On vous a jamais dis de vous méfiez des apparences? Moi, je sais qu'on me voit souvent comme une fille gentille et adorable alors que ce n'est pas le cas. Je suis plutôt le genre à me comporter comme une peste, arrogante et prétentieuse. Je suis le genre de fille qu'il vaut mieux avoir de son côté. Je suis aussi ce genre de fille qui n'hésite pas à dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Manipulatrice et calculatrice, je fais ce que je veux de n'importe des gens. D'autre part, lorsque je ne suis pas le genre de fille à aller vers les autres mais quand je le fais ce n'est jamais désintéressé. Je suis aussi fêtarde et beaucoup trop irresponsable en soirée. J'enchaîne les verres sans compter, je n'ai presque jamais de souvenirs des soirées auxquels je suis allée. Drôle, j'adore faire rire mes amis mais à l'inverse pour ceux que je n'aime, je suis considérée comme une fille moqueuse. Malgré tout, cela n'est qu'une carapace, une façade pour me protéger. Je ne supporte pas la trahison et ne fait entrer dans mon cercle que des gens qui ont réussis à briser la glace. En amour, je ne veux pas m'attacher. J'ai déjà beaucoup trop souffert à cause des garçons et je préfère me préserver. Je couche un peu avec n'importe qui. Je m'en moque tant que je ne m'attache pas.

Je suis née à Moscou, il y a 19 ans de cela. Je suis issue d’une famille riche et par conséquent mes parents m’ont toujours tout passé. Cependant, ils n’ont jamais été réellement là. Ma mère avait un métier qui la faisait beaucoup voyagé et elle n’était presque jamais à la maison. Mon père, quant à lui, travaillait pour la mafia. Je savais plus ou moins que c’était un parrain de la mafia mais je n’ai jamais réellement su ce qu’il faisait. Ou plutôt, je n’ai jamais réellement voulu le savoir. J’ai donc été élevé principalement par des nourrices. C’est elles qui m’emmenaient à l’école, venaient me chercher, me faisaient à manger, m’aidaient pour mes devoirs et me couchaient. Malgré les cadeaux que mes parents pouvaient me faire, rien ne pouvait combler ce vide. Rien ni personne ne pouvait les remplacer. Alors ouais, d’apparence j’avais une vie parfaite. Mais les années passent. Les temps changent et mes parents, qui ne se voient presque plus m’annoncent qu’ils vont divorcer. Coup dur, mais il faudra bien l’accepter. J’encaisse même si au fond de moi, je souffre. Je ne leur montre rien. Seulement la procédure est longue. Je suis trimballé beaucoup trop souvent au tribunal. Ils se disputent tout, même les choses les plus insignifiantes. J’ai huit ans, lorsque le divorce est officiellement prononcé et lorsqu’on me place chez ma mère. Chose qui d’ailleurs ne plaît pas à mon père. Il la menace. Pour lui, il est hors de question que sa fille soit avec une mère absente. Pour ma mère, il est inimaginable que sa fille vive avec le parrain de la mafia. Même après le divorce, ils continuent de se hurler dessus. Ma mère décide alors qu’il est temps pour nous de déménager : on part aux Etats-Unis, à la Nouvelles-Orléans pour être exact. Moi, une fois là-bas, je me réfugie dans l’écriture car ça me permet d’extérioriser cette souffrance.

Le divorce, j’aurais pu encaisser mais pas le fait de déménager. Certes en Russie on apprend aussi bien l’anglais que le russe à l’école mais moi je ne voulais pas partir à l’autre bout du monde. Ma mère me dit que c’est pour me protéger de mon père. Seulement moi, je déteste les gros changements comme ça et je deviens vite imbuvable avec elle. Au collège, je deviens rapidement la fille populaire. Je suis russe, tout le monde le sait et ils veulent tous que je leur parle dans ma langue. La plupart du temps je refuse. Je ne veux pas être traité comme une bête de cirque, tout ça parce que je vivais de l’autre côté de la planète. La popularité me monte à la tête et je deviens vite une fille peste, arrogante, prétentieuse et méchante. Le jour de la rentrée, je rencontre une fille du nom d’Enola, elle deviendra ma meilleure amie avec le temps. On a le même caractère, la même vision de voir les choses. On aime et on déteste les mêmes choses. On n’est pas forcément d’accord sur tout mais on s’adore. En cours, je continue d’avoir de bonnes notes malgré que je sois cette fille populaire que beaucoup déteste parce que tout le monde me connaît et que d’autres envient parce qu’ils rêveraient d’être à ma place. Plus les années passent, plus je suis peste. Enola est sans doute la plus gentille de nous deux. Néanmoins, je n’ai jamais compris sa passion pour les esprits et le spiritisme. Moi je n’y ai jamais réellement cru. Je me souviens que de temps en temps, on passait des soirées à se raconter des histoires qui font peur ou à faire des séances de spiritisme. Appeler les esprits, ça me faisait plutôt rire. Parfois, après une séance, il se passait des choses bizarres mais j’ai toujours essayé de trouver des explications rationnelles. Malgré tout, ma meilleure amie y croit dur comme fer.

Le lycée sont sans doute les meilleures années de ma vie. Populaire, on m’invite à toutes les soirées. Je suis d’ailleurs complètement irresponsable et c’est souvent ma meilleure amie qui doit me raccompagner chez moi. Le lycée c’est aussi mes premières histoires d’amour. Je n’ai jamais réellement cru au prince charmant mais j’ai pris le risque de m’attacher une fois. J’ai énormément souffert après et je me suis toujours promis de ne plus jamais retomber amoureuse. Mais pendant le lycée, c’est aussi le moment où j’ai commencé à abandonner ma meilleure amie. Je trouvais qu’on avait plus les mêmes centres d’intérêts et j’avais besoin de changer d’amis. Je me suis très vite rapproché de filles qui étaient beaucoup plus populaire. J’avais seize ans, lorsque j’ai fumé ma première cigarette. Je voulais à tout prix le cacher à ma mère. A partir de ce moment-là, j’ai enchaîné les soirées et les histoires d’un soir. Il m’arrivait même de sécher les cours. Ma mère pensait que je faisais une crise d’adolescente tardive, alors qu’en fait pas du tout. On m’avait brisé le cœur et je n’avais simplement pas à m’en remettre. En soirée, je buvais et faisais des mélanges douteux. Je voulais simplement oublier cette douleur. Je voulais que tout redevienne comme avant. Si la drogue pouvait me faire planer à dix milles, le retour sur Terre était souvent encore pire. Pendant que je faisais une sorte de dépression, ma mère s’est retrouvé un homme. Je ne comprenais pas comment elle avait pu remplacer mon père comme ça. Et homme je le détestais. Je le trouvais bizarre. Ma mère n’a jamais voulu m’écouter. Elle me traitait d’égoïste. Elle n’avait même pas vu que j’allais mal. Alors, j’ai essayé de retrouver mon père. Même si ça faisait des années que je ne lui avais pas parlées, il serait sûrement là pour moi. Mais je ne l’ai jamais trouvé. Je finis par obtenir mon diplôme, en même temps que mes camarades et décide de m’orienter vers une faculté de littérature. J’ai toujours lire et écrire. Je décide aussi de me prendre un appartement. Bien que ma mère ne soit pas d’accord, je finis par la convaincre. De toute façon, il est hors de question que je vive sous le même toit que mon beau-père une année de plus.

C’est une soirée comme les autres. Une soirée parmi tant d’autre. On est vendredi soir et comme à mon habitude, je vais aller faire la fête. Certes, je suis entrée à l’université mais ça ne change rien. Je ne vais pas perdre mes bonnes habitudes. Après avoir envoyé un message à l’une de mes amies pour lui donner rendez-vous, je m’étais préparé. Je savais pertinemment comment ce passerait cette soirée. J’avais l’habitude de sortir, de boire, d’être tellement ivre que je ne me souvenais même plus de mon prénom. J’étais comme ça et ce n’est pas maintenant que j’allais changer. Habillée d’une robe assez courte, j’avais pris ma voiture et était venu e garer non loin de la boite de nuit. Le temps de me griller une clope et j’avais retrouvé mon amie. On entrait dans la boite après avoir doublé deux ou trois personnes. La promesse qu’on s’était faîte ? S’amuser jusqu’au bout de la nuit. On savait qu’on ne repartirait pas ensemble. On y venait toutes les deux juste pour ne pas être seule au début. On allait au bar et prit un cocktail. Puis un deuxième. Puis un troisième. Le quatrième on me l’offrit.

Quatre heures trente du matin. Je ne sais pas comment s’appelle le mec qui m’a ramené chez lui mais je m’en moque. Il ne doit sûrement pas savoir mon prénom non plus. Il m’offre une coupe de champagne. Au point où j’en suis, un verre d’alcool en plus ou en moins ça ne changera rien. On ne met pas longtemps avant de s’abonner aux plaisirs charnels. La fin de la nuit passe relativement vite. On a peut-être dû s’endormir sur le coup des six heures du matin. Néanmoins, je décide de rentrer chez moi, en douce. Je ne suis pas ce genre de fille qui attend le petit déjeuner. Je couche avec n’importe qui mais je ne veux pas que ce soit des hommes qui me connaissent. Je rentre chez moi. J’ai un mal de crâne atroce. J’ai l’impression qu’un troupeau d’éléphant m’est dessus. Péniblement, je monte dans ma voiture et démarre le moteur. J’ai bien dû mettre une demi-heure à rentrer chez moi. Le pire dans cette histoire, c’est qu’à chaque fois je me dis que je boirais avec modération mais à chaque fois, je n’y arrive pas. Ma mère n’a jamais vu dans quel état je pouvais rentrer de soirée. Maintenant que j’ai déménagé, elle le sait encore moins. Je suis une étudiante de 19 ans, tout ce qu’il y a de plus normale : néanmoins, j’ai souffert à cause d’une histoire de cœur, j’ai souffert à cause de l’absence d’un de mes parents et en plus de ça, je déteste l’homme qui me sert accessoirement de beau-père.