le 17 octobre 2008 : Pyotra se confie à l'homme qu'elle a contacté pour en savoir plus sur les conditions de la mort de sa jumelle, Jack*.
« Quand nous étions enfants, ma jumelle et moi, nous sentions des présences, voyions des objets bouger, et entendions des voix. Je n'en parlais pas trop autour de moi, ce genre de choses m'inquiétait et je ne m'en vantais pas. Ma soeur, elle a commencé à en parler à mes parents, ceux-ci lui firent voir un psy, elle eut à prendre un traitement, et quand ils essayaient de la faire taire, elle me disait : "Dis-leur, Pyoty! Dis-leur que tu ressens tout ça toi aussi !" Et je répondais,.. je répondais que je ne sentais rien du tout. Jusqu'à ce que petit à petit, je ne sente plus rien du tout... J'ai lâchement abandonné ma soeur. Je l'ai laissée seule à la portée de cet esprit...  »

le 15 juin 2013 : Pyotra se confie de nouveau à Jack*. « Non, c'est différent... Je les sens. Je les entends. Comme des murmures à mes oreilles, comme des souffles discrets dans le vent. De vagues chimères qui me hantent. J'ai peur. Je suis terrifiée. Et s'ils me faisaient subir la même chose qu'à elle ? Jack*, j'ai peur de ne pas pouvoir y arriver. » « Tu dois les écouter, leur répondre, les aider, et peut-être qu'ils te laisseront un peu tranquille... »  « Je n'y arriverai pas Jack*, je n'ai que vingt-deux ans... » « Certes, mais tu es une femme forte. » « Pas autant qu'Irina, elle l'était, vraiment. Pas moi. J'ai fait taire ces voix dans ma tête parce qu'elles me faisaient peur. Maintenant... maintenant je ne sais plus quoi faire... Je suis incapable d'y arriver... »


le 12 août 2013 : Pyotra tente d'expliquer ce qu'elle ressens. « Tu ne comprends pas. Il y a tous ces... ces... ressentis... J'ai l'impression d'être devenue folle. Je passe du rire aux larmes sans savoir pourquoi. Je commence par avoir peur, avant d'être colère, ou de haïr quelque chose. Parfois, j'ai même le sentiment de haïr une personne en particulier, j'en vois même les traits, mais je ne la connais pas, je sais juste que je la hais. Comment puis-je ressentir des choses qui ne m'appartiennent pas. Je veux dire comment puis-je haïr une personne que je n'ai jamais rencontrée et dont je ne sais absolument rien? C'est tellement absurde.. Tu ne peux même pas imaginer à quel point c'est déstabilisant et désagréable d'être prise dans ce tourbillon d'émotions. Eprouver les sentiments des autres, c'est dur, je ne sais pas si je le supporterais longtemps. »

Pyotra est une jeune fille peu sûre d'elle depuis le suicide de sa jumelle Irina. Elle a peur de son ombre et de tout ce qui est surnaturel. Elle est trés solitaire, et trés réservée. Timide et réservée, elle parle peu, et ne se confie que trés rarement. Elle a du mal à faire confiance à qui que ce soit, elle toujours l'appréhension d'être face à un esprit. Elle se réfugie dans l'informatique. Un domaine sûr ou tout est régit par la logique, et ou rien ne lui échappe. C'est le seul univers qui la rassure, et ou elle se sent en confiance. Elle a facilement peur de ce qu'elle ne comprend pas. Elle aime rester enfermée chez elle et écouter de la musique, pour masquer ces voix, qu'elle entend.  

Pyotra est née le 18 juin 1991, quelques minutes plus tôt naissait Irina, sa soeur jumelle, à Vladivostok. Leur mère était américaine, et leur père russe. tous les deux catholiques et pratiquants. Toutes les deux étaient trés complices, trés liées. Elles étaient tout le temps ensemble, faisaient les mêmes choses et se séparaient rarement. Enfants, elles se rendirent compte qu'elles entendaient des voix, et que des objets bougeaient tous seuls quand elles avaient l'impression que quelqu'un d'autre était dans la pièce. Mais elles gardaient cela pour elles, en discutaient secrètement le soir entre elles, jusqu'à ce qu'Irina commence à en parler avec leurs parents.. Ceux-ci un peu effrayés par l'ampleur des délires de leur fille pensèrent qu'il s'agissait de ses fréquentations. Et lorsque les deux fillettes eurent dix ans, et que leurs parents ne supportaient plus les folies de leur fille, elles déménagèrent pour Montpellier en France, ou elles vécurent pendant cinq ans. Mais rien n'y fit, si les allusions d'Irina a propos de ces choses qu'elle ressentait s'était calmée après leur déménagement, cela repris de plus belle, et Pyotra, elle restait là en spectatrice, ayant peur d'avouer qu'elle aussi ressentait tout ça.
Puis peu à peu, Pyotra cessa de ressentir ces choses, et n'entendis plus de voix. Tandis que Pyotra redevenait 'normale', l'état d'Irina empirait -si l'on peut dire-. Elle était obsédée par ces voix, et n'arrêtait plus d'en parler. A dire vrai, elle ne parlait que de ça, à tel point que les parents des deux fillettes lui firent voir un psychiatre, qui la déclara mentalement malade, il recommanda un hôpital américain spécialisé dans ce genre d'obsessions, et c'est la raison pour laquelle les Udinov atterrirent à la Nouvelle-Orléans. l'hôpital ne se trouvait pas trés loin, situé dans un coin perdu de campagne et de verdure, avec un grand parc.
Les jeunes filles avaient quinze ans, et Irina fut internée. Pyotra, elle, déclarée saine d'esprit, continua le lycée. Timide, réservée et peu sûre d'elle, la demoiselle passait énormément de temps sur son ordinateur. Lorsqu'elle regardait des lignes de codes et des algorithmes, elle se sentait rassurée, parce qu'elle comprenait la logique de l'informatique. Lorsqu'elles eurent seize ans, leurs parents moururent dans un accident de voiture. Irina resta à l'hôpital, tandis que Pyotra fut placée dans un foyer social pour orphelins.
Pyotra était malheureuse, séparée de sa jumelle, et la voyait aussi souvent qu'il le lui était permis. Puis un soir, Irina malheureuse d'être enfermée, alors qu'elle savait ne pas être folle reprocha à Pyotra de la laisser croupir dans cet asile, et de l'abandonner seule, alors qu'elles étaient plus fortes à deux. Pyotra ne répondit rien, mais s'en alla. Elle était profondément blessée par les reproches d'Irina, et elle cessa d'aller la voir. Elles venaient d'avoir dix-huit ans. Non, elle ce n'était pas de sa faute si sa jumelle criait sur les toits qu'elle entendait des voix. Elle aurait du se taire, tout simplement. Pyotra était heureuse que les voix ce soient tues pour elle, elle se sentait plus normale. Mais elle était malheureuse d'être ainsi séparée de sa soeur, surtout après une dispute. L'été lui paru interminable.
Elle était depuis ses dix-huit ans, dans un tout petit appartement miteux, qu'elle tentait de payer grâce à des petits boulots qu'elle avait pris en dehors de ses horaires de cours. Elle avait la chance d'avoir une propriétaire conciliante qui ne lui réclamait pas le loyer en retard, et qui ne rechignait pas quand elle ne pouvait en payer la totalité. Un jour elle lui avait même dit de garder son argent, tant la jeune fille avait mauvaise mine. Il faut avouer que depuis sa dispute avec sa soeur, Pyotra se sentait particulièrement seule, et misérable.
Puis octobre arriva, et un jour, alors que Pyotra rentrait de cours, son téléphone sonna. Elle décrocha, et entendit une voix qu'elle connaissait, celle du docteur de sa soeur. Il lui annonçait la mort, ou plutôt le suicide de sa soeur.
Pour Pyotra, il était impossible que sa soeur se soit suicidée. Sa soeur était une fervente catholique et elle ne serait jamais suicidée, jamais. Elle demanda alors un rapport de police plus recherché, et même après interrogatoire pour toutes les personnes susceptible de savoir quoique ce soit à son sujet, il en fut conclut qu'Irina s'était suicidée. Elle décida alors de contacter un medium, et lui demanda d'enquêter sur ce qu'il ressentait sur les lieux de ce que Pyotra considérait comme un meurtre, par des puissances dont elle n'avait pas conscience. Le medium ne trouva rien de spécial, sauf, lorsque Pyotra entra sur les lieux. Il sentit comme des vibrations de l'air tout autour d'eux, particulièrement d'elle. Il comprit. Le medium avait compris que Pyotra était sans doute medium, sans quoi, aucun esprit n'aurai réagit aussi brusquement, même sur les lieux d'un meurtre. Il comprit que s'il voulait obtenir des réponses, Pyotra devrait faire le lien entre lui et Irina, et que pour ce faire, elle devait accepter le fait qu'elle était medium, elle aussi. Elle devait à nouveau entendre ces voix dans sa tête. Pyotra pris peur, et se détourna du medium. Mais celui-ci, la poursuivit, et réussit à lui faire entendre raison. Si elle voulait comprendre, il fallait qu'elle participe. Elle avait la chance que ses capacités soient liées à celles de sa soeur, et que celle-ci se trouve dans l'autre monde. A elles deux, elles étaient comme une faille de communication entre le monde des esprits et celui des vivants. Pyotra prit peur, mais après quelques jours, elle accepta, et grâce à un prêtre Vaudou ils réussirent à établir la connexion entre Pyotra et Irina. Irina avait été possédée par un Dibbouk. L'esprit d'un psycopathe qui se plaisait à pousser les gens à ce suicider, et qui continue dans la mort.
Lors de la séance, Pyotra a bien faillit passer sous l'emprise du même esprit, mais grâce à l'aide des deux hommes qui l'entouraient, elle fit face et réussit à vaincre l'esprit.
Pyotra ressortit de tout ceci, non pas plus confiante mais encore plus renfermée sur elle-même. Ne sortant que pour suivre ses cours, et rentrant chaque soir, dans son tout petit appartement. Elle se réfugie sur son ordinateur, où toute cette logique et toute cette précision mathématique la rassure. Elle devint bientôt une Hackeuse, elle piratait tous les systèmes de sécurité qu'elle rencontrait, dans le but de démontrer leur failles.
Elle vécue presque coupée du monde de cette manière deux ans. Jusqu'à ce que le medium qui l'avait aidé à enquêter sur la mort de sa soeur vienne sonner à la porte de son nouvel appartement. Il l'emmena boire un verre, chose qu'elle ne faisait guerre que devant son moniteur. Et il lui parla de tout et de rien, mais surtout de rien. Pyotra toujours aussi peu bavarde et confiante en elle, ressentait quelque chose envers lui, depuis qu'elle l'avait rencontré deux ans auparavant. Elle pensait souvent à lui. Et elle s'en sentait gênée, aujourd'hui. Mais tentait de cacher sa gêne. Mais il la regardait de ses grands yeux, et l'ayant raccompagnée jusque devant sa porte, il l'embrassa. Peu à peu, il lui fit prendre conscience qu'elle pouvait plaire, et qu'elle pouvait être intéressante. Qu'elle était belle et resplendissante, particulièrement quand elle était concentrée sur son ordinateur avec ses grandes lunettes. Elle était radieuse à ses côtés. Mais ils n'étaient pas faits pour vivre ensemble, et leur histoire se termina. Ils restèrent amis, et Pyotra devint un peu moins timide. Lorsqu'elle eut 21 ans, Pyotra fut interpelée par la police de la Nouvelle-Orléans, prouvée coupable de tous les crimes virtuels punis par la loi. Mais lors de l'interrogatoire, le chef de la police est entré et s'est assis tranquillement, il a posé ses deux avant bras sur la table avant de joindre les bouts de ses doigts. Il l'a regardée deux longues minutes dans les yeux, sans ciller. Jusqu'à ce qu'elle finisse par baisser les yeux. Alors, il a pris une grande inspiration, et lui a proposé de but en blanc un poste dans la police de la Nouvelle-Orléans. Dans un bureau, chargée de récupérer toutes les données nécessaires pour leurs recherches sur tous les réseaux, autorisés et non autorisés. En échange de quoi, elle arrêterait de pirater tous les sites web ou les infrastructures qu'elle croise sur son passage. Pyotra accepta. Elle est désormais membre de la police, et tente de terminer ses études en prenant ses cours par correspondance. Depuis l'histoire de sa soeur, elle entend toujours de vagues murmures qu'elle n'arrive pas à faire taire. Ces voix la perturbent, et lui font haïr le silence et la foule.

Tu ouvres les yeux de toi-même. Ce n'est pas normal, on est mardi. Le mardi, c'est le réveil qui est censé te réveiller. Tu enlèves ta joue collée à ton clavier d'ordinateur, te relèves sur ton siège de bureau, et le fais rouler jusqu'à ton lit. Tu attrapes ton réveil. Merde, il est presque onze heures. Tu vas être en retard de facilement quatre heures ! Le patron va gueuler, c'est la sixième fois ce mois-ci. Tant pis. De toutes manières, ce qui est fait, est fait. Tu t'extirpes de ton fauteuil le remet à sa place devant ton bureau. Tu mets en veille toutes tes occupations et te diriges vers ton placard. Un jean, un t-shirt sur l'étagère, et tu es prête. Tu enfiles ta veste, ton paquet de cigarettes et ton porte feuille sont déjà dans tes poches. Tes clefs sont sur la porte. Tu sors, verrouilles, et descends. Mais arrivée en bas, tu as la sensation qu'il te manque quelque chose. Ton badge pour passer la sécurité, évidemment. Bon ce ne serait pas la première fois que tu l'oublies, mais ça la fout mal d'être en retard, et d'oublier son badge le même jour. Tu remontes, de toutes manières, être en retard de quatre heures ou de quatre heures dix, ça ne fait plus vraiment une grosse différence. Une fois ton badge récupéré, tu fermes une deuxième fois ta porte. Et au moment ou tu allais passer le deuxième tour de clef, les poils de ta nuque se hérissent, un courant d'air se fait sentir, et le son qu'il produit s'amplifie progressivement pour bientôt ressembler à une voix, des sentiments se frayent une place dans ton coeur, des sentiments que tu ne connais pas, qui ne sont pas les tiens. Tu ne comprends pas pourquoi tu ressens une telle colère, tu n'as aucune raison de l'être.. Tu es figée sur le seuil de ton appartement. Tu hésites entre rentrer, là où tu sais que tu es protégée par le sort de ce prêtre vaudou, ou t'enfuir pour aller au boulot. Tu n'arrives pas à comprendre ce que te dit cette voix, tu as peur de la menace qu'elle représente, tu aimerais juste la faire taire mais tu n'y arrives pas. Alors tu tournes une dernière fois la clef dans la serrure, range ton trousseau dans ta poche, et tu t'enfuies en courant tout en bas des escaliers, mais le courant d'air te suit, ton coeur bat toujours aussi vite, ta peur ne fait qu'augmenter, elle grandit jusqu'à devenir terreur, mais heureusement, tu atteins la porte vitrée de l'immeuble. En passant devant le concierge tu essayes d'agir sans rien laisser transparaître, et lui glisse un vague bonjour accompagné d'un signe de main. Puis tu ouvres, enfin te voilà dehors, enfin tu n'entendras plus rien... Plus rien que les bruits de la rue. Enfin.