La musique le fit sursauter, le réveillant d'un coup, mais il ne bougea pas pour autant. Non que la mélodie était nécessairement très forte, mais plutôt que le pauvre homme avait le sommeil léger, ces temps-ci, et un rien arrivait à le tirer des bras de morphée. D'où le pourquoi un si grand silence occupait le loft, les autres ombres de la place ne faisant pas un bruit. (Il avait commencé à bien cohabiter avec ces ombres et ils le respectent, maintenant) Mais cette musique voulait signifier une seule présence en particulier.
Azazel sortit sa tête de sous son oreiller et essaya de voir si l'esprit était dans sa chambre. Aucune ombre, aucune voix, aucun sentiment d'être obsevé. Peut-être que ses sens de médiums, eux, n'étaient pas encore éveillés. Après tout, il était tout de même tôt. Du moins, pour lui, oui, puisqu'il vit bien de nuit à cause de son boulot. C'est là qu'il entendit la voix qui s'élevait de l'autre côté de la porte de sa chambre. Un mince sourire se dessina sur les traits encore endormits du mannequin avant qu'il ne se roule sur le dos et glisse péniblement ses pieds en bas du lit. Machinalement, il se rendit jusqu'à la pièce centrale du loft.

Elle était là, assise sur le sofa. Non, Az ne la voyait pas -bien que, généralement, il est capable de les voir vaguement, son don étant assez poussé- mais pas ce matin-là- mais il pouvait sentir sa présence à ce point exactement. Tournant le regard vers le divan, il arqua un sourcil avant de croiser les bras sur son torse nu -ayant dormi simplement avec un bas de pyjama noir. Il est chez lui, il fait ce qu'il veut, quoi- et de s'appuyer contre le cadre de porte. Non, il n'était pas sous sa plus belle facette, mais il ne se gênait pas vraiment devant cette très chère Solene.

« Franchement. Normalement, on cogne avant d'entrer. Heureusement que j'ai pas ramené la paire de fesse de mes rêves avec moi, hier. » Bien sûr, le châtain jouait les offusqués, mais il aimait bien quand la demoiselle débarquait en surprise chez lui. Après tout, si elle était déjà débarqué à un mauvais moment, Az' ne s'en souvient plus trop ou en n'a jamais eu consciance tout simplement. Reprenant son sourire, il se rapprocha de l'endroit plus frais de son salon et vint s'asseoir sur le divan à son tour, ramenant ses pieds croisés sous lui.

« Que dire... Train train habituel ? Peu de sommeil, les méninges me travaillent trop. Je bosse trop. J'ai pas de vie social. Je deviens un hermite. Rien d'intéressant, en fait. Quoi de beau... Je viens de me faire réveiller par une merveilleuse demoiselle qui squatte mon loft. Mais la demoiselle me dit avoir eu une nuit d'enfer, sans en parler d'avantage. Elle me titille ou elle va m'en raconter d'avantage ? »

Solene aime bien jouer avec les appareils pouvant laisser échapper une musique. Et elle aime bien venir squatter le loft, même si Az' n'est pas toujours là, afin d'écouter diverses mélodies. Ce n'est pas rare que le barman revienne de bosser et ait l'impression d'arriver dans un festival quand il déverrouille la porte. D'autre fois, un réveil brusque parce que le dernier CD qui traînait dans sa radio se retrouvait à être Iron Maiden. Mais il ne s'en plaint pas. Il adore parler avec les gens de l'au-delà, mais parmis tous ceux qu'il ait croisé -et même tous ceux qui sont littéralement attaché à son petit chez-soi- Solene est sa favorite. Elle est largement plus vieille que lui. Elle a au-dessus de 100 ans, coincé entre les deux mondes, à errer, telle une ombre. Ils ne sont pas de la même époque, mais ils se connaissent presque comme s'ils s'étaient toujours connu. Solene est bien son bébé côté esprit.

Comme il n'arrivait pas à la voir cette journée-ci, il se demandait s'ils auraient de la difficulté à communiquer. Azazel laissa donc échapper un léger « Be right back » avant qu'il ne se lève afin d'aller chercher un papier et un crayon, juste au cas où, puis revenir s'asseoir au même endroit, de la même façon. Parfois, lorsqu'il n'arrive pas à entendre ou voir les esprits, il préfère utiliser la méthode de l'écriture automatique. Mais après tout... si c'était bien parce qu'il n'était pas tout à fait encore réveillé, il ne fallait pas trop s'en faire. Dans une heure ou deux, il n'y aurait aucun problème et il pourrait très certainement admirer la belle à la peau chocolatée.