Poussant la porte en silence, il venait à peine de finir de lacer ses Rangers. Ses yeux parcouraient la rue qui s’offrait à lui, d’un ciel bleu sombre qui suivait la tombée du jour. Les cheveux en bataille ; il avait l’air de sortir de son lit ; cauchemar éveillé, somnambule et pourtant éveillé. Errant dans un monde d’imaginaire où les pavés de la ville semblaient être des miroirs sur lesquels il craignait de marcher et de les briser. Nitzan rentrerait tard ce soir là ; c’était ces jours où elle rejoignait son groupe de musique. Souvent, elle lui demandait s’il voulait venir et il semblait si effrayé qu’elle n’insistait pas. Les gens le détestaient ; et pourtant il poussait la porte pour se plonger dans leur monde. Prince des peurs, Prince errant. Hésitant encore avant de refermer derrière lui, son nouvel abri ; un paradis où il semblait que personne ne lui voulait de mal. Un nouvel environnement avec ces affaires à lui ; et cette sensation que tout été vide. Les esprits chassés par Nitzan, les ombres étaient restés derrière la porte et l’appelait sous celle-ci. Lorsqu’il posa un premier pas en dehors du sanctuaire ; déjà il sentait leur présence autour de lui. Pourquoi était-il sorti ? Oh, il avait ouvert cette brèche et bientôt oui, bientôt il les rejoindrait… C’était ce qu’ils disaient tous, qu’il serait des leurs. Il pouvait fuir, mais il serait à eux. Il était leur jouet, leur instrument. Peins moi ô Prince, peins mes douleurs ! Cris au monde comme le danger est proche et que de leur peur tu nous donnes la force.

Marchant dans les rues, les bras ballants et le regard perdus dans des songes mystérieux. Les pas rodaient autour de lui, les rires et les murmures… Tant de voix qu’il ne savait plus laquelle écouter ; quel chemin suivre ? Il ne savait pas, il se perdait et finalement son cœur la cherchait elle. Tamina. Il ne comprenait pas où elle était partis. Peut-être que s’il retournait chez « eux » la trouverait-il. Il espérait bien trop, mais Tamina était loin et elle avait laissé de lui un millions de petites pièces éparpillées qu’ils se battaient tous. Loin de penser qu’un homme parmi eux voulait tout recoller et tous les posséder. Maddox arrivait dans un angle de rue non fréquenté ; les pas continuaient et des pas plus lourds se firent entendre. Des pas plus réels, plus proches. Il accélérait parce que son cœur le fit ; battant de plein fouet contre sa poitrine. Prince si maigre suite à l’hospitalisation qui avait suivit son « abandon », Prince qui ne trouvait plus d’appétit car celui de la vie s’était égaré. Une poigne l’attrapait brutalement ; il est plaqué contre les briques et ses yeux grands ouverts fixaient cet homme qui lui réclamait de l’argent. Pourquoi les gens s’acharnaient-ils à vivre au dépend de ces rondelles métalliques sans âme ? « Je n’ai pas d’argent… » Répondait-il craintif ; d’un coup de poing dans l’estomac il se pliait en deux en serrant les dents ; les larmes perlaient au coin de ses yeux alors qu’il essayait de respirer. Violenté ; il fut secoué et jeté au sol. Poussant alors des cris de douleur mais avant tout terrorisé d’un enfer déjà vécu… Prince criait et personne ne semblait l’entendre ; après un coup de pied dans les cotes ; il fut attrapé par le col et alors que du sang coulait de ses lèvres il se mit à pleurer et bêtement à supplier.

L’homme lui arrachait alors la chemise, en quête d’une chaine en or cachée sous celle-ci, mais il n’avait que la peau et les os. Se laissant fouiller toutes les poches sans broncher ; laissant cette eau saline couler sur ses joues, se laissant bercer par le bruit des pas qui couraient vers lui. « Laissez moi par pitié monsieur… » Son téléphone portable fut tiré de la poche arrière de son jeans ; un sourire sadique sur les lèvres avant d’armer son poing pour l’écraser dans la face de Maddox qui fermait les yeux beaucoup trop fort. Mais le coup ne venait pas. Tout à coup le type le lâchait et il pouvait respirer. Cette main autour de sa gorge se relâchait et le sol se dérobait sous ses pieds. Il chutait de façon qui lui semblait vertigineuse ; son bassin heurtait en premier le goudron froid sur une fracture vieille de plus de six mois à présent ; celle qu’avait causée un homme qui avait reconnu les cris de sa victime résonner à travers les ruelles pour l’avoir tant fait s’égosiller de douleur. Alors que les deux hommes semblaient se battre ; il avait une douleur fémorale qui l’empêchait de se relever seul ; se trainant comme il le pouvait jusqu’à venir se loger derrière une vieille gazinière abandonnée là en attente d’être emmené au recyclage. Recroquevillé dans sa terreur alors que les murmures se riaient de lui ; il irait en enfer… Tu seras un ange en enfer ; parmi ceux qui ont péché et qui se plaisaient à dévorer ton âme. « Cessez de rire… Pourquoi vous me voulez du mal… Ô pitié, laissez moi tranquille ; je veux juste retrouver Tamina… Aidez moi… » Suppliait-il encore, se cachant le visage de ses mains, la gorgé serrée sur laquelle se dessinait des rougeurs dues à la strangulation. Etait-il ingrat envers Nitzan et tout ce qu’elle faisait pour lui ? Probablement d’une certaine façon, mais il était juste amoureux et il était difficile d’oublier ses sentiments même si cette personne vous fait souffrir. Il était plutôt doué pour s’enticher de ces gens qui lui voulaient du mal.

Maddox. Comment oublier ce patient ? Le seul qu’il n’avait jamais réussi à soigner, lui, le meilleur psychologue de cette ville, si ce n’était du pays. Il l’avait poussé à bout alors il avait voulu se montrer plus rude, plus extrême, songeant que la douleur, bien réelle, elle, lui ferait comprendre la limite entre imaginaire et réalité. Mais rien n’y fit, Maddox resta au même stade tandis que lui, il se découvrait un plaisir malsain à l’entendre pleurer, supplier, crier de douleur. Il n’avait pas pu finir son travail sur lui. Il s’était enfuit et l’avait accusé de tous ses maux. Il ne voulait que l’aider, certes ses manières n’étaient pas vraiment ordinaires, mais elles auraient marché avec le temps. A croire que Maddox se plaisait dans sa folie et peut-être même dans ses traumatismes. Alexey, lui, avait tout perdu dans cette histoire : sa réputation, son droit d’exercer mais aussi le droit d’approcher Maddox. Si dans un premier temps il avait respecté cet ordre restrictif, cela ce fut de plus en plus difficile à mesure que les semaines s’écoulaient. Il le hantait, jusque dans ses rêves et il tenait à finir ce qu’il avait commencé avec lui. Le soigner n’était plus une priorité réelle même s’il le pensait, il le voulait juste, tout à lui, le posséder car il lui appartenait. Il avait tellement envie de le voir que parfois, son obsession le poussait à le voir là où il n’était pas, à confondre un inconnu avec lui, à l’interpeller puis à ressentir cette immense déception lorsqu’il s’apercevait que ce n’était pas lui. Il avait réussi à l’approcher une fois ceci dit mais les choses ne s’étaient pas passées comme il l’avait espéré. Il aurait été prétentieux de croire que Maddox lui tomberait dans les bras comme s’il était son sauveur, cela prendrait du temps, d’autant plus qu’il avait une autre psychologue, une garce faisant tout pour le monter contre lui. Car il en était sûr : Maddox ne le détestait pas.

Ce jour là encore, il cru l’apercevoir dans la rue, mais il se persuada que ses yeux lui jouaient des tours. Maddox ne devait pas courir le monde seul, sans personne pour le chaperonner, il était trop instable pour cela. Il était donc convaincu qu’il y avait erreur sur la personne jusqu’à ce qu’il entente ce cri… s’il lui arracha un frisson de délice dans un premier temps, il se rendit vite compte que ce son si doux à son oreille ne provenait pas d’un de ces supplices et donc sa saveur en était en réalité amer. On brutalisait son jouet. Il se précipita vers la source des cris, furieux qu’une personne se donne le droit de toucher à Maddox. Il était le seul à avoir ce pouvoir. Alexey intervint juste avant que l’agresseur n’abatte son arme sur son ancien patient. Il le tira en arrière et profita de l’effet de surprise pour lui coller une bonne droite. Il était tellement furieux contre cet homme qui avait osé porté la main sur Maddox, personne n’avait le droit de le toucher à part lui. Sa colère lui donna la force, celle de cogner encore et encore. Il avait à faire à une petite frappe visiblement. Un petit voyou qui s’en prenait au faible et qui pris finalement la fuite en se rendant compte que son adversaire était tenace, non sans lui avoir mis un coup de poing qui lui avait fendu la lèvre, mais avec l’adrénaline, Alexey ne s’était pas rendu compte de la petite blessure.

L’autre parti, il s’approcha d’un pas lent et prudent vers Maddox qui s’était réfugié derrière une vielle machine. Il s’agenouilla et le nom de Tamina n’échappa à ses oreilles lorsqu’il s’échappa de la bouche de Maddox. Alexey pinça les lèvres mais ne laissa rien d’autre paraître, surtout pas la colère que ce nom éveillait en lui.

« Maddox, c’est fini… il est parti, tu ne risque plus rien. » Attrapant le visage de la victime entre ses mains, il l’obligea à la relever sans brusquerie et chassa ses larmes avec ses pouces. « Que fais-tu dehors tout seul ? Où est ta nouvelle tutrice ? » Ses yeux embués l’enchantaient, mais Alexey ne pouvait pas se laisser aller aussi vite à ses travers. Il sortit un mouchoir de sa poche et le posa sur la plaie à la lèvre de Maddox avec une douceur que le jeune homme ne devait pas lui connaître. « Encore une profiteuse qui se fiche de bien être. » il soupira comme désolé. « Tu sais qu’elle est payé par les services sociaux pour te garder ? Mais visiblement elle compte toucher l’argent sans se soucier de ton bien être derrière… C’est comme cette Tamina. Je savais qu’elle te quitterait. Elle m’avait confié qu’elle n’était pas assez payé pour un cas comme le tien, que tu étais trop lourd pour elle. » Il carressa sa joue avec tendresse. « Mon pauvre Maddox… La seule personne qui ne s’est jamais soucié de toi, tu l’as traité de monstre auprès de la police et pourtant qui est là en ce moment ? qui t’as sauvé de cette brute ? » Lentement mais sûrement Alexey voulait faire entrer dans la tête de Maddox que personne ne se préoccupait de lui à par son ancien psychologue, celui qu’il avait trahi et qui pourtant ne semblait pas lui tenir rigueur. Il voulait qu’il pense qu’il n’y avait que lui en qui il pouvait avoir confiance et si cela s’avérait un travail de longue haleine, il y arriverait.

Recroquevillé, craintif ; apeuré. Il ne bougeait plus, il avait mal. Les os, c’était éparpillé, c’était étrange il ne savait plus vraiment comment son corps était foutu. Il entendait des coups, il fermait les yeux très forts comme un enfant qui ne veut pas assister à un meurtre dans les films tragiques. Des pas approchaient de lui et s’il lui avait été possible de se recroqueviller un peu plus encore probablement l’aurait-il fait. Deux mains se posaient sur son visage et alors que son regard se fit fuyant, cette voix lui était cruellement familière. Douce, mélodieuse… Envoutante… Puis enfin, il plantait son regard azuré dans celui de sa tourmente. Il ne s’était aucunement attendu à le voir ici, ô tu m’as sauvé des coups que tu me donnais autrefois… Douce ironie. Que faisait-il seul ici ? Où était Nitzan ? Oh, comment savait-il tout ça ? Tu as veillé sur moi l’ange noir ? Il ne parvenait pas à retenir ses larmes d’un chagrin trop oppressant, le cœur de Maddox accueillait ces personnes qui l’abandonnaient tôt ou tard, tout comme il avait battu pour Alexey jadis ; jusqu’à que ce que celui-ci lève la main sur son patient. Enfin il trouva la force de répondre quelque chose ; les doigts crispés autour de son vêtement d’une présence envahissant qu’il craignait, celle de cet homme. « Je cherche Tamina… Elle doit être quelque part… » Oui c’était une certitude, mais où ? Etait-ce loin ? Il ne supportait plus de ne pas être auprès d’elle ; il s’était senti tellement bien dans ces bras d’une sécurité nouvelle. Un mouchoir sur ses lèvres le fit taire ; sursautant légèrement bien qu’il se laissa faire sans rechigner ; sa volonté de fuir avait été tué et le médium amaigris fixait son bourreau de ses yeux brillants et craintifs.

Il écoutait ses paroles ; les yeux emplis de tristesse. Pourquoi parlait-il d’argent ? Ô qu’il n’en comprenait rien… Maddox avait une somme intéressante sur son compte, héritage familial dont il n’avait en réalité jamais vu la couleur ; laissant ses tuteurs gérer et dépenser ce dont il avait besoin. Peut-être est-ce qu’on le volait, mais il ne s’en intéressait pas. Il vivait dans son insouciance de cristal qui se fissurait au fil des jours. Ce fut comme une main invisible traversant sa poitrine, lui serrant le cœur sans la moindre pitié quand Alexey lui rapporta des mots de Tamina ; des mots qui furent des maux et cette douce caresse sur sa joue ne consolait pas son cœur meurtri. Eclatant en sanglots ; alors voila… Il pourrait la cherche n’importe où, elle ne voulait pas de lui n’est-ce pas ? Elle ne l’aimait donc pas… Oh comme ça faisait mal ; il se sentait trahis et brisé. Fragile ; comme la corde d’un violon à laquelle l’on infligeait des notes trop aigues. La corde usée de sa vie sur le point de lâcher. Alors ainsi il ne comptait pas… Il était seul, pourquoi l’argent était-il plus important que lui ?

Mais Alexey n’en restait pas là ; et même s’il sentait ses griffes se planter dans sa chair, s’il sentait les chaines se rouler autour de sa gorge pour l’étouffer ; il se laissait tranquillement faire. Il avait besoin d’airbag, il avait besoin plus que jamais d’être étouffé et d’avoir cette sensation que quelqu’un ne le lâcherait pas quoi qu’il advienne. Sa volonté était brisée par son dernier séjour en psychiatrie, comme s’il n’attendait plus rien de ce monde. « C’est toi Alexey… C’est toi… » Répondait-il entre deux sanglots. Sa main tremblante agrippait de ses doigts quasi squelettiques le mouchoir, serrant un peu trop fort le tissu avant de le porter timidement à son tour sur la lèvre ouverte de son sauveur ; déglutissant avec difficulté. Retrouvant rapidement son obsessions pour les choses carrées et propres ; que rien ne soit différent et cette lèvre ouverte qui entachait le beau visage de l’homme le gênait en tout point de cette image invincible qu’il avait de lui tout à coup ébranlée. Presque une forme de faiblesse ; parce que finalement tout comme lui ; il pouvait être blessé. Se concentrant dans cette tâche pour oublier de pleurer, cela eut au moins le mérite de calmer ses sanglots avant de lâcher ce mouchoir. Sa main vint alors rejoindre sa propre joue, penchant la tête en avant pour se dissimuler du regard de l’autre ; il se sentait épuisé et cette douleur à la hanche était insupportable ; lui rappelant d’horribles souffrances aux cotés de cet homme.

« Elle t’a dis ça… Je croyais… Je croyais qu’elle… » Son cœur était brisé et il ne savait pas s’il s’ne remettrait un jour, probablement pas. Il avait vraiment cru ses mots, il avait cru qu’elle l’aimait elle aussi. Pourquoi l’avait-elle embrassé ? Touché… C’était si cruel… Et lui, naïf ; croyait les mensonges d’un homme qui avait déjà abusé de lui. Laissant les larmes couler de nouveau sur ses joues de désespoir ; le pauvre homme spastique se repliait malgré la douleur physique sur lui « Je suis si horrible… Ô Alexey, personne ne m’aime et c’est de ma faute… Qu’est-ce que je dois faire maintenant ? Nitzan ne m’abandonnera pas n’est-ce pas ? Elle me croit… Elle sait qu’ils existent vraiment, elle les voit aussi. » Relevant doucement le nez pour jeter un regard craintif à l’homme dont il n’arrivait jamais à saisir s’il était en colère contre lui ou pas ; il était égare le petit Prince. Il ne savait plus à qui faire confiance, il voulait juste qu’on l’aime. Pourquoi était-ce si compliqué ? Prince, poursuivis de façon brutale par ses regrets ; celui de n’avoir obéis et la sensation qu’il était trop tard. Ses bras se dépliaient enfin ; quittant son torse qu’il planquait maladroitement. Agrippant les épaules de l’homme ; sa respiration s’accélérait de panique ; une angoisse oppressante qui le brisait. « Qu’est-ce que je dois faire… Pourquoi tous ces gens me veulent du mal ? »

Les larmes de Maddox naissant de ses paroles mensongères firent sourire intérieurement Alexey. Il était fier de semer le doute chez son ancien patient, et encore plus de sentir qu’il le croyait sans peine. Pauvre petite chose… si fragile, si naïve, si manipulable. Etre la cause de ses larmes lui gonflait le cœur de joie. Depuis combien de temps n’avait-il pas vu ces goûtes d’eaux salines rouler sur ses magnifiques joues ? trop longtemps. Il se rendait compte de la privation dont il avait était la victime depuis tout ce temps sans Maddox auprès de lui.

« C’est toi Alexey… C’est toi… » Murmura-t-il entre deux sanglots, de cette voix brisée qui bouleversait Alexey. Non pas de façon qu’il ait envie de le réconforter, non, cela le touchait d’une autre manière… ça lui faisait du bien. L’ancien psychologue fut néanmoins surpris par le geste de son ancien patient qu’il pensait connaître par cœur : lui prenant des mains le mouchoir qu’il utilisait pour essuyer le sang sur son visage, il fit de même à son tour et ce fut à cet instant qu’Alexey se rendit compte qu’il était blessé, si on pouvait appeler ça une blessure. Alors certes, Maddox aimait les choses propres, tout en ordre, mais qu’il s’occupe de lui de cette manière le surpris et le pris même de cour. Il le regarda faire, fasciné. Ses larmes ne coulaient plus, mais le voir ainsi lui semblait nouveau. Il s’arrêta trop vite au goût d’Alexey, cherchant à se cacher de son regard, comme honteux. Qu’avait-il à lui révéler ? « Elle t’a dis ça… Je croyais… Je croyais qu’elle… » Un sourire mauvais se dessina sur les lèvres d’Alexey, un sourire soustrait aux yeux de Maddox qui se cachait de lui-même. « Quoi ? Qu’elle t’aimait ? Mon pauvre Maddox, elle se jouait de toi pour mieux te contrôler. Elle me l’a confié après un moment d’intimité dans mon lit. » Semer le doute était une chose, mais grâce à son départ, Tamina lui permettait de réinventer la réalité. Mentir à Maddox ne lui posait aucun problème, salir Tamina non plus, si cela lui permettait de récupérer son jouet…

De nouvelles larmes. Quelle douce friandise. Il l’avait fait pleurer deux fois en quelques minutes et là où n’importe qui se serait sentit coupable, Alexey se sentait fier. Cela lui prouver qu’il avait toujours le contrôle sur Maddox, qu’il avait beau avoir été à la police pour le dénoncer, il ne s’était pas défait de son emprise pour autant. « Je suis si horrible… Ô Alexey, personne ne m’aime et c’est de ma faute… Qu’est-ce que je dois faire maintenant ? Nitzan ne m’abandonnera pas n’est-ce pas ? Elle me croit… Elle sait qu’ils existent vraiment, elle les voit aussi. » Son regard vint à la rencontre du sien, paraissant peu sûr de lui et si Alexey voulu lui répondre, Maddox ne lui en laissa pas réellement le temps. Il l’attrapa par les épaules et l’ancien médecin pu sentit la panique prendre possession de lui. « Qu’est-ce que je dois faire… Pourquoi tous ces gens me veulent du mal ? » L’accabler de reproches étaient faisables et il savait que Maddox avalerait ses paroles sans ciller, mais Alexey n’avait pas pour but, pour le moment, de le détruire complètement. Il voulait le récupérer, le faire revenir auprès de lui et pour cela il se devait de retrouver sa confiance. Il passa alors ses bras dans le dos de son ancien patient et l’approcha de lui d’une simple pression. Cherchant à l’apaiser, à le consoler avec cette étreinte, il caressa doucement son dos dans un geste qui se voulait apaisant. « Tu n’es pas horrible Maddox. » Murmura-t-il près de son oreille. « Tu es juste perdu et tu n’as pas de chance dans tes rencontres, tu ne tombe que sur des personnes égoïstes, qui se moquent de ton bien-être. Mais moi, je suis là et je tiens à toi… regarde je suis encore là après ce que tu m’as fait, ça prouve bien qu’il y a au moins une personne qui t’aime non ? » Diaboliser le reste du monde et passer pour un Saint était chose aisée.

Doucement, il desserra son étreinte afin de pouvoir planter son regard droit dans celui de Maddox. « Je ne connais pas cette Nitzan, je ne peux pas te promettre qu’elle ne te quittera pas. Mais qu’elle te dise qu’elle voit les mêmes choses que toi n’est pas rassurant. Soit elle ment afin de te manipuler, soit elle y croit vraiment et alors elle a besoin d’aide tout comme toi. » Comment cette peste osait prétendre voir les mêmes choses que Maddox ! Tout ceci faisait parti de sa folie ! Elle l’encourageait dans ses délires ! Qui l’avait désigné comme tutrice ? On ne vérifiait donc pas le bilan de santé physique et mentale des tuteurs ? Alexey était en colère mais il ne pouvait pas le montrer, pas maintenant tout du moins, alors il garda ce sentiment au fond de lui tentant de se concentrer sur autre chose. Il se redressa finalement et regarda un peu mieux Maddox. Sa chemise arrachée dévoilait un corps si frêle… On l’avait accusé de l’affamer mais jamais Maddox n’avait atteint ce degré de maigreur. Cela l’agaça un peu plus encore. Il retira alors sa veste et la posa sur les épaules de son ancien patient afin de protéger sa pudeur. Elle était visiblement trop large pour lui mais c’était mieux que rien. Alexey tendit ensuite sa main à Maddox avec un regard qui se voulait bienveillant. « Viens avec moi. Je t’offre un verre ou quelque chose à manger. Tu pourra choisir ce que tu veux, ça te fera du bien. » Alexey se comportait comme lorsqu’il était au sommet de sa carrière, avant que Maddox ne le pousse à bout. Il était gentil, patient et chaleureux, des choses qui l’avaient abandonné les derniers mois de vie avec celui qui lui faisait face.

Pauvre cœur brissait, il battait maladroitement. Il avait cru que Tamina l’aimait ; malgré ses différences, malgré sa folie, malgré… Mais c’était trompé. Quand Alexey leur raconta leur liaison, il s’écroula en sanglot ; les larmes noyaient ses joues et son corps entier était secoué de désespoir. Il souffrait tellement, elle lui faisait si mal. Pourquoi c’était si cruel ? Il était brisé, anéanti. Comme si, le fait qu’elle l’eut abandonné n’avait pas suffit, il fallait faire de son cœur de la poussière ; il avait tellement mal. Il aurait voulu mourir, comme Harry ; comme ses parents. Les larmes coulaient le long de son visage fin ; il ne cherchait pas même à les retenir. Il avait tellement mal. Alors la panique le prit ; pourquoi était-ce si horrible ? Pourquoi tout le monde le haïssait ? L’abandonnait ? Se moquait de lui ? Il pleurait et s’agrippait à l’homme qui lui avait brisé le cœur une fois de plus ; perdu ; douloureux. Il ne savait faire le tri de ses émotions. Et quand Alexey lui confia ne pas penser qu’il était horrible, que ce n’était pas de sa faute. Alors qui était fautif dans tout cela ? Oh Alexey, l’accablait encore de l’avoir envoyé en prison même cela n’en avait aucunement été son attention. Il avait osait ouvrir la bouche, ou plutôt dessiner quelque chose comme un enfant dessine ses malheurs. Il s’était retrouvé dans un engrenage qui le dépassait ; es choses c’était succédé et son cher ami avait été envoyé derrière les barreaux sans qu’il ne sache pourquoi l’on avait décide de prendre une telle mesure. Il avait simplement désiré un peu de repos, que quelqu’un dise à Alexey d’arrêter de le frapper ; de le punir sans cesse… Mais rien ne c’était passé comme l’avait passé, lui si naïf…

Il parla de Nitzan alors, suggérant qu’elle était folle elle aussi, il n’arrivait pas à calmer ses larmes. Il était terrifié ; pourquoi les gens préféraient l’argent à lui ? N’était-il assez intéressant pour eux ? N’était-il qu’un poids ? Pourquoi est-ce qu’il vivait alors ? Il avait tellement mal, son cœur était en lambeaux, et l’homme qui en était en partie responsable l’avait prit dans ses bras comme un ami, un vrai ; le seul. Un ami qui lui donnait sa veste pour le réchauffer ; son visage marqué de larmes qui ne cessaient de couler. Une main tendu ; un sourire sincère. Maddox tendit alors la main, saisit celle de son séduisant bourreau qui le fixait de ses beaux yeux. Il le dévisageait alors ; ses émotions lui serrait la gorge et malgré sa douleur à la hanche ; il recula alors. C’était quelque chose de nouveau qui l’envahissait ; quelque chose de fort qui le terrorisait autant que ça le brulait. La colère.

« Je ne veux rien… Pourquoi elle m’a fait ça ? Et… Et toi… Tu… Tu savais que je l’aimais… Tu le savais… Vous êtes… » Il perdait ses mots ; il avait peur tout simplement. Peur des conséquences de ses propres dires ; mais il n’en pouvait plus. Comment avait-il pu lui faire ça ? S’ils étaient amis, il ne lui aurait jamais brisé le cœur. Elle était fautive, mais il y était aussi. « Tu m’as voulu du mal… » Sa vois se brisait alors ; la colère déjà retombait ; elle était venu si faible ; comme lui. Il avait presque accusé Alexey de mentir ; il n’était pas loin de le penser pour ainsi dire. Il n’était plus son ami c’était une certitude, comment avait-il pu faire une telle chose ? Le lui dire de cette façon… Si Tamina avait aimé quelqu’un d’autre, il aurait voulu que ça ne soit pas Alexey, pas l’homme dont elle ne cessait de lui dire à quel point elle le haïssait et avait promis de protéger Maddox de lui. Elle avait menti et lui alors ? Mentait-il aussi tout comme elle ? L’on revenait à cette tragédie où l’ami vole la femme de l’autre, du moins celle qu’il aimait. C’était une torture.

Il recula encore ; passant son poignet sur sa joue pour gommer ses larmes, essayant de se ressaisir. Il fuyait encore ; mais son dos fit la rencontre du mur et la présence de son ancien psychologue l’étouffait. « Non… Laisses-moi… Laisses-moi… » Suppliait-il, tendant les bras en avant, ses mains maladroitement disposées sur le torse d’Alexey pour essayer de le repousser ; ne sachant que faire. Il était juste perdu, il voulait juste pleurer pendant des heures ; seul. Puisque de toute façon, il le serait toujours. « Vous vous êtes moqués de moi ! Laisses-moi… Laisses-moi Alexey. Je ne veux plus la voir… » Il ne voulait plus les voir, mais les sanglots emportaient ses mots, engloutissait ses pensées. L’avancée d’Alexey, son corps amaigris ; ne supportant plus son regard perçant sur lui. Fermant les yeux beaucoup trop fort, la crainte oppressante d’être battu pour ce qu’il avait osé dire et paradoxalement ; une agitation où il essayait encore de le rejeter de ses bras de gringalet ; pathétique personnage. Si la colère de Prince était loin d’être nuisible, celle d’Alexey lui faisait toujours aussi peur. Il savait comme celui-ci n’aimait être contrarié ; mais il était incapable de réfléchir.

Être doux, gentil, compréhensif. Alexey pouvait le faire. Durant toute sa vie, il l’avait été, ce n’était que depuis peu de temps, finalement, qu’il avait oublié ces traits de caractères. Afin d’amener Maddox à lui faire de nouveau confiance, à le pousser à revenir vers lui, il devait le faire en douceur même si cela s’avérait long et difficile surtout avec la réticence de Maddox. Il le repoussa et se mit… en colère ? c’était la première fois qu’Alexey le voyait en proie à un tel sentiment. « Je ne veux rien… Pourquoi elle m’a fait ça ? Et… Et toi… Tu… Tu savais que je l’aimais… Tu le savais… Vous êtes… » Affreux ? Avec tout ce qu’il lui avait fait subir, c’était seulement le fait qu’il ait couché avec la fille pour qui il en pinçait qui le mettait hors de lui ? « Tu m’as voulu du mal… » Qu’il pouvait être fatiguant… Il ne lui voulait que du bien, du moins à sa façon.

Il recula comme apeuré à présent, et Alexey avança vers lui par instinct. « Non… Laisses-moi… Laisses-moi… » Il essayait de le repousser tant bien que mal, mais il était tellement faible qu’Alexey ressentait que très peu la pression que Maddox exerçait sur son torse. « Vous vous êtes moqués de moi ! Laisses-moi… Laisses-moi Alexey. Je ne veux plus la voir… » Elle partie. Seule, comme si elle avait sa propre volonté. Sa main s’abattit sur la joue de Maddox avec force. Il n’avait pas voulu le frapper… enfin si, ses pulsions l’avaient guidé mais il savait que ce n’était pas la meilleure technique. Cependant, d’un autre côté, Maddox avait besoin de redescendre sur Terre. Alexey l’agrippa par les épaules et le secoua tout en fixant son regard. « Ressaisis-toi Maddox ! Je ne suis pas ton ennemi ! »

Il relâcha sa prise, libérant son ancien patient de son emprise. Il baissa la tête, poussa un soupire fatigué et ennuyé tout en se passant une main dans les cheveux. « Je ne savais pas que tu étais amoureux d’elle… sinon je n’aurai pas accepté ses avances. » Il essayait de se justifier dans son mensonge prenant l’air vraiment désolée mais il ne comptait pas s’arrêter là. « Ou alors peut-être que si, mais je te l’aurai dit juste après pour t’ouvrir les yeux et t’éviter de plus t’attacher à elle et de souffrir comme tu souffres maintenant. » Rejeter la faute sur Tamina était vraiment facile et plaisant, surtout laisser croire à Maddox que s’était elle qui l’avait séduit. Elle avait le dos large la psychologue à deux sous. « Mon pauvre Maddox, je n’ai jamais voulu te faire de mal, simplement t’aider. Tu as tellement souffert dans ta vie… Je ne veux que ton bien, tu dois me croire. » Sa voix était basse et lourde, pleine de bons sentiments car au fond, il avait toujours voulu le soigner, qu’importe les utiles qu’il avait dû utiliser. Mais maintenant il voulait juste le posséder, dans tous les sens du terme. Il devait lui appartenir, il en avait le droit après tout ce qu’il avait perdu à cause de lui.

Alexey leva la main, cette fois ci pour la poser avec tendresse sur la joue de Maddox et la lui caresser. « Je ne peux pas t’abandonner et encore moins te laisser seul ici. Tu n’as pas le droit de te promener sans personne à tes côtés, s’il t’arrive quelque chose, on pourrait te renvoyer en centre spécialisé et cette Nitzan aurait des problème, bien que je me fiche de ce qui peut lui arriver, je ne peux pas les laisser t’enfermer de nouveau. » Il l’enlaça, doucement, avec prudence et tendresse. « Je ne te laisserai jamais. » Il y avait toute la sincérité du monde dans ses paroles car c’était bel et bien la vérité, même s’il s’agissait plus d’une promesse complètement égoïste qu’autre chose.

Maddox entrait dans un état d'agitation récurrent chez lui face à son angoisse, mêlé à un sentiment de colère qu'il ne savait gérer tant celui-ci était nouveau. Repoussant cet homme avec maladresse, il ne savait pas ce qu'il faisait. Ses mains maladroites sur son torse, il était blessé. C’était tellement injuste. Puis ses lèvres furent silencieuses. Le coup était parti, il sursauta brutalement. La douleur irradiante sur sa joue écarlate. Sa main quitta le torse d'Alexey pour se mettre devant sa bouche mi ouverte. Choqué et pour ainsi dire calmé. Terrifié. Ses grands yeux bleus écarquillés le fixaient avec crainte. Puis brutalement saisit par les épaules, secouées sans ménagement. Fermant les yeux ne voulant voir la colère de son ancien thérapeute. Il avait juste peur. Peur en raison d'un passé douloureux aux côtes de cet homme. Puis il fut relâché, libéré de cette emprise et cette phrase qui reconnaît dans son esprit. Il n’était pas son ennemi. Puis il parla, de cette liaison avec la femme qu'il aimait. Laissant les larmes couler encore sur ses joues dont l'une était en feu. Cette douleur le brûlait, un chagrin d'amour incontrôlable de gamin parfois un peu trop capricieux notamment depuis que Tamina l'eut prit en charge et lui avait quelque peu tout céder. Brisant les chaînes qu'Alexey avait bâties pour le maîtriser et garder le contrôle sur lui. Il avait été relâché. Et il avait cru que lui aussi aurait une vie normale. Mais c'était la fin des illusions et il ne savait plus où aller à présent. Fixant cet homme avec cette mine renfrogné et choquée. Il se sentait juste perdu. Puis la main de l'homme approchait de son visage et il ferma les yeux apeuré. Mais il senti la douce caresse de sa main. Ouvrant doucement les yeux pour le fixer.

Il n'avait pas le droit de se promener seul, une interdiction qu'il n'avait plus considéré depuis longtemps notamment par de ses nombreuses fugues lorsqu'il fut suivi par celle qui l'avait finalement abandonné, se laissant bien trop dicté par les voix dans sa tête où ce que certains nommés esprits. Fixant Alexey alors qu'il parlait de l'asile. Secouant la tête assaillie par de mauvais souvenirs. Puis la promesse singulière de ne jamais l'abandonner. Serré dans les bras de l'homme. Il se laissa faire tendrement. Posant sa tête contre son épaule. Il n'avait dit mot. L'odeur d'Alexey n'avait pas changé depuis tout ce temps. Un parfum rassurant, masculin et charismatique tout comme lui. Il restait là contre lui quelques instants. Profitant de cette douce chaleur bienvenue. L'une de ses mains osa se faufiler autour de son épaule et enfin il soufflait "Je voulais qu'elle m'aime tu sais... Je ne pensais pas, qu'elle pouvait mentir... Pourquoi les gens font cela ? Tu ne mentirais jamais n'est ce pas ô Alexey ?" Pauvre Candide, il croyait encore en la sincérité et l'honnêteté. Relevant doucement la tête pour l'observer. Il n'avait plus l'habitude de cette proximité avec lui, les souvenirs flous d'une époque passée où ils furent assez complices, de moments de tendresse entre deux coups. Il était mal à l'aise à présent. Trop de choses c'étaient produites et les avait éloignés. Maddox était bien moins attaché à lui, bien moins dépendant de lui car dans sa vie c'était établis de nouveaux repères dont Alexey ne faisait plus parti. Cette pensée l'attristait cependant. Probablement l'aimait il encore quelque part.

Doucement il dirigeait sa main vers son doux visage effleurant à peine la forme de sa mâchoire. Ne sachant vraiment comment appréhender la suite. Il formulant une demande indécente avec cette pudeur "Promet moi que tu viendrais me chercher si l'on m'abandonne encore... Ne les laisse pas m'enfermer de nouveau... Ils me font manger des médicaments et quand je refuse ils me piquent. Ils me mettent nu sous la douche comme tu le faisais dans la baignoire. Ô l'eau n'est pas aussi froide mais ils me touchent et je pleure à cause d'eux. Les autres sont méchants et me disent des choses. Alexey, promet moi. Je serais sage, ô jamais je ne parlerais plus à la police. " Il avait probablement tord de faire ça ; de demande au diable de venir le chercher. Mais c’était plus fort que lui, il croyait naïvement que les choses pouvaient changer, pourtant il avait bien prouvé qu’il le frapperait encore et sa gorge se serrait à cette idée. Mais il préférait être battu que de retourner à l’hôpital ; c’était sa seule certitude. Il préférait mourir, il avait essayé de sauter par la fenêtre ; mais Nitzan l’en avait empêché. Il était heureux d’être en vie autant que ça le faisait souffrir. Il voulait retrouver ses parents… " Harry est mort tu sais… Je croyais qu’il resterait avec moi. Il est mort. Je l’ai vu… Il saignait partout… J’aurais voulu partir avec lui ; il savait me rassurer. Il savait tout. " Harry avait soigné les fractures qu’Alexey lui avait causé, un médecin orthopédiste qui s’était prit d’affection pour le jeune femme. Il avait constaté les coups et blessures pour accable Alexey et alimenter son jugement. Il se souvenait de tout cela, des promesses que tout irait mieux. Des mensonges douloureux.