait la lumière de la mort dans les yeux d'un Possédé. Tout portait à croire qu'il ne se trompait pas... Mais sa volonté, et peut-être un brin de chance, avait fait qu'il avait atterri ici, dans ce pays totalement inconnu, hostile, froid et silencieux. Il était seul dans ce désert, et si cela aurait effrayé beaucoup d'âmes, lui voyait cela comme une bénédiction. Sa vieille amie l'avait suivie jusqu'en Nouvelle-Orléans, et ne semblait pas prête à s'émanciper...

Le jeune homme s'arrête devant un bâtiment à l'allure effrayante. « ASYLUM » Un frisson parcoure son échine et il reste fixé sur ces six lettres pendant un long moment. Lorsqu'il parvient enfin à reprendre son chemin jusqu'à l'adresse indiquée sur le morceau de papier froissé qu'il tient entre ses doigts tremblants, le soleil se couche à l'horizon. La rue devient de plus en plus sombre et Lux sent la mort l'encercler, vicieuse. Il doit il avoir des dizaines d'Esprits dans les environs. L'Exorciste n'a qu'à faire quelques pas de plus pour comprendre... Le Cimetière s'étale devant ses yeux, dévoilant l'âme de la Nouvelle-Orléans. Le jeune homme observe les dizaines de tombes alignées et la brume qui commence à les recouvrir, lentement. Il laisse ses paupières voiler son regard fatigué et offre son corps à la mort. Un battement de cœur plus tard, son regard clos se pose sur l'Esprit d'une fillette, juste devant lui. Il ne peut la voir, seulement la sentir. La ressentir. Une larme roule sur sa joue, et il comprend enfin qu'ici, un miracle est possible. Il pourra être celui qu'il désire, et n'être personne, tout à la fois.