Non, franchement, vouloir mettre cette jolie barrière en fer en plein milieu de la route juste pour faire chier la circulation, alors qu'il venait juste de sortir de l'église, c'était vraiment pas sérieux ! Salim bifurqua vers une ruelle adjacente en se tripotant nerveusement les mains et se focalisant sur le sol que foulaient ses pieds. Puis, plus fort que lui, il leva un peu les yeux. Et cette glace que le petit garçon mangeait en tenant la main de sa mère, s'il mettait juste un petit coup dedans... Non ! Il changea à nouveau de ruelle, tournant en rond comme un lion en cage. Tout autour de lui était un appel à la connerie, c'est comme s'il y avait un diable miniature au-dessus de son épaule gauche qui lui soufflait toutes les bêtises à faire, même les plus débiles... Surtout les plus débiles, en fait. "Tiens le coup, mon vieux" se disait-il pour s'encourager, "au moins une heure, c'est rien une heure !". Il devait se poser quelque part, croiser les bras et attendre. En bonne compagnie si possible. Une bonne compagnie qui appréciait sa compagnie. Ça courrait pas les rues. Salim avait pour habitude d'être le rejet de tout humain normalement constitué. Normal, direz-vous, quand on sait que sa principale fonction était d'emmerder le monde. Des fois, il avait ses petits favoris qu'il venait enquiquiner plus que les autres, et dès que ces personnes commençaient sérieusement à péter un boulon, Salim allait voir ailleurs. Puis, un jour, il tomba sur Nath : le seul mec vivant qui a su s'habituer à sa présence, et même à l'accepter. Du coup, c'était le seul ami que l'esprit avait au compteur, quelqu'un qui réussissait (dans la mesure du possible) à le supporter. Salim l'appréciait énormément, même s'il le lui avouerait probablement jamais. D'ailleurs, il décréta que le médium serait son sauveur du jour ! Il allait peut-être l'occuper d'une quelconque manière, ce qui l'empêcherait de pêcher dans l'immédiat. Faisant demi-tour, Reiyel se précipita vers l'appart de son pote. Tout en marchant d'un pas rapide, Salim de dit que c'était une sale idée que d'habiter aussi loin de l'église. A tous les coup, Nathaniel n'allait même pas à la messe, était-il seulement croyant d'ailleurs ? C'est pas le genre de question que lui poserait Salim en tout cas. S'il ne passait pas pour un abruti profond, il passerait au moins pour un cinglé. Venant d'un esprit... C'était désespérant !

Entrant finalement dans le bâtiment de son ami, Reiyel gravit les marches. Au palier, il voulut traverser la porte mais une femme l'ouvrir rapidement, sortant à la va-vite de l'endroit. Salim étant pourtant parfaitement transparent et immatériel a ce moment, eut le réflexe débile d'esquiver la jeune femme, déstabilisé. Il profita de l'ouverture pour s'engouffrer comme un courant d'air dans l'appartement. Alors que la porte claquait derrière lui, il s'apprêtait à annoncer sa présence de manière bruyante et théâtrale comme il aimait si bien le faire, mais quelque chose le coupa dans son élan, à commencer par l'ambiance tamisée de la pièce. Ô damnation, Nathaniel s'apprêtait à faire une séance de spiritisme! L'occasion était trop bonne! Désolé mais là c'était Dieu en personne qui lui tendait une perche. Il ne pouvait tout simplement PAS ne RIEN faire. L'esprit se dirigea à pas de loup dans la chambre pour mieux se planquer, car même quand il se voulait invisible, Nathaniel devinait souvent sa présence. En voulant se dépêcher, il se cogna le genou contre un meuble et le bruit, pourtant léger, le fit lui-même sursauter. "Et merde !". Plutôt que plonger sous le lit, il alla se planquer derrière le rideau de la fenêtre comme un gosse, craignant que ses capacités lui fassent défaut et le rendent visible (il est pas vraiment doué dans la précipitation, ni de manière générale en fait). Pour le coup, l'esprit faisait mieux de se tenir dans l'ombre jusqu'au début de la séance car son pote était capable de l'annuler à cause de lui... Ou d'essayer de le virer de l'appartement, ce qui foutrait totalement en l'air ses plans

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