Il lui fallait une dose extrême de concentration pour garder un visage neutre et parfaitement impassible. La conversation n’était pas vraiment en train de se passer comme elle l’aurait voulue mais comment aurait-il pu en être autrement ? Au fond de son sac se trouvait un dossier des plus effrayants, un dossier qui ne la rassurait pas et qui suffisait à lui à regretter de toujours tenir à dire la vérité dans ses fausses prédictions. Car il y avait là-dedans des histoires sombres dont elle aurait préféré ignoré l’existence. Quand le détective qu’elle employait le lui avait porté, la mine sombre et inquiète, lui disant qu’ils feraient mieux d’aller directement voir la police plutôt que de le garder une seconde de plus, Valerie avait refusé tout net, elle n’était pas à l’abri d’une fuite concernant la source de ses connaissances. Bien sûr, elle aurait eut une publicité non négligeable si jamais les gens avaient appris qu’une voyante parvenait à renseigner la police avec exactitude mais ils auraient très bien pu prendre la chose très mal et décider de révéler le pot-aux-roses, ce qui était impossible à ses yeux.

Voilà pourquoi la brune se retrouvait à présent dans un bar non loin de son cabinet à discuter avec le principal intéressé, espérant secrètement que la nature publique du lieu puisse la protéger de tout risque. Pour une affaire aussi grave, Valerie aurait été bien incapable de jouer la comédie et de prendre un air mystique pour lui demander ce qui lui avait prit d’aller rendre visite à une certaine personne qui avait complètement disparu de la surface du globe après qu’il soit allé la voir. Dire que tout avait commencé pour une vulgaire histoire d’avis sur une expertise de sa vie professionnelle à présent ce n’était plus un cadre aux dents longues qu’elle voyait mais un assassin prêt à tout et elle voulait le confondre d’abord pour ses actes avant de faire quoi que ce soit. N’allez pas demander pourquoi, tout comme son employé, elle avait trouvé que c’était une très, mais alors très mauvaise idée, c’était juste qu’elle devait le faire et maintenant qu’elle se retrouvait contrainte à se lever par une poigne de fer, une arme braquée contre sa hanche, elle trouvait cette idée relevant même de la folie furieuse. Elle voyait la protection du statut de lieu public du bar s’éloigner alors qu’ils s’enfonçaient dans la nuit noire.

La gorge serrée par la terreur, elle essaya de saisir le regard des passants, n’importe lequel qui aurait pu comprendre le danger imminent et traduire la peur qui suintait par tout ses pores pour la secourir mais, pressés, il passait autour d’elle sans la voir. La peur qui laissait échapper une sorte de glapissement désespéré qui fut aussi vite étouffé en sentant la poigne de l’homme se resserrer de plus belle sur son bras. Il n’était pas prévu qu’elle prenne cette sortie là, son détective l’attendait de l’autre côté et ne l’ayant pas vu sortir, il risquait de rester là longtemps sans s’inquiéter, elle ne savait pas quoi faire et pourtant sentir venir l’urgence de faire quelque chose pour rester en vie.

La chance fut de son côté, une voiture pétarda dans la rue, détournant un instant l’attention de l’homme mais c’était tout ce dont elle avait besoin, juste d’une seconde d’inattention, elle le repoussa en abattant son poing sur sa tempe et s’échappa en courant comme si elle avait la mort aux trousses, ce qui n’était pas loin d’être le cas. Elle l’entendit s’en aller à sa poursuite, ses pas lourds et rapides derrière, Valerie pouvait presque son souffle sur sa nuque quand tout d’un coup, elle en entendit un bruit de chute et puis plus rien. Elle s’arrêta pour se retourner et son regard terrorisé et choqué tomba sur la silhouette d’un homme qui semblait venir de nulle part.