HISTOIRE.
Barrett. Une famille aimante. Peut être, mais je n'ai pas eu le droit à cette option. Pourtant, depuis tout petit, j'ai toujours donné le meilleur de moi même pour qu'ils soient fiers de moi. Une masse de temps perdu. J'étais une erreur, rien de plus, rien de moins. La nouvelle avait vite fait le tour de la ville. Le petit Nolan, le vilain petit canard. Les gens me regardaient avec pitié, pour les plus gentils d'entre eux. Les autres profitaient de mon statut pour en rajouter trois couches. Comme si j'étais un punching-ball public. J'avais le droit à toutes les couleurs. Moqueries, bizutages, bouche trou et j'en passe des meilleurs. Au final, la solitude était quelque chose de bien plus doux que cette vie en société. Je n'avais jamais osé riposté. On se moquait de mes cheveux bouclés, de mon teint cadavérique, de ma maigreur, de mon intérêt pour les choses étranges et bizarres. Bref, j'étais une véritable mine d'or à moquerie, même pour les moins inspirés de l'histoire. Ce fut au lycée qu'un véritable déclic se déclencha. Las des moqueries, j'étais arrivé au lycée avec une batte de baseball que j'avais volé à notre voisin. Sans réfléchir mais en répondant à mes pulsions refoulés, j'étais parti retrouvé chacun de mes bourreaux, un par un pour les tabasser. Je faisais ça, nonchalant, comme si Nolan s'était éteint et que quelque chose d'autre le contrôler. Les filles hurlaient, les responsables étaient arrivés en courant. On me tirait la batte de baseball des mains avec violence et quelqu'un en profita pour m'en coller une. Ensuite, c'est le trou noir, je ne me rappelle toujours de rien, juste que le lendemain, mes parents avaient reçu un coup de fil annonçant mon exclusion. L'affaire fut étouffer. L'école ne voulait pas d'une réputation salit par un gamin névrosé. Mon nom avait été effacé de tout leurs fichiers, comme si je n'avais jamais existé.

J'avais besoin à partir, de vivre loin des autres et de faire quelque chose qui me ressemblait. L'école n'avait qu'été qu'un lieu de torture pour moi, j'avais besoin de changement. Les grands espaces, l'extérieur, l'air extérieur surtout, les jardins. Après avoir enchaîné les petits boulots, j'avais compris que mon avenir se concrétiserait dans le travail des jardins. Savoir être minutieux, accepter la solitude, aimer les grands espaces vastes, être en quelque sorte plongé dans une autre dimension. Les plantes, j'avais l'impression qu'elles seules me comprenaient. Mes premiers clients étaient les personnes âgées, elles posaient pas beaucoup de questions, à mon grand étonnement. Tout ce qu'elles attendaient de moi, c'était que je prenne soin de leur jardin. Nettoyer, ramasser, remettre un peu d'ordre. De l'argent "facile" qui m'avait permis de pouvoir rapidement quitté le domicile familiale. Même s'il n'avait jamais connu les vraies raisons de mon renvoi, depuis cette histoire, j'étais devenu totalement invisible, totalement ignoré. Peut être que ma famille m'aimait mais je n'étais clairement pas une de leur préoccupation principale, ni même secondaire. A l'arrivé de Katrina, tout ce que j'avais mis en oeuvre s'écroula. Une nouvelle fois, j'étais de retour à la case départ, chômeur à vingt ans. Au final, c'est en m'associant avec un entrepreneur de la région que j'ai pu me remettre au travail dans ce que j'aimais, c'est à dire : les jardins.

Durant toutes ces années, il y avait une personne qui ne m'avait jamais laissé tomber : Darlène Daniels. Cette fille était incroyable, toujours mêlé à mes coups foireux et toujours prête à les suivre. Un jour, c'était à son tour de me proposer de faire un truc totalement dingue. Une séance de spiritisme, chez moi. Elle voulait me foutre la trouille. Tout ce qu'elle avait réussit à faire, c'était de faire squatter un esprit chez moi. Un truc totalement dingue qui s'éclatait à balancer des objets dans la pièce, à ouvrir des tiroirs ou même à me dégager du lit pendant mon sommeil. Darlène m'avait dit que cette chose était un poltergeist. Pour moi, un esprit, c'était un esprit. Toutes les variantes des mondes étranges, j'y connaissais pas grand chose, même si c'était absolument fascinant. Pas de chance pour moi, Kelen, c'était le nom du machin invisible, avait décidé de faire de la colocation avec mon corps. J'étais peut être un type ouvert, tête brûlée sur les bords, mais j'étais pas con au point de donner mon corps à un fantôme! Malheureusement, c'était Kelen qui avait eu le dernier mot et les premiers jours de cette cohabitation avaient été difficile. Par la suite, les choses s'étaient arrangées, ils m'avaient offert la possibilité de découvrir une nouvelle facette de la liberté, de ne plus être limité par n'importe quelles règles. Tout semblait se passer correctement, mais j'étais bien loin d'accepter cette idée de partager mon corps. Personne n'était au courant, pas même Darlène. Elle s'était juste aperçu que je devenais distant et encore plus insociable qu'avant. Je n'avais pas envie de l'embarquer là dedans et je voulais qu'elle reste en sécurité. Moins elle avait de contact avec moi et Kelen et mieux elle se porterait. Forcément, c'était plus simple à dire qu'à faire. Quant à mon boulot, c'était un peu la même guerre. Kelen prenait plaisir à me mettre dans des situations compliqués et il me laissait ensuite géré. J'étais carrément son cobaye humain.

TEST RP.
Darlène, rendez-vous numéro cinq de cette nouvelle année deux mille onze, dans le lieu le plus glamour de la ville : son grenier. Notre QG depuis presque toujours. Darlène, c'était ce genre de fille parfaite. Belle, douée, intelligente. Je n'avais jamais bien compris ce qu'on faisait ensemble mais le plus important, c'était qu'elle était là. Elle était même la seule à ne pas m'avoir pousser au suicide. Elle suivait toutes mes conneries et surenchérissaient aussi vite avec les siennes. Elle était un brin folle mais putain, qu'est ce que ça la rendait unique. Ce jour là, elle voulait me montrer un livre qu'elle avait trouvé sur internet. Le genre de livre douteux que l'on retrouve chez les fous furieux de sorcelleries et du paranormal. Elle, elle aimait bien ça. C'était son dada, son p'tit truc à elle. De toute façon, dès qu'il y avait un truc un peu étrange à me présenter, j'étais toujours prêt à suivre.

Elle était là ma Darlène, à la fois surexcité et studieuse face à son nouveau trésor. Il y avait des choses qui pouvaient rendre une personne différente et il fallait le voir ! Darlène studieuse ça me changé de la nana déconneuse avec qui je trainais. Entre nous, je détestais quand elle était plongée dans ces bouquins. Elle me demandais toujours d'être avec elle lorsqu'elle en aquérissait un nouveau. Ca, c'était ma partie préférée. J'attendais qu'elle se procure un stupide bouquin pour qu'elle me demande de venir la voir. Ensuite, place à l'insupportable. Elle ne me voyait plus, ne m'écoutait plus. Je n'étais qu'une ombre, un truc à côté qui restait silencieux à la regarder lire. L'enfer ! L'ennuie ! Pourtant, malgré le malaise que ça suscitait en moi,

Le cinq janvier deux mille onze fut l'exception. Je n'arrivais pas à garder mon calme. J'étais contrarié et obsédé par divers problèmes. Je remuais dans comme un asticot shooté à la cocaïne.

- Putain Darlène, t'as pas autre chose à foutre quand je suis là ?

Elle releva lentement la tête de son bouquin, fronçant les sourcils et garda le silence. Furieux, je continuais à faire nerveusement les cent pas. Je devais certainement lui donner le vertige car elle se releva et m'attrapa le bras en me demandant de me calmer.

Me prendre par le bras. Un contact. Peut être même la pire chose qu'elle avait pu faire depuis que nous nous connaissions. Détestant par dessous tout être touché et encore plus par une fille, je perdais littéralement les pédales et je me mis à lui hurler dessus. J'avais la sensation de perdre la tête, d'avoir quitté notre planète terre et d'avoir éteint mon humanité. Je me mis à shooter dans tout ce qui me passait sous le pied en hurlant comme un hystérique.

- Tu ne comprends pas Darlène, non tu ne comprends rien. Qu'est ce que tu veux à la fin, c'est quoi ton problème ? T'as pas d'autre bouche trou pour tes après midi lectures ? T'as pas des choses plus intéressantes à me raconter ! Putain tu sais pas ce que t'es en train de me faire endurait. Non, tu comprends rien, t'es juste qu'une stupide gamine avec un livre de merde.

Je lui pris le livre des mains et sortit aussitôt un briquet croupissant dans ma poche. Une seconde plus tard, les pages du livre se mirent à brûler. Je riais nerveusement, parfois même à bout de souffle. Mes yeux brillaient comme si j'avais trouvé la clé de ma liberté. Autant vous dire tout de suite que Darlène n'avait pas le même regard. Elle me regardait, effrayée et furieuse. Elle se leva et me lança un : Va crever !

Le lendemain, j'étais revenu la bouche en coeur, avec un nouvel exemplaire de son livre. C'était comme si rien ne c'était passé et à vrai dire, je ne m'en rappelais pas vraiment.