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Sujet: The Shadow of the Past [Sophya] Lun 25 Aoû - 23:44
La porte d'entrée se tenait devant lui. Cela faisait longtemps que l'occupante des lieux avait rejoint l'extérieur. Pourtant, il n'avait pas encore franchi le seuil. Sa mémoire revenait peu à peu, tant bien que mal, et les souvenirs le troublaient. Et plus encore de se rendre compte que la personne lui ayant permis de quitter les Enfers y figurait. Quatre mois que Scáth avait rejoint la surface de la Terre. Quatre mois qu'il découvrait un territoire libre. Ou plutôt qu'il redécouvrait, aussi surprenant fut cette révélation pour lui. Il avait oublié sa vie, oublié que Scáth était sa fin éternelle. Mais au fil des semaines, la vérité lui était revenue progressivement. Cet appartement pourrait ajouter quelques pièces au puzzle loin d'être terminé dans son esprit. Pourquoi attendre ? Simplement parce qu'il essayait de donner un sens aux derniers flashs qu'il avait subis lors du départ de la jeune femme. Sans doute aussi parce qu'il appréhendait ce qu'il trouverait ; une carte de séjour pour le Tartare n'était pas attribuée sans raison. Enfin, l'attente avait été prolongée à cause d'un sbire de Belaam qui s'introduisait dans l'appartement d'à côté. Par chance, il n'avait pas reconnu le fauteur de trouble de la grande réunion et n'avait ainsi adressé qu'un sourire mauvais à son homologue en passant devant lui.
Peu de temps plus tard, Liam entendit des cris. L'esprit terrorisait sa proie, savourant sans aucun doute assister à la montée en puissance de la panique de celle-ci. Cela agaça l'autre ; il n'avait pas fui l'horreur infernale pour qu'elle le rattrape aussi rapidement. Les hurlements de ses propres victimes ne l'avaient jamais bercé, même s'il était imperméable à leur plainte. Et maintenant que Belaam se targuait de déployer les enfers sur Terre, et que lui-même s'y était opposé, ces cris lui rappelaient que ce serait peut-être de nouveau à son tour prochainement. Il avait tellement fait pour gravir les échelons. L'idée de retomber en bas de l'échelle l'insupportait. Donc ces cris l'insupportaient. Alors quand il aperçut la poignée de la porte bouger sans que celle-ci ne s'ouvre, Scáth contra la volonté du dibbouk. Le mortel la poussa, révélant le couloir, mais il n'irait pas plus loin. Le colosse se trouvait juste sur son seuil, face à lui, rendu visible. Sa vue fit trembler davantage l'individu.
« Maman... », couina-t-il.
Un regard mauvais le transperça et, deux secondes plus tard, le corps tomba, inerte. Appeler sa mère au secours, pathétique. Liam observait le cadavre quand l'autre mort l'interpella, visiblement contrarié.
« Putain mec, t'as cassé mon trip ! »
« Trop long. »
Il s'arrêta à côté de sa cible et l'observa, avant de rire et de regarder différemment son complice inattendu.
« Oh c'te gueule ! Même Munch avait été cool à côté ! Et tu l'as fait littéralement pisser dans son froc ! »
Il gratifia Scáth d'une tape sur l'épaule, l'air finalement satisfait de la tournure des événements. Le meurtrier resta impassible, tout en se disant que cela lui éviterait au moins d'être menacé par cet esprit. Ce dernier comprenant que son compagnon n'était pas un grand bavard, il partit et le taciturne en question ferma la porte avant de retourner auprès de celle qui l'intéressait. S'il décidait d'apparaître à la demoiselle, il valait mieux qu'elle n'apprenne pas tout de suite que son voisin était mort de trouille et gisait dorénavant dans ses excréments à quelques mètres d'elle.
Il passa enfin le perron de celle dont il croyait se souvenir. Il ne savait pas réellement ce qu'il cherchait. Encore moins ce qu'il attendait. Cependant il avait besoin d'éclaircir ses souvenirs et de maîtriser la situation. Besoin de savoir ce qui lui avait valu la peine capitale. Commencer par vérifier l'identité de la médium semblait un bon commencement... Si le son des clés ne tournaient pas déjà dans la serrure. Tâchant de rester invisible pour le moment, il avisa son entrée.
Sophya A. Turner Fade & Glory
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Sujet: Re: The Shadow of the Past [Sophya] Jeu 28 Aoû - 20:18
Vendre l'appartement qu'elle avait partagé avec Chase s'avérait être plus difficile que prévu. Ce qu'elle-même n'avait pas pensé c'était que la crise n'allait pas l'aider à évacuer les lieux et récupérer ainsi une partie de l'investissement de sa nouvelle boîte – et maison. Si celle-ci n'était pas encore au point au niveau habitation, son affaire se portait plus que bien et lui offrait de quoi au moins subvenir à ses besoins. Même si elle passait très souvent par l'hôpital pour rendre visite à son ex-mari, la médium n'oubliait pas non plus que désormais, elle était propriétaire de deux endroits et qu'il fallait s'occuper des deux. Les travaux avançaient d'un côté, et l'appartement lui permettait ainsi de rester dans son pied-à-terre sans devoir recourir à l'aide de ses parents. Son indépendance en aurait dès lors pris un grand coup, et la jeune femme n'était pas sure de pouvoir supporter les attentions des deux personnes qui l'avaient adoptée.
Sophya claqua la porte de la boutique, soupirant. L'entrepreneur qui devait venir aujourd'hui ne s'était pas pointé et cela l'emmerdait profondément. Payer des jours de plus pour un travail fait ne la dérangeait pas vraiment... Mais quand ce dernier ne l'était pas – fait – cela lui posait beaucoup plus de problèmes. Et présentement, même si sa situation financière n'était pas au plus faible de sa forme, elle ne pouvait tout de même se permettre des dépenses exagérées. Un tour de clé plus tard, la jeune femme se dirigeait vers la station de tram qui lui permettrait de rejoindre son autre logement. Déjà pour y faire un peu de ménage, mais aussi pour se reposer un peu, histoire de se remettre des dernières affaires sur lesquelles elle avait travaillé. Éprouvantes, fatigantes, et surtout déprimantes. Retrouver des corps dépecés, dispersés dans les profondeurs du Bayou n'était et ne serait jamais une partie de plaisir. Mais maintenant qu'elle avait signé pour cela, il faudrait bien s'y faire. Parce que son crédit bancaire ne se rattraperait pas tout seul.
Elle atteignit son appartement, introduisant la clé dans sa serrure, surprise de ne pas entendre de bruit dans le logement mitoyen au sien. C'était tellement rare, quand le calme régnait dans cet endroit que la jeune femme n'allait pas s'en plaindre. Poussant la porte, elle fut lassée de voir un mot dans sa boite aux lettres, lui rappelant combien elle pouvait compter sur sa mère pour l'aider à faire quoique ce soit si jamais elle avait besoin d'aide. Peut-être que voir sa fille emmenée inconsciente à l'hôpital avait achevé de l'inquiéter. Blâmer son nouvel emploi avait été trop facile, et lorsque Sophya lui avait avoué que Chase également avait été blessé, Maria avait alors ouvert de grands yeux, et s'était saisie de la main de sa fille lui demandant de lui expliquer ce qu'il s'était passé dans les moindres détails. Bien sûr, la brune n'avouerait jamais à sa mère qu'elle se sentait extrêmement coupable de l'état dans lequel se trouvait Chase. Elle avait amené Calixte à cette fichue réunion, ne se doutait absolument pas que celle-ci se trouverait être un portail pour les esprits et que ces derniers s'inviteraient à leur réunion improvisée. La médium avait bel et bien merdé et le savait, et désormais, elle tentait de convaincre par tous les moyens Pa'Obi de l'aider à contacter Chase. Elle s'abaissa pour saisir le papier, serrant ses doigts autour avant de pousser un énième soupir à fendre l'âme.
Ses pas la menèrent vers la kitchenette, où la brunette déposa son sac et ses clés avant de lever les yeux vers un point précis de la pièce.
« Inutile de vous cacher... Je peux vous entendre dans le fond de ma tête, tellement vous pensez. Si vous vouliez venir m'espionner, ne pas savoir que j'étais là... vous auriez dû aller ailleurs. Même si je ne peux pas vous voir ou vous entendre, je peux vous sentir. »
Un mouvement d'humeur passa la barrière de son visage tandis qu'elle reprennait.
« Je peux savoir ce que vous me voulez exactement ? Si c'est pour m'égorger sauvagement, ayez au moins la décence de vous montrer et de ne pas agir comme un lâche. »
Un éclat de colère brilla dans le fond de ses yeux à cette pensée. Bon Dieu, ce qu'elle pouvait les exécrer en cet instant, ces fichus esprits.
Liam Hewson Tale of Revenge
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Sujet: Re: The Shadow of the Past [Sophya] Jeu 4 Sep - 12:52
Une ombre parmi les ombres. Il resta silencieux comme il savait si bien le faire, observant l’entrée de la jeune femme. Elle ramassa un papier qu’elle froissa aussitôt et continua son avancée vers le coin cuisine. Il ne se souvenait ni de son caractère ni de sa voix, encore moins de ses habitudes ou de ses mimiques. Mais il était persuadé de l’avoir connue – intimement même. La ressemblance était frappante avec la femme de certaines scènes qu’il revoyait, ça ne laissait aucun doute. De ce fait, il ne comprenait pas son attitude lorsqu’elle était descendue dans le monde d’en bas, seulement il devait bien y avoir une explication. Ils étaient jeunes dans ses souvenirs, il ne savait pas encore comment cela avait évolué entre eux par la suite. Tandis qu’il la suivait du regard, il se posait justement la question. Se fréquentaient-ils encore à l’époque de sa mort ? Avec de la chance, elle accepterait de lui donner des réponses, des réponses qui, au moins, lui permettraient de débloquer sa mémoire vers la suite. Assis nonchalamment dans un fauteuil, Liam réfléchissait au moyen d’entamer la discussion sans qu’elle ne hurle, comme il en avait vécu l’expérience, quand elle déverrouilla elle-même la situation. Face à l’insulte, sa silhouette apparut aux yeux de la vivante, encore installée dans le siège. L’esprit avait rapidement appris à maîtriser cette faculté après avoir découvert qu’il pouvait et se rendait parfois visible inconsciemment ; il avait toujours appris vite lorsque c’était nécessaire, observateur, méthodique, déterminé.
« T’égorger ne figure pas dans mes plans, désolé de te décevoir. »
Un brin railleur, il restait pourtant quasiment inexpressif. L’Enfer l’avait vidé, les émotions ne signifiaient plus grand-chose pour lui. Les sentiments représentaient une curiosité encore plus grande. Il continuait à en ressentir, cependant ils ne reposaient plus sur la même logique et leur impact se révélaient différents. Ceux qui animaient les mortels impliquaient une sensibilité perdue, oubliée dans les bas-fonds de la douleur, ensevelie par une âme corrompue. Depuis sa fuite, son regard avait pourtant retrouvé une once d’humanité. Une lueur minime s’apparentant à son ouverture vers ce qu’il était avant. Son corps disparut une fraction de seconde avant de réapparaître à quelques pas de la médium.
« Si tu peux lire dans mes pensées, tu devrais connaître la raison de ma présence. », observa-t-il, non sans un regard vers les papiers qui trainaient derrière elle.
Il se demandait réellement pourquoi elle avait feint l’ignorance lors de leur dernière rencontre. Lui l’avait vu une seconde fois peu de temps après et il y avait peu de chances qu’elle le sache. Il n’était pas là pour discuter de Belaam ou de son opposition retentissante. Mieux valait que personne n’apprenne le coup de pouce qu’il avait donné lors de la démonstration de force des esprits, il s’était déjà suffisamment attiré d’ennuis. Ses iris retournèrent sur la femme et un écho de réminiscences confirma ses pensées.
« Elaine ? »
Le prénom glissa davantage dans un souffle à la fois interrogateur et hésitant qu’il ne fut articulé. Il venait de la voir enceinte de quatre mois. Ils s’engueulaient, elle le repoussait, l’accusait les yeux débordant de larmes. Une scène qui éveillait plus de questions. Le masque de l’évadé demeurait impénétrable quoique légèrement troublé ; il ne se sentait pas réellement impliqué, comme s’il voyait le film de la vie d’un étranger. Ce qui n’était pas tout à fait faux. Pour l’instant, il était encore principalement Scáth. Liam était un autre homme auquel il ne s’identifiait pas, la distance les séparant bien trop longue. C’était découvrir les pans d’un passé qu’il avait noyé qui le perturbait réellement.
Sophya A. Turner Fade & Glory
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Sujet: Re: The Shadow of the Past [Sophya] Mer 17 Sep - 15:00
Elle l'observa se matérialiser du coin de l'oeil, sans montrer le moindre signe d'énervement. Depuis un bon nombre d'années, la médium était habituée à ce genre de manifestation. Malgré tout, la surprise se glissa sur son visage lorsqu'elle reconnut l'esprit qu'elle avait ramené de son voyage en Enfers. Bon sang... Quelle connerie elle avait fait ce jour-là. Sophya plissa les yeux légèrement avant de se coincer contre le plan de travail et d'attraper un fruit qui traînait sur le plan de travail. Sa manière de manger n'avait pas changé, spécialement depuis qu'elle enchaînait les allers-retours entre boulot, maison, et hôpital.
« Vous m'en voyez ravie... »
Le sarcasme ne devait épargner personne selon elle. Et puis, sa dent contre les esprits n'avait fait que s'allonger depuis qu'elle et son ex-mari s'étaient trouvés allongés dans un lit d'hôpital, ce dernier toujours plongé dans le coma. Un instant, la brune ressentit une profonde injustice à voir cet esprit venu des Enfers devant elle, pendant que Chase devait s'y perdre de plus en plus. Ses lèvres se pincèrent avant qu'elle n'ose demander la raison de sa présence dans l'endroit. Apparemment, elle n'était pas la seule à aimer le sarcasme au vu de sa réponse. Un soupir impatient sortit de ses lèvres tandis qu'elle dardait un regard coléreux sur lui. Cependant, la jeune femme se rendit compte qu'il ne lui répondrait jamais et s'apprêtait à faire l'impasse sur sa question lorsqu'il prononça ce nom proscrit de sa vie depuis plusieurs mois.
Son visage se décomposa lentement tandis que sa main libre serrait le bois du comptoir. Ses yeux se rétrécirent considérablement avant qu'elle ne dépose son repas frugal sur la table, l'appétit coupé. Déjà qu'elle n'appréciait pas son intrusion mais qu'en plus il se pointe ici pour cela, avec toutes ses questions étranges en tête... Non... Non et non.
« Je ne sais pas qui vous êtes, mais vous vous trompez de personne. Cette... femme n'est pas moi. Je n'ai rien à voir avec elle, et je n'aurais jamais rien à voir avec. »
La médium télépathe repoussa l'aliment plus loin avant de se détacher du bord de la planche de travail et de croiser les bras. Son regard dur ne cessait de détailler la silhouette face à elle, les trous béants et sanguinolents de la poitrine.
« Je n'aurais jamais dû vous faire sortir de là. Jamais. Je ne sais pas ce que vous lui voulez, et par extension me voulez, mais sachez que c'est peine perdue d'avance. Cette femme ne sait faire qu'une chose correctement, abandonner les gens. Si vous la cherchez, et que par malchance vous la trouvez, dîtes lui bien de rester loin d'ici. Et si vous êtes un tant soi peu intelligent, vous m'écouterez et resterez loin d'elle aussi. »
Le ton était glacial, tandis que les deux orbes opalines fixaient sans ciller le Dibbouk. Peut-être aurait-elle dû être plus prudente dans ses paroles mais la jeune femme n'était pas de ce genre-là, lassée de revoir ce nom et ce visage réapparaître un peu trop souvent dans sa vie à son goût.
« A côté de ce qu'elle vous fera vivre, l'enfer vous semblera bien tendre. »
Une blessure qui ne se refermerait jamais pour la médium. Pourtant, à part ses paroles, rien dans son attitude ne pouvait démontrer que la situation était pénible pour elle. Des fantômes d'un passé qu'on lui avait refusé refaisaient surface sans qu'on ne lui demande à nouveau son avis. Et c'était loin, très loin de lui plaire bien entendu. Malgré tout, un sourire ironique vint fleurir sur son visage, tandis que la jeune femme soupirait d'un ton insolent.
« Au moins, vous devez être rassuré d'une chose. Nous n'avons pas couché ensemble. En fait, on ne se connaît même pas. La première fois que je vous ai rencontré, c'était en Bas. Et sans vouloir vous vexer, je m'en serais vraiment bien passée. »
Liam Hewson Tale of Revenge
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Sujet: Re: The Shadow of the Past [Sophya] Jeu 18 Sep - 18:54
Il attendait une réaction, et la demoiselle ne le déçut pas. Sur ce plan. Si son attitude démontrait déjà de la méfiance coléreuse, celle-ci s’assombrit davantage, versant vers une aigreur que la médium ne tenta aucunement de dissimuler. Son visage s’assombrit, se durcit et le peu de gestes qu’elle accomplit se révélèrent secs. S’il n’était pas mort, Scáth l’aurait très bien imaginé lui planter un couteau dans le cœur. Mais c’était trop tard pour cela, quelqu’un s’en était déjà chargé. Premier souvenir qui l’avait assailli par ailleurs. Un flash-back violent et sanglant qui confirmait son antipathie envers ses semblables. Il sentait pourtant que ce n’était pas l’unique raison de son aversion, éprouvant au plus profond de lui une rage bien plus riche. Une rage qui s’était développée, s’était alimentée au fil du temps. Cela faisait longtemps qu’il ne cherchait plus à connaître la source, ayant enfoui tout ce qui le reliait à sa vie, allant jusqu’à oublier qu’il avait été vivant. Ce qu’on vivait en Enfer était largement suffisant pour haïr son prochain. De son côté, celle qu’il avait cru être Elaine ne semblait pas plus porter les esprits en estime. Ou particulièrement lui. Sans oublier Elaine qui n’était pas épargnée par l’amertume de la jeune femme. Si l’idée qu’elle mente sur son identité l’avait traversé, la diatribe finit d’empêcher toute confusion. La frustration de l’évadé était à moitié contrebalancée par l’évidence du lien entre les deux femmes. Sa vis-à-vis connaissait Elaine, et c’était toujours ça de pris.
Face à ce déchaînement acide, il resta stoïque. De son vivant déjà, Liam n’avait jamais été un grand compatissant. Devenu cet homme désincarné, la colère de toute évidence d’ordre sentimentale ne l’égratignait pas le moins du monde. Il ne chercha d’ailleurs pas à comprendre les raisons de celle-ci. Seul le fait qu’elle n’était pas cette femme qui l’avait connu de son vivant et qui, donc, aurait pu lui donner des réponses l’agaçait. Un rictus dédaigneux, cela dit, déforma son visage lorsqu’elle osa comparer l’Enfer aux actes d’une femme. Dans tous les cas, la confusion sur son identité expliquait l’absence de réaction lorsqu’elle le rencontra dans la salle de torture.
« Tu es descendue de ton propre chef. », fit-il simplement remarquer quand elle conclut.
Ce n’était pas lui qui avait forcé la rencontre. Elle avait décidé qu’elle pouvait se promener dans Tartare comme bon lui semblait, lui rabattre les oreilles avec cette histoire n’y changerait rien. Qu’elle assume ses actes. Lui n’était pas responsable de ses décisions et n’avait que sauter sur l’occasion qu’elle lui avait offerte. Répéter ses remords ne le ferait pas culpabiliser, cela ne faisait que l’ennuyer. De plus, les états d’âmes de la mortelle ne le regardaient pas. Il s’en fichait, à vrai dire.
Quoi qu’il en soit, il ne comprenait pas cette sensation qu’il éprouvait en la présence de cette femme s’ils ne se connaissaient pas. Elle était plus forte cette fois, une impression d’être liée à elle sans qu’il ne puisse l’expliquer. Bien qu’une hypothèse se dessinait. Était-ce seulement possible ? Et pourquoi pas ? Cela mettait en place certaines pièces du puzzle, tout en perdant un peu plus les autres. La ressemblance était si frappante. Et il ne savait plus quel âge il possédait. D’un ton détaché, il releva un point qui rendrait probablement la médium folle de rage :
« Tu lui ressembles beaucoup. Du moins physiquement. » Avant d’ajouter : « Elle devait être une mère pitoyable pour que son nom provoque chez toi une telle réaction. »
Son regard glissa vers la pomme qu’elle avait abandonnée sur le plan de travail puis retrouva le chemin de la télépathe. A ce moment-là, un nouveau souvenir l’assaillit. Liam n’avait plus rien à voir avec l’adolescent qu’il avait vu jusque là, homme accompli. Il était assis dans un bar et à une autre table la médium, plus jeune, discutait avec des amis. Ce ne pouvait plus être Elaine étant donné la différence d’âge.
« Tu devrais continuer à manger, je ne compte pas partir tout de suite. »
L’esprit croisa les bras pour signifier clairement qu’il n’en avait pas fini avec elle. Elle devrait pourtant s’estimer heureuse : il n’était pas là pour l’égorger comme elle l’avait craint.
Sophya A. Turner Fade & Glory
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Sujet: Re: The Shadow of the Past [Sophya] Jeu 2 Oct - 23:44
Sophya détestait beaucoup de choses. La nourriture naturelle qui ne venait pas de sa mère adoptive, la couleur rouge qu'elle avait toujours associé au sang et à la mort – et manifestement l'homme en face d'elle avait dû en être recouvert, les démonstrations d'affection en public qui lui donnaient littéralement envie de vomir et tant d'autres encore. Ceux-là arrivaient bien après une chose capitale que toute personne dans son entourage avait toujours su respecté : ses sentiments. Elle n'aimait pas montrer ses faiblesses, ses douleurs, et pourtant ne parvenait jamais vraiment à les cacher. C'était plus fort qu'elle, ses colères démontraient à quel point les choses pouvaient l'atteindre. La médium était sensible, sous ses dehors de bagarreuse colérique. Blessée surtout, presque meurtrie. Si cet homme arborait ses blessures sur le torse, les siennes étaient inscrites à l'intérieur de son être. Son âme déjà corrompue. Lorsqu'on vivait entre deux mondes comme elle le faisait, on ne se faisait pas d'illusions sur notre destination. Pour une raison qui lui était inconnue, cet abandon lui avait laissé une colère frustrante, qui la conduirait tout droit dans le monde des Enfers. Elle n'était pas mauvaise, mais ne connaîtrait jamais de paix éternelle. Et puis, elle allait tuer sa demi-soeur par simple orgueil. Si cette raison n'était pas suffisante. Elle avait choisi de ne pas avoir peur de cet endroit, à tort sans doute. S'y promener n'était pas une partie de plaisir, et les conséquences étaient terribles. Quoiqu'il semble penser, bien qu'elle soit consciente des risques, elle n'avait pas vraiment eu le choix. Mais prétexter une question de vie et de mort avec un esprit était peine perdue. Il n'avait plus conscience de ce que représentait réellement la vie.
« Vous ne pourriez pas comprendre. »
Son visage perdit toute couleur à cette phrase. Il la connaissait réellement. D'avant. Ses lèvres se pincèrent tandis qu'elle détournait le regard. Une piètre mère. Jamais Sophya n'avait pu la considérer comme sa mère, ou même comme une génitrice. En fait, elle n'avait jamais pu tolérer l'abandon de cette personne et avait rejeté toute pensée la concernant, depuis toujours. Gamine intelligente, dotée d'un don qui la rendait marginale, elle avait misé sur cela pour combler la question du « pourquoi ? ». Vingt-cinq ans plus tard, celle-ci restait cependant sans réponse. Les deux opalines se relevèrent vers le balafré, tandis que sa voix prenait la plus glaciale des intonations et que tout son corps se courbait sous le poids de la rage.
« Elle n'est pas ma mère et ne le sera jamais. Elle est une femme, qui a eu le malheur de me mettre au monde, et de m'abandonner. De m'envoyer dans une autre ville, seule, dans un endroit où je n'ai jamais pu trouver ma place. Ne vous avisez pas de me dire que je lui ressemble. Je suis moi, et je ne ressemble à personne d'autre. Certainement pas à une alcoolique, lâche, qui a abandonné l'enfant qu'elle a mis au monde. Ne pensez pas une seconde de me comparer à elle. Parce que si je vous ai amené ici, je peux vous faire repartir d'où vous venez. »
Sa main se crispa sur le bord du bois. Entre Alastair qui lui balançait son statut de bâtarde et cet homme qui lui rappelait sa ressemblance avec... elle, Tessa qui débarquait, Sophya se sentait cernée de partout par des gens qui s'immisçait dans sa vie et y mettait un bazar sans nom. Vingt-cinq ans sans avoir aucune idée de ses origines et vous voici avec une toute nouvelle famille. Pensaient-ils un instant qu'après avoir souffert de leur lâcheté, elle allait les accueillir à bras ouverts ? Que sa soi disant soeur méritait un semblant d'attention ? Qu'elle crève. Comme sa si chère maman et ses si gentils grand parents. Elle ne manquerait pas de ce qu'elle n'avait jamais connu.
Lorsqu'il croisa les bras et lui indiqua de manger, la détective perdit réellement tout contrôle de sa personne. Attrapant le fruit précédemment grignoté, elle le lança à travers la pièce pour toucher l'esprit. Son visage pâle prenait une teinte rougie prononcée, tandis que ses yeux se rétrécissaient pour ne former que deux fentes. Toujours, elle avait eu deux gros problèmes : l'autorité et sa famille biologique. Et cet homme représentait les deux en même temps.
« Encore un mot, et je vous jure que je vous exorcise. Si je dois y passer la nuit, je le ferais, croyez moi. Je vous le jure. Vous êtes chez moi, alors ne prenez pas vos aises. Je ne vous dois rien. J'ai déjà fait suffisamment pour vous. »
Elle avait craché les derniers mots en le regardant droit dans les yeux. Ses lèvres se pincèrent à nouveau tandis qu'elle tentait de reprendre contenance.
« Vous êtes qui ? Je ne crois pas aux coïncidences. Vous m'avez prise pour elle. Pourquoi ? D'où vous la connaissez ? »
Liam Hewson Tale of Revenge
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Sujet: Re: The Shadow of the Past [Sophya] Ven 3 Oct - 22:56
Pour quelle raison l'avait-il provoqué ? Parce que sa remarque n'était qu'une provocation lancée à escient. Elaine était de toute évidence la mère de la médium et l'esprit avait bien compris que parler d'elle la ferait réagir. Le meilleur moyen pour obtenir des informations ? Énerver la personne. La mettre tellement en colère que les mots se prononçaient tout seul. L'autre excellent moyen pour s'assurer ses réponses demeurait bien entendu la torture mais, étant donné la situation, Scáth ne pensait pas que l'approche se révélerait bénéfique. De plus, il n'avait pas échappé aux Enfers pour reproduire le quotidien d'en-Bas. La jeune femme lui confirma donc leur lien de parenté, et lui apprit plus de détails encore.
En même temps qu'elle parlait, des images défilaient dans l'esprit du mort. Des images qui résumaient un pan de sa vie. Le début chaotique de celle de la brune. Du moins en partie. L'histoire de deux adolescents auxquels la nature avait joué un tour, d'une grossesse qui avait tout chamboulé, de parents mécontents qui détruisaient l'avenir de trois personnes. A travers ces flash-back, les sensations de l'époque remontaient à la surface de son âme, fissurant le mur créé par la damnation. Scáth pouvait effleurer l'angoisse que Liam avait ressenti suite à l'annonce de sa petite amie, frôler la haine que ses beaux-parents avaient développé à son encontre, éprouver la pression que ses propres parents avaient exercé sur lui. Caresser la panique d'Elaine, souffrir de la distance que celle-ci instaurait au fil des mois. Survoler la détermination qui se muait en résignation. Enfin, Scáth toucha du doigt la colère dont Liam était imbibé lorsqu'il dut partir pour l'Irlande, puis celle revenue à la surface, mêlée à un certain soulagement, quand il découvrit que la famille Irving avait tout mis en œuvre pour l'écarter de son enfant. Un véritable raz-de-marée noyait le défunt.
Ce dernier restait interdit et silencieux tandis que les souvenirs, les émotions tentaient de s'infiltrer dans ce qu'il était devenu. Il avait voulu des réponses, connaître sa vie et maintenant il s'interrogeait sur le bien fondé de cette volonté. Souhaitait-il réellement tout revivre ? Redécouvrir la signification de l'humanité ? Recouvrer ses faiblesses, ses excès ? Tout cela lui paraissait particulièrement dérangeant. Pas sûr qu'il eût besoin de vivre l'éternité avec toutes ces considérations. Il suffisait de voir l'état dans lequel se mettait la brune. La brune qui ajouta une scène de plus lorsque, enfin, il retourna son attention sur elle. Il avait donc cherché à la retrouver et avait réussi. Pourtant, elle ne le reconnaissait pas. Sans savoir pourquoi, il décida de rester et lui en fit part. Ce qui ne lui plut pas – en réalité, ça ne plaisait pas beaucoup plus à Scáth. Cette rencontre avait ouvert une porte et l'esprit n'arrivait plus à la refermer. Il ne contrôlait pas ce qui se passait. Il désirait arrêter ce qu'il avait déclenché, mais c'était trop tard. Quelque chose de vivant s'insinuait en lui.
Le fruit rouge traversa le corps évanescent. Scáth avait été trop distrait pour l'éviter et il l'était toujours de sorte qu'il oublia de la mettre en garde. Même si ça ne le touchait pas à proprement parler, c'était désagréable. Surtout, personne ne s'attaquait à lui d'une quelconque façon. Il n'était pas, et n'avait jamais été, le genre de type à qui l'on pouvait s'en prendre sans risquer un poing en retour.
« Tu oublies que j'ai fait également pour toi. Et si tu peux m'y renvoyer, je peux aussi t'offrir ton billet première classe. » Usant de son don de télékinésie, il ouvrit les armoires de la cuisine et y fit tomber ce qui y était rangé dans un boucan monstrueux. En quelques secondes, la pièce devint un petit champ de bataille. Pourtant, il s'assura que la jeune femme ne serait pas blessée. Le bruit réduit, il ajouta : « Nous savons tous les deux qui serait le plus rapide. »
Elle avait véritablement besoin que les choses soient mises au clair. Elle croyait lui faire peur. L'effrayer par une promesse dont il n'était même pas sûr qu'elle soit capable de tenir. Elle pensait que le forcer à retourner en Enfer serait sans conséquences, comme sa descente aurait dû se passer sans embûches. Mais il y avait toujours des conséquences. Il était le mieux placé pour le savoir de par son séjour dans le monde d'en bas. Il avait été condamné à la peine capitale. S'il ne se souvenait plus des accusations qui l'avaient fait plonger, il avait conscience que sa présence n'était pas due au hasard. Il ne méritait pas le repos. Là-bas, tout, absolument tout, portait à conséquences. Quant à la médium, elle s'estimait immunisée. Il ne serait pas celui qui partagerait ses illusions.
Enfin des questions. Scáth n'était plus habitué à se les voir poser, mais sa pensée venait bien de là justement. Donner des informations signifiait qu'au pire nous souffrions, qu'au mieux nous nous révélions. Il ne tenait jamais à trop en dire sur lui ; ce qui l'avait conduit à cette amnésie. Lentement, il réalisa les quelques pas nécessaires pour rejoindre le plan de travail qui le séparerait directement de la colérique, afin de lui laisser le temps de réfléchir. Il appuya ses mains sur le meuble et se pencha légèrement vers elle.
« Tu es sûre de vouloir le savoir, Sophya ? »
Sophya A. Turner Fade & Glory
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Sujet: Re: The Shadow of the Past [Sophya] Ven 3 Oct - 23:31
Elle avait foncé dans le piège, la tête devant. C'était son pire défaut, celui de ne pas avoir suffisamment de tempérance pour réfléchir plus loin que le bout de son nez. La médium était une acharnée, têtue jusqu'au bout des ongles et ne décolérait pas facilement lors de grosses crises de nerfs. Le pire étant qu'elle n'était même pas à fond dans sa rage. Le regard vert étincela d'une lueur de colère tandis que l'esprit lui montrait qu'elle n'était pas la seule à s'énerver. Sophya étira un sourire sarcastique. Ce n'était pas foncièrement ce qui allait l'effrayer au plus haut point. Pourtant la jeune femme percevait le trouble qui commençait à l'animer. Ses lèvres se joignirent alors qu'aucun son ne pouvait à présent les franchir. Si la colère avait été prédominante chez elle, la brunette ne doutait absolument pas que son compagnon puisse également la surpasser dans ce domaine.
La démonstration était certes impressionnante, mais la jeune femme haussa les épaules. Des années de vie commune avec Chase et Alastair avait achevé de la faire râler dès que quelque chose de ce goût là se passait. Au contraire, cela l'avait toujours amusée. Sauf qu'ici, elle n'avait aucune aide pour ramasser. Les doigts qui serraient auparavant la table de bois se dégagèrent pour lui permettre de croiser les bras. Il ne tentait pas de la blesser malgré tout, et ses menaces lui semblaient du coup, beaucoup plus vaines. Un sourire insolent vint d'ailleurs frapper le visage de la brune tandis qu'elle réhaussait les sourcils et observait le carnage autour d'elle. C'était donc ça, son « bouh ». Décidément, il lui en paraîtrait presque gentil.
« Peut-être. Mais contrairement à vous, je ne suis pas seule. Et à moins que je ne meurs dans la seconde, il me sera toujours possible de vous décrire. Faire des recherches. Ne pensez pas m'effrayer avec quelques assiettes cassées. Merci de ne pas avoir massacré le poisson rouge d'ailleurs, sa lente agonie m'aurait brisé le coeur. »
Le ton était sarcastique tandis que sa voix battait le froid. Elle n'était pas quelqu'un qui perdait son sang froid facilement. Vivre des situations comme elle avait pu en vivre avaient réussi à la transformer en glaçon à ce niveau-là. A vrai dire, la détective n'adressait qu'un faible regard aux alentours se contentant de défier l'homme en face d'elle. Il avait posé ses questions, avait joué avec elle, Sophya estimait qu'il était temps pour elle d'obtenir également quelque chose de sa part.
« Vous ne me tuerez pas. Parce que si vous vouliez me faire du mal, vous l'auriez déjà fait. Vous n'avez pas l'attitude d'un parfait psychopathe. Vous avez plus l'air paumé qu'autre chose. »
C'était un fait, et l'humaine savait aussi que cela ne lui ferait pas forcément plaisir d'entendre ces paroles. Elle l'espérait du moins. Il l'avait blessée dans son orgueil et l'ancienne juriste détestait cela. Que l'on parvienne à percer cette carapace érigée depuis des années. Beaucoup trop de personnes s'accordaient ce droit récemment, et il lui faudrait trouver une solution pour que cela cesse.
Son masque de colère et d'arrogance se fissura cependant lorsqu'il s'avança vers elle et s'accouda au comptoir. Elle-même recula de quelques pas, heurtant le lavabo en plein dans ses reins, s'arrachant une grimace de douleur. Il l'avait appelée par son prénom. Il la connaissait. Pourtant... ce n'était pas forcément réciproque. Les yeux verts rencontrèrent les orbes de la même couleur de l'esprit, tandis que son visage perdait pleinement de sa superbe. Pourquoi les gens semblaient-ils en savoir plus sur elle en ce moment, qu'elle-même. D'où la connaissait-il ? Qu'est-ce que ça lui rapportait exactement de jouer à ce petit jeu. La médium déglutit, détourna le regard et décroisa les bras, les laissant retomber ses bras le long du corps. Elle mordilla ses lèvres, soupira avant de retourner un regard déterminé vers le spectre.
« Allez-y. Ce n'est pas comme si c'était une question piège. »
Le rictus accompagna la remarque, les yeux s'ancrèrent dans celles du balafré. Sa colère était retombée, laissant place à une curiosité morbide, dérangeante, spécialement pour elle.
« D'où vous connaissez mon prénom ? Elle ne l'a appris seulement récemment. »
Depuis qu'on était venu lui réclamer un rein et lui imposer une famille qui l'avait rejetée. Foutu orphelinat. Si elle avait su les conséquences de la petite crise de la directrice, elle l'aurait brûlé en le quittant. Cela lui aurait épargné beaucoup de choses.
La brune ne cessait de dévisager l'homme en face d'elle soudainement plus... humain, tentant d'oublier cette alarme qui s'allumait dans sa tête, lui indiquant les signaux de danger. Savoir. Peut-être était-ce une bonne chose après tout.
[HJ: j'ai pas pu résister! je veux la scène de Dark Vador maintenant >>]
Liam Hewson Tale of Revenge
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Sujet: Re: The Shadow of the Past [Sophya] Sam 4 Oct - 2:18
L'essentiel du contenu de sa cuisine au sol, elle se contenta de hausser les épaules. Alla jusqu'à le provoquer. A le menacer, encore. A agir comme si rien ne pouvait lui arriver, comme si elle se positionnait au-dessus de tout danger. Au fond, elle ressemblait terriblement à la personne qu'il avait été. Insolente, provocatrice, inconsciente. Ça, il ne s'en rendait pas compte. Et ce fait ne le ferait pas plus apprécier le comportement de la médium. Elle avait la capacité de tuer sa patience et d'abîmer son impassibilité. Croyait-elle vraiment que ses menaces d'appeler à l'aider l'effrayaient ? Ce n'était qu'une preuve qu'elle ne savait pas se défendre seule. Rameuter des amis pour régler son problème ne relevait que de lâcheté aux yeux de l'esprit. Elle était comme un chaton qui feulait en pensant impressionner. Et cela arracha un sourire aussi impertinent que l'avait été celui de la jeune femme. Un sourire qui se moquait ouvertement d'elle alors même que l'envie de ravager l'appartement assombrissait ses prunelles. Peut-être parce qu'elle avait raison sur un point, que sa démonstration n'avait pas été suffisante. Probablement parce que l'état dans lequel il se trouvait l'insupportait. Sans aucun doute parce que l'idée qu'elle entreprenne des recherches sur lui le hérissait au plus haut point.
Même si elle prévenait des proches, que pourraient-ils faire si cela dégénérait entre eux ? Il n'était pas assez idiot pour se laisser prendre, pour laisser toutes les chances de leurs côtés. Car dès cette charmante entrevue terminée, il allait sans dire que Scáth se renseignerait sur l'exorcisme. C'était la meilleure manière de le contrer. Et s'il fallait tuer ses proches pour qu'on le laisse une bonne fois pour toute vivre son éternité comme il l'entendait, il le ferait. Si la situation dégénérait et qu'il en arrivait à la tuer, elle ne serait en aucun cas gagnante. Lui aussi était du genre excessivement confiant. Sûr de lui ou aveugle au danger. Prêt à tout. Se battre avait toujours fait partie de sa vie et avait pris une ampleur plus importante lorsqu'il avait plongé dans les bas-fonds de l'âme humaine. Jamais il ne devenait victime. Ses débuts de torturé avaient définitivement marqué au fer rouge cette volonté en lui.
Elle allait trop loin. Si ces mignonnes illusions le faisaient sourire, si ses railleries le laissaient de marbre, il n'acceptait pas qu'elle l'analyse. Elle ne savait pas ce qu'il était et ce n'était que prétention de se croire à l'abri, de le réduire à une âme en perdition. Il détestait qu'on se permette de faire comme si on le connaissait mieux que lui-même et, pire encore, il était d'une mauvaise foi telle qu'il n'avouerait jamais qu'elle avait tapé juste. Aussitôt, il la força à un vol plané.
L'esprit ne bougea pas d'un pouce, la laissant encaisser le choc et se relever. Pendant ce temps, il s'évertuait au calme, une conscience inconnue lui soufflant qu'elle ne devait pas mourir. Qu'il n'avait pas le droit de lui faire de mal. Il ne se rendait pas compte qu'il s'agissait de l'instinct paternel de Liam qui refaisait surface. L'insolente avait totalement raison ; présentement, il était perturbé par la partie de son âme qu'il avait emmurée et qui s'engouffrait dans la faille qu'il avait créée en courant après son passé. Quelle connerie. Il aurait pourtant dû se douter que cette partie n'avait pas disparu sans raison. Qu'il ne l'avait pas fait disparaître sans raison. Mais comment deviner qu'il l'avait lui-même verrouillée alors qu'il ne se rappelait pas même cet acte ? Ce qui l'avait aidé à survivre se retournait finalement contre lui ; une punition de l'Enfer pour s'être évadé, certainement. Le monde d'en bas savait garder ses prisonniers sous son emprise.
Remise sur pieds sans grand dégât, elle l'interrogea. Elle avait peut-être compris que poser des questions se révélerait plus fructueux, ou que cela donnait plus d'ascendance que ses éclats. Scáth n'aimait pas en être le destinataire, cela lui rappelait ses années à la merci des bourreaux. Il s'avança et répondit donc à son tour par une question, retournant quelques secondes la situation. Il l'observa reculer et s'il appréciait qu'elle ne le tourne plus au ridicule pour le prendre un minimum au sérieux, il ne le montra pas. Il avait retrouvé son masque de calme apparent. Une question simple, qui la rendrait responsable de la suite. Si, comme il s'en doutait, elle regretterait d'avoir l'information qu'elle demandait, elle ne pourrait s'en prendre qu'à elle-même. Elle réfléchit, prit sa décision. Il se redressa, hésita quelques secondes. Il n'était plus habitué à ça, se sentait désarmé à la pensée de lui faire part de ce qu'il savait. Que pourrait-elle lui faire, après tout ?
« Pas d'elle. Je l'ai appris de mon vivant, et », d'un geste, il désigna le tas de lettres éparpillées sur le plan de travail, « le courrier me l'a confirmé. »
Désormais, ses yeux la fixaient sans discrétion aucune. Une part de lui désirait compléter sa mémoire, récupérer les fragments pour redevenir entier, mais la raison de Scáth estimait que c'était un mauvais plan. Pourtant, celle-ci déclarait encore une heure plus tôt que cela lui permettrait d'éviter les mauvaises surprises.
Ce fut d'un ton détaché et sobre qu'il avoua :
« Je crois que je suis ton père. »
HJ:
Sssshhhhhh sshhhhhhhhhh rejoins-moi dans le côté obscur de la force, ma fille !
Sophya A. Turner Fade & Glory
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Sujet: Re: The Shadow of the Past [Sophya] Lun 6 Oct - 18:45
« Touché. »
Le sourire insolent s'étira davantage alors que chaque pensée de l'esprit l'assaillait. Il n'aimait pas cela ? Tant mieux, elle non plus. Qu'on s'imisce chez elle lorsqu'elle était absente, quand ses journées étaient totalement pourries à jongler entre l'hôpital, le boulot, la rééducation pour son genou, et les rendez-vous à la banque, la jeune femme était vraiment lassée de ces foutues histoires d'esprits. Rentrer dans une guerre contre un connard de première qui menaçait sa liberté n'était pas un problème, mais que ces foutus spectres se permettaient de venir lui donner des leçons chez elle et réclamer des informations, cela avait tendance à la foutre en rogne. Cependant, elle n'avait aucune idée de partager ce trait de caractère avec l'esprit en face d'elle et le vol plané qui accompagna ses remarques. Okay, elle avait peut-être omis ce petit détail lorsqu'elle avait pensé à sa petite provocation. Parce que contrairement à l'homme en face d'elle, Alastair n'avait jamais été violent à son encontre et Elijah ne pensait qu'à sa protection et à la faire tourner chèvre. En dehors de cela, il n'avait jamais tenté de lui faire le moindre mal. Mais tous les esprits ne tenaient pas à elle, et Sophya venait de se prendre cela en pleine poire. Enfin plutôt dans le dos. Qui venait de heurter le mur. Et ça ne faisait pas du bien. En fait, ça calmait vraiment.
La brune se releva, s'épousseta avant de s'avancer et de poser quelques questions. L'ambiance changea alors du tout au tout. Si la tension était déjà palpable il sembla à Sophya que celle-ci augmenta d'un cran et que ce qui l'avait poussée à demander ce qu'il en retourner réellement n'avait vraiment pas été d'une intelligence sans pareille. La si raisonnée Sophya se laissait guider par des émotions qu'elle ne parviendrait jamais à contrôler. Peut-être d'ailleurs que voir un psy lui ferait grandement du bien. Ou pas. Parce que vu ce qu'il s'était passé dans le passé ce n'était pas fatalement l'idée du siècle.
« Oh. Oui... »
Elle ne releva même pas le « de mon vivant et pas par elle. » Par qui alors ? Ses yeux se posèrent sur les courriers, sur la lettre que sa mère venait de déposer dans sa boîte aux lettres. Curieusement, comme une enfant, la médium ressentit le besoin d'entendre sa voix, qu'elle la rassure auparavant que quoi qu'il arrive, elle serait toujours sa fille, même si elle ne l'avait pas conçue. Son corps percuta le fond de la cuisine et une grimace fit sa place, à cause son dos déjà maltraitée par son vol plané précédent. La brune attendait que l'homme dise quelque chose, et il semblait prendre manifestement son temps pour lui expliquer les liens qui l'unissait à sa mère. Mais lorsqu'il l'eut fait, Sophya aurait largement préféré qu'elle se taise.
Plusieurs secondes, son visage se vida de toute émotion, laissant place à cette barrière instaurée dans son enfance dès que les autres enfants parlaient de leurs parents. Aucune réaction, aucune émotion ne parvint à filtrer et elle tenta tant bien que mal à ne rien laisser entre en elle. Rien. Parce que devant elle, mort, se tenait l'homme qui l'avait abandonnée vingt-six ans plus tôt. Et que la colère n'était pas la solution, pas plus que la douleur ou la tristesse. Il était mort. Mort mais devant elle. Ironie du sort, elle était peut-être l'une des seules personnes à pouvoir le voir vingt-quatre heures sur vingt-quatre et à pouvoir l'entendre quoiqu'il arrive. Un sourire amer se glissa sur ses lèvres tandis qu'elle détournait le regard pour ne plus avoir à le regarder. Il n'était pas son père. Ne le serait jamais. Stephen Turner était son père. L'homme qui l'avait consolée de ses cauchemars, aidée à s'accepter, avait menacé ses petits amis s'ils tentaient quoique ce soit avec elle. C'était lui son père. Pas le macchabée devant elle. Pas cet homme à moitié taré, ne se souvenant même pas de sa vie, torturant des gens en enfer.
« Vous n'êtes pas mon père. »
Le rejet. La médium ne trouvait que cela pour se protéger. Parce qu'il ne pouvait pas en être autrement. Parce que son père biologique ne pouvait pas être mort. Parce qu'il était hors de question qu'elle ait à subir ce genre de choses quotidiennement. Et petit à petit la carapace se perçait, le masque de l'adulte assurée se muait en quelque chose de plus profond, de beaucoup plus enfantin. Les yeux verts croisèrent leurs jumeaux en face, et ses yeux s'humidifièrent doucement. Personne n'était préparé à ce genre de choses. Personne. L'enfant faisait sa place, tandis que l'adulte s'effaçait, se renfermait pour se protéger.
« Pourquoi ? »
Pourquoi être ici. Pourquoi la forcer à subir cela. Pourquoi l'avoir abandonnée. Pourquoi vouloir la rejoindre ensuite. Tant de pourquoi, sans aucune réponse. Qu'allait-elle dire à ses parents lorsqu'elle les verrait ? Après l'incursion des Irving dans sa vie, voila que son... géniteur débarquait. Mort.
Mort.
Liam Hewson Tale of Revenge
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Sujet: Re: The Shadow of the Past [Sophya] Mar 7 Oct - 21:18
Sophya était sa fille. Il en avait la certitude bien que rien ne le prouvait et que cela signifiait difficilement quelque chose pour lui. Du moins pour Scáth. Pour l'âme corrompue, née dans les tourments infernaux, être père représentait un principe abscons. Car, bien sûr, dans le monde spirituel, fonder une famille ou tout simplement procréer ne constituaient plus des projets réalisables. Ces plans de vie ne restaient que des souvenirs pour les morts récents. Quant aux autres, ils oubliaient. Le temps que cela prenait était sans importance, l'oubli arrivait à un moment ou à un autre. Personne n'y échappait. La vie devenait un sujet tabou, un sujet étrange et lointain lorsqu'une recrue récente s'y accrochait encore. L'horreur dévorait de l'intérieur et l'esprit se transformait en une créature qui n'avait plus rien d'humaine. Scáth n'avait pas encore atteint ce stade. Oh non, s'il avait rejeté son passé afin de s'adapter, il en était encore loin. Une chance, sans doute, pour la médium. Dans le cas contraire, à l'instant même, elle serait attachée dans une salle de torture, représentant une cible de choix pour ceux dont la première fonction était de se venger de l'existence qu'ils avaient perdue.
Une preuve supplémentaire que l'Enfer ne l'avait pas encore avalé entièrement : sa mémoire se reconstituait. La personne qu'il fût se frayait un passage. Ainsi, Scáth avait – relativement – ressenti les émotions qui avaient envahi Liam à la découverte qu'il allait être parent, puis quand on lui avait arraché toute légitimité. Ceux qui l'avaient poussé à retrouver son enfant, qui l'avaient assailli lorsqu'il l'eût retrouvée. A présent, face au rejet de Sophya, il se souvenait de la raison pour laquelle Liam n'avait pas fait un pas de plus vers elle à l'époque. Son « lui vivant » resurgissait avec force et Scáth ne pouvait plus refermer la brèche alors que le monde des vivants l'entourait. Il était en quelque sorte un intrus, une forme inadaptée à l'environnement.
« Pourquoi quoi ? Sois plus précise et... » Il hésitait. Une main glissa dans ses cheveux ; un geste humain qu'il récupérait. « ... et je te dirais ce que tu veux savoir. Si je peux. »
Il ne savait pas lui-même d'où lui était venue cette brillante idée. En tout cas, il restait un esprit qui avait fréquenté suffisamment les Enfers pour ne pas comprendre la question de la médium. Il n'était pas encore apte à deviner les réactions humaines, à saisir ce que sa révélation provoquait chez la jeune femme. Et Scáth luttait encore contre cette partie de lui qui cherchait à reprendre sa place. Il ne voulait pas comprendre ou éprouver quoi que ce soit.
Malheureusement, cette rencontre avait porté un grand coup et les souvenirs continuaient à se déverser. Tout bloquer relevait de l'impossible. Les images, les pensées, les sentiments, tout s'imposait, martelant son esprit de données variées et l'emportant à chaque fois un peu plus vers Liam Hewson. Comme la médium l'avait énoncé, il était paumé. Trop d'informations en même temps. Finalement, il se téléporta jusqu'au fauteuil, s'y assit et prit sa tête entre ses mains marquées par le travail manuel. Il venait de découvrir une fille, une âme qui le reliait au monde des vivants et maintenant il découvrait qu'il avait aussi un fils, qu'il avait eu une femme. Leur évocation réveillait un cœur, le tordant d'un mouvement si sec que ses muscles se crispaient en même temps. Scáth jurait alors qu'il redevenait entier. Autant marqué par l'Enfer que par la vie.
Il s'efforçait de se concentrer sur l'instant pour ne pas se faire submerger. Après avoir passé ses mains sur son visage comme s'ils pourraient balayer les cendres de Liam, il redirigea son attention sur Sophya.
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Sujet: Re: The Shadow of the Past [Sophya] Sam 18 Oct - 13:34
Elle ne parvenait pas à réagir, à bouger, à penser normalement. Toute son enfance, Sophya avait espéré que ce jour arrive. Qu'elle puisse cracher au visage de ses géniteurs et se retourner sans la moindre seconde pensée. Toujours, la gamine paumée de l'époque s'était imaginé une rencontre houleuse, douloureuse, mais dont elle maintiendrait les rênes. Mais ses souvenirs ne parvenaient pas à lui figurer que son père biologique serait mort, et capable de la décoller dans un mur sans le moindre effort. Et le goût amer des retrouvailles s'insinuait encore plus dans sa bouche. Elle ne parvenait pas à prendre le contrôle sur quoique ce soit, et ne parviendrait jamais à le faire. Pas dans de telles conditions. Et alors qu'elle lui demandait pourquoi, pourquoi l'avoir laissée, la jeune femme se posa simplement la question suivante. Serait-elle un jour capable d'exorciser son propre père, de le ramener en Enfers, si elle devait être amenée à le faire ? Le fait qu'il soit un esprit – et un puissant vu ce qu'elle s'était pris dans la tronche – avait de quoi bousculer tout son petit monde trop bien forgé. Entre lui et les Irving, elle finirait par prendre ses affaires et quitter la Nouvelle Orléans. Parce que ce genre d'attaches ne l'intéressait pas tout simplement.
Pourtant, si l'Esprit avait été jusqu'ici un digne représentant de sa condition, son comportement devenait au fur et à mesure de plus en plus humain. Et Sophya sut dès cet instant qu'elle ne parviendrait jamais à être objective en ce qui le concernerait. Parce que les sentiments qui déferlaient en elle la bousculaient au point de remettre en cause ce jugement qu'elle avait toujours eu envers les spectres. Et lorsqu'il lui demanda pourquoi à son tour, la jeune femme fut dans l'incapacité de répondre. Parce que la médium ne parvenait pas à reprendre pied. Parce que tout cela la dépassait. Parce qu'elle ne s'était jamais attendue à le voir mort. Et que dans toutes ses hypothèses d'enfant enragée et en colère, elle n'avait pas spécialement prévu que ce fait puisse actuellement l'attrister et l'atteindre au plus profond d'elle. Comme si ce lien du sang parvenait à cette occasion à raviver en elle une connexion avec cet homme que jamais elle n'avait connu. Cette figure paternelle qu'enfant, elle détestait cordialement.
Seulement, le changement de ton de l'Esprit acheva la patience qu'elle avait retrouvé. La détective fronça le nez, croisant les bras et se redressa de toute sa hauteur. Enfin, Sophya rebondissait sur ses pieds, quitte à se manger un nouveau mur. Seulement celui que son géniteur allait affronter serait bien pire que tous ceux qu'elle-même pourrait rencontrer de près.
« Changez de ton. Ne me parlez pas comme si vous pouviez actuellement me donner des ordres. Vous avez perdu ce droit il y a vingt-six ans, quand vous m'avez abandonnée comme un chien à la sortie d'un hôpital. »
Elle avait décroisé les bras au fur et à mesure, fixant l'homme d'un regard hargneux.
« Et vous feriez mieux de répondre à ce pourquoi. Comme si vous n'en aviez aucune idée. Quand on abandonne sa gamine comme une poubelle qui nous emmerde, on a au moins une idée de ce que « pourquoi » signifie. Et quand on se pointe dans son appartement, la bouche en coeur « je cherche Elaine », puis qu'on lui annonce avec toute la délicatesse du monde, après avoir foutu son logement en miettes et l'avoir balancée dans un mur, on ne la joue pas papa autoritaire. »
Sophya s'avança à nouveau, jusqu'à se mettre face à lui. Séparés uniquement par un plan de travail, père et fille se faisaient face. Aucune étude dans les yeux de la brune, juste une rancoeur qu'elle ne cherchait même pas à cacher.
« Ce pourquoi, c'est uniquement pour savoir pourquoi vous m'avez bazardée. Comme un vulgaire objet dont on ne veut pas ou plus. Un cadeau de Noël qu'on jette ou qu'on rembarque au magasin. Et l'autre sens c'est... Pourquoi vous êtes mort ? »
Ce serait toujours bien de le savoir non ? Histoire de savoir si elle devait avoir pitié ou si cette idée saugrenue pourrait lui passer aussi rapidement qu'elle était venue.
Liam Hewson Tale of Revenge
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Sujet: Re: The Shadow of the Past [Sophya] Mar 28 Oct - 22:49
La patience manquait autant à Scáth qu'à Liam. Davantage encore quand en cet instant de malaise. Ce qui se passait en lui n'avait rien d'agréable.L'esprit souhaitait bien balayer toutes les cendres de sa vie qui revenaient en tempête, seulement la tâche devenait compliquée quand cela réveillait en même temps une partie de soi. Le bout manquant de son âme qui s'accrochait avec force et passion afin de ne plus disparaître. Il n'était plus en Enfer, les règles changeaient. Dans cette situation, il préférerait s'isoler pour encaisser, reprendre le contrôle. Perdre pied devant quelqu'un ne figurait pas dans ses habitudes. Ce fait ne risquait pas de le rendre plus avenant. Au contraire. Il annonça l'ultimatum à la médium qui ne pipait mot alors qu'il lui avait adressé une proposition plus qu'honnête. Le silence ne constituait pas une question ; si elle n'en avait aucune à lui poser, rien ne le retenait.
Son empressement provoqua enfin une réaction auprès de la jeune femme. Pas celle qu'il attendait mais, étant donné qu'il était loin du fin psychologue, ce n'avait rien d'étonnant. Comme elle parlait, au moins cela lui permettait de détacher son attention de son bordel intérieur. Il ne saisissait pas la moitié de ce qu'elle déclarait – du moins, pas comme un être humain pourrait le comprendre. Pas comme Liam l'aurait compris de son vivant. Mais Liam ne se serait jamais rendu à l'appartement de sa fille ni n'aurait avoué à cette dernière leur lien de sang. Le spectre observait cette femme qui l'agaçait autant pour l'avoir conduit dans cet état de naufrage que par ses accusations trouvant un écho dans cette mélasse de vie humaine. Le spectacle qu'elle offrait lui rappelait étrangement celui des personnes qu'il avait torturées. La différence reposait sur la forme : psychologique au lieu de physique. Si l'homme pouvait rester impassible en face, il n'avait jamais éprouvé un quelconque plaisir à cette vision. Dans le cas présent, son ancien lui ne demeurait pas imperméable à la rancœur de Sophya, pas totalement. Il pensait à son fils et Scáth ne pouvait que plier sous la force déployée par Liam. Cela faisait trop longtemps que Tristan avait déserté son esprit. Cela faisait trop longtemps qu'il avait oublié combien il l'aimait. Le Dibbouk se leva, n'arrivant tout simplement pas à tenir en place, et attendit quelques instants pour s'assurer que la brune avait terminé son laïus.
« Je t'ai pas bazardée. », commença-t-il tout en fouillant dans la tonne d'informations qu'il venait d'ingurgiter tandis qu'il faisait les cent pas. Cela se voyait à son regard perdu dans le vide et son froncement de sourcils ainsi qu'à ses paroles énoncées à un débit plus lent que d'ordinaire. « A l'époque, je n'ai même pas su quand tu es née. Ni que tu étais une fille. C'est une question que tu devrais poser à Elaine. », conclut-il en posant son regard sur la jeune femme, un regard plus humain qui connaissait l'amertume.
Pourtant, l'esprit n'était pas encore entièrement au fait de ce qu'il ressentait. Des sentiments l'envahissaient, seulement ils constituaient partiellement des données étrangères. En creusant, il avait retrouvé les passages concernant Elaine et sa grossesse. Cet épisode remontait, heureusement que sa mémoire était encore loin d'être complète.
« Quant à ma mort... Un esprit a décidé de me saigner. »
Cette scène avait tourné en boucle. Le moment de sa vie qu'il connaissait le mieux ; il ne pouvait expliquer les circonstances mais l'action en elle-même n'avait plus de secrets. Le froid, les objets bougeant tout seuls, le spectre se matérialisant et ses mots avant de planter les lames dans la cage thoracique de sa victime. De la vengeance à l'état pur. Et Liam n'avait même pas eu l'occasion de se défendre. C'était sans doute ce qui le rendait le plus fou de rage. Avant que Sophya ne réplique quelque chose, il ajouta :
« Continue à t'agiter si tu veux, mais garde ta pitié. »
Sophya A. Turner Fade & Glory
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Sujet: Re: The Shadow of the Past [Sophya] Dim 23 Nov - 11:02
C'était dérangeant, ce sentiment. Il remuait l'estomac, retournait la moindre de ses pensées et parvenait à lui retirer la moindre pensée cohérente. Les opales vertes se bordèrent de larmes tandis qu'elle détournait son regard de celui de son géniteur. Ses mains s’agrippèrent au plan de travail tandis que ses yeux avaient décidé de se poser partout sauf sur son père. Le maëlstrom d'émotions qui se déversait en elle était beaucoup trop intense pour que Sophya ne parvienne réellement à l'oublier. Des années auparavant, alors qu'elle n'était encore qu'une enfant, elle avait supplié les éducateurs de l'orphelinat de lui dire de quoi traitait son passé. Et inlassablement, la gamine n'avait reçu que des refus et avait fini par s'en accommoder, se persuadant qu'en effet c'était préférable de ne pas savoir pourquoi ses parents n'avaient pas su l'aimer suffisamment que pour la garder. La carapace s'était alors forgée et renforcée plus les années passaient. Pourtant face à ce père qui ne savait rien d'elle et dont elle ne savait rien, toutes ses résolutions semblaient s'être envolées. La certitude de ne pas vouloir savoir d'où elle provenait s'étiolait plus son regard se posait sur cet être qu'elle avait toujours supposé rejeter le jour où il se pointerait devant elle. Comme en cet instant, la médium regrettait que ce ne soit pas le cas.
« Je ne veux pas la voir. Je ne veux même pas entendre son nom. Avoir sa famille ici est déjà suffisamment pénible pour que la grande réunion n'ait lieu. Vous avez forcé cette porte, mais vous ne pouvez pas en enfoncer plus. Vous comprenez ? Vous ne pouvez pas remuer tout ça... »
Une larme déborda de ses yeux tandis que la brunette s'empressa de l'essuyer d'un geste rageur. Sophya n'était pas quelqu'un de profondément sensible qui se laissait aller à épancher ses émotions comme si c'était naturel. Pourtant... Il était son père non ? Il pouvait bien supporter de voir le malheur qui avait frappé sa fille. Si l'adoption des Turner l'avait sans doute rassurée sur quelques plans, il n'empêchait qu'un abandon aussi long, sans aucune réponse à aucune question ne pouvait pas laisser une adulte avec un passé en paix. Et si le passé n'était pas enterré, le présent et le futur se trouvaient largement corrompus également. Peut-être justement qu'il fallait qu'il voit de ses propres yeux que l'assurance terrible de sa fille biologique n'était qu'une façade dans le fond.
Et lorsque l'esprit répondit qu'elle ne pouvait pas le prendre en pitié, Sophya finit par éclater d'un rire sans joie qui aurait fait frissonner n'importe lequel de ses proches. Parce qu'en cet instant, elle redevenait cette enfant apeurée des relations humaines que les Turner avaient trouvé dans cet orphelinat. Les yeux emplis de larmes, le regard dur, elle souffla.
« Croyez-moi, vous êtes la dernière personne sur Terre que je prendrais en pitié. »
La jeune femme tira une chaise vers elle afin de s’asseoir et croisa les mains entre elle avant de diriger les orbes vertes dans celles de son paternel.
« Je peux au moins savoir votre nom ? »
Après tout... C'était normal de poser ce genre de questions non ? La brune attrapa un verre qui traînait encore sur la table, seul vestige du carnage que l'esprit venait de créer. Lentement, la jeune femme retrouvait une certaine paix intérieure tandis qu'elle faisait jouer le verre entre ses doigts. La technique était simple : trouver un objet qui pourrait lui servir d'exutoire et détourner ses pensées de toute noirceur possible. Occuper l'esprit pour récupérer un semblant de calme. C'était ce qu'on lui avait appris d'ailleurs à l'orphelinat après les longues soirées de craintes et de peurs lorsque les esprits farceurs faisaient irruption dans sa chambre et ne la laissaient pas en paix. La détective finit cependant par lancer un regard insondable à l'esprit avant de murmurer d'une voix éteinte.
« Racontez-moi. Ce dont vous vous souvenez... »
Avant qu'il ne commence, la jeune femme embraya.
« Mais avant, quand on s'est rencontrés pour la première fois, est-ce que vous aviez une idée de qui j'étais ? Ou pourrait être ? Et quand vous m'avez aidée lors de cette réunion ? »
Malgré tout, Sophya avait besoin de savoir cela. Juste pour essayer de dépatouiller ce méli-mélo qui se créait dans sa tête. Bon dieu, ce qu'elle se serait bien passée de ces retrouvailles père-fille.
Liam Hewson Tale of Revenge
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Sujet: Re: The Shadow of the Past [Sophya] Dim 30 Nov - 21:12
L'évocation d'Elaine fit une nouvelle fois réagir la jeune femme vivement. Plus efficace qu'une sonnette d'alarme, ce prénom suffisait à la déloger de son mutisme, à la remuer. S'il avait énoncé son conseil de manière purement théorique et surtout basé sur cette colère indéniable qui refaisait surface, elle le prit au mot. Il apprit ainsi que son ancienne petite amie avait déserté la ville, mais que le reste de sa famille y était toujours. Il découvrit également à quel point cette rencontre bouleversait cette femme si fière. L'esprit fut décontenancé par ce signe de vulnérabilité, par cette démonstration forte de sentiments. Des sentiments qui n'était pas conduits par les règles du Tartare. Ils représentaient les états d'âme d'une vivante. Le bilan de toute une vie, le recueil de ses déboires et ses joies. Inexplicables, injustifiables. Simplement humains. C'était à la fois effrayant et attirant.
En écho à cette peine, quelque part au fond de lui son ectoplasme se tordit. Un souvenir lui revenait encore une fois. Ce sentiment d'impuissance et de honte mêlé à de là résignation. Cette prise de conscience qui devenait une décision. Il était trop tard pour faire partie de sa vie, trop tard pour connaître sa fille. Bousculer son existence ne rimait plus à rien, sinon à ébranler la stabilité qu'elle s'était trouvée. Cette fille qui perdait ses repères, souffrait de l'abandon et de l'ignorance, c'était exactement ce qu'il n'avait pas voulu provoquer. Ce à quoi il n'avait pas voulu faire face non plus. Liam ne pouvait effacer cette culpabilité qu'il enfouissait au fond de lui et Sophya la lui agitait devant les yeux.
Il préféra répondre à sa question concernant sa mort. Il ne savait pas comment, mais il avait eu l'impression de l'entendre... Ou plutôt d'entendre ses pensées. Elle voulait savoir si elle devait avoir pitié de lui. Il ne pouvait pas avoir imaginé ça, même s'il ne comprenait pas comment le phénomène était possible. D'ailleurs, cela le fit réagir aussi vivement que l'allusion de sa génitrice avait fait réagir la brune. Ce rire et cette réponse eurent le mérite de, disons le remettre un peu plus à l'aise. Alors qu'elle s’asseyait, il s'accouda au plan de travail. Les plaies ainsi cachées, l'homme aurait presque pu paraître vivant. Une transformation fondamentale avait opéré depuis qu'il était entré dans cet appartement ; la vie revenait en lui malgré sa condition, d'une façon bien plus significative qu'un simple corps dont le cœur fonctionnait. Elle lui demanda son nom. En quoi était-ce important ?, s'interrogeait-il, alors qu'il l'observait triturer un verre. Son silence fut brisé par de nouvelles requêtes. Liam darda ses prunelles dans celles de la jeune femme, sondant son regard à la recherche d'un manuel inexistant. Il aurait voulu savoir ce qu'elle voulait entendre. Ce qu'il fallait lui dire pour qu'elle comprenne, qu'elle le pardonne. Les mots qui pourraient l'apaiser, la rassurer. Tout redevenait tellement clair pour Scáth et si personnel. L'homme ne pouvait cependant pas devenir un psychologue et diplomate par magie.
« Aucune idée. Enfin, pas consciemment lors de la réunion... »
Il avait haussé un sourcil à l'allusion de la réunion dans laquelle il s'était incrusté afin de concrétiser son opposition à Belaam. Comment savait-elle ? Il n'avait rien fait pour signaler sa présence – la sienne en particulier – et ne l'avait même jamais évoquée par la suite. A l'époque, il ignorait pourquoi il la protégeait, elle, alors qu'il y avait bien d'autres otages. A présent, il était clair qu'elle éveillait sa part d'humanité. Avant de poursuivre, il passa une main dans sa barbe. Un geste qu'il n'avait pas exécuté depuis des lustres.
« Je m'appelle Liam. J'ai connu Elaine adolescent, nous sortions ensemble. Elle est tombée enceinte quand on avait quinze ans. La réaction des parents a été effroyable, mais les siens ont vraiment perdu les pédales. Ils l'ont coupée de tout et m'ont interdit de la revoir. J'ai insisté pour les faire changer d'avis, mes parents aussi, mais ils ont menacé de porter plainte pour harcèlement. J'ai été envoyé en Irlande finir mes études. Quand je suis revenu, deux ans et demi plus tard, tu étais née et je croyais qu'ils t'élevaient à l'abri de ma mauvaise influence. »
A ses dernières paroles, un sourire ironique barra son visage. Combien de fois ne les avait-il pas entendus clamer qu'il avait détruit la vie de leur fille ? Liam retourna son regard, jusque là perdu dans ses souvenirs, sur la jeune femme, retrouvant son expression neutre. Il parlait toujours de son ton bourru, de manière un peu distante bien qu'il était clairement plus impliqué. Mais il était aussi en quelque sorte plus doux.
« Pour être honnête, à l'époque, je ne tenais pas à être père. Alors je suis resté de mon côté et les ai laissés à leur petite famille parfaite. » Il se tut quelques instants tandis qu'il se redressait. « Ça ne change rien, mais quelques années plus tard, j'ai tenté des recherches pour te retrouver. Tu n'étais pas un vulgaire objet dont je ne voulais pas. J'avais pris conscience que tu étais ma fille et de ce que ça impliquait. Je voulais te voir grandir, t'élever... Je voulais rattraper mes erreurs. Ça ne s'est pas passé comme prévu. »
Sa mère et sa sœur torturées, la première succombant à ses blessures, la seconde se retrouvant défigurée et tombant dans une dépression. Puis Siobhán se suicidait. Sa femme en faisait des cauchemars, était terrifiée à l'idée que le psychopathe ne décide de recommencer chez eux. Son père inconsolable, soutenu par la conviction qu'il les vengerait. La situation n'était pas propice. Pas du tout. Liam avait été si obsédé, lui aussi, par la vengeance. Inconsciemment, sa main droite vint effleurer les cicatrices, presque invisibles de loin, qu'il avait sur les joues.
Finalement, il se reprit et ajouta sincèrement :
« Si j'avais eu ma mémoire, je ne serais pas venu. Mon but n'est pas de », il mima les guillemets, « "remuer tout ça". Je peux partir maintenant si tu veux. »
Sophya A. Turner Fade & Glory
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Sujet: Re: The Shadow of the Past [Sophya] Dim 7 Déc - 0:12
Alors que son... géniteur dardait ses yeux dans les siens, Sophya ne put que détourner son propre regard. Elle voulait rester insensible, ne pas entendre l'écho incessant de ces pensées qui se bousculaient, qui n'étaient pas forcément que les siennes. Son ventre se tordait tandis qu'elle osait poser cette question qui avait tant de fois torturé son esprit durant son enfance. Ses ongles se crispèrent sur le plan de travail alors qu'elle les tapotait contre le marbre léger. Pour la première fois de toute sa vie, elle allait avoir des réponses. Des paroles qui ne manqueraient pas de la bouleverser, de la retourner dans tous les sens et de lui faire comprendre combien sa vie n'était qu'un véritable champ de bataille. Mais que dans le fond, elle avait eu de la chance que sa mère, la personne qui aurait dû l'aimer comme personne ne pourrait jamais l'aimer, décide de l'abandonner. Avec un soupçon de courage que la jeune femme ne se serait pas soupçonner, elle releva les yeux vers son père dans l'espoir d'affronter enfin les démons qui continuaient de la terrifier le soir.
Liam. Un prénom court, agréable. Magnifique dans le fond. Pourtant... Face à cet homme, elle ne l'imaginait pas s'appeler de la sorte. Ce prénom était rond, témoignait de quelque chose de drôle. Le spectre lui n'était plus qu'un esprit dépassé par des émotions et des souvenirs dont il n'avait auparavant aucune réminiscence. En observant les traits, la carrure de cet homme, elle imaginait un nom plus dur, plus brut. Un peu comme Clyde. Ou Brett. Mieux encore... Dexter. Définitivement un nom de psychopathe. Le pire dans l'histoire ? Son trait d'humour ne la faisait même pas rire. Ils avaient quinze ans. Un âge où il était tellement incongru de s'envoyer en l'air. Enfin vu le portrait brossé de sa génitrice, la brune savait pertinemment que les choses n'auraient pu être autrement.
« Les préservatifs existaient déjà... La pilule aussi. Il aurait fallu leur préciser que ça les aurait débarrassés d'un poids bien gênant. Mais le droit des parents vous connaissez ? Vous n'en aviez juste pas envie...»
L'amertume était perceptible tandis que lui se faisait plus doux et d'une certaine manière compatissante. Sa bouche se pinça tandis qu'elle inspirait une bouffée d'air plus intense que les précédentes. Elle n'avait qu'une envie c'était de se terrer dans son fauteuil, une glace à la main, devant une émission stupide pour oublier ce qu'elle venait d'apprendre. Mais Sophya n'était pas dupe, et savait pertinemment que cela ne serait pas possible dans l'immédiat. La détective ne pourrait jamais oublier son propre passé maintenant qu'elle en avait conscience. C'était impossible. Parce que désormais, la brune contemplait ce qu'on lui avait refusé. Du fond de ses tripes, de son instinct le plus criant, elle pouvait sentir qu'elle aurait définitivement été la fille de cet homme. Parce que sous ce masque, perçait encore cette image d'un père aimant, définitivement présent et qui cherchait à faire amende honorable. La relation qu'elle entretenait avec son père adoptif lui montrait que Liam aurait été le père dont enfant, elle rêvait. Il avait voulu se battre pour elle, avant de se rendre compte qu'il était...
« Trop tard. Vous êtes arrivé trop tard, pas vrai ? Vous savez à quel âge on m'a adoptée ? J'avais onze ans. J'ai vécu dans cet orphelinat, où personne n'avait jamais voulu de mois, pendant onze ans. C'est le nombre d'années que j'ai attendu que vous débarquiez un jour. Onze années. C'était trop tard pour vouloir jouer au papa repenti. Je n'avais plus besoin de vous.»
Elle pouvait sentir, entendre ce à quoi il pensait, mais ne le voulait pas, refoulait tout ça au plus loin, derrière l'emmêlement de ses sentiments. Ses yeux perçurent cependant le geste du Dibbouk, se posant avec insistance sur son visage. Le passé qu'il entretenait devait être bien sombre. Voulait-elle plonger la tête la première là-dedans ? Rien n'était moins sur. Et lorsqu'il s'excusa pratiquement pour avoir remuer tout ça, Sophya se contenta d'hausser les épaules et de ne pas prêter attention à lui quelques secondes, intégrant sa proposition.
« Oui. S'il vous plait. »
La brune darda cependant son regard dans le sien.
« Un jour, je serais prête à vous parler. Mais maintenant... je ne le suis pas. »
Liam Hewson Tale of Revenge
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Sujet: Re: The Shadow of the Past [Sophya] Ven 2 Jan - 19:19
Il aurait voulu pouvoir lui répliquer qu'elle se trompait, mais elle avait malheureusement raison. A l'époque, il n'avait pas eu envie de se voir encombré d'un enfant. Il était trop jeune pour changer des couches et les seules nuits blanches qu'il souhaitait, c'était celles de sorties entre potes, des heures devant la console et des parties de Donjons et Dragons. L'adolescent aurait bien aussi continué à jouer au docteur, mais la grossesse de sa petite amie l'avait quelque peu refroidi. A mesure que le sujet était développé, tout lui revenait clairement. Si clairement que l'esprit n'en revenait pas lui-même. Lui qui avait refoulé son passé jusqu'à l'amnésie se retrouvait assailli de souvenirs détaillés, traversé au surplus des émotions y attachées et investi des sentiments auxquels il avait tourné le dos. Ainsi, il aurait voulu, réellement, se targuer de s'être battu ardemment pour sa fille. Il aurait voulu effacer cette triste certitude dans les yeux de celle-ci. Mais il n'était pas un menteur. Et ce mensonge, de bonne volonté qu'il serait, elle n'y croirait pas, il en était certain. Non, Liam avait toujours été quelqu'un de franc, manquant d'ailleurs souvent de tact.
Alors quitte à la blesser, il joua la carte de l'honnêteté, tout en essayant de se racheter par l'aveu qu'il l'avait recherchée. Trop tard, oui. Mais il l'avait fait. Il s'était inquiété d'elle et c'était un fait dont sa génitrice ne pouvait se targuer. Trop tard, mais si aucune tragédie n'avait frappé, il aurait tout fait pour rattraper le temps perdu. Un effort pour mettre sa chronologie en ordre et un rapide calcul confirma que cela aurait été possible. Il pouvait se passer tellement de choses avec des « si ». Les faits ne pouvaient être changés. Il avait trop traîné. Et quand le désir de vengeance l'avait consumé, il l'avait oubliée. Trop tard, et c'était entièrement sa faute. Liam en assumait la responsabilité. Contempler enfin sa fille yeux dans les yeux lui donnait pourtant très envie d'accuser d'autres personnes. Il ressentait cet étrange sentiment de fierté, d'amour et de dévotion à faire face à son sang ; c'était du souvenir de Tristan qu'il le connaissait. Après tout, c'était Tristan la source, c'était lui qui avait éveillé la fibre paternelle de l'homme, le conduisant à se soucier de ce bébé oublié. Le contrebalançait cette impression de parler à une étrangère – ce qui était la réalité. C'était désagréable. Tout comme le rappel que Sophya suscitait. Sans doute aurait-il été préférable qu'il conserve sa mémoire en friche ; tout était beaucoup plus simple comme ça. Et puis avait-il vraiment besoin de connaître sa vie puisqu'il était mort ? Avait-il vraiment besoin de s'impliquer dans des scènes pareilles ? Tout cela ne le concernait plus.
La jeune femme soupesa la proposition de bénéficier de tranquillité. Elle pour encaisser, lui pour remettre ses idées en place. S'isoler l'aiderait à arrêter le flot de souvenirs, du moins il l'espérait. Aucune migraine ne pouvait plus le tourmenter, mais le phénomène restait déstabilisant. Finalement, elle sauta sur l'occasion pour se débarrasser de l'esprit. Si elle n'était pour l'instant pas prête à lui parler, lui ne l'était pas non plus et, surtout, ne savait pas encore s'il voudrait le faire un jour. L'esquisse de cette chance de se rattraper se dessinait dans son ancien lui, désir disputé avec la volonté de se tenir loin de ce qui le rattachait à sa vie. Il lui adressa un dernier regard avant de disparaître.