On parle souvent des orphelins ou alors des enfants non désirés. Il en va de même des progénitures heureuses ou dans la misère financière, mais au final, qu'en est-il des enfants regrettés ? Cela fait tâche, généralement, de se dire après coup que c'était une erreur, alors on tait cette situation, on fait comme ci elle n’existait pas pour ne pas rappeler au monde à quel point l'humanité peut être exécrable et non reconnaissante. Malheureusement nous avons été dans ce cas oublié, bijoux de notre famille avant d'être le souvenir d'un échec cuisant dont on se serait bien passé. Dire que nous étions aimés … Ma mère avait même pleuré sous la joie de voir que nous étions deux, une chance disait-elle et qui prouvait à quel point ils étaient bénis, voyant cela comme le meilleur des présages pour leur vie futur. Mais vous vous doutez que ce ne fut pas vraiment le cas ! Notre famille devint très vite uni-parentale, élevés par un coureur de père qui ne supporta pas le départ de sa femme pour une autre femme et qui fit tout son possible pour rattraper une jeunesse disparu dont nous étions malheureusement des chaînes l'empêchant de croire à sa propre illusion. Quand à notre mère … nous aimait-elle disait-elle souvent ! Pourtant, quand une nouvelle vie se présenta c'est sans le moindre bagage de son passé qu'elle se jeta dans cette dernière. Pauvre petits bouts de choux, abandonnés par leur mère et ayant un père absent … les chosent se diffusèrent rapidement dans notre quartier, nous étions devenu ces pathétiques petites créatures ayant droit à tous les « Ooooooh » du monde mais dont les langues se lièrent chaque fois qu'il était question de faire quelque chose pour nous aider car, voyez vous, nous n'étions pas à la rue, nous n'étions pas battu, donc on devait forcément aller bien ! Mais heureusement nous avions Anna Maria.

Qui était-elle ? Notre nourrice, engagée peu de temps après un incident domestique qui m'avait valu des points de suture et éveillant chez mon père le risque d'alerter les services sociaux si il nous arrivait quelque chose de grave car, si il ne voulait pas s'occuper de nous, il ne voulait pas qu'on nous prenne, pour ne pas entacher sa réputation voyez vous et car un père élevant seul deux enfants avait de l'effet sur les jeunes demoiselle. Mais qu'importe, je n'avais pas besoin de lui et Zéphyr non plus, Anna M. comme elle nous faisait l'appeler était une véritable bénédiction ! Elle était une pure Néo Orléannaise, le teint quelque peu chocolat, des cheveux courts lui donnant un air de Halley Berry et avait cette petite touche de cliché par rapport à cette ville de l'époque des champs de coton. Elle nous faisait rire, vivre et dormir, elle avait toujours ces histoires incroyables bien loin des contes de fées et qui appartenaient à « l'histoire de sa famille ». Mais surtout elle prenait soin de nous, elle arrivait même à gérer Zéphyr qui était un enfant assez difficile à cause de ce que nous ne savions pas encore être une sociopathie. En clair, elle avait su s'imposer pour nous comme une véritable mère, une véritable famille, ce que nos parents n'avaient jamais été en fin de compte.

Puis au final, nous voyant grandir de jour en jour, elle dû avoir la même pensée, décidant de nous transmettre ce que chaque génération de sa propre famille lui avait transmis, ce qui fut d'autant plus renforcé par le fait qu'elle soit stérile et nous voyait vraiment comme les enfants qu'elle ne pourrait jamais avoir. Mais cet héritage … cet héritage était loin d'être que de simples histoires et des principes, non, elle avait vérifié des années durant notre réceptivité à tous ces récits avant de nous introduire à la religion vaudou quand nous fûmes en âge de comprendre et de décider d'y croire ou non. Et si en effet il y avait de quoi être sceptique, même pour un enfant, nous nous buvions chacune de ses paroles et alors, quand elle nous disait de croire en ce qu'elle nous racontait, nous le faisions sans la moindre hésitation.

Ne vous méprenez pas, elle ne s'amusa pas à nous montrer des trucs clinquants à coup d'invocation d'esprits ou ce genre de conneries, non. Au début cela se basait surtout sur ce que beaucoup verraient comme de la superstition, apprendre à ensorceler un objet pour apporter chance ou protection, attirer le mauvais œil, tout un tas de choses invisibles que l'on pourrait attribuer au hasard mais qui était à présent tout ce qu'il y avait de plus tangible à nos yeux. D'ailleurs nous passions de moins en moins de temps dans notre propre maison, nous déambulions dans les petites ruelles de la Nouvelle-Orléans, les endroits perdus et terriblement calmes malgré la fréquentation par peur d'attirer des forces qu'il ne fallait pas se mettre à dos. Nous partions à la rencontre de ce monde que notre protectrice essayait de nous faire comprendre, nous introduisant à cette communauté si particulière et à l'atmosphère qui s'en dégageait. En clair nous étions bien loin de tous ces charlatans dans les rues à touristes, usant de tout un tas de grigris et autre babiole pour se faire passer pour ce qu'ils n'étaient pas et soutirer un maximum d'argent. Et quand nous fûmes capable de rester sage et d'écouter, nous assistions à de plus en plus d'offices réalisés par Anna Maria ou alors des amis à elle, entrant dans un réseau qui voyait au début en nous qu'une sorte de curiosité, un divertissement amusant avant de comprendre que nous pouvions représenter un potentiel important malgré notre statut d'étranger dû à nos parents biologiques. Et alors les choses s’accélérèrent, plus qu'observer nous participions, aidant aux préparatifs, aux danses rituelles, nous étions baignez dans le savoir des anciens et commencions à nous mêler aux apprentis des quelques autres prêtres. Enfin même les entretiens les plus privés qui nous étaient interdits s'ouvraient à nous. Peu à peu nous nous approchions du statut de prêtres vaudou à en devenir.

Mais bien entendu cette histoire ne pouvais continuer ainsi, sans le moindre accroc. Enfin … me direz vous que l'indifférence de nos parents était déjà symbole d'une triste vie et pourtant c'est ce qui avait permis à cette dernière de devenir belle. Nous n'étions pas malheureux, au contraire, nous avions une « mère » qui était prête à tout pour nous alors qu'en plus nous découvrions un monde qui nous serait resté inconnu dans une autre situation. Seulement voilà … c'est à ce moment précis que notre père commença à se réveiller de son étrange léthargie vis à vis de son rôle de père pour d'un coup s'inquiéter des étranges individus que nous devenions, adolescents aux cheveux blancs, riant dans des murmures et souriant comme des damnés. Il est vrai que cela faisait quelques temps déjà que nous semblions glisser vers quelque chose d'assez sombre et malsain. Même les autres le remarquaient et si Anna M. repoussait chacune des ces accusations de la mains, l'on commençait à avoir peur de nous, disant voir dans nos yeux ce quelque chose de terrible, cette détermination malsaine qui ferait de nous des individus des plus dangereux et sans doute n'avaient-ils pas tort au fond. Mais pour en revenir à notre père, je crois bien que nous commencions à lui faire réellement peur et découvrir dans notre chambre d'étranges objets dont l'appartenance au vaudou était impossible à nier n'aida pas dans cette idée. Alors évidement, après avoir détruit tout ce qui nous appartenait, du moins ce qu'il était parvenu à trouver, ce qui était bien peu, il jeta la faute sur la seule coupable qu'il voyait dans son esprit, c'est à dire Anna M., décidant que jamais plus nous ne pourrions voir cette « folle », ce qui fut un choix très grossier de mot de sa part. Bon, il est vrai qu'elle fut en effet l'instigatrice de tout cela, mais nous n'étions pas les enfants du démons, non, elle nous apprenait un équilibre de vie et des forces qui nous entouraient des plus respectueux mais ça … ça il ne pouvait pas le savoir. Il ne pouvait pas savoir non plus que c'était elle qui parvenait à entretenir le peu de limites qui nous restait avant de devenir des monstres. Pour lui le vaudou n'était que mauvais œil, tricherie et sortilège noirs alors qu'il ne comprenait pas que rien était ni tout blanc, ni tout noir, tout était gris.

Seulement voilà, il nous avait menacé, menacé de nous retirer la seule chose qui comptait réellement à nos yeux. A ce moment précis il venait de nous faire passer la barrière qui s'amoindrissait de plus en plus chaque jour. Alors qu'il venait d'entrer dans son bureau, prenant son téléphone histoire de mettre un terme à ce terrible épisode, nous l'avions suivit, nous étions entré et nous avions verrouillé la porte derrière nous. Disons qu'après cela nous n’eûmes plus jamais à craindre que ce pathétique individu brise ce bonheur dont il n'avait jamais pu prendre part et quand Anna Maria arriva pour nous chercher, comme d'habitude, nous l'attendions sur le porche, d'énorme larmes coulant sur nos joues alors que nos visages traduisaient toute la tristesse du monde, lui racontant que notre géniteur était à présent définitivement partit, nous abandonnant à notre sort, qu'importe que nous soyons ses enfants. Elle ne su jamais rien de la vérité, ou alors jamais elle n'en parla, mais à partir de ce moment nous venions de nous libérer de ce passé qui était devenu bien trop encombrant pour n'appartenir qu'à cette famille que nous avions forgé. Cependant, le changement qui s'était effectué en nous lui était à présent permanent, affichant toujours ce sourire de damnés et comprenant qu'à présent nous pouvions faire et avoir ce que l'on voulait tant qu'on faisait ce qu'il fallait pour cela.

Notre vie continua alors beaucoup plus calmement à la Nouvelle Orléans. Il n'y avait plus d'obstacles, plus de gêneurs, hormis ceux dont les messes basses à notre propos se faisaient un peu trop forte à notre goût. Bien entendu nous ne pouvions pas faire le ménage à coup de couteau à travers la ville comme ci de rien était alors nous faisions semblant, semblant que tout était parfait, au moins pour Anna M. qui se tuait à la tâche avec nous et notre enseignement. Nous ne pouvions d'ailleurs que saluer les efforts de cette femme qui nous aimait du plus profond de son cœur malgré la noirceur qui émanait de nous. Mais ironie du sort, alors que nous avions tout juste dix-huit ans elle succomba d'un cancer foudroyant que l'on avait pas vu venir. Au final nous n'eûmes vraiment que très peu de temps ensembles et notre tristesse n'était cette fois pas feinte quand elle fut mise en terre, lui disant un dernier adieu avant qu'elle ne rejoigne le monde d'après. Mais dans ce petit cimetière, délabré, perdu dans cette grande ville, tous nos sens s'éveillèrent. Il y avait ici ce … ce contact avec l'au delà comme nous l'avions rarement ressentit par le passé. C'était presque comme une drogue, un alcool nous rendant ivre d'un bonheur certain lié au vaudou. Il nous fallait cet endroit, il fallait que ça devienne notre domaine, l'endroit qui nous rapprocherais les plus des Guédés et des esprits. Alors un jeu malsain se lança. En effet, dénués d'un réel héritage face à la fausse disparition de notre père, nous avions pas les moyens de nous approprier un tel endroit, non, nous devions trouver comment nous en emparer par nos propres ressources. Pour cela nous avons donc tourmenté son propriétaire, usant du vaudou pour attirer le mauvais œil, remplissant ses songes d'images troublantes et dérangeantes pour que jamais il ne trouve le repos dans le sommeil et surtout l'empoisonnant lentement mais sûrement jusqu'à qu'il se pense maudit et au bord de la mort. Nous l'isolions, nous rendions son cas impossible et inexplicable, nous tentions de briser sa volonté à distance sans même à avoir à se confronter à lui directement. Jusqu'à ce jour, ce jour où nous nous sommes présenté à lui, telle la solution à tous ses problèmes alors que nous étions en réalité la cause. Qu'importe qu'il soit réticent, après des mois de calvaire tout semblait bon à prendre pour que son tourment s'arrête. Il était totalement instable et irréfléchis, la logique lui manquait et au final … il était mur, oui, il serait prêt çà nous donner ce que nous voulions si nous pouvions appuyer un petit peu plus et c'est ce que nous faisions, lui inventant une malédiction et des maux que son hypocondrie permis de rendre plus tangible au point que pour la sauvegarde de sa vie le choix se faisait si pressant qu'il nous céda l'acte de propriété de l'endroit et la direction alors qu'il fuyait loin de cet endroit pour aller mieux. Nous n'avions aucune idée de comment entretenir un cimetière, mais nous savions en prendre soin, creuser des tombes et préparer les morts, ce qui nous paraissait suffisant pour le moment et alors on en fit notre métier tout en offrant nos services de prêtres vaudou.

Bien entendu ce serait trop facile si l'histoire s'arrêtait là ! Non bien sûr … il faut parler de Belaam, lui qui débuta une guerre à la fois invisible et meurtrière. Si nous n'avions pas encore conscience de ce qui se tramait à ce moment là il était tout simplement impossible de ne pas ressentir l'énergie négative que produisait ce Dibookh, nimbant la ville de toute sa haine et de sa colère, lui qui n'avait su rester à sa place dans le monde d'en bas. Alors bien évidemment nous ne l'avons pas rejoint tout de suite, il était, pensions-nous, une menace qu'il fallait enrayer au plus vite. Mais alors que ses méfaits prenaient de plus en plus d'ampleur tandis que nous cherchions encore un moyen de l'arrêter, nous consultions les Guédés dans l'espoir d'obtenir une solution à ce problème … la réponse fut bien différente de ce dont à quoi on aurait pu s'attendre. Toutes les interprétations que nous faisions de la volonté des puissants semblaient nous dire que si Belaam apporterait mort et destruction, son œuvre devait être accomplit afin qu'un monde nouveau puisse naître dans le sang de l'ancien. En clair nous ne devions pas le combattre ni l'arrêter mais bien l'aider, ce que nous fîmes alors, de notre côté au début, ne pouvant clairement pas convoquer un esprit aussi puissant sans de trop gros risques. Nous favorisions donc les possessions et empoisonnions les esprits de tous ceux qui pourraient avoir le malheur de se lever contre lui. Si nous n'étions pas de grands orateurs, nous tentions tout de même de diffuser les paroles de Belaam mais surtout de vendre ce monde qui viendrait à sa suite dans l'espoir de rajouter des gens à sa cause. Puis un jour un esprit s'imposa à nous, non pas Belaam lui même mais bien un esprit partageant ses idéaux, nous faisant comprendre que notre camp était à présent choisit et reconnu de Belaam et ses serviteurs.

L'endroit n'était pas vraiment accueillant, ni effrayant pour autant, non, cette petite pièce dégageait quelque chose de très gris, éclairé par cette lumière blanche très industriel dont on pouvait entendre les grésillement alors qu'au sol et sur les murs se mouvaient les ombres continu du grand ventilateur accroché au plafond. Dehors le soleil se faisait de plus en plus absent, habillant le paysage d'un manteau de feu et allongeant les ombres du cimetière et des ombres dans une atmosphère lugubre … et pourtant c'était presque plus accueillant qu'ici, que cette pièce sans chaleur. Une petite cloche électronique teinta au moment où la porte vitrée coulissa en détectant quelqu'un s'en approcher. C'est à ce moment là que je sortais de la salle arrière pour me mettre au comptoir, observant cet homme qui venait d'apparaître, un grand black à la tenue usée sur des teintes marron qui dans seul coup ne semblait plus avoir sa place dans ce paysage et se ressentait alors qu'il cherchait quoi faire de ses mains et que son regard se perdait partout dans la pièce sur quelque chose à quoi se raccrocher sans succès. C'était ça la beauté de cette pièce, la raison pour laquelle nous la laissions si morne, car ici, qu'importe l'apparence, personne n'y avait sa place et au premier coup d'oeil on pouvait voir qui se trouvait réellement en face de nous en fonction de ses réaction de malaise.

« Hyacinthe ? »

Mon sourire s'étira. Oui, il me connaissait et je le connaissais. Fut un temps il nous enseigna même un peu de la vaudoumancie quand Anna Maria nous élevait. Pourtant nul amour dans ses yeux, non, ce qui se lisait dans l'âme de cet homme bourru et grisonnant, lui qui avait une carrure imposante à la manière d'un buffle, c'était de la crainte. Oui, il avait peur de nous et dans cet endroit qui ne lui correspondait pas c'était encore plus flagrant et ça m'amusait comme le pire des lutins. Il sembla chercher quelque chose des yeux, comme ci à ce tableau il manquait un élément important.

« Où est ton frère ? Je sais que quand il y en a un, l'autre n'est jamais loin … »

C'est alors que Zéphyr fit irruption par une des portes à côté, claquant la porte avec un petit « bouh » pour se faire annoncer et surprenant notre invité. Par contre savoir si c'était à cause de son apparition, tel un fantôme, ou de ce maquillage de clown tragique qu'il arborait autour des yeux alors que sur sa tête était perché un serre-tête en forme d'oreilles d'une certaine souris bien connu, le mystère restait entier ! Il souffla, comme agacé de notre petit jeu constant, commençant à reprendre cette assurance que nous lui connaissions bien à l'époque maintenant qu'il s'était habitué aux lieux. Serrant les poings et redressant son menton d'un air qui se voulait bien au dessus de nous qui restions des enfants à ses yeux, il commença d'une voix grave et puissante son petit discours que l'on avait déjà entendu un millier de fois par d'autres.

« Il faut que l'on parle. Personne n'est dupe dans notre profession, nous savons tous à propos de cette guerre depuis son commencement même et en voyons les effets destructeurs. Seulement si il est compréhensible que certains tentent de combattre Belaam ou que d'autres restent à l'écart, ce qui l'est moins par contre c'est que vous ayez rejoins ses rangs ! Car oui, beaucoup d'entre nous le savent et on trouve ça insensé ! Anna Maria ne vous a-t-elle pas enseigné comme il faut ? Ne vous a-t-elle pas fait clairement comprendre à quel point cet équilibre qui existe entre le royaume des morts et des vivants doit être préservé ? Pourtant tout ce que vous faites va à l'encontre des principes que nous défendons, il faut que cela cesse ! »

« Woaw, cela a l'air d'avoir été récité longuement ! Il a dû en falloir du temps devant le miroir car c'était terriblement convaincant, on aurait vraiment cru que c'était tout à fait improvisé ! »

« De quoi ?! » s'outra-t-il.

Nos rires s'élevèrent dans la pièce tandis qu'il tentait de garder son calme. Zéphyr lui tournait autours jusqu'à se trouver à l'exacte opposé de ma position, mais notre ancien tuteur se mit de profil afin de jamais nous perdre complètement des yeux, ni l'un ni l'autre.

« Voyons les enfants, c'est un sujet sérieux ! Ne comprenez vous pas que ce n'est pas un jeu ? Ce qui se passe est terrible et pourrait très mal finir, vous ne pouvez pas juste prendre ça à la légère et vous ranger dans un camp tel que celui ci sans y avoir bien réfléchis ! »

« Hyacinthe … il a dit du mal d'Anna Maria … » Dit Zéphyr dans une petite plainte alors que son regard noircissait.

« Pardon ? Non, je … » Aussitôt notre invité oublia sa prudence pour porter toute son attention sur Zéphyr qui avançait d'un pas lent vers lui, les mains derrière le dos et l'obligeant à faire des pas en arrière. « Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire bordel … Zéphyr, calme toi ! » Il était à présent adossé au comptoir alors que Zéphyr le regardait avec de grand yeux, avant de sourire comme un enfant et de montrer ses mains vides en agitant les doigts, l'air de dire « Rien à craindre ! ». Dans le même temps je glissais une petite pièce dans sa poche pendant qu'il ne regardait pas avant de continuer.

« Voyons, de quoi avez vous peur monsieur ? Vous savez bien qu'on ne vous fera aucun mal ! Vous faites partit de notre famille ! A croire que nous sommes devenus des démons, hahaha, s'en serait presque vexant ! » Il venait de se retourner vers moi et sembla souffler de soulagement, comme ci il venait de se dire qu'en effet, il s'était monté la tête pour rien. « C'était juste pas très intelligent de votre part de dire que Anna Maria nous avait mal éduqué, surtout avec Zéphyr qui n'a toujours pas encaissé sa disparition. » Ce à quoi mon frère acquiesça en hochant la tête de bas en haut d'une manière volontairement sur-jouée. « Mais ne croyez pas non plus que l'on a pas bien réfléchit avant de prendre la décision qui est la notre … vous dites défendre l'équilibre mais vous n'avez pas été capable de voir les signes. Non, vous restez dans ce modèle ancien et dépassé. Ce que Anna M. nous a apprit nous l'appliquons plus que jamais, écoutant les Iwas et traduisant leur volonté, volonté qui est ici celle d'un ordre nouveau et d'un équilibre plus parfait encore que ce que nous avons connu jusqu'à maintenant. Belaam n'est que le déclencheur, il n'est pas le futur, essayer de comprendre ça et alors peut être auront nous l'occasion de réellement pouvoir discuter … Maintenant je pense qu'il serait temps pour vous de partir, on ferme bientôt. »

Il semblait terriblement contrarié par cette rencontre, mais pas assez motivé pour relancer ce qui deviendrait bien vite des hostilité. À la place il eut simplement ce regard totalement désapprobateur alors que nous lui sourions en grand, quittant le bâtiment d'un pas lent et constant. Une fois qu'il fut assez loin, Zéphyr sautilla presque sur place avant de bondir d'un coup sur le comptoir pour se placer au plus près de moi.

« Alors alors alors, on a pas été parfait franchement ! Car tu as bien réussit, hein ? Je t'ai vu le faire. »

« Oui oui, je l'ai fait ! Et en effet on a été parfait, terriblement facile. Avec ça ça devrait pas mal réduire ses défenses, de quoi laisser un esprit passer. »

« Quel con n'empêche, il a tout gobé. Houlla, t'es notre famille, on te fera rien ! Bwahah ! Au moins comme ça, pas besoin de les convaincre, ils nous rejoindront de gré ou de force. Je commençais à en avoir marre de brasser du vent avec eux, famille ou pas. »

« M'en parle pas … il faudra juste répéter le même petit scénario avec les autres avant qu'ils comprennent ce qu'il se passe ! »

Je riais rapidement, avant de demander à Zéphyr de fermer pour moi, tandis que je montais à l'étage me reposer un peu.