Une belle nuit d'été au bord d'un lac, deux personnes faisaient l'amour. Une femme du nom de Jane, une brune aux yeux verts, et un homme, du nom de Sébastian, un homme très grand aux yeux bleus et aux cheveux bruns également. Ils s'aimaient d'un amour singulier, et ils se le prouvaient régulièrement. Neuf mois plus tard, le fruit de leurs ébats vit le jour : une petite brune aux yeux aussi bleus que ceux de son père, et le nez aussi droit que celui de sa mère. Les nuits, dans son berceau, la petite pleurait souvent. Elle n'avait pas faim, ni froid, elle sentait juste des frissons, et quelques souffles froids sur sa peau de bébé. Mais rien de bien sensé. Quelques années plus tard, elle n'avait que quatre ans, elle était une bien jolie petite fille, chérie par ses parents et aimée de tous à l'école. Mais un terrible drame la marqua à jamais. Ses parents s'aimaient, mais se battaient. Elle en avait l'habitude, et elle avait également comme coutume de s'asseoir dans les escaliers, et d'attendre, une petite peluche tout contre elle, et de son poste, elle observait de son œil enfantin le combat de ses géniteurs dans la cuisine. Sauf qu'un soir, rien n'était habituel. Elle était assise dans les escaliers, écoutant les mugissements de sa mère, observant son père la battre. Mais cette fois-ci, il ouvrit le tiroir et en sortit
une longue chose brillante. Elle entendit sa mère pousser un cri strident, et surpris. Puis un fracas. Puis un râle grave, et finalement, plusieurs cris répétitifs. Evidemment, elle voyait tout. La petite fille fut alors témoin du meurtre de sa mère. L'image de son père se relevant, les mains pleines de
sang, les larmes séchées sur ses joues et le regard vide restera dans son esprit de gamine, toute sa vie. La petite fille descendit les escaliers, et fixa le corps agonisant de sa mère, elle se blottit contre elle, l'embrassa et l'écouta. Sa mère lui murmura quelques mots, les yeux rivés sur son mari, et un sourire figé sur les lèvres. A partir de ce moment, la vie de Lisbeth changea. Elle n'était plus joviale, elle n'en voulait pas à son père, ni à sa mère. Elle vivait sa vie, mais d'une façon absente. Le soir, elle s'endormait, et une nuit, elle ressentit une étrange présence. Elle se releva, et cru voir sa mère assise sur son lit. Inquiète, elle haussa un sourcil et s'avança, en prononçant inaudiblement le mot "Maman". La forme releva la tête, et sourit, quelque peu surprise. Mais ce fut tout, Lisbeth vit sa mère, mais pas plus.
Elle rentrait dans l'adolescence quand les choses évoluèrent. Elle s'endormait dans les bras fantasmagoriques de sa mère, elle lui parlait, et lui répondait depuis quelques années. Mais à la veille de ses seize ans, elle vit d'autres spectres. Elle leur parlait rarement, elle les écoutait, surtout. Ils n'étaient pas tous mauvais, mais elle tolérait leur présence. A l'aube de ses vingt-trois ans, elle sortait tous les soirs, elle n'allait jamais en cours et elle dessinait. Un jour, elle décida de quitter sa vie natale pour s'installer à la Nouvelle-Orléans. Le climat lui plaît, les crocodiles, les moustiques, et surtout... le loyer très bas. Elle s'y installa donc, et fut engagée comme serveuse pendant un petit temps. Puis un jour, elle fit la connaissance de son fiancé, Ethan... Depuis ce jour, elle vit avec lui et s'adonne à sa passion : le tatouage.

Il faisait nuit, ce soir-là. Il fait toujours nuit, dans ce genre de situation. Il faisait froid, également. Aucun bruit dans les rues, humidifiées par la pluie qui avait battu le sol toute la journée. Le mutisme presque parfait de la ville bourdonnait aux oreilles de la grande brune. Elle marchait, lentement, faisant claquer ses talons sur le bitume brillant. Elle portait une veste en cuir, et un sac en cuir également au bout de la main. Elle marchait, en rentrant chez elle, enfin plutôt chez lui, après sa journée de boulot, qu'elle jugeait fatigante. Elle avait tatoué trois personnes, percé cinq personnes et elle a dû avoir un long rendez-vous avec une personne, pour un futur tatouage. Ce métier lui plaît, mais elle est fatiguée le soir. Bientôt devant l'immeuble de son fiancé, elle s'arrête, fouille dans son sac à la recherche des clés quand tout à coup, un bruit sourd se fait retentir. Elle relève la tête, entre-ouvre ses lèvres rouges, et plisse les yeux pour dénoncer la cause du bruit. Rien. Elle se remet à fouiller, puis des bruits de pas. Elle se redresse, se concentre. Rien. Pas un bruit. Ni une pensée spirituelle. Elle sort de son sac un long couteau, et se prépare à devoir se défendre. Elle souffle doucement, et attend. Rien ne bouge. Elle s'avance vers le coin bruyant, et s'apprête à bondir, quand une énorme masse se jette sur elle. Elle sent la fraîcheur du bitume dans son dos, et une sensation étrange l'englobe. Au lieu de sentir des coups de couteau, elle sent un liquide chaud et visqueux sur son visage, la masse est chaude, et respire vite. Elle pose ses mains sur son assaillant et... remarque que c'est le chien du voisin. Elle hurle intérieurement, sert les dents, se relève et donne un coup de pieds dans les côtes du chien en lâchant un "Connard." étouffé. Elle range le couteau, sort ses clés et monte tranquillement à l'appartement de son concubin, effrayée et haletante.