Les esprits mineurs peuvent parler à travers sa bouche pour une courte durée afin de communiquer une dernière fois avec leur famille, leur envoyer les derniers mots qu’ils n’ont pas pu échanger. Elle est un intermédiaire, une sorte de messager pour les esprits.

Rire est un passe-temps et une véritable thérapie pour Pearl. Elle adore plaisanter, raconter tout et n'importe quoi pour amuser les autres. Son autre grande passion? Parler, parler, parler. C’est un vrai moulin à paroles et une boule d’énergie sur pattes. De nature positive et combattive, elle se montre très apaisante pour son entourage grâce à son optimisme franc et sans détour. Elle se plait à voir un maximum les bons côtés de toute situation. D’une curiosité maladive, elle se prend très vite d’intérêt pour toute personne qui croise sa route. Elle aime comprendre, apprendre et découvrir. Malgré les diverses épreuves qu’elle a dû surmonter, elle reste très ouverte sur le monde et les autres mais elle n’en est pas pour autant imprudente, pas plus que bonne pâte. La brunette sait se montrer incroyablement teigneuse et grincheuse. Elle n’a pas sa langue dans sa poche et si quelque chose ne lui convient pas, elle ne se gênera pas pour le souligner. Elle peut se montrer très intransigeante et bien souvent capricieuse. Après avoir été brimée, elle n'a pas plus peur de s'affirmer. Elle sait être sans gêne et parfois un brin trop excentrique. Pearl est du genre à se donner à fond dans tout ce qu’elle entreprend et ne fait jamais les choses à moitié. C’est une bosseuse dans l’âme et ça, à tout niveau – professionnel et personnel.

“You trembled like you'd seen a ghost”

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Visage charmant, sourire d’ange et regard espiègle, Pearl a toujours semblé être une enfant normale, bien sous tous rapport. Et durant tout un temps, elle a veillé à conserver cette image mais finalement, elle a toujours rattrapé par ce qu’elle était. Ou plutôt ce qu’elle n’était pas – c’est-à-dire une fillette « normale ». Il y a des choses qu’on ne peut pas cacher éternellement, surtout quand c’est aussi ancré en soi. Pearl doit son héritage vaudou à papa Jones, lui aussi médium. Si maman Jones éprouve toujours des réserves et garde une certaine crainte à l’égard de cette particularité familiale de son époux, papa Jones lui est complétement en phase avec ce qu’il est. Il veille à inoculer à sa fille unique tout ce qu’il sait et à lui apprendre à accepter l’existence de cet autre monde dans la plus grande discrétion. Il sait qu’il ne vaut mieux pas attirer l’attention sur leur caractéristique familiale. C’est pourquoi même si Pearl éprouvera beaucoup de difficultés à ne pas raconter à toutes ses copines de classe ce qu’elle est, elle tiendra toujours le secret. L’aura qu’elle dégageait, ne trompait pas cependant et les autres, naturellement, se mirent à lui adresser des regards assez équivoques, à se méfier d’elle. A mesure que les années défilèrent, elle fût plus ou moins mise à l’écart. Mais cela n’a fait que la renforcer et forger son caractère. Elle n’a pas peur d’aller vers les autres, de les bousculer un peu afin qu’ils l’acceptent. Elle n’a jamais été vraiment isolée malgré le fait qu’elle soit différente et que ça se ressente. Elle n’a aucun problème avec ce qu’elle est et bien au contraire, elle est fascinée par ce don qu’elle a reçu de ses ancêtres. Elle veut honorer son héritage et mettre à disposition ce talent à ceux qui ne le possèdent pas. Elle a toujours eu conscience de l’importance que tout ceci représentait que ça soit à ses yeux ou ceux de son paternel. Elle embrasse sa nature de médium sans l’ombre d’un doute, impatiente de tester ses propres limites, ses propres facultés. La première fois qu’elle a pu effleurer un esprit, elle en a été complétement euphorique. Ses désirs de jeunesse ? Etudier les religions, comprendre les rapports entre les esprits et ces dernières. Sans aucune hésitation, elle aurait suivi cette voie si un regard n’était pas venu tout bousculer.

“I'm seeing stars, watch me fall apart”

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Vingt ans et toujours égale à elle-même, Pearl ne s’encombre pas d’embarras et passe au-dessus des barrières que certains érigent à son encontre. Tout aurait pu bien se passer si elle ne l’avait pas croisé. Il est une vraie tornade, il ravage son existence et emporte tout dans son sillage. Elle résiste longtemps parce qu’elle sait qu’il est synonyme d’ennuis. Il est beau, il est dangereux et il attire tous les regards. Un vrai mauvais garçon au nombre de délits assez éloquent. Il est entêté pourtant et elle finit par craquer. Elle l’aime, c’est une vraie folie destructrice, une passion qui ne s’explique pas. Son père la met en garde, il cherche à la raisonner mais très vite, il ne reconnait plus sa propre fille. Elle ne l’écoute pas du tout et fonce tête baissée dans ce qui sera sa perte. En quelques mois, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même, une étrangère pour ses proches. Elle se laisse manipuler, abattre et jusqu’à sa personnalité, il lui vole tout, tout ce qu’elle est. Son père veut lui faire entendre raison mais il baisse les bras quand il réalise qu’il ne peut rien faire face à cette véritable tempête. Pearl s’énerve et se retourne contre lui. Ce qui devient très vite une vraie crise entre elle et sa famille. Elle vit dans sa propre réalité, elle est coupée du Monde. Elle arrête ses cours qui lui tenaient tant à cœur parce que son petit ami lui ordonne. Elle sombre et se laisse détruire parce qu’elle est amoureuse et parce qu’elle ne voit pas du tout dans quoi elle s’embarque. C’est Nathaniel – un médium dont elle a fait la rencontre plusieurs années auparavant, qui réussit à la tirer de cet enfer. Il réussit à l’atteindre là où tous les autres ont échoués. Il la sauve littéralement. Si elle a toujours vu ce dernier comme le frère qu’elle n’a jamais eu, leur relation s’en trouve renforcée à la suite de cette épreuve. Elle est toujours là pour lui depuis.

“You show the lights that stop me turn to stone”

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Elle réapprend à être elle-même et à se retrouver, à revivre tout simplement. Mais elle est bien loin de se douter que dans sa succession de malheur, elle fera trop rapidement la rencontre de Furfur – un dibbouk venu la hanter. Il essaie de la prendre entre ses griffes, il cherche à lui faire perdre la tête mais Pearl parvint à l’éjecter grâce à sa puissance mentale. Pas question que quelqu’un d’autre dirige son existence et encore moins un esprit qui se croit tout permis. Elle cherche à comprendre ses vraies motivations, il y a quelque chose de trop profond et de trop violent qu’elle ne s’explique pas. Elle cherche un plan pour lui échapper et elle sait qu’elle finira par trouver. Elle a décidé définitivement de reprendre sa vie en main. Elle se trouve un job en tant que serveuse et se réconcilie avec sa famille. Pour s’endurcir et prévenir toute possession, elle organise des séances privées de spiritisme. Elle aide les gens en s’aidant elle-même de la sorte. Ces derniers donnent ce qu’ils veulent – un peu d’argent, un peu de nourriture, des objets quelconques, pour y assister, elle s’en fiche un peu. Le principal, c'est d'aller bien ou du moins, d'y travailler.

19h42. Bien, bien, bientôt la fin de son service. Entre deux commandes, Pearl lisse ses cheveux en plaquant ses deux paumes de chaque côté de sa tête devant le premier miroir qu’elle croise. Son reflet l’observe avec beaucoup de perplexité. Sa tignasse indisciplinée refuse d’obéir à ses vaines tentatives de reconstruction et pour cause, courir dans tous les sens leur a donné plein pouvoir dans cette affirmation anarchique. Une mèche par-ci, une mèche par-là, un beau sac de nœuds tout ça. La brunette soupire lourdement avant de repartir. Elle dépose des tasses, adresse des sourires et ainsi de suite. Comptoir, salle, salle, comptoir. Elle fait se succéder les commandes et les recommandations avant de réaliser qu’elle a débordé de plus de vingt minutes sur son service. Elle enchaîne pourtant cinq minutes supplémentaires avant de gagner les vestiaires rudimentaires aménagés à l’étage. Elle sautille d’une marche à une autre en fredonnant une mélodie qui lui est resté en tête toute la sainte journée avant d’atteindre le dit lieu. Elle éprouve un grand réconfort à retrouver son casier dans un coin de la pièce. En l’ouvrant, elle entame son petit rituel de tapotement sur les photos qu’elle y a accroché. C’est un peu de tout et du n’importe quoi. Un joli visage, un joli paysage. Bref que des choses pour la motiver, certains ont une réelle connotation sentimentale, d’autres sont juste là pour décorer. Elle ôte son tablier et sa chemise de boulot afin de les placer sur le crochet en se dandinant d’un pied à l’autre pour se donner une fausse impression de chaleur. Non, il ne fait pas moins dix-huit degrés dans ce local non chauffé et non, elle ne crève pas de froid entre tous ces courants d'air. Elle passe son t-shirt très vite ainsi que son blouson à la suite. Dans un espoir fou, elle s’empare de sa brosse et entame la longue supplique capillaire. Au bout de plusieurs passages douloureux, elle abandonne cette lutte. La serveuse attrape alors son sac et le passe en bandoulière sur son épaule. C’est parti. Il lui reste une heure vingt pour se débarrasser de cette odeur de friture et rejoindre le lieu de son rendez-vous.

Pearl n’habite pas très loin de son lieu de travail – bien heureusement. Les rues ne lui inspirent rien de bon en ce moment. Elle sent que les esprits sont agités, le climat est pesant. Elle est sur ses gardes, a des yeux partout et ses sens traquent les moindres signes louches se nichant au creux des ombres. Elle retrouve vite le confort de son appartement et la sécurité éphémère que ce lieu lui procure tout de même. Troisième étage, porte 307. Elle sort son trousseau de clés qui parait impressionnant au premier regard bien qu’il ne contienne que des babioles en tout genre auxquelles sont accrochées seulement trois clés. Elle ouvre son antre et envoi valser ses bottines aussi vite dans la pièce d’un coup de talon. Un coup d’œil sur son portable lui apprend qu’elle a un peu moins d’une heure pour se doucher et se préparer. Mais avant toute chose, elle fait un petit détour par ses placards et en sort de quoi grignoter. Ce qu’elle fait nonchalamment avant de gagner la salle de bain. Le jet d’eau brûlant la réveille et c’est tant mieux. Il vaut mieux éviter de débarquer à une de ses séances de spiritisme à moitié endormie. L’exercice étant nerveusement éreintant, elle préfère être à son maximum. Son impatience prend le dessus peu à peu. Ce  sont des opportunités non négligeables pour la médium. Rencontrer de nouvelles personnes, vivre de nouvelles expériences spirituelles. Ça fait partie de son processus de reconstruction. Avant de partir, elle engloutit deux grands verres d’eau en lisant distraitement les pages d’un magazine quelconque. Elle se convainc que tout va bien se passer et elle finit par y croire. Elle claque la porte ensuite et dévale les escaliers le sourire aux lèvres. Tout se remet en place depuis quelques mois. Elle sait qu’elle marche sur le bon chemin maintenant, elle se sent presque invincible ce soir malgré les soucis qui pointent à l’horizon. Après avoir connu le pire, elle veut connaître le meilleur. Humain et esprit n’ont qu’à bien se tenir.