Depuis que j’étais devenu médium, je percevais le monde qui m’entourait différemment. Toute mon enfance, j’avais cru que les esprits se rendaient tous dans l’au-delà après leur mort, au paradis ou en enfer pour les croyants. Ma vision avait complètement changée le jour où j’avais remarqué cet esprit suivant Jillian à la trace. Je ne pourrais jamais oublier ce jour, celui qui bascula également mon existence. Il m’apprit non seulement que j’avais des facultés que les humains n’avaient pas mais, également me rendit la voix que j’avais perdue onze ans plus tôt. J’avais ensuite appris à maîtriser mes dons, ou je serai facilement devenu fou à croire voir des esprits partout. Je ne sais pas décrire la manière dont ils apparaissent, mais parfois, la vue peut être altérée par sa propre imagination. Pouvoir apercevoir la brèche entre les vivants et les morts peut parfois rendre dingue. Je ne les voyais pas tous ainsi, les esprits parfois savaient se cacher dans la pénombre pour que personne ne les voient. Pourtant, d’expérience je pouvais les déceler sans grande difficulté. Mes sens s’étaient développés lorsque, à défaut de bavarder, j’avais d’autres sens pour me guider, pour comprendre le monde qui m’entourait. Tourne sept fois ta langue dans ta bouche pourrait-on dire, personne ne se permettait de me faire des remarques pareilles. Mon entourage était trop heureux de me voir m’exprimer, dès lors que j’étais resté muet trop longtemps.

De retour d’une journée de travail, je passais souvent avec des collègues dans le bar pour boire une bière le plus souvent, avant de rentrer chez soi. La plupart avait une famille et ne se permettait pas de veiller tardivement, alors on profitait d’une petite demi-heure à la fin de notre service pour partager un bon moment entre nous, pour se connaitre en dehors du travail surtout. Lorsque l’on retirait sa casquette de pompier, les liens qui pouvaient se tisser n’étaient pas du tout les mêmes. Un chef de caserne était également un être humain comme les autres, il ne fallait surtout pas l’oublier. Je ne voyais pour ma part rien de choquant à ce qu’il se joigne à nous autres collègues, et je pus voir combien il pouvait nous ressembler d’une certaine mesure. Dans le bar, nous primes nos commandes, toujours vêtus de nos uniformes : les pompiers étaient de sortie ! Nous ne prenions pas d’habitude d’établissement changions régulièrement pour en tester de nouveaux, services et qualité des boissons servies. Ces horaires que l’on appelle Happy Hour nous permettaient de boire une bonne pinte sans nous ruiner outre mesure, donc d’y revenir plus souvent. Trop occupé par mon groupe de collègues, je ne fis pas vraiment attention à la serveuse, au barman, ainsi qu’au reste du personnel. D’une manière générale, c’est souvent le cas d’ailleurs. A la fin de notre petite sortie, au moment de se dire au revoir, bon week-end et à lundi, mon regard scruta le bar pour me rendre compte que quelque chose clochait sur une femme. Un souvenir passa, celui de Jillian et cet esprit la suivant de près. Cette inconnue semblait également suivie par l’un d’entre eux. Je ne voulais pas que le cauchemar recommence, qu’elle subisse le même sort que mon amie d’enfance. Des années dans un asile, ce n’était pas une vie, loin de là. J’avais déjà croisé d’autres esprits sur d’autres personnes, et pour certains on ne pouvait plus rien faire. Pour elle, il était encore temps de l’aider, jeune et forte, elle tiendrait le coup, pourrait s’en débarrasser avec persévérance. Je ne lui souhaitais pas de finir en asile comme d’autres avant elle. Je m’approchais dont d’elle, non vraiment savoir comment j’allais tourner la chose.

« Mademoiselle, navré de vous déranger… est ce que je pourrais vous toucher quelques mots ? »

Me jetant à l’eau, je l’abordais, pas comme un dragueur lourd et collant fort heureusement, espérant qu’elle m’accorde une audience.

Cette fille ne semblait pas encline à m’écouter. Je n’allais pas la manger pourtant, je voulais seulement apporter mon aide. Il était probable qu’elle croie à un dragueur sans gêne venue la déranger pendant son service… les hommes étaient devenus des chasseurs, toutes les techniques d’approche possibles étaient bonnes à essayer lorsque son dévolu était jeté sur une jolie fille. Je ne m’approchais pas de cette jeune femme dans cette optique là. Mon devoir voulait lui apporter aide et soutien, bien qu’elle n’en ait pas forcément conscience. Je m’excusais de l’avoir surprise, cause de sa bière qu’elle renversa sur elle. Mon regard passa sur le bras tenant préalablement le récipient, et je remarquais des marques rouges sur ses bras. Ce genre de blessures ne se montre pas au grand jour, c’est probablement la première chose qu’une personne dissimule. Pourtant, je les distinguais toutes. Il me semblait l’intimider, car sa voix anormalement sèche se fit toute timide. Je n’allais pas la manger, nous avions le même âge. Plutôt que de répondre à sa question, je fis cette remarque, décidé à l’aider quoi qu’il arrive.

« Vous êtes blessée … Laissez-moi vous aider. »

Je n’avais techniquement pas le droit de forcer les choses, ne pouvant aider une personne qui refusait que l’on s’occupe d’elle. Néanmoins, j’allais user d’arguments en ma faveur pour la convaincre de se prendre en main par quelqu’un. Les esprits en général craignent les médiums, et pourtant je l’avais vu, j’en étais certain. Mon instinct ne se trompait pas, et cette inconnue ne méritait pas de terminer dans un asile ou pire encore une prison. Les esprits rendaient parfois leur hôte complètement fous, ce n’était pas ce que je désirais. Le temps me manquait, son service l’attendait. S’il le fallait je patienterai jusqu’à la fin de son travail pour lui en parler. Pourtant, je mis les deux pieds dans le plat directement, quitte à passer pour un fou. Si mon histoire l’intéressait, la jeune femme en connaîtrait les détails ultérieurement. En aparté je lui soufflais ce qui me tenaillait.

« Vous allez trouver la chose difficile à croire, mais il y a un esprit qui vous poursuit. J’ai des facultés me permettant de le voir, et ces marques sur vos bras ne font que confirmer mon hypothèse. Si vous ne croyez pas, posez-vous la question à propos de l’origine de ses blessures. »

Elle ne semblait ni dépressive, ni malade. Avait-elle tentée de se débarrasser de cette forme sans vie qui flottait au-dessus d’elle ? A moins qu’elle ne conserve aucun souvenir de ses marques, arrivées comme par enchantement, fort possible également. Cela ne dépendait plus que d’elle. M’emparant d’une carte de visite du restaurait sur le comptoir, je griffonnais quelques chiffres que je lui tendis. J’ignorais si l’esprit avait pris possession d’elle ou partiellement. Je ne savais pas grand-chose à son propos voulait en savoir plus avant d’ajouter des éléments supplémentaires.

« Je vous demande pas de me croire. Sachez seulement que je suis prêt à vous aider. Quand terminez-vous votre service ? Nous pourrions discuter plus précisément sur le sujet par la suite. Appelez-moi, quoi qu’il arrive. »

La dévisageant, je patientais, en vue d’une réaction, bonne ou mauvaise. Ces marques… je ne pouvais croire que tous les possédés finissaient par en avoir autant. Et pourtant, chaque nouvelle rencontre me le confirmait un peu plus… J’en voulais à ses esprits de faire souffrir les vivants. Ils étaient morts et décédés, qu’ils laissent leur place aux générations suivantes !

Sa réaction ne me surprit pas. Je ne m’attendais pas à ce que la jeune femme réagisse comme si tout était normal et allait bien. Je ne m’attendais même pas à ce qu’elle croit ce que je lui dise. Nous, humains, réagissons comme saint Thomas, ne croyons que ce que nous voyons. Qu’elle imagine que mes histoires étaient vraies sans l’once d’une preuve, voilà qui aurait été plutôt dangereux de sa part. Je l’observais, sans mot dire, attendant une manifestation de sa part, n’importe quoi qui me permettre d’établir un diagnostic. Seul moyen d’avoir une petite idée de la manière dont j’allais amener la suite des choses.

Ce fut comme si l’esprit avait pris possession de son corps. Interloqué, je fus poussé en arrière tandis qu’elle échappait un cri sauvage. Quiconque la verrait la prendrait pour une folle complètement instable. Je pouvais aussi passer pour le harceleur dangereux suivant l’interprétation que la scène dégageait devant nous. Cependant, elle se calma pendant que je gardais une certaine distance de sécurité, loin de là l’idée de me faire virer par le gérant du bar parce que j’attaquais une de ses employées. Je suis même sûr qu’en étant le serveur j’aurais eu une probabilité plus forte de passer pour le connard qu’elle. Ah les clichés, jamais bon pour l’image.

« Ce n’est pas grave. »

D’un haussement d’épaules, je montrais que je n’avais pas été choqué par sa réaction. Au contraire, elle confirmait même tous les doutes que j’aurais pu avoir à son propos : il y avait bien esprit sous roche. Qu’il se sache démasqué ne lui avait pas plu à ce que je remarquais. Tant mieux. Je venais de le secouer un peu, qu’il comprenne bien qu’il n’avait qu’à bien se tenir ou ça chaufferait pour ses fesses. Je n’étais pas le genre qui abandonnait à la première difficulté rencontrée, au contraire, je me battais jusqu’au bout. Tant que la jeune femme ne m’aurait pas dit ce qu’elle voulait fermement que l’esprit cohabite avec elle, je ne la laisserai pas tranquille. Être possédé, une chose que je voulais à tout prix, bien que je sois très prisé par ces chers fantômes du passé. Désolé, je ne ferai pas office de réceptacle, n’en déplaise à ces chers esprits.
Changeant de ton, la jeune femme voulut m’offrir un verre pour se faire pardonner. Hochant la tête, j’ajoutais en revanche une condition pour accepter.

« Prenez-le en ma compagnie s’il vous plait. »

Parce ce faire je pourrais un peu plus dialoguer avec elle et évaluer ainsi la situation. Elle semblait encore consciente de ce qu’elle faisait, l’esprit ne la possédait pas entièrement. L’âme humaine avait encore sa propre volonté. Mais pour combien de temps ? Et plutôt que de créer des tensions supplémentaires, chercher un moyen de concilier les deux êtres si son choix était de le laisser cohabiter avec elle, ce que je pouvais concevoir comme une possibilité. Quoi qu’elle en décide, j’avais du pain sur la planche et il n’était pas question que je la laisse dans le pétrin. La dévisageant calmement, j’attendais son approbation à le boire avec moi. Je pouvais même attendre la fin de son service si elle préférait.

Je ne cherchais pas à l’effrayer. C’était une femme que je ne connaissais pas et que je désirais coûte que coûte aider. Si cet héritage coulait dans mon sang, il devait forcément avoir une utilité non ? Alors je l’userai pour aider les autres, si je le pouvais. C’était un devoir, bien plus que mon travail, mais ce qu’au fond de moi j’étais. Mes agissements et mon comportement le prouvaient. Tout ce que l’on m’avait enseigné, tout ce que mon professeur de vaudou m’avait appris, n’avait de sens que si je l’appliquais. Pas croyant pour un sou, je m’appliquerai à aider mon prochain dans le besoin. Et cette fille ne s’en rendait pas encore compte, mais elle avait besoin d’aide, bien plus qu’elle ne pourrait jamais l’imaginer. Et mon principal but était de le lui faire comprendre, qu’elle en prenne conscience. S’absentant un petit instant, j’attendis, un peu inquiet qu’elle me fuit à nouveau. J’avais tenté le tout pour le tout, sans être certain de pouvoir la convaincre. Première fois que je me retrouvais confronté à cette situation, première fois également que je me convainquais de pouvoir faire quelque chose.

Elle revint. Et je revis une fois de plus cet esprit. Il me narguait, à travers elle, se riait de moi. Je savais où cela mènerait finalement. Si la jeune serveuse l’acceptait, il faudrait retirer cet esprit de son corps, le réduire à néant, définitivement. N’ayant jamais pratiqué le moindre exorcisme, je me demandais comment j’allais procéder, n’en ayant jamais pratiqué. Nous n’en étions pas encore là, j’avais le temps de me préparer à cette éventualité. Avant tout cela, il faudrait que de nombreuses étapes soient traversées. Par exemple que cette jeune femme me fasse confiance et accepte sa situation… ce qui ne me semblait pas gagné pour l’instant. Sa réaction cinq minutes plus tôt m’avait fait reculer. J’y étais certainement allé un peu fort. Revenant, elle prit place à la table où je m’étais installé, un verre également à la main. Se présentant à moi, je me présentais également.

« Hayel Blackson. Enchantée, Amélia. »

Plutôt que de laisser le silence nous peser, je voulus reprendre le sujet par lequel je l’avais abordée. Je n’étais pas décidé à la courtiser, Ce n’était pas la raison de ma présence. Ce que je voulais c’était aider, c’est tout.

« Vous ne me croyez pas n’est ce pas ? Tout ce que je vous ai raconté… vous devez me prendre pour un fou ! »

M’esclaffant, je ne pouvais m’empêcher de faire fonctionner l’autodérision. Une personne normale qui ne voyait pas les esprits devait forcément se dire que j’avais pété les plombs. Et pourtant dans le regard de la jeune femme, je cherchais à faire la distinction entre l’esprit et elle-même, ignorant jusqu’à même si je parlais vraiment à Amélia, la vraie, pas l’esprit qui prenait peu à peu possession de son corps. Je me pensais peut-être capable de les distinguer, sans plus. Agir devait venir de la volonté de la possédée, pour moi, c’était ainsi que devait fonctionner un exorcisme. Maladroitement, je repris.

« J’ignorais comment vous en parler, ni même comment réagir. »

La jeune femme m’intéressait grandement, pour l’esprit qui l’habitait. En règle générale le sexe féminin ne jouait aucun rôle pondérant dans ma vie. Je n’étais pas le genre à m’attacher facilement. Alors avoir une copine ne faisait pas partie de mes priorités je dirais. Aussi mignonne qu’elle était, j’avais beaucoup plus d’intérêt pour le fantôme qui rôdait autour d’elle que pour son minois de poupée. Je ne suis pas un homme comme les autres, ça vous pouvez le dire. Amélia se comporta étrangement d’un coup : à mon grand étonnement, je pouvais voir que l’esprit avait pris le contrôle, me sommant de cesser cette conversation stupide. C’est ce qui pourtant m’intéressait fortement !

« Voilà, on se rencontre enfin ! Nous n’avons pas pu faire les présentations, à qui ai-je l’honneur de m’adresser ? »

Emettant un grand sourire, je venais d’atteindre mon but ! L’humaine n’avait sans doute même pas conscience de ce qu’il se passait, mais moi j’avais sous les yeux un esprit des plus motivés, tenant à son humaine, et gêné de se faire exposer au grand jour. Pour ma part, je trouvais la chose follement amusante. En voulant comprendre, j’avais déclenché sa colère, d’où sa présence. Le sujet revint à la normale, mais je n’étais même pas certain que c’était Amélia qui parlait. L’esprit semblait encore présent, pesant et déroutant. Alors je fis comme si de rien n’était. Enfin, presque.

« C’est un beau métier. Nous sauvons des âmes perdues  sans avoir à l’esprit que nous mettons également notre vie en danger. »

Ame, esprit… je m’amusais à user ces termes là pour réveiller une fois de plus celui ou celle qui possédait la pauvre humaine. La démonstration antérieure n’avait pas suffi à satisfaire ma curiosité. Je n’avais pas fait erreur, et l’humaine n’était certainement pas suffisamment consciente de ce qui lui arrivait. J’ignorais comment j’allais procéder pour lui faire comprendre qu’elle n’était tout à fait elle-même, et ce serait utile de le savoir avant que l’esprit ne tue quelqu’un.

« Et vous alors ? Est-ce que vous cohabitez avec quelqu’un ?  Ou vous êtes toute seule ?  »

Provocation supplémentaire à son encontre, en vue de voir les effets de l’esprit sur l’humaine. J’étais prêt à pousser le vice jusqu’au bout, aller jusqu’aux limites qu’il pourrait supporter. Le provoquer, c’était prouver sa présence, car je savais que certains d’entre eux avait une fierté terrible quand ils s’y mettaient. Pour celui-ci, il me semblait qu’il avait son caractère, une aubaine, j’allais pouvoir m’amuser un peu. En connaissant l’esprit, je saurais ensuite prendre contact avec l’humaine pour lui proposer un exorcisme afin d’être débarrasser de cette ordure. En espérant ne pas contracter son esprit, car les médiums étaient plutôt prisés par eux en raison de leur énergie. Je n’avais pas encore eux l’occasion d’être témoin de l’agression d’un esprit à mon encontre, par chance, mais ça ne saurait tarder si je ne faisais pas attention.

Je jouais le jeu, faignant ne rien voir tout en m’intéressant à cette fille. L’esprit finirait forcément par se manifester à nouveau, d’une manière ou d’une autre. Comment, avait-il peur de moi ? Je n’étais qu’un misérable humain avec un don avisé pour les esprits tout simplement. Lui pouvait posséder les autres, que craignait-il dont ? Observant Amélia, je savais qu’elle savait. Sa mine ne semblait nullement effrayée pour autant, à moins que l’esprit ne soit présent suffisamment longtemps pour semer trouble et confusion dans son esprit. Quoi qu’il arrive, je le tenais, certain de ma réussite.

« En êtes-vous sûre ? Vous sembliez étrange en m’en parlant, à l’instant. »

La faire douter de ses propos ? J’avais l’humeur à le faire, évidemment. Ce ne serait pas aussi drôle sinon. L’esprit se jouait de moi, j’en étais persuadé, alors je rentrais dans son jeu, sans scrupules. Pourtant, je continuais à répondre à ses questions, comme si de rien n’était. Je n’oubliais pas mon premier but : l’aider de mon mieux. Cette fille ne s’en rendait certainement pas compte mais l’esprit allait la ronger de l’intérieur, lui faisant oublier jusqu’à même qui elle était vraiment. Se l’approprier, comme un parasite. Plus il reste longtemps et plus l’âme reste difficile à guérir, comme marquée à jamais. Amélia n’en ferait pas les frais. J’ignorais comment procéder, je manquais scrupuleusement d’idées.

« Je suis en colocation avec une amie. La famille et les enfants, ça peut attendre. »

Pour l’instant, je me contentais de la garder à l’œil, le mieux que je pouvais faire. Et essayait de remettre le sujet sur le tapis, voyant combien mes allusions la troublaient. Vivre seule, elle avait appuyé ce mot plusieurs fois. Un exemple typique : l’esprit éloignait la personne de ses proches pour l’isoler au mieux. Si mon professeur de vaudou avait été là, il aurait certainement pu m’aider d’une certaine manière. Il a tellement plus de ressources que moi, simple novice devant une nana têtue comme une mule. Je retentais ma première approche de toute à l’heure, avec d’autres arguments en tête.

« Ne me croyez-vous toujours pas ? Vos hésitations, votre air parfois perdu… êtes-vous bien sûre que personne ne vous contrôle Amélia ? Êtes-vous bien sûre d’être seule avec vos pensées ? »

Je risquais de me faire repousser comme la dernière fois. Pourtant, cette fille était malade, limpide comme de l’eau de roche. Il n’y avait qu’elle pour ne pas remarquer combien elle n’était pas elle-même ; ne la connaissant même, je le devinais aisément. Certaines manies ne trompaient pas sur mon verdict. Ce que je voulais ? Avant de l’aider, qu’elle en ait conscience. La conscience de la victime. Ensuite, elle déciderait de la marche à suivre : se faire soigner ou non. Cela ne dépendrait plus de moi.

« Est-ce que ces derniers temps, vous vous êtes comportée différemment ? Cela pourrait vous mettre sur la piste. Concentrez-vous Amélia, essayez de penser par vous-même. »

J’avais peut être réveillé la colère de l’esprit en plus, mais ça ne coûtait rien de tenter le tout pour le tout.