Chaque jour est un combat différent, il ne savait pas encore quelles difficultés il allait rencontrer, qu’est-ce qui lui ferait le plus peur... Mais il connaissait déjà le visage, le sourire de celle qui l’aidera une fois de plus à lutter, à surmonter chaque épreuve de la vie, du quotidien. Bien plus qu’un alliée, une amie, un amour... Du moins, cet amour naissant dans son cœur à l’égard de Tamina prenait toute sa place et même s’il avait parfois des réticences à lui faire pleinement confiance on pouvait déjà sentir le changement. Et pour une fois dans la vie de Maddox le changement était une chose positive, voir complètement bénéfique. Il n’était plus cet agneau apeuré par cette étrangère qu’il ne pouvait s’empêcher de craindre comme s’il s’agissait d’un loup près à le dévorer d’une minute à l’autre. Le transfert avait été long mais il était sorti grandi de cette expérience. Et si Harry lui manquait beaucoup, il songeait que si elle partait elle lui manquerait tout autant. Malgré sa crise de colère débilante, il c’était attaché à elle, il était juste terrifié d’être encore abandonné parce qu’il n’était rien d’autre qu’un patient à leurs yeux... Parce que Harry allait finir par l’oublier, parce qu’il avait peur de la solitude, parce qu’il pensait qu’il aurait toujours besoin d’elle à présent, qu’elle serait toujours son moteur pour continuer à avancer et se battre.

Quand elle ouvrait la porte il était assoupi au dessus de ses couvertures, vêtu seulement de son sous vêtement, des feuilles éparpillées autour de lui, la main encore fermée sur son pinceau, de la peinture un peu partout sur le torse, dans les cheveux et sur les mains. Les couleurs sont vives comme s’il avait été frappé par un éclair arc-en-ciel. C’était quelque peu le cas, mais son dessin était gâché parce qu’il avait fini par s’endormir dessus bien que les autres étaient pure réussites et en les regardant un à un, ils semblaient former une histoire assez étrange de cet enfant orphelin maltraité à l’école par ses petits camarades. Puis un jour enfermé dans ce casier dans le vestiaire, d’abord endormi pour faire un si beau rêve et se réveiller dans l’horreur et le froid pour finalement mourir asphyxié... Puis il y avait ce nouveau réveil, cette sensation d’être perdu dans un monde transparent, mais cette dernière scène était cette œuvre inachevé sous son coude... Il avait entendu frapper à la porte, si lointain... Il avait juste replié les jambes devant lui, les yeux cachés derrière sa chevelure brune et rouge (de peinture), la peau était brulante de son sommeil profond qui avait toujours eut cet effet hyperthermique sur lui comme une sorte de fauve. Mais en rapprochant ses jambes de son buste il fit tomber sa palette de peinture sur le parquet et cela lui fit ouvrir en grand les yeux, se redressant assez brusquement au point de se cogner le sommet du crane contre la tête de lit. Un fait qui eut le don de l’effrayer un peu plus encore, toujours un peu dans son monde des rêves et dans son cœur.... Toujours il régnait cette crainte qu’Alexey soit là au petit matin... Souvent il lui arrivait encore d’hurler son nom quand Tamina venait le réveiller, le moment du passage entre le monde des rêves et le réel laissait toujours un moment où il y avait tout simplement cette brèche où tout était possible.

Puis doucement la réalité revenait à lui et emportait son angoisse matinal et à présent il avait froid... Ses yeux bleus parcouraient ses draps sales de diverses couleurs, il se souvenait de ce rêve ou de cette vision... Il ne bougeait pas, observant les mains de femme qui prenait ses dessins un à un pour les poser sur le bureau avant de regarder la propriétaire de ces mains sublimes et de doucement dessiner un sourire sur ses lèvres en signe qu’il la reconnaissait et aussi parce que sa présence lui apportait ce rayon de soleil dont il avait tellement besoin. Mais il ne bougeait pas ce matin là, toujours assis dans son lit à la fixer. Il voulait que ce matin là soit différent. Le dément n'avait pas idée de la sensualité qu'il dégageait avec cette peinture sur le corps, ce coté plus bestial, c'était un homme sous cette folie.

Maddox était resté là à contempler la beauté de Tamina, cette femme qui partageait sa vie d'une certaine façon depuis quelques semaines déjà, après des débuts difficiles il ne voulait pas qu'elle s'en aille sans lui. Il était près à la suivre n'importe où pourvu qu'il soit avec elle. Elle lui demandait s'il avait bien dormi et il ne répondait pas, se contentant de sourire à celle-ci. Le beau brun l'observait s'asseoir à ses cotés et rien ne semblait pouvoir lui faire plus plaisir à cet instant. Il fit mine de se pousser pour lui laisser un peu de place mais ce fut à peine qu'il eut bougé de quelques centimètres alors qu'elle posait sa main sur sa peau qui la réclamait tant. Il l'observait toujours de ses beaux yeux alors qu'elle lui caressait le visage alors qu'elle riait de son état et il ne pu s'empêcher de rire faiblement à son tour alors qu'elle lui disait qu'il était plein de peinture, il souriait faiblement avant de lui répondre assez pensif « J'ai fait ce rêve étrange où j'étais ce petit garçon, ce dessin c'est moi... » Oui c'était lui, ou plutôt sur lui, il attrapait le pinceau dans les draps et constatait l'état de celui-ci l'air franchement peu convaincue que celui-ci puisse encore se rendre utile pour dessiner quoi que ce soit avant de venir mettre un coup sur le nez de la jeune femme en pouffant de rire avant de lui essayer le museau avec le drap en lui disant « Je vais essuyer ton maquillage... » Il se montrait assez minutieux bien qu'il restait encore quelques traces jaunes qui s'effaceront avec un peu d'eau. Le beau brun se levait alors aidant la jeune femme à récupérer les papiers et pinceaux dans les draps avant de les mettre en boule au pied du lit ; puis il se dirigeait vers la salle de bain pour se débarrasser de la peinture qu'il avait un peu partout sur sa peau et ses cheveux.

Le beau brun coupait l'eau, il avait presque vidé la bouteille de savon pour venir à bout de la peinture qui collait à sa peau, songeant qu'il aurait mieux fait d'utiliser la peinture à eau. Poussant la porte de la douche dégoulinant d'eau de la tête aux pieds, il posait un pied puis l'autre sur le tapis avant de se diriger vers le placard regrettant amèrement de ne pas avoir sorti sa serviette de bain en prévention comme d'habitude. Mais surprise, quand il ouvrait le placard celui-ci était tout ce qu'il y avait de plus vide. Déglutissant en refermant le placard avant de l'ouvrir de nouveau comme s'il allait ré apparaitre des serviettes, au moins une... Quelle galère, c'était bien la première fois qu'il se retrouvait dans ce cas de figure... Il ne savait pas vraiment que faire, il était nu comme un verre, trempé, la chevelure dégoulinant d'eau et surtout il commençait à avoir froid. Loin d'imaginer que Tamina ait pu se tromper de placard, il se sentait complètement déboussolé et ce fut un grand effort qu'il fit de ne pas céder à l'angoisse de ce nouvel obstacle et de marche jusque la porte très lentement de crainte de glisser sur le carrelage, ouvrant lentement celle-ci pour passer la tête et le haut de son torse, cherchant la jeune femme des yeux sans la trouver dans son champ de vision « Tamina ? » Appelait-il timidement, n'ayant aucune réponse il imaginait qu'elle ne l'avait pas entendu, alors il ouvrait enfin pleinement la porte pour s'aventurer sur le parquet du couloir, tremblant de froid avant d'appeler à nouveau « Tamina ? » C’est alors qu’il entendait un bruit venant de derrière lui, c’est à cet instant qu’il se rendait compte que sa nudité n’était absolument pas adapté pour qu’il demande à la jeune femme de l’aider ; mais c’était trop tard n’est-ce pas ? Elle avait pu voir son derrière et fatalement il s’était retourné et malgré le froid ses joues prirent une couleur pourpre aussi il sentait son cœur battre comme un fou dans son torse. Qu’allait-elle penser de lui maintenant ?

Maddox était partagé entre l’idée d’éclater tout simplement de rire et celle de mourir de honte ; qu’allait-elle penser à présent qu’elle l’avait vu nu ? Cela faisait quelque temps qu’aucune femme ne l’avait vu dans cette nudité… Il ne gardait pas très bon souvenir et depuis il était devenu un homme assez pudique devant les yeux d’autrui bien qu’il n’était pas mal à l’aise lui-même vis-à-vis de sa propre nudité bien qu’il avait encore du mal avec son image qui n’était plus ce qu’elle avait été avant ça, avant Alexey… Le beau brun gêné par la réaction de Tamina qui semblait choqué et particulièrement mal à l’aise comme si… A vrai dire il ne savait pas vraiment, pourquoi est-ce qu’elle ne voulait pas le voir ? Etait-il si immonde à voir ? Il avait mal à présent et il l’avait observé avec ses yeux triste agir alors qu’elle ramassait les serviettes tombées au sol sous le « choc » ; il se sentait tellement mal maintenant comme si le poids de son regard le tuait à petit feu. Elle avait caché ses propres yeux pour échapper à la vue de son corps, pourquoi est-ce qu’elle réagissait de la sorte ? Etait-il aussi dégoutant ? Maddox et son esprit étrange ne pouvait comprendre pourquoi elle ne voulait pas le voir, il ne comprenait car ce n’était qu’un corps et si elle faisait cela c’était que celui-ci n’était pas beau à voir ? Il attrapait alors cette serviette alors qu’elle posait sa main sur son torse. Déglutissant lentement en baissant les yeux alors qu’elle s’excusait il répondait « Désolé Tamina… » Enroulant sa serviette autour de ses hanches alors qu’elle le fixait à présent, assez gêné par la situation.

Reculant lentement pour rompre le contact de leurs peaux, le dément baissant les yeux. Il avait froid et elle l’avait blessé dans le fond, il fallait dire qu’il ne s’était pas vraiment préparé à se retrouver nu face à elle un jour et pourtant il avait pensé que sur le coup elle ne réagirait pas ainsi. « Je… J’vais m’habiller… » Finissait-il par dire, tenant toujours la serviette au cas où celle-ci tomberait, probablement ne supporterait-il pas deux fois qu’elle refuse de le regarder. Il ne comprenait pas vraiment… Il commençait à faire demi-tour avec lenteur, regardant où il mettait ses pieds nus et encore trempés pour ne pas glisser. Tournant lentement le dos à la belle thérapeute attristé, il ne savait pas vraiment pourquoi, mais il avait envie de pleurer à présent. Cette journée aurait pu être tellement belle, elle aurait pu être plus belles que les autres. Maddox et son petit cœur bien trop fragile pour ce monde, pour accepter ce que celui-ci attendait de lui.

Il s’était éloigné à pas lents, honteux de lui-même. De ce qu’était devenu son être, honteux de ne jamais pouvoir lui plaire, c’était douloureux aussi. Il était déçu, la réalité fait toujours bien des souffrances. Le beau brun s’était « enfermé » dans sa chambre où tout avait été remis en ordre par Tamina, s’essuyant rapidement et laissant se serviette choir sur le sol avant d’enfiler les vêtements qu’il trouvait dans son armoire. Mais il ne revenait pas dans la cuisine suite à cela, bien trop pensif et blessé. Assit sur le bord de son lit fait au carré par les douces mains de sa thérapeute, il fixait les dessins accrochés sur ses murs quand il entendait frapper à la porte ; il ne répondait cependant pas. Il savait qu’elle entrerait parce qu’il ne c’était pas opposé à son entrée. Le dément entendait sa question et il aurait volontiers éclaté en sanglot ; mais il fit l’effort de tenir bon. Il devait se montrer plus fort et courageux, même si c’était vraiment difficile. Elle s’installait à coté de lui alors qu’il se murait dans le silence ; baissant les yeux quelques instants. Il aurait voulu lui dire qu’il l’aimait et qu’il aurait voulu qu’elle aussi ; il était persuadé que si c’était lui qui avait vu Tamina dans le plus simple appareil ; il n’aurait jamais agit comme elle l’avait fait. Pauvre nature qui n’avait pas grande notion de pudeur, un corps n’était qu’un corps. Maintenant, son corps était-il si laid ? Il se souvenait encore d’Alexey qui ne jetait sous la douche pour le sortir de ses crises de délires ; il se souvenait du froid sur sa peau et ce dégout dans le regard d’Alexey…

Enfin il relevait la tête pour plonger son regard dans celui de la jeune femme et lui dire tout simplement, parce qu’il voulait croire qu’elle pouvait entendre ce qu’il ressentait « Tamina… Je… Dis moi comment je pourrais faire pour que tes yeux me voient autrement. » Dépliant lentement entre ses doigts une feuille d’un dessin fait à la mine qui représentait lui ; un dessin parmi tant d’autre, il n’était masqué que par un drap qui couvrait ses parties génitales alors que ses bras étaient conventionnés ; une femme de dos sur le dessin qui l’observait un carnet entre ses doigts si fins. Maddox n’avait jamais oublié le regard de Sophya sur son corps et celui-ci le hantait… « Autrement que ça… » Son corps meurtris et mince, peut-être une exagération de la vérité, à vrai dire il n’avait eu que pour seul miroir de son état les yeux de ces inconnus qui le regardait…

De colère il déchirait son œuvre, jetant les morceaux au sol avant de se lever, quelque peu instable avant de s’arrêter devant la fenêtre ; posant le front contre la vitre pour observer les gens en bas de chez eux avant de se tourner de nouveau vers sa thérapeute pour lui dire souffrant de ses propres mots « Quand est-ce je serais comme tous ces gens ? Quand est-ce que je vais être… » Heureux ? Soulagé ? Aimé ? A vrai dire, il ne savait pas quel mot employer, quel désir était le plus important ? Il voulait tellement de chose, il lui manquait tellement de choses à sa vie… Il avait besoin de bonheur, il avait besoin d’être un homme, d’être accomplit… Soupirant faiblement, il s’asseyait de nouveau à coté d’elle les yeux baissés. « Est-ce que tout serait différent si j’étais normal ? J’ai connu tellement de vies et finalement, j’n’ai été heureux dans aucune d’entre elle. » Adulte si fragile, il avait tant à apprendre. Comment vivre quand on est dans un monde à part ?

Elle disait le voir comme quelqu’un de normal, il ne voulait pas la traiter de menteuse ; mais en même temps il ne pouvait s’empêcher de l’accuser de lui dire cela uniquement dans l’optique de lui faire plaisir. Après tout, n’était-elle pas payée pour s’occuper de lui ? Pour qu’il soit « bien » ? Elle était tellement adorable et pourtant il ne pouvait s’empêcher de croire qu’elle ne pouvait véritablement être sincère ; du moins pas à 100% mais comment lui en vouloir ? Elle était tellement gentille avec lui, il l’aimait pour cela… Parce qu’elle avait l’air sincère et qu’il avait envie de la croire, si seulement il n’y avait ces voix pour lui dire de faire attention, des voix qui la traitaient de menteuse, de manipulatrice… Il aurait juste voulu que les voix se taisent et lui laisse une chance d’être heureux. Comment est-ce qu’elle le regardait ? Dépliant doucement un dessin qu’il avait réalisé il y a des mois de cela, c’était ces dessins enfermé au fond de son tiroirs caché à al vue de tous parce qu’ils faisaient partis de ce qu’il aimerait oublier ; un exercice qui n’était pas aussi simple qu’il l’aurait espéré. S’énervant seul, lui aussi avait le droit d’être humain et d’être en colère, non ? Se calmant cependant rapidement avant de revenir près de sa thérapeute qui lui expliquait que chaque individu est différent en fonction de son histoire de vie, mais Maddox lui aurait juste voulu qu’on le considère un peu… Qu’il soit dans les yeux des autres un homme, qu’on lui rende sa dignité. Elle voulait l’aider à être ce qu’il voulait être, était-ce seulement possible ? Il voulait être heureux, il voulait être normal. Le beau brun avait probablement un désir bien trop irréaliste n’est-ce pas ? Trop rêveur, trop fragile… Ce monde était tellement cruel et indifférent.

Elle lui prit alors la main, douce sensation… Il aurait voulu que jamais elle ne lâche sa main, que leurs peaux restent ainsi pour des heures ; mais il savait que c’était impossible. Se noyant dans ses beaux yeux noisettes ; qu’elle était belle. Comment ne pas succomber à tant de charme ? Maddox l’écoutait lui parler de normalité avant de lui assurer qu’elle était là pour son bonheur. Vraiment ? Alors pourquoi est-ce qu’elle ne l’embrassait pas maintenant ? Il n’y avait que cela qui puisse le rendre heureux, vraiment heureux… Il voulait être épanoui, il voulait être un homme au moins pour elle. De quoi avait-il besoin pour être heureux ? Etait-elle vraiment prête à le lui donner ? A l’entendre seulement ? Il avait peur dans le fond, peur qu’elle le rejette encore, n’était-il pas tout simplement horrible à voir ? L’amour… Oui, c’était ce dont il avait besoin… Que veux-tu ? … Pinçant légèrement les lèvres en baissant les yeux avant de se tourner un peu plus vers elle, serrant un peu plus ses doigts autour de la main si délicate de sa tutrice comme pour se donner du courage. D’un geste rapide bien que tendre, il avait glissé sa seconde main derrière la nuque de la jeune femme ; en parallèle il avait décollé les fesses du lit pour se pencher au dessus d’elle ; ses lèvres capturant celles de Tamina pour un premier baiser presque chaste… Probablement que s’il avait bien plus confiance en lui il aurait pu véritablement l’embrasser ; mais l’idée qu’il la répugne lui brisait le cœur…

Rompant ce baiser tendre, soufflant tout près des lèvres de Tamina « Désolé… » Il était très mauvais menteur et il était clair qu’il n’était pas désolé de ce qu’il venait de faire, il était désolé à l’idée que ce geste puisse la dégouter ; mais… Il ne regrettait pas, il l’aimait et c’était tellement dur de se taire… Des excuses qui avaient plutôt des allures de politesse, pour ce baiser aussi innocent soit-il qu’il lui avait dérobé. Se relevant alors, sans avoir le courage de la regarder de nouveau. Qu’allait-elle penser de lui ? Et si elle décidait de partir et de l’abandonner maintenant ? C’était effrayant tout cela… « J’n’ai pas faim ce matin… Je… Est-ce que j’pourrais rester seul… S’il te plait. » Demandait-il alors, se tournant une nouvelle fois vers la fenêtre pour observer les passant une fois de plus ; ces gens qui ne vivaient pas dans la peur, qui étaient insouciants… Cette époque lui manquait… Pourquoi est-ce qu’on ne l’avait pas laissé mourir dans cet hôpital ? Pourquoi devait-il encore supporter tout cela ?

Il lui avait demandé de partir, blessé dans son ego et surtout cette peur qu’elle le rejette. Il aurait bien du mal à supporter l’idée qu’elle ne l’aime pas, qu’elle ne veuille pas être avec lui ; qu’il ne fût qu’un patient. Mais le candide Maddox ne connaissait pas la réalité de ce monde, il n’avait pas idée de la complexité de ce qu’il voulait. Si quelqu’un venait apprendre que Maddox avait une relation avec sa thérapeute il risquait d’être hospitalisé sur la demande de l’état et sa chère et tendre irait directement en procès pour abus de faiblesse, manipulation et on ne sait quels horribles chefs d’accusations… Il n’avait pas idée de tout cela, la vie était déjà bien assez compliquée ; il ne comprenait déjà pas pourquoi Alexey avait été en prison pour ce qu’il avait fait ; alors pourquoi est-ce que Tamina encourrait-elle le risque d’y aller pour un baiser ? Il était juste amoureux… En quoi était-ce un crime ? Pourquoi est-ce qu’il n’en aurait pas le droit ? Il ne comprenait pas, il voulait juste être heureux, il voulait juste rêver un peu… Demandant la jeune femme de le laisser seul, il entendait ses pas s’éloigné alors qu’elle demeurait dans le silence. Son indifférence lui faisait du mal ; et quand la porte fut fermée il laissait couler quelques larmes sur sa gueule d’ange ; venant effacer de ses lèvres le parfum divin de celle de sa psychologue. C’était tellement difficile, les chagrins d’amour… Il devait accepter qu’ils ne seront jamais rien, que leur relation s’achevait à cette du malade et du soignant… Effaçant ses larmes d’un revers de la manche, inspirant profondément pour se donner un semblant de courage. Jetant un regard à la fenêtre, observant une jeune femme seule qui pleurait devant son téléphone portable, encore un sms malheureux… C’est alors qu’une voix venait lui souffler quelques mots rassurants « Tu vois Prince… Tu n’es pas le seul à être seul… » C’était tellement cruel n’est-ce pas d’être consolé par le malheur des autres ?

Posant doucement sa main à plat contre la vitre sans lâcher cette femme qui pleurait des yeux. Il ne savait pas vraiment quoi penser ; il était perdu. Alors qu’il aurait très bien pu se faire du mal pendant ce moment de solitude et de détresse morale ; elle n’était pas là. Est-ce qu’elle était partie pour toujours ? Il ne voulait pas vraiment le savoir, c’était tellement dur de se faire à cette idée. Et s’il devait monter de nouveau dans cette ambulance, s’il devait retrouver une chambre stérile où il ne serait plus qu’un fou parmi tant d’autres… Dans cet endroit où le rêve relevait de l’idée de faire un tour dans le parc… C’est alors qu’un type se mit à courir dans la rue pour arriver à la hauteur de la jeune femme en larmes et l’embrasser avec amour ; ses yeux bleus demeuraient spectateurs de la scène. Peut-être était-il vraiment seul à être si seul. C’est alors qu’il sentait une main l’attraper par l’épaule et doucement il se laissait faire bien qu’il fut assez surpris de ce contact. Retrouvant le regard de Tamina ; il ne savait pas quoi lui dire. La fixant silencieusement, appréhendant ce qu’elle voulait lui dire. Mais surprise… Les lèvres de la jeune femme contre les siennes ; le beau brun fermait tendrement les yeux avant de venir glisser l’une de ses mains derrière la nuque de la jeune femme. Ce baiser n’était certes pas aussi chaste que le premier, mais il comblait de joie le dément. Doucement leurs lèvres se séparaient et il était encore envoûté par ce bel ange ; troublé par cette réponse tardive mais heureuse…

« Tamina… Je… » Se noyant une fois de plus dans ses beaux yeux, il souriait faiblement avant de caresser doucement sa joue du bout des doigts… Elle n’avait pas menti et il en était tellement troublé. Il ne lui avait pas accordé sa confiance et il ne lui restait que le regret de ce qu’il n’avait pas fait plus tôt. Mais qu’importe n’est-ce pas ? Il était tellement bien à cet instant. « Je t’aime… Et si j’étais si cruel avec toi parfois ; c’est juste parce que je pensais que… J’suis pas Damien, j’suis juste le fou que tu dois surveiller… » Doucement les larmes venaient noyer ses yeux alors que sa voix se brisait peu à peu en éclat « J’suis juste moi… Et quand mes yeux t’admirent j’ai si honte de ne pas être celui que tu voudrais… » Il était si cruel envers lui-même, se traitant comme un moins que rien…

C’était assez étrange de se dire que finalement l’on plait à la personne que vos yeux désirent plus que tout. C’était agréable bien que surprenant, en soit il était heureux et il espérait que ce bonheur ne saurait que durer à présent. Oui, il était vraiment heureux. D’être avec elle, pour longtemps osait-il encore l’espérer. Exprimant pour la première fois son mal être, expliquant pourquoi parfois il était si distant avec elle, même froid… Pourquoi quand elle venait s’asseoir près de lui il se poussait un peu, pourquoi est-ce qu’il n’osait rien lui dire de peur de lui déplaire ; pourquoi il s’était sauvé les premières semaines sans lui dire où il allait… Tant d’éléments qui avaient rendu leurs relations plus difficiles sans que pour autant ce soit l’objectif de Maddox. Il était tombé amoureux de cette femme, il ne voulait pas que ça la gêne, mais c’était devenu trop difficile, lui-même confronté au rejet de Tamina, cette douleur insoutenable. Non, il n’était pas fait pour ça, il voulait l’aimer. Elle caressait tendrement sa joue alors qu’il se livrait à elle, c’était tellement difficile mais c’était tout à fait libérateur… Elle ne voulait pas qu’il ressemble à Damien, pourtant c’était bien cet homme qu’elle aimait, comment pourrait-elle en aimer un tout autre ? Elle l’aimait encore n’est-ce pas ? Devait-il être jaloux ? Il ne savait pas si on pouvait être jaloux des personnes qui sont mortes, il n’était pas même sur s’il voulait être jaloux tout simplement, il avait toujours pensé jusque là que ce Damien était beaucoup mieux que lui, il n’était pas fou lui au moins… Elle disait que non, il avait juste envie de la croire une fois de plus ; elle lui disait l’aimer et ces mots sortant de son adorable bouche le comblait d’une joie inattendue… Il se sentait apaisé à cet instant, comme si elle pouvait lui donner la force d’affronter cette vie de nouveau, cela faisait tellement longtemps qu’il ne c’était pas senti ainsi, senti libéré… Il était terrifié à l’idée que tout cela s’écroule, peur qu’on vienne l’enfermer encore, qu’elle l’abandonne, qu’elle devienne comme Alexey ou qu’il revienne. Il avait peur de ne pas être assez fort, peur de tellement de chose en somme. Mais il était bien à cet instant, se laissant aller dans cette insouciance qui le caractérisait tant. Doux bonheur, enfin… Il avait mis trop de temps à arriver…

Elle reculait alors, il l’observait s’asseoir sans vraiment trop savoir comment réagir. C’était bien ça le problème, il ne savait jamais vraiment comme il était bon de se comporter le rendant bien souvent complètement déplacé, parfois impoli ou même grossier. Il était comme un enfant auquel on apprend les choses cent milles fois sans qu’il n’en tire leçon logique, il tournait beaucoup en rond, mais que pouvait-il y faire ? Ses lésions cérébrales avaient bien plus de conséquences sur sa vie que des hallucinations ; la logique lui était difficile. Il n’avait jamais véritablement su bâtir sa propre personnalité, bien sur il y avait quelques traits qui le caractérisaient comme cette naïveté et cette gentillesse à toute épreuve. Mais pourquoi peinait-il à se mettre en colère ? A se défendre ? On associait cela au fait qu’il était toujours à coté de ses pompes, mais comment avoir le vrai du faux ? Et lui finalement, il ne comprenait rien de son état. Lentement il venait s’asseoir auprès d’elle bien qu’assez distant comme à son habitude la regardant alors qu’elle semblait trouver un intérêt particulier pour le parquet de sa chambre demandant à mi voix « Tamina ? A quoi tu penses… » Il y avait une léger crainte chez Maddox, toujours particulièrement anxieux et il sentait que sa tutrice était inquiété, se transfert des émotions était très courant chez lui, comme si l’onde négative venait l’atteindre. Entre mêlant doucement ses doigts, il avait tellement de question à lui poser ; mais il ne savait pas vraiment par quoi commencer. Il l’aimait, mais comment cela pouvait être interprété, la question que l’on s’était toujours posé était-ce : avait-il assez de logique pour savoir ce qu’il ressent ? Une question longtemps en suspens, mais des patients atteints de trisomie 21 ont bien l’opportunité de vivre en couple, pourquoi en serait-il privé ? Le cas de Maddox avait toujours été particuliers en sachant tout ce qu’il avait du traverser… En sachant qu’il avait déjà eu une aventure amoureuse avec la tutrice ayant précédé Alexey, un amour plus que douteux car de retour à l’hôpital il avait eu l’air pus déstabilisé par le changement d’habitude que par son chagrin d’amour… C’était bien pour cela qu’on lui avait préféré un homme par la suite, mais cela n’en fut que pire. Il avait été bien lui avant, même si ce n’était pas « correct » ou « autorisé » il n’en avait pas souffert… Pourquoi est-ce qu’on voulait lui ôter ce qui lui arrivait de bien ?

Doucement il prit la main de la jeune femme, assez timide dans son geste pour qu’elle le regarde à nouveau, souriant faiblement bien qu’assez mal à l’aise parce qu’il ne savait pas vraiment ce qu’il devait faire « Tu vas pas t’en aller Tamina ? » Son anxiété avait gagné ses beaux yeux bleus, comment pourrait-il faire si elle s’en allait ? Si elle l’abandonnait ici ? Est-ce qu’il devra retourner à l’hôpital ? La question organisationnelle qui l’avait tant chamboulé la première fois, mais ce n’était pas tout… Comment il allait faire pour vivre tout simplement sans ses beaux yeux chaque matin, sans sa voix, sans son visage parfait, comment il allait survivre sans la voir danser sur ses tubes préféré en préparant le petit déjeuner… Comment il allait faire pour ne pas pleurer toute sa vie sans elle ? Il pouvait être son Damien n’est-ce pas ? Il le pouvait… Il n’abandonnerait pas ; serrant un peu plus la main de la jeune femme dans la sienne sans la quitter des yeux avant d’ajouter fébrile « Aimes-moi… » Ce bessoin d’être aimer… Et si finalement, il n’était qu’un homme comme les autres, et s’il était juste tombé amoureux d’elle…

Il avait encore énormément de choses à apprendre de ce monde. Il avait débuté auprès de Tamina l’apprentissage de l’autonomie, jour après jour, devenant plus sûr de lui dans certains actes de la vie quotidienne, osant même prendre certaines initiatives. Pourtant, il revenait de loin, il aurait pu finir complètement dépressif, latent… Mais elle lui avait donné la force de se battre, elle lui avait rendu l’envie de se réaliser bien que ses démons le hantaient toujours. Le chemin serait encore bien plus long que ce qu’il avait déjà parcouru et il ne devait pas s’essouffler. Elle était là pour le pousser après tout n’est-ce pas ? Il croyait en elle, il avait confiance en elle et c’était aveuglement qu’il la suivait. Mais il avait peur, parce qu’il ressentait l’inquiétude de la jeune femme, il avait surtout peur qu’elle l’abandonne maintenant. On abandonne pas les gens qu’on aime n’est-ce pas ? Pourquoi est-ce qu’on ferait une telle chose ? Il ne voulait plus être seul, il ne voulait plus être sans elle. Il sentait qu’il devenait un grand bâtiment mais qu’elle était la brique qui ferait écrouler le château. Elle ne l’aidait pas uniquement à être autonome, elle l’aidait à se développer, elle l’aidait à comprendre ses émotions, elle l’aidait à le rendre plus humain…

Elle lui assurait alors qu’elle ne partirait pas ; elle ferait tout pour que cela n’arrive pas. Pourquoi ? Est-ce qu’une telle chose pouvait être envisagée ? Pourquoi est-ce qu’elle voudrait partir ? Il se sentait tellement mal et quand il fixait ses beaux eux noisette, il ne savait plus vraiment comment réagir. Se contentant juste de l’admirer comme il en avait l’habitude, admirant cette femme qu’il aimait et qui le rendait de plus en plus heureux. Il était heureux et elle avait pu le voir dans ses beaux yeux bleus, avant que la peur n’envahisse de nouveau son regard. Un tendre moment de trêve où son esprit avait semblé tout simplement apaisé ; où il n’y avait plus eu de démons qui le harcelaient ou de souffrance… Juste cette sensation de bien être et rien d’autre… Demandant à la jeune femme de l’aimer, de l’aimer suffisamment pour ne jamais le laisser tomber, pour que jamais il ne se retrouve sans elle et malheureux. Il voulait qu’elle l’aime et qu’il puisse oublier à quel point c’était difficile de vivre dans la solitude, que cela ne soit plus qu’un lointain passé.

Elle lui disait l’aimer et elle venait près de lui, se laissant faire, sa main toujours dans celle de la jeune femme. Les minutes étaient des secondes et il se sentait définitivement bien à cet instant. Sa tête contre son torse, moment de douceur inespéré. Il voulait juste rester comme cela pendant des heures. Il ne voulait rien dire, c’était silencieux et agréable. Mais le silence ne durait pas, les voix étaient toujours là, les hallucinations seront toujours présentes quoi qu’il arrive, il était ainsi et probablement jamais il ne guérirait. Il devait juste apprendre à faire la différence entre le réel et l’imaginaire, mais ce n’était pas aussi simple que cela. Accusé de nouveau par ces voix, le beau brun ouvrait doucement les yeux assez mal à l’aise avant de demander « Est-ce que je suis une mauvaise personne Tamina ? » Elle avait alors relevé la tête et il plongeait ses yeux bleus dans son doux regard avant d’ajouter avant que celle-ci ne prenne la parole « Si j’étais une bonne personne, pourquoi faudrait-il que je sois toujours puni ? Je n’arrive pas à comprendre ce que j’ai fait… Pourquoi t’as peur ? Je… » Se relevant doucement, les mains collées sur ses temps l’air douloureux, il n’arrivait pas à faire face. Les voix trop oppressantes ; pourquoi est-ce qu’elles ne voulaient pas le partager ? Pourquoi est-ce qu’elles ne le laissait un peu ? Certes les voix étaient ses amies, mais… Il voulait être celui de sa thérapeute et même bien plus… Succombant doucement à sa démence, ne sachant plus vraiment quoi faire de se corps qui se désorganisait quelque peu, se recroquevillant doucement en s’accolant au mur, tremblant sous l’effet de cette emprise. Au proie des hallucinations, mais surtout des esprits… Poussant un cri de douleur en se laissant projeter dans ce contact particuliers avec l’au-delà… Qui était ce type ? Il ne savait pas vraiment… Tout était floue, les images brouillées ; il avait beau ouvrir grand les yeux il ne voyait rien et tout à coup… Ce corbeau, ses griffes acérées se plongeant dans ses yeux bleus. Plaquant ses mains contre ses yeux en criant, aveugle, les yeux crevés… Cela faisait tellement mal… Pleurant à chaudes larmes alors qu’il tombait à genoux « Pitié… Ne me punissez pas… » C’est alors que les oiseaux s’envolaient vers lui, leur bec déchirant sa chaire ; le laissant juste hurler d’une douleur atroce. Rattrapé par ses craintes, cet instant de paix semblait tellement lointain…

Nageant en plein délire, Maddox se mit à hurler de douleur ; parfait dément… Il ne savait pas comment faire pour lutter, l’angoisse était une chose qui lui était particulièrement fatal ; il était trop fragile. Il n’était pas rare qu’il pète les plombs de la sorte bien qu’il s’en serait volontiers passé ; cette douleur, cette sensation d’être perdu et de ne jamais retrouver son chemin qui le conduirait hors de cette nouvelle réalité qui lui faisait du mal. Ces choses qu’il dessinait par la suite à longueur de journée, fatigué et le regard triste comme s’il vivait encore ces scènes horribles. Cette torture, il la vivait toujours dans la solitude et même si son cœur ne voulait pas faire souffrir quelqu’un d’autre, son cerveau avait si peur qu’il aurait suppliée pour qu’on lui tienne la main. C’était si particulier, cette façon qu’il avait de partir en transe comme diraient certains psychologue en parlant du psychotique ; il étaient tous persuadé que tout cela n’était de délires ; pourtant c’était réel tout ça. Mais puisque le symptôme premier des psychotique est de ne pas se rendre compte de sa pathologie, fatalement on ne l’écoutait jamais. Alexey n’avait jamais voulu l’écouter, lui ordonnant de ne pas sombrer dans les délires, alors été venu cette période silencieuse où il avait essayé de cacher ce qui lui arrivait, peinant à ne pas dessiner, mais surtout à ne pas hurler… Il savait que s’il hurlait ; il sentirait les mains de cet homme le frapper pour le faire « sortir » de son délire ; mais même quand il sera revenu à ce monde, les mains continueront à le frapper pour le punir d’avoir cédé et il ne lui restera plus qu’à hurler sous la douleur de cette maltraitance dont il avait été victime.

Comment expliquer à Tamina qu’il avait revu Alexey, qu’il l’avait forcé à le suivre jusque chez lui. Que c’était un mensonge et qu’il n’avait jamais dormi chez Nitzan ? Qu’est-ce qu’elle dirait ? Il lui avait menti : mais il se souvenait encore des mots de ce manipulateur et il avait promis naïvement de ne rien dire ; pourtant secoué à son retour la douce Tamina le réconfortant sans jamais vraiment savoir la raison de sa tristesse ; mais il avait eu peur car la violence d’Alexey existait et menaçait toujours… Sentant encore la mais d’Alexey glisser sur son torse alors que son sommeil était des plus léger, son corps se défendant comme il le pouvait en s’agitant pour le repousser ; gagnant cette première bataille… Il n’arrivait pas à lui dire la vérité, il avait bien trop peur ; peur d’Alexey et de ce qu’il pourrait faire. Son ancien psychologue s’était moqué de lui en lui disant que Tamina se fichait de lui, qu’il n’était qu’un patient et qu’un jour elle irait s’occuper d’un autre s’il n’était plus intéressant à ses yeux ; réplique qui avait brisé son cœur fragile et ce jour là enfin les morceaux étaient recollés. Il s’était trompé, Alexey s’était trompé et cela faisait tant de bien.

Dans sa torpeur ; il aurait voulu écouter la voix de Tamina qui lui disait d’avoir confiance ; mais il n’avait pas su lutter d’avantage ; il ne savait pas vraiment comment fuir dans ces moments là : il ne pouvait pas courir car ils le rattrapaient sans cesse… Il sentait des mains prendre son visage alors qu’il pleurait encore comme un enfant ; il ne voyait plus rien à présent… Un bourdonnement un peu aigu ; mais il avait tellement mal qu’il n’en distinguait rien « Mes yeux… » Son regard vitreux semblait fixer le néant alors qu’elle était venu cherché son regard ; son « délire » occultait la vision sans qu’il ne puisse lutter. Il avait les yeux crevés. C’est alors qu’il sentait des lèvres contres les siennes et doucement se dissipait le cauchemar pour la laisser entrer dans son monde. « Je veux rentrer… » Soufflait-il, mais Prince n’avait plus vraiment conscience qu’il était déjà chez lui… Envolés les oiseaux ; mais il perdait beaucoup de sang et il sentait qu’il allait s’affaiblir rapidement. Il allait mourir ici, pourquoi est-ce que Tamina ne faisait rien ? Pourquoi est-ce qu’elle n’allait pas chercher la trousse de secours ? Elle était une pièce de son « délire » à présent ; devenant actrice dans son monde, mais elle était en dehors… « Aide moi… Je saigne… » Soufflait-il, entendant l’envol d’un oiseau qui était partout sauf dans le monde réel ; il se recroquevillait sur la défensive. C’était la première fois qu’il autorisait quelqu’un d’étranger dans sa vision bien qu’elle ne pouvait pas voir ce qu’il voyait même s’il était persuadé qu’elle le pouvait.

Perdu, douloureux… Il demandait à sa tutrice de l’aider, de rentrer chez lui, chez eux… Sous l’emprise d’un esprit ; il ne parvenait pas à s’en défendre et il restait enfermé dans ce monde qui lui faisait tellement peur. Il se laissait prendre dans les bras de la jeune femme alors qu’elle parlait à il ne savait qui ; Maddox tremblait de tout son corps, s’agrippant comme il le pouvait à la jeune femme, épuisé… Il avait tellement mal, la tête contre sa poitrine ; il se laisser bercer bien que des larmes silencieuses venaient encore noyer ses joues de douleur. Elle chantait, pourquoi est-ce qu’elle chantait ? Elle ne voulait pas l’aider ? Elle ne le pouvait pas ? Est-ce que cela voulait juste dire qu’il allait mourir ? C’est alors qu’il sentait une lame le pourfendre ; ouvrant la bouche sans parvenir à crier ; le souffle couper ; le corps crispé de douleur alors que la voix de Tamina essayer de lutter à ses coté en chassant les esprits. Quand enfin il trouvait la force d’expirer une dernière fois ; il sombrait dans l’inconscience. L’estomac vide l’avait conduit en hypoglycémie et cette hyperactivité cérébrale le fit plonger quelques instants dans le néant.

Ouvrant les yeux, des sueurs glacées le parcouraient. Il était toujours dans les bras de la jeune femme ; très peu de temps c’était écoulé ; le regard perdu il venait s’accrocher dans les yeux de la jolie brune. C’était encore extrêmement flou, mais doucement il redressait la tête pour essayer de reprendre contact avec la réalité avant de laisser tomber sa tête contre l’épaule de la jeune femme. Fermant tendrement les yeux ; il se sentait si mal qu’il ne savait plus vraiment que faire. Mais il se sentait apaisé parce qu’il n’était plus prisonnier de ce monde sombre. Demeurant silencieux de longs instants ; tous deux assis au sol ; il ne voulait plus vraiment bouger. Il se sentait de mieux en mieux et il commençait petit à petit à reconstruire ses idées et à séparer les événements qui venaient de se passer.

Quelques instants plus tard ; il reprenait doucement conscience de ce qu’il venait de se passer. Elle avait été là elle aussi, comment avait-elle fait ? C’était comme ce jour où elle avait pu voir cet esprit comme lui. Il se sentait perdu… Plongeant son regard azuré dans les yeux bruns de la jeune femme pour lui demander ému « Tu… T’étais là… Comment… Comment c’est possible ? » Les yeux pétillants d’émotions ; caressant maladroitement son visage avant d’ajouter fébrile « J’n’suis pas fou n’est-ce pas ? Hein… Tu… Tu peux voir tout ça… On… Tu ne me mentirais pas… Je m’sens tellement, abandonné… » Perdu, il avait besoin qu’elle lui en dise plus ; est-ce qu’elle pouvait vraiment tout voir ? Est-ce qu’elle pouvait partager ça avec lui ? Elle éveillait ses espoirs et pourtant dans sa tête résonnaient encore les mots d’Alexey… Non… Ce n’était pas une menteuse…

Elle avait pleuré et il ne savait pas pourquoi elle avait fait cela, est-ce qu’on lui avait fait du mal à elle aussi ? C’était tellement horrible… Le beau brun reprenait doucement ses esprits, quelque peu sonné il posait sa tête contre la jeune femme alors qu’elle venait rejoindre sa tête de la sienne, il se sentait beaucoup mieux à présent. Il n’y avait nul autre endroit où il puisse désirer être à cet instant. Caressant le visage de la jeune femme qui avait l’air tellement inquiète, c’était difficile de rassurer quelqu’un quand on a peur soit même, il ne savait pas quels mots lui dire. Puis l’idée qu’elle puisse voir ces choses, qu’elle puisse entendre les voix… C’était d’un tel soulagement, mais c’était tellement étrange. Il n’y avait que depuis qu’il avait rencontré Nitzan qu’il avait pu partagé cela avec quelqu’un. Maintenant il y avait Tamina à ses cotés et elle le comprenait n’est-ce pas ? L’observant avec cette fascination pleine d’espoir. Elle lui demandait de lui expliquer où il voulait en venir alors il essayait de trouver les mots tant bien que mal, troublé par ses beaux yeux bruns et son front contre le sien, cette douce proximité qui ne lui faisait pas peur avec elle. Sa main avait glissé du visage de la belle Tamina vers sa nuque avec douceur, ne la quittant pas des yeux, il était suspendu à ses lèvres et à cette vérité qu’il avait besoin d’entendre, le soulage de ne pas être si seul…

Mais ce n’était pas ce qu’elle disait et le regard bleu de Prince s’assombrissait quelque peu de tristesse. Elle ne voyait pas… Pourquoi ? Il voulait qu’elle puisse voir les choses qui lui faisaient si peur, il avait besoin de partager tout cela avec elle. Elle s’excusait une fois de plus ; il ne savait pas vraiment comment réagir. Décollant doucement sa tête de celle de la jeune femme pour l’observer alors qu’elle avait baissé la tête rongée par la culpabilité. Il connaissait ce regard, c’était le sien face à tant d’accusation et notamment celles qui le condamnaient comme fou. Elle était si malheureuse par sa faute et il s’en voulait tellement à son tour. « J’te le prie… Ne me laisse pas tout seul… » Se glissant comme il le pouvait dans ses bras pour y trouver un doux réconfort ; les images de ce qu’il avait vécu le hantait encore, cette douleur il semblait encore la ressentir. Enlaçant maladroitement la jeune femme de ses bras ; il fermait les yeux en posant la tête sur son épaule ; allure de gosse fragile, il avait juste besoin qu’on le comprenne. « Je ne veux pas que tu sois aveugle Tamina… Tu pourras toujours me voir pas vrai ? » Tant de souffrance, tant d’injustice. Il aurait juste voulu être comme les autres pour une fois… Le nez dans le cou de la jeune femme ; elle sentait tellement bon ça le rassurait. Sa main qui passait dans le dos de sa tutrice caressait du bout des doigts ses cheveux qui descendaient sur ses omoplates « Comment pourrais-tu me voir si tu ne les vois pas ? Ils disent que je suis des leurs ; mais j’voudrais juste être tien… » A travers ces mots il avait reprit cette position d’adulte malgré le manque de logique de son raisonnement. Prince avait soupiré lentement, il ne voulait pas se détacher d’elle à présent ; il voulait juste rester dans ses bras et ne plus écouter les voix ; il ne voulait plus être un fou… Et s’il ne l’avait pas été de base ; juste un gamin en difficulté mentale ; on l’avait rendu faible et psychotique dans ses comportements en le catégorisant avec ces autres fous.

Il se sentait tellement perdu, il avait pensé qu’elle était comme lui. Il se sentait juste affreusement seul, pourquoi c’était-il trompé à ce point ? Y avait-il d’autres choses sur lesquelles il aurait pu se tromper au sujet de Tamina, il ne voulait pas même l’envisager tant c’était horrible, la torture avait ainsi commencé. Il venait se coller dans ses bras, l’air assez apeuré finalement de la réalité. Il voulait que la réalité soit différente. Il se sentait plutôt bien dans ses bras ; cette crise était compliquée mais ils aillaient la surmonter une fois de plus ensemble. Caressant ses cheveux comme pour se détendre avant de fermer les yeux tout simplement pour profiter de cet instant à ses cotés. Elle disait qu’elle pourrait toujours le voir, il ne voulait pas qu’elle soit aveugle au point de ne plus le voir parce qu’il était entre deux mondes et qu’elle ne pouvait en voir qu’un seul. Son raisonnement était des plus logique dans l’illogique de Maddox. Il se laissait redresser par la jeune femme pour la regarder, elle lui disait le voir. Elle disait que les esprits n’étaient pas réels et ces mots là lui brisaient le cœur, bien sur que c’était réel… Comment cela pourrait en être autrement ? Il les voyait, il les entendait, il était eux, ils étaient lui. Pourquoi est-ce qu’elle lui disait cela à présent ? Elle aussi allait parler d’hallucination ou ces mots là qui voulaient juste dire qu’il était fou ? Elle lui disait qu’il appartenait à son monde à elle, que les voix se trompaient. Qu’il n’était pas l’un des leur, il était sien… Ses yeux bleus se mirent à briller de larmes ; c’était ce qu’il voulait n’est-ce pas ? Il voulait être avec elle dans son monde puisqu’elle ne pouvait pas venir dans le sien.

De nouveau dans les bras de la jeune femme, il se laissait cajoler par la belle psychologue ; c’était vraiment agréable. Mais qu’est-ce qui allait se passer par la suite ? L’avenir ça fait peur… Comment il allait faire dans son monde à elle ? Les voix seront toujours là, les voix lui parleront toujours et il ne pouvait pas les ignorer, il ne pouvait pas les fuir… Comment pourrait-elle juste comprendre cela ? Le comprendre… C’est alors qu’elle lui posait quelques questions d’une voix douce, lui parlant du fait qu’il avait été aveuglé et qu’à présent il voyait, relevant le museau pour l’observer il répondait avec un léger sourire sur les lèvres comme si cela était d’une logique infaillible « J’ai guéris… » Pauvre naïf n’est-ce pas… Il n’avait pas compris qu’on ne guérit pas de tout, on ne guérit pas toujours de la mort, on ne guérit pas aussi facilement. Pourtant il devrait le savoir puisque lorsqu’il fut battu par Alexey, ses fractures avaient mis des semaines avant de ne plus lui faire de mal ; mais ça il n’en faisait pas la différence. Il avait d’ailleurs eu énormément de mal à supporter cette période et il en était toujours aussi muet bien qu’il savait qu’un jour il devra en parler avec elle parce que cela ferait partie de ce travail qu’ils avaient à faire ensemble. Il avait bien compris ce qu’elle devait faire, elle devait le pousser à voir les choses en face mais c’était tellement dur.

« Tout cela est réel… Ils sont là, ils me veulent et parfois je fais des choses parce qu’ils me le demandent ; et je vis toutes ces vies. C’est réel, c’est moi. Je l’sais… J’n’ai pas inventé tout ça… » Pourquoi est-ce qu’elle ne le croyait plus à présent ? Il se sentait tellement perdu, pensait-elle alors qu’il était fou ? Il sentait son cœur se briser à chaque fois qu’elle avait prononcée que cela n’était pas réel. Pourquoi ne le serait-ce pas ? C’était elle qui était aveugle et sourde lui disaient les voix, comment ne pas les croire puisque lui les entendait. Comment peut-on accepter que les personnes qui vous parlent depuis vos dix-sept ans ne soient pas réelles ? « J’croyais que tu… Je… Je me sens perdu… Cette journée est vraiment… Compliqué. » Soufflait-il désorienté ; il ne savait plus quoi faire, tous ses repères et ses croyances chamboulées, il ne savait plus à quoi se fier.