En entrant dans ce restaurant il avait rendez-vous avec Harry. Comme la dernière fois qu'il était venu, c'était ici, à cette table qu'ils avaient eu l'habitude de se retrouver pour parler un peu de la vie, de ce qu'il les attendait et ce qu'ils vivaient surtout chacun de leurs coté. L'ancien médecin de Maddox était particulièrement attaché à son patient et il s'était pour ainsi dire décarcassé pour lui trouver une nouvelle psychologue qui ne lui ferait jamais le moindre mal... Il s'était assit à la table, silencieux. Mais on le regardait tout de même et il se sentait assez gêné, du genre à se sentir complètement persécuté ; il ne comprenait pas que ces dames le regardaient uniquement parce qu'il était beau à mourir, mystérieux et franchement charmant. Mais il ne voyait pas tout ça chez lui, il était juste lui et il avait peur des autres et pourtant, lorsqu'il les connaissait ; il devenait assez accro au contact avec ceux ci. Paradoxalement il n'aimait pas la solitude, mais il avait peur de l'inconnu. Difficile de jongler avec toute ça n'est-ce pas ? Il avait déjà oublié ce dessin de la fois passée. Il était là, il était arrivé pile à l'heure. Mais que faisait donc Harry ? Son téléphone vibrait et il le sortait de sa poche. C'était Harry d'après l'écran mais celui-ci s'éteignait et il n'arrivait plus à toucher l'écran. Qu'est-ce qu'il ce passait ? Il ne se souvenait plus vraiment de ce que Tamina lui avait enseigné quant-à l'utilisation de celui-ci... Il retournait l'appareil dans tous les sens quand une jeune femme lui demandait s'il voulait commander. Il semblait figé et doucement il relevait les beautés azurés qui lui servaient d'yeux pour la regarder quelques instants avant de répondre hésitant « Je... Non... » Difficile pour lui de s'adresser à une parfaite inconnue, heureusement qu'il était déjà venu ici par le passé et avait un minimum de repère parce qu'il aurait très bien pu finir en larme... Depuis son adolescente, Maddox était devenu un homme particulièrement émotif.

Il détournait le regard pour s'acharner de nouveau sur le téléphone, il appuyait sur un bouton et l'écran s'allumait avec un cadenas et il appuyait dessus mais cela fut malheureusement sans effet car il fallait en réalité faire glisser son doigt pour l'ouvrir. Aussi l'image disparaissait et son pouvait voir sur son visage qu'il ne comprenait rien et qu'il commençait à angoisser. Il avait un message d'Harry et il n'arrivait pas à l'ouvrir ! C'était en fait un message pour le prévenir qu'il ne viendrait pas parce qu'il avait une urgence au bloc opératoire et que le rendez vous était donc reporté avec toutes ses excuses les plus sincères. Le dément relevait son regard vers la jeune femme qui était restée plantée là ; il la fixait avec une certaine appréhension. Que lui voulait-elle ? Il ne savait pas lui... Il devait attendre son ami... Si seulement Tamina était là, pourquoi est-ce qu'elle faisait les courses ? Il aurait voulu qu'elle vienne elle aussi, elle aurait su quoi faire elle au moins...

Elle lui demandait s'il voulait de l'aide avec son téléphone, il s'était contenté de la fixer de ses magnifiques prunelles azurés, l'air complètement paumé, chose qu'il était pour ainsi dire. Il n'osait pas vraiment lui répondre, les gens du monde extérieur lui faisaient quelque peu peur... Il se sentait loin de chez lui, mais c'était leur restaurant. Harry était comme un frère et un père à la fois. Elle prenait son téléphone des mains, faisant ce qu'il devait être fait à sa place, il ignorait donc toujours comment cela pouvait bien fonctionnement, elle lui rendait son téléphone et assez hésitant il tendait cependant la main pour le récupérer. Un cri le stoppait net et même le fit sursauter, il fixait la jeune femme qui venait de faire tomber son téléphone, il l'observait le ramasser et s'excuser un nombre démesuré de fois. Elle était très belle bien qu'elle lui faisait assez peur pour le coup. Elle ne le regardait pas et il se sentait asse gêné. Il n'osait regarder autour de lui de crainte de voir encore des yeux braqués sur lui. Il s'apprêtait à dire que ce n'était pas grave en espérant qu'elle s'éloignerait un peu de lui après cela, il avait le téléphone en main et n'avait pas remarqué que celui-ci était abimé, il fallait dire qu'il s'en fichait un peu et il pensait bien que ses thérapeutes avaient choisi un modèle un peu trop compliqué pour lui.

Il ne pu rien dire car cette fille semblait être incapable de se faire ne serait-ce que deux petites minutes. S'excusant encore, puis elle commençait à lui parler de la raison de sa venue. Il était assez étonné que ça ne soit pas tout simplement pour faire son travail et il fallait dire qu'il fut de plus en plus effrayé par ses propos. Il ne comprenait pas où elle voulait vraiment en venir avec ce gribouillage qu'il aurait pu faire sur un mouchoir, c'était à peine s'il s'en souvenait... Il n'avait pas bien compris cette histoire de mouchoir appartenant au client ou il ne savait quoi... Il la fixait longuement une fois qu'elle eut fini, il semblait complètement perdu dans ses propos et elle ne le regardait toujours pas. Elle avait honte. Il se reconnaissait bien dans cette posture craintive et il répondait alors malgré cette peur au ventre. « Ce n'est pas grave pour le téléphone... » Le problème était qu'il était de nouveau verrouiller, il le posait sur la table, Harry finirait bien par venir ou l'appeler n'est-ce pas ? Il prit son courage pour tenter de poursuivre cette conversation avec cette inconnue, ce qui donnait à la scène un aspect encore plus terrifiant à ses yeux, mais depuis que Tamina était sa tutrice, il avait appris à essayer beaucoup de choses par lui-même et cela même si ça lui faisait peur. Le seul risque pour cette serveuse était la crise de panique, de paranoïa ou d'angoisse... « Je ne me souviens pas... De ce dessin. Mais si tu veux, tu peux le garder... J’en ai plein d’autres... » C’était assez compulsif chez lui de dessiner, lorsqu’il était stressé (comme dans cette situation), il avait besoin d’exprimer ce qu’il ressentait et puisque personne ne le comprenait, il savait lui que le dessin le comprendrait. Doucement, il avait dessiné un très léger sourire sur ses lèvres, il était tellement rare que quelqu’un trouve un sens à ce qu’il dessinait que dans le fond malgré sa crainte cela le flattait et lui fit tout à fait plaisir. Cette manie de tutoyer était propre au secteur psychiatrique, bien longtemps il était resté interné et cela à deux reprise, bien que la seconde fois ce fut pour se remettre d’un traumatisme de maltraitance. Il ne savait pas si un jour il serait comme un avant, s’il cessera d’avoir peur, qu’il sourirait aux gens parce qu’il ne penserait plus en les voyant au mal que son ancien psychologue lui avait fait. Il ne pouvait s’empêcher de s’imaginer que les gens étaient mauvais et lui voulaient forcement du mal puisqu’il était différent, parce qu’il était méchant et que tout ce qu’il faisait était mal, mais ce n’était pas de sa faute s’il voyait tout cela n’est-ce pas ? Il n’avait rien demandé à personne... « Si tu veux... Tu peux me le montrer, j’te dirais ce que c’est... » finissait-il tout à fait intimidé, son regard se fit fuyant et le beau brun fragile ne se rendait même pas compte du pas en avant qu’il venait de faire... Le tout était de ne pas en faire une paire en arrière à présent...

L’inconnue était assise à sa table et il se sentait assez mal à l’aise pour tout avouer, ceci dit, il prenait sur lui. Après tout, c’était lui qui lui avait proposé de lui expliquer ce que signifiait l’œuvre qu’il avait réalisé quelques temps auparavant... Il la fixait de ses magnifique yeux azurés, il fallait dire qu’elle était absolument délicieuse à regarder bien qu’il était trop anxieux pour oser avec des pensées de ce genre, elle sortait de sa poche un mouchoir en assez mauvais état, heureusement que les essuies mains étaient de nos jours assez résistant. La fixant alors qu’elle semblait le regarder comme si cela serait la dernière fois... Quand il l’eut à nouveau sous les yeux, ses lèvres se pinçaient légèrement comme s’il se souvenait très bien. C’était le cas. Son œuvre représentait une silhouette seule dont le visage était caché par une   capuche, cette personne semblait souffrir énormément, abandonné et son ombre n’était pas la sienne, mais celle d’un monstre étrange et terrifiant... Elle le sortait de cette réflexion en l’interrogeant, il avait relevé les yeux vers elle assez étonné des propos de la jeune femme. Obsédée ? Vraiment, ses dessins avaient-il ce pouvoir là ? Etait-ce la raison pour laquelle on refusait qu’il ne montre ses dessins ? Pour cette raison que son ancien psychologue n’eut toléré que son patient dessine à tout bout de champ ? Jamais il ne s’était posé la question, était-ce une chose si mauvaise qu’il aime dessiner ce qu’il voyait ou ressentait ? Il baissait lentement les yeux pour fixer son dessin avant de lui répondre assez hésitant pour le coup « La peur... On ne sait jamais de quoi on est capable et... On peut avoir peur, peur d’être quelqu’un qui nous fait peur... Finalement, on pourrait être capable de faire comme lui... Est-ce que... Est-ce qu’on ne pousse pas les gens à devenir ce monstre ? On est une part de tout ça... » Oui, c’était de sa faute si ce type l’avait tapé, c’était de sa faute même s’il n’arrivait pas à voir en quoi... Pourtant, il n’avait cessé de l’accuser d’être méchant. On avait beau lui dire que ce n’était pas de sa faute, il restait très fragile à ce sujet...

Doucement, il relevait les yeux vers elle pour ajouter « Souvent les gens ne regardent pas l’impact de ce qu’ils font, ils sont égoïstes et en fait... Ils sont terriblement seuls... Peut-être... » Il n’osait pas aller tout de suite au bout de sa réflexion, son regard venait se poser sur la seconde serveuse qui gloussait en les observant, il se demandait pourquoi elle agissait de la sorte... Toujours en baissant les yeux il achevait enfin ses dires « Peut-être que... Tu ressens la même chose... C’est tellement dur de mettre des mots sur ce qu’on ressent, j’le dessine... C’est un peu la même chose non ? Si tu veux... Tu peux le garder. Personne ne regarde jamais ce que je dessine... » Lentement, il relevait les yeux pour l’observer, il avait l’air d’un homme fragile, sensible et timide. C’était le cas, on dit que l’habit ne fait pas le moine. Dans le cas de Maddox, il était totalement transparent sur ce qu’il était vraiment au fond de lui... Diamant pur, on avait cherché à l’entaché, mais il était resté le même malgré les tortures dont il fut victime...

Elle semblait étonné que personne ne regarde ce qu’il dessinait, il fallait dire qu’il faisait cela à longueur de temps et que son entourage n’avait jamais été particulièrement sensible à ce qu’il faisait, Tamina semblait s’y intéresser quelque peu mais le doute en subsistait parce qu’il pensait qu’elle faisait cela pour établir ce climat de confiance entre eux... Le beau brun fixait la jeune femme qui lui disait être particulièrement intéressé et elle voulait voir tout ce qu’il faisait, hors c’était impossible et la tristesse naissait ses dans beaux yeux bleus. Bon nombre de ses œuvres avaient été détruit par Alexey et certainement ne s’en remettrait-il jamais, cet homme avait voulu détruire bon nombre de ses vies et il s’était sentit tellement malheureux à chaque fois qu’il avait pu entendre le papier se froisser ou être déchiré... Elle se reconnaissait dans son œuvre, c’était assez étonnant parce qu’elle n’avait pas l’air d’avoir peur ; mais peut-être était-ce caché là... Quelque part... C’était comme lui après tout, il était tout aussi capable de se comporter comme il venait le faire, c'est-à-dire comme un adulte ; tout comme il était capable de faire l’enfant... L’homme est un être aux multiples facettes et bien souvent cela valait la peine qu’on essaie de creuser en dessous... Maddox avait peur de tout, peur d'avancer, peur de la vie tout simplement... Il avait cette sensation qu'on lui avait arraché une part de lui, qu'on lui avait volé à jamais le droit d'être heureux, d'oublier la peur... Non, plus rien ne sera jamais plus comme avant, il le savait. Et même si on avait envie de le protéger, cela ne changerait rien. Il ne serait jamais heureux même mit dans un couffin, il ne serait plus jamais libre. On avait jugé pour lui que sa démence était une mauvaise chose, qu'il devait l'éradiquer. Il avait eu beau lui dire qu'il en était heureux, personne n'avait jamais voulu l'écouter et à présent il était cet homme anéanti par la folie de l'homme à s'acharner sur son triste cas... Il aurait pu avoir une vie normale malgré cela, il aurait pu trouver l'amour et... Mais c'était cassé chez lui.

Une voix d'homme se fit entendre, assez mécontente. Mais elle surprit Maddox qui était plongé dans les beaux yeux de la serveuse des plus mignonnes qui soit... La jeune femme retournait le mouchoir et lui souriait de nouveau en lui parlant d'infolettre, il ne comprenait pas vraiment... Il n'avait jamais travaillé et il ne savait pas vraiment que discuter avec un client était un motif possible de renvoie et surtout il ne connaissait pas les conséquences d'un licenciement... « Euh... Maddox Seelerk... Mais... » Relevant son regard azuré vers le patron qui approchait de la table en demandant si tout allait bien, le beau brun restait figé sur place... Mais que faisait Harry à la fin ? Pourquoi n'avait-il pas encore commandé ? L'angoisse montait petit à petit dans les yeux de l'homme et malheureusement le patron qui pensait bien faire s'inquiéta de l'état de son client, mais plus celui-ci posait de question, plus cela le renvoyait à des épisodes tragiques de sa vie et l'anxiété allait en grimpant...

« J'vous en prie laissez moi, j'n'ai rien fait... » Soufflait-il alors qu'il était devenu pâle comme un linge ; il aurait du se douter qu'il n'en était pas près, il aurait du demander à Tamina de l'accompagner... Certes elle avait un tas de choses à faire comme tenir ce maudit cahier de suivi dont elle ne voulait pas qu'il regarde comme s'il s'agissait là d'un journal intime ! Oui, il savait se faire capricieux parfois, un peu comme tout le monde. Il essayait de lutter contre cette angoisse, l'approche des autres était toujours difficile, mais en plus lorsque l'on venait l'assaillir de questions ça montrait crescendo... Une chance qu'aucun esprit n'était dans les parages pour profiter de son angoisse pour lui passer un message du même registre sans quoi il risquait un énième malaise et il n'avait strictement pas besoin de cela maintenant... Il était encore trop fragile pour ce monde, se blessures mettront beaucoup de temps à guérir et il y aura toujours des séquelles...

L'homme venait lui prendre la main pour le saluer avant de prendre congé, tous les muscles du bras de l'artiste s'étaient crispés sous et effet brutalisant à ses yeux ; il fallait dire qu'il avait énormément de mal à tisser des liens avec les hommes après ce qu'il avait traversé et seule Harry avait su l'apprivoiser... Il regardait l'homme s'éloigner de ses beaux yeux d'un océan immense d'émotions. Maddox fixait ce type qui disparaissait, un homme autoritaire, tout à fait le profil qui lui faisait peur et le renvoyé à des événements de sa vie qu'il préférait oublier, mais il s'était arrangé pour qu'il n'oublie jamais... Assez rassuré par son départ, le beau brun laissait son regard observer la jeune femme qui s'était levé s'approchant de lui d'une façon assez singulière. Ses yeux n'arrivaient pas à la quitter, une légère appréhension au fond des yeux... Sa main sur son épaule, il avalait sa salive non pas sans difficulté devant autant de sensualité de la part d'une femme tout à fait magnifique... Mais c'était étrange pour ainsi dire. Elle lui disait qu'ils n'étaient plus qu'à deux, il n'était pas certain de comprendre où elle voulait en venir. En fait, à cet instant il essayait plutôt de comprendre ce revirement de situation... Comment aurait-il pu savoir que sa détresse aurait attiré la présence d'un esprit qui habitait le corps de cette femme ? Penchant légèrement la tête de coté pour la dévisager... Ce n'était plus la même personne qu'il avait en face de lui, alors cette peur dont elle parlait venait de prendre tout son sens... Il avait rencontré des filles comme ça à l'hôpital psychiatrique, le médecin disait qu'elles avaient des troubles de la personnalité. Pourquoi ? Pourquoi chercher une raison à tout ça ? Pourquoi ne pourrait-elle pas être tout simplement ces deux personnes là ? Il avait bien une quantité infinie de vies après tout.

Le petit prince si peureux n’avait pas peur de cela ; non, jamais. Il ne croyait pas en la folie, pour lui tout ce qu’il voyait et entendait était réel... Doucement il dessinait sur ses lèvres un léger sourire, comme s’il avait l’impression de voir quelque chose qui lui était familier, à vrai dire : c’était tout à fait ça. Il se sentait moins perdu à présent, avec elle ici. « Comment tu t’appelles ? » Demandait-il dans un souffle, ce sourire sur son visage, il avait l’air tellement apaisé tout à coup, elle était ce qu’il comprenait et que les autres ne voyaient pas... Maintenant, il savait pourquoi elle avait gardé ce dessin, il savait ce que cela signifiait pour elle... Il n’était pas un idiot malgré ce que l’on pourrait croire en raison de sa psychose, mais il était juste déraisonné et non pas attardé mental. C’était là ce que les gens ne comprenaient jamais avec lui, il était un homme comme un autre avec une logique tout à fait à part... Il était intéressé par cette fille, par cette personnalité. L’autre elle était tellement fragile et peu sure d’elle, c’était ce contraste qui l’interpellait, il était à présent curieux et venait même oublier ses peurs de l’inconnu, de l’autre... Ce qui faisait peur chez les autres, lui donnait à lui un sentiment de point commun, de connaitre l’autre alors que ce n’était pas du tout le cas... Il ne savait pas, il se sentait rassuré à présent, à tord ou à raison... Il était un homme assez naïf dans le fond, il était du genre à se laisser bouffer par l’autre parce qu’il ne savait pas comment faire, il en avait vu de toutes les couleurs dans sa vie et il était un être qui pouvait en surprendre beaucoup dans ses réactions contrairement à ce que l’on pourrait croire. Le psychisme est un mystère sans fin.

Elle lui disait qu'on l'appelait Amélia, il continuait à sourire alors qu'il s'arrêtait à lui demander son véritable nom et non pas la façon dont on l'appelait, lui aussi s'appelait normalement Prince, mais il ne répondait plus à ce nom depuis bien longtemps, peut-être était-ce la même chose pour elle ? A un degré différent ? Il ne savait pas, c'est alors qu'elle lui donnait papier et feutre en lui ordonnant de dessiner quelque chose, le beau brun la fixait quelque instant, toujours ce léger sourire sur sa gueule d'ange. Il semblait lire dans ses yeux un véritable roman, mais il n'était pas capable d'une telle chose, il reconnaissait les émotions rien de plus... Alors il se fit docile, oubliant ses craintes pour se laisser aller dans ce langage du dessin qui avait toujours été un véritable refuge à ses yeux. Il dessinait la moitié d'un visage, celui d'une femme sur d'elle et sensuelle, puis il dépassait de la feuille écrivant directement sur la table pour l'autre coté de son visage, celui de la première jeune femme qu'il avait vu, celle qui hésite, qui est timide et sensible... Non pas que la seconde ne l'était pas, c'était masqué... Elle semblait abusée de la vie, comme si plus rien ne pouvait la surprendre désormais... Il ne s'arrêtait plus, c'était presque devenu compulsif au point qu'il finissait par s'enfermer dans cette bulle qui lui était propre. Son visage neutre était en parfaite contradiction avec l'amas d'émotions qui luisait dans ses yeux. Autour d'eux, les clients s'inquiétaient de cet état de « transe » jusqu'à ce qu'une serveuse ne puisse retenir un cri de surprise, le sortant de son art qui l'absorbait tout entier... Relevant ses yeux bleus vers Amélia il lui répondait alors en marquant à nouveau un sourire « C'est ce que je vois, mais toi... As-tu envie de le voir ? Elle a peur, je crois que tu lui fais peur... » Il était assez effrayant quand il s'y mettait il fallait bien l'avouer, mais Maddox demeurait un être instable qu'un rien pouvait plonger dans les tourments les plus effroyables qu'ils soient... Et lui, il n'avait pas peur d'elle, de cette seconde personnalité, qui était-elle ? Et si c'était une tueuse ? Et bien, il encourait le risque volontiers parce que ce n'était pas la mort qui lui faisait si peur, c'était bien plus complexe que cela.

Evidement le client finissait par se faire houspiller par le patron car déjà il n’avait rien commandé et qu’en plus il venait abimer le matériel en dessinant dessus. Tout le monde ne pouvait pas être sensible à l’art après tout et si beaucoup des clients s’aéraient curieux de voir ce qu’il avait dessiné ; le beau brun savait que même pas un quart en comprendrait le sens. Lentement il s’était levé de sa chaise en prenant son téléphone entre ses doigts tout en adressant à la jeune femme un léger sourire qui semblait juste vouloir dire « Bonne chance » et se dirigeait sous le regard des autres clients vers la porte en s’acharnant à essayer de déverrouiller son téléphone. Pourquoi ne lui avait-elle pas montré comment l’on faisait ? Il lui semblait bien qu’il fallait appuyer la dessus, ou peut-être sur ce bouton... Et... Ah non... L’appareil venait de s’éteindre et autant dire que c’était une pure catastrophe car il était ignorant du code qui déverrouillerait sa carte de téléphonie... Il ne pouvait même plus demander à Tamina de venir le chercher, l’anxiété commençait à monter brutalement, rester si longtemps dans la rue et seul lui donnait une peur bleue...

Restant à l’extérieur, il ne savait pas vraiment quoi faire si ce n’était attendre le retour de Tamina, mais dans combien de temps ? Dans la rue, il se sentait tellement vulnérable, si seulement il pouvait ouvrir ce téléphone il pourrait prévenir sa thérapeute et aussi il pourrait lire le message de Harry, peut-être avait-il changé le lieu du rendez-vous. Peut-être était-il en train de l’attendre ailleurs. Appuyant comme un bœuf sur le cadenas sans parvenir à son objectif quand il entendait crier à l’intérieur du restaurant qu’il avait quitté. On ordonnait à quelqu’un de sortir, puis il tournait la tête assez craintif vers la porte quand il aperçu la jeune femme en larmes. Il la fixait sans vraiment savoir que faire, le beau brun se rendait alors compte qu’elle l’avait aperçu et elle essayait de faire comme si elle n’avait pas pleuré, mais c’était trop tard. Ils se fixaient longuement, il était totalement mal à l’aise. C’est alors qu’il prit son courage pour s’approchait de la jeune femme bien que tout particulièrement mal à l’aise. Arrivant à la hauteur de la jeune femme, il avait quelque peu baissé les yeux assez honteux, avec cette sensation que c’était  de sa faute tout ça. Il n’aimait pas voir quelqu’un pleurer, surtout un si beau visage. Pourquoi est-ce qu’elle était si triste ? Que c’était-il passé à l’intérieur ? Finalement le dément prit son courage à deux mains pour venir l’aborder « Je suis désolé si tu pleure à cause de moi, est-ce qu’on peut attendre ensemble ? » Il l’observait de ses grands yeux bleus d’un air tout à fait désolé et qui avait de toute évidence l’air de penser ne pas méritait la présence de la jeune femme. Puis finalement, doucement il approchait sa main froide de son visage brulant de son chagrin pour effacer une larme sur son menton. Elle était tellement belle, il s’en voulait de mettre tant de tristesse sur ses traits. Il espérait qu’elle ne lui en voudrait pas, il était toujours dans son monde quand il dessinait et le bel homme ne se rendait pas toujours compte de l’impact de ses gestes. Pourtant il était physiquement tout ce qu’il y avait de plus adulte et de solide bien que mince mais bien galbé.

Lentement il dessinait un sourire sur ses lèvres, il était tendre et communicatif, décollant ses doigts fins du visage d’Amélia il lui disait « Tu es très belle, personne ne devrait te faire pleurer... Mais pourquoi as-tu l’air rongé par cette tristesse Amélia ? J’ai l’impression que tes larmes renferment bien plus de peine que tes yeux veulent laisser croire... » Il finissait par se taire, fixant la jeune femme de ses beaux yeux, il ne savait pas s’il faisait bien, mais pourquoi serait-ce un mal ? Il ne faisait que décrire ce qu’il voyait comme s’il la dessinait mais cette fois ci à l’oral. Elle était si triste, comme s’il y avait une souffrance au fond d’elle, cette jeune femme si sure d’elle semblait avoir disparu en un battement de cils, pourquoi ? Elle avait abandonné Amélia alors qu’elle était triste. La logique altéré du dément était une fois de plus mise à l’épreuve mais sa priorité semblait résider dans l’importance de ne pas blesser davantage la jeune femme, il s’en voudrait que plus de faire cela.

Il l'observait se frotter les yeux, toujours avec ce léger sourire sur ses lèvres. Elle était tellement belle et il s'en voulait d'avoir causé son chagrin. Elle avait posé sa main sur son épaule pour lui assurer qu'elle ne voulait pas qu'il s'inquiète, mais il ne voulait pas la laisser comme ça, c'est vrai... Elle avait été si gentille avec lui, si sincère... Il ne pouvait pas la laisser ainsi, cela lui ferait bien trop de peine, pourquoi cela le dérangerait ? Elle ne l'importunait aucunement. Puis son sourire se mourrait et il décidait de l'imiter, l'observant dans ses moindres faits et geste alors qu'elle passait à confesse. Elle riait à ses propres mots, est-ce qu'elle riait parce qu'elle trouvait cela drôle, parce qu'elle trouvait cela ridicule ou tout simplement parce qu'elle avait peur ? Elle supposait que la vie du dément n'était pas toute rose non plus, le bellâtre lui adressait un léger sourire avant de lui répondre avec cet air bienveillant qu'il avait toujours ignoré avoir en lui, d'habitude c'était lui que l'on rassurait et pas l'inverse... « Pourquoi ce serait insensé ? Personne ne peut comprendre les gens comme nous, tu as peur de ça... Les gens disent que je suis fou, peut-être c'est eux qui le sont... Aveugle, pourquoi ne voient-ils pas toutes ses choses autour d'eux ? Pourquoi sont-ils si sourd ? » Toute sa vie, on lui avait fait subir de nombreuses thérapies pour le « guérir », mais lui il n'était pas malade, il voyait et entendait. Pourquoi est-ce que l'on s'acharnait sur lui, au point de le battre... Il ne savait pas, il n'avait rien demandé à personne. Pourquoi n'avait-il pas le droit d'être lui-même ? D'être différent ? Doucement il venait se placer en face de la jeune femme pour prendre sa main, il était un homme assez tactile quand il connaissait bien les gens alors qu'il était particulièrement pudique avec les inconnus. Pourtant, il ne connaissait cette fille depuis à peine une demi-heure, mais il avait cette sensation de la connaitre qui avait le don de le rassurer en sa présence. Souriant toujours de façon assez succincte avant de lui dire « Moi je ne crois que tu es folle, en fait... Je me demande vraiment qui elle est... Je l'ai vu tu sais... » Non, c'était inutile de lui mentir, il avait clairement reconnu ce qu'elle considérait comme un problème. Il y avait deux personnes dans ce corps. Est-ce que l'une d'elles était prisonnière ? Il n'y croyait pas, il pensait que c'était ainsi comme i y en avait eu beaucoup à l'hôpital psychiatrique... Pour Maddox, tout cela était tout simplement réel. Il tournait lentement la tête vers la vitrine du restaurant pour observer les clients qui semblaient avoir déjà oublié ce qu'il venait de se produire alors qu'une serveuse s'acharnait à essayer d'effacer la table, il secouait lentement la tête attristé, pourquoi les gens s'acharnaient-ils à vouloir détruire ses oeuvres ? Il soupirait faiblement avant de reporter son regard azuré vers cette femme absolument magnifique pour lui dire « Cet homme est vraiment mauvais, il ne mérite pas que tu travailles pour lui... » Il n’avait aucune notion du marché du travail et ignorais qu’on ne choisi pas son patron mais que c’était bien le patron qui choisissait ses employés. Ce qui était un système complètement illogique à ses yeux alors que cela l’était pour la société. Pourquoi ne pouvait-on pas choisir pour qui l’on veut travailler, a qui l’on devra obéir ? Cela éviterait ce genre de problème... Le beau brun lui adressait un léger sourire avant d’oser regarder la rue l’air apeuré de ce qu’il pourrait y voir...

Il avait parlé d’elle et il avait plus ou moins su capter que cela lui  faisait de toute évidence de la peine. Alors il n’insistait pas davantage sur le sujet de crainte qu’elle pleure une seconde fois, esclave de son incapacité à lui faire du mal. Lui parlant alors de l’bomme odieux qu’était son patron ce qui fit rire la jeune femme et fascinait un peu Maddox. Elle était magnifique ainsi. Mais rapidement il fut rappelé à ses angoisses. Il se laissait serrer la main, c’était tellement rassurant à ses yeux. Sa question le ramené à la réalité. Il révélait doucement le regard vers la belle ex-serveuse. Il devait trouver le courage de lui expliquer ce qu’il lui arrivait et bien sur il détournait le regard comme s’il avait peur de sa réaction ou comme s’il savait déjà de quelle manière elle allait le faire. Ouvrant la bouche toujours aussi hésitant en gardant précieusement sa main dans la sienne pour se donner bien du courage et il en avait besoin. « Je ne sais pas pourquoi il n’est pas venu... Je crois que personne ne veut rester avec moi, pourtant j’ai rien fait de mal... Je crois... » Il semblait réfléchir à ce qu’il avait pu faire de si horrible pour que tout le monde le laisser tomber, il en avait tellement assez d’être seul dans cette vie comme dans toute les autres. Doucement il avait relevé les yeux vers elle, l’air totalement dépité avant d’ajouter d’une voix toujours aussi fragile par toutes ces émotions qui le possédait. « Les gens ne comprennent pas... Je ne sais pas être comme eux, je ne sais même pas pourquoi je devrais le faire. J’voudrais qu’on arrête de me regarder comme si j’avais fait quelque chose de grave. » Puis il baissait la tête assez honteux, l’air encore hésitant, pouvait il lui faire confiance ? Il était un homme si naïf et sensible après tout. Il serait prés à donner sa confiance au diable lui-même pour peu que celui-ci lui assure qu’il n’en avait rien à craindre. Cela lui avait d’ailleurs couté bien des peines et des douleurs qu’il aurait pu éviter s’il n’évoluait pas dans cet autre monde où la réalité ne ressemble en rien à celle des autres. « J’ai peur des autres parce qu’ils ont peur de moi, parce qu’ils veulent me faire du mal et que je ne peux pas me défendre... Et parce que personne ne m’entend quand je cris, quand j’appelle à l’aide je vois leurs yeux se fermer... » Maddox voudrais tout simplement jamais plus sortir de chez-lui et oublier si possible sa triste vie de solitude où il ne comptait pour personne. Maddox était ce genre de personne ayant constamment besoin d’être rassuré pour sentir qu’il existe, c’était bien cela qui le rendait aussi faible. Plongeant ses magnifiques prunelles dans celles de la jeune femme, il serrait doucement sa main si douce avant de sourire faiblement l’air blessé dans le fond par sa situation, cherchant du réconfort dans son regard.