De son vrai prénom, Naël Ian Wolfgang:
[Novembre 1991] Arrivant à la vie d'une mère prostituée, un petit garçon du nom de Naël. Issu d'un viol, sa mère Annabeth n'avait absolument pas voulu tuer cet enfant. Alors, il vit le jour le numéro sept, du mois de novembre. Dans l'hôpital de la Nouvelle-Orléans, tout le monde savait ce qu'avait enduré Annabeth, et personne ne l'avait comprise lorsqu'elle avait décidé de garder cet enfant abject. Alors, déjà au moment de sa naissance, il fut envahie des ténèbres que formait la haine qu'on éprouvait à son égard, répercuté de l'acte infâme de son père. [Année 2001] A l'époque, il n'est alors âgé que d'une dizaine d'année. Et déjà, il n'est pas ce qu'on pourrait appeler un enfant modèle, loin de là. L'école, c'est plus un passe-temps qu'autre chose. Il n'y va quasiment jamais, et ça rapporte pas mal de problème à sa mère. Il vit seul, avec elle, dans une vulgaire petite maison au coin du quartier français, le Vieux-Carré. Insalubre, c'est le cas de le dire. Annabeth n'a jamais cessé sa "profession", continuant de faire les trottoir comme si elle n'avait pas d'enfant à charge. L'amour, il ne sait pas ce que c'est. Ce mot ne fait même pas parti de son dictionnaire. Il sait la haine que sa mère éprouve pour lui, car il sait tout autant de quelle union il provient. Son père, il n'en connait pas même le nom. Et à vrai dire, il n'en a que faire. Pourquoi s'occuper de quelqu'un qui a fait tant de mal à la seule personne qu'il connait réellement dans sa vie ? De plus, il n'a jamais été là pour lui, et peut-être même ne sait-il pas qu'il a un enfant, quelque par dans le monde. Naël ne s'en préoccupe pas. Beaucoup trop mature pour son âge, il ne traîne qu'avec des garçons plus âgés que lui, de quinze, seize ans. C'est à cette époque là que sa vie a prit une tournure, qu'il n'aurait jamais imaginé vivre. En rentrant dans le taudis où il vivait avec sa mère, il retrouva celle-ci, couchée à terre. Son immense jupe à froufrous violette relevée sur ses jambes, sous-vêtements en bas des chevilles, et une marre de sang. Liquide de couleur rougeâtre qui s'échappe d'une énorme plaie gravée dans sa peau, sur toute la largeur de son cou. Cette vision, il ne pourra jamais l'oublier. [Année 2011] Dix ans se sont écoulés, depuis ce terrible spectacle. Et Naël a bien changé, autant physiquement que mentalement. Il est beaucoup plus grand, et ses cheveux blond retombent sur son visage. Des yeux aussi bleu que la mer des Caraïbes elle-même, un sourire d'ange, et une carrure impressionnante. Un sourire angélique qui cache pourtant tellement de souffrance. C'est tellement facile, de disparaître des réseaux pendant quelques années. Et il a vécu seul, dans le taudis où il vivait avec Annabeth, sa mère. Il n'a jamais plus été à l'école, mais a appris à lire, et écrire correctement en mangeant tous les livres qu'il pouvait trouver. Maintenant, tout est beaucoup plus facile a comprendre. Petit, il se croyait fou, à voir toutes ces ombres, ces mouvements dans la pénombre. Jamais il ne pourra oublier ce sentiment, cette sensation étrange qu'il l'a envahie en entrant dans la pièce où gisait le corps inerte de sa mère. Aujourd'hui, c'est LE dealer de la Nouvelle-Orléans, dans le Vieux-Carré pour être plus précis. Toujours vêtu de noir, de veste à capuche, de baskets aux pieds. Même si il vit toujours officiellement dans la maison de sa mère, on ne peut pas dire qu'il y met beaucoup les pieds. Ian, de son deuxième prénom, comme il préfère qu'on l'appel, vit chez ses conquêtes. Ayant toujours un nouveau domicile, il vit de la même manière que sa mère, sauf que lui ne se fait pas payer. Il abuse de la bonté des gens. Un nouveau lit toutes les trois nuits environs, une nouvelle maison, une nouvelle vie. C'est un voleur à l'arraché, sac à main, téléphone portable, bijoux, porte-feuille. Tout ce qui peut lui rapporter de l'argent facilement. Il ressent toujours le besoin d'être actif, de bouger, de courir. Le garçon ne peut pas rester en place. Toujours une cigarette entre les lèvres, vous n'avez qu'à trouver le point rouge caché dans l'ombre pour le trouver lui. [Année 2014] Vingt-trois ans, c'est l'âge qu'à aujourd'hui, ce gamin aux cheveux blonds. On ne peut pas qu'il croyait en ce qui se disait en ville. Les esprits, la magie, le vaudou, tout ça n'a jamais été réel pour lui. Jusqu'au jour où, avec ce sentiment étrange d'être épié, il ressentit, vit en quelques sortes, ces images défiler devant ses yeux. Des images horribles, pleines de sang, de peine, de douleur, qui n'étaient pas sienne. Ce n'est que petit à petit, et au fil des années, que son esprit commença à s'ouvrir peu à peu à ces croyances, sans pour autant en être un adepte. Depuis quelques temps, il sent une présence, et voit ces choses qu'il n'aurait jamais voulu voir, ressentir. Un prénom revient sans cesses, Damaris. Il ne comprend pas vraiment ce que cela signifie, mais rien y fait. Peu à peu, il va voir ce garçon tout juste plus jeunes que lui, apparaître dans des reflets presque inexistants. Dans le fond d'un verre, le revers d'une cuillère, dans l'arrière plan d'un miroir. Sa vie misérable ne manquerait à personne, et lentement, il s'est laissé aller. Pour finalement ne former plus qu'un avec celui qu'il ne connait pas, celui qu'il ne voit pas.

La chaleur des draps prouve avec quel entrain il s'est couché la veille. Cette texture, cette douceur, il la reconnaîtrait entre mille. Il n'y a pas d'autre endroit dans la ville, où un tel lit confortable est installé. Assez grand pour qu'il puisse s'étirer sans problème, pour qu'il puisse dormir tranquillement. Cette odeur, jamais il ne pourrait l'oublier. Une eau de toilette parfumée à la cannelle. La même odeur qu'il retrouvait chez lui, lorsqu'il n'était encore qu'un gamin. Le parfum de sa mère, mais cette fois-ci de marque. Naël n'a jamais vécu dans la fortune, au contraire. Il connait la misère depuis ces vingt-trois années passées sur terre. Mais il ne s'en plein pas. Ceux qu'il plein, par contre, ceux sont ces riches de bonnes familles, bien trop orgueilleux pour voir que malgré la richesse financière, ils n'ont pas celle de l'esprit. Lui, il l'a. Et du plus loin qu'il se souvienne, il l'a toujours eu. Malgré les aléas de la vie, le garçon a toujours eu ce qu'il souhaitait avoir, mis à part des parents présents. Lentement, ses paupières s'ouvrirent, dévoilant au monde des pupilles d'un bleu azure digne d'avoir été trouvé au fin fond de la mer des Caraïbes. Des émeraudes qui ne terniront jamais. La pièce est spacieuse, et presque tout aussi luxueuse que ces grands hôtel dans le centre-ville. La place à ses côtés est libre, chose étrange. Ce n'est qu'en se redressant sur son coude, ses cheveux blonds dans tous les sens, qu'il aperçu cette femme, debout devant la fenêtre. Les rideaux entre-ouverts, laissant l'air frais entrer par la vitre ouverte. Vêtue d'un peignoir ivoire, ses cheveux roux descendant dans le bas de son dos. Une fois ses deux pieds posés à terre, Naël enfila le boxer noir trouvé à côté du lit, pour le passer autour de ses jambes. En quelques pas, il était déjà derrière la femme, déposant ses mains sur les hanches féminines. Ses lèvres ont glissé sur la peau nue de son épaule, pour que l'odeur de la cigarette vienne lui titiller les narines. « Je pensais que tu avais arrêté. » Dit-il lentement de sa voix fraîchement réveillée. Un léger rire s'échappa des lèvres de la femme, alors qu'elle recrachait la fumée de sa cigarette, l'ongle de son pouce coincée entre ses lèvres. Clarisse, c'est son prénom. Et Naël la connait depuis longtemps déjà. Il n'a pas besoin de faire beaucoup d'efforts pour savoir ce à quoi elle est en train de penser à l'instant précis. A chaque fois qu'il se réveil ici, c'est la même chose. Il la retrouve plantée là, regardant par la fenêtre d'un air absent. « C'est ce que je lui fais croire, ça. » Déclara la rousse en se tournant peu à peu vers son amant. Elle amène une nouvelle fois la cigarette entre ses lèvres pulpeuse, et le jeune homme peut enfin apercevoir ses yeux d'un vert étincelant. Un faible sourire parcourt ses lippes, alors qu'il la regarde quelques instants. La peau de son visage est marquée de ses années passées sur cette terre. La femme fêtera ses trente six ans quand quelques semaines maintenant.

« - Où vas-tu aller, cette nuit ? Pas la peine de me le dire, si tu rejoins Maria »
« - Tu sais très bien qu'en ce moment, je peux pas y aller. » Répondit-il à son interlocutrice. « Je peux revenir ici en fin de soirée, si tu veux.»
« - Malheureusement... mon mari revient cet après-midi. Les femmes de ménages ne vont pas tarder à arriver. »

Son mari est un gros entrepreneur de la ville. Il part la plupart du temps en voyage d'affaire, et la femme appel toujours le jeune pour passer du temps avec lui. Naël ne parle jamais, des femmes qu'il fréquente. Souvent plus âgées que lui, elles lui offrent un toit quelques jours, avant qu'il ne parte vers une autre. C'est toujours comme ça. L'état de sa mère a surement déteint sur le garçon qu'il était, maintenant. Mais lui ne voit pas la chose de la même façon. [...] Ce taudis, il n'y va presque jamais. Depuis treize ans maintenant, qu'il vit seul ici. La marque que formait le sang de sa mère a disparu depuis longtemps déjà. Mais il la revoit encore, comme si elle était encrée dans sa mémoire. Naël n'allume aucune lumière, se dirigeant dans l'endroit qu'il connait par coeur. Les ombres, elles sont terrifiantes. Une frisson parcoure l'échine de sa peau blanche. Des murmures se font entendre, comme le vent s'infiltrant entre les branches d'un arbre. Il n'est pas sur de les entendre, son imagination sur joue surement des tours. L'homme allume une seule et unique lumière, posée sur un meuble contre le mur. La pièce est presque vide. Un poste de télévision, un fauteuil unique au centre de la pièce, et quelques canettes de bières. Pour unique chose suspendue au mur, un miroir. Aussi grand sur lui, à quelques centimètres près. Soudain, alors que ses doigts laissent échapper le petit interrupteur sur le fil de la lampe, un voile noir recouvre ses yeux. Et ces images, elles reviennent une nouvelle fois dans son esprit.

Des hurlements, une douleur à lui en couper le souffle. Du sang, partout. Recouvrant le sol sur lequel ses pieds glissent. Il tombe à terre, son visage retenue à quelques centimètres du sol par le collier qui entour son cou. Collier épais, fait en cuir noir, retenue lui-même par une laisse en cuir. La paille coupe la peau de ses jambes, alors qu'en redressant son visage coupé, enflé, et saignant à plusieurs endroits, il pose ses yeux sur des hommes, autour de lui. Cinq, au total. Puis, il recrache le sang qui s'est accumulé dans sa bouche aux pieds du plus proche. « Tu t'en tiras pas Tobias ! » Cracha-t-il avant de reprendre. « Je reviendrais... et je t'étriperais de mes mains ! »

Les rires s'étouffent, pour que finalement, plus aucun bruit ne survienne. Lentement, la lumière de la pièce se faire apercevoir de ses yeux azures. Directement, son regard se lève sur le miroir face à lui. Ses doigts se sont contractés, ses jointures sont blanches. Et, au fond de la vitre réfléchissante, une silhouette se fait peu à peu voir. Un visage apparaît, lentement. Celui d'un garçon un peu plus jeune que lui. Son prénom ? Damaris. Et ce que vous venez de voir ? C'est la nuit de sa mort, de son meurtre. Comme promis, il est revenue. Il est de retour, et sa vengeance promet d'être sanglante.