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Highway to Hell - PV Sophya

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MessageSujet: Highway to Hell - PV Sophya Highway to Hell - PV Sophya EmptyMer 25 Fév - 15:37


Je t'attends dans la voiture juste devant. Tu as dix minutes pour te préparer. On sort.

A peine une semaine qu'Andreas connaît Sophya et autant dire qu'il ignore tout de cette jeune femme qu'on lui a mis entre les pattes. Elle veut devenir exorciste ou tout du moins posséder des bases solides dans ce domaine. Avec sa médiumnité, il vaut mieux qu'elle soit sacrément armée pour affronter ce genre de bataille, on ne s'improvise pas exorciste. C'est un long chemin qu'elle aura faire, un chemin au bout d'elle-même, au bout de ses capacités. Sans prononcer d'autres paroles, Andreas tourne les talons laissant Sophya prendre ce qu'elle estime le plus nécessaire pour une sortie avec son mentor exorciste. Assurément, ils n'iront pas passer une agréable soirée, courtoise et civile, dans un endroit bien protégé. Le ton qu'a employé Minelli n'a rien de joyeux et n'est certainement pas le prélude à une virée maître-élève pour tisser des liens fraternels.
De sa démarche claudicante qui garde une certaine régularité presque militaire, Andreas rejoint son véhicule laissant derrière lui le bureau de la détective privée. La nuit tombe lentement sur la Nouvelle Orléans, allongeant les ombres, teintant graduellement le ciel d'un noir d'encre. La longue agonie du jour prendra fin dans une heure et le règne des ténèbres va prendre son envol comme une nuée de vautours s'agitant à l'approche d'un cadavre frais. Le visage fermé, Andreas éteint la radio alors que Sophya apparaît enfin sur le trottoir. Tendant le bras, il déverrouille la portière côté passager tandis qu'elle s'engouffre dans le véhicule en jetant son sac qui contient Dieu seul sait quoi sur la banquette arrière. Sans prononcer un mot, Andreas démarre le moteur et s'engage dans le trafic.

Il suffira de quelques minutes pour que Sophya se rende compte qu'ils quittent la ville. Acte bien impossible depuis que la cité est sous la loi martiale mais dans ses bagages, Andreas a un atout. Un unique atout qu'il ne pourra poser sur la table qu'une seule fois. Dès l'annonce d'un binôme, il a su de quelle façon il allait l'utiliser. C'était son billet de retour si les choses tournaient à l'aigre. Il est prêt à le gâcher maintenant. Aux militaires qui ont pour mission d'empêcher toute sortie de la cité, Andreas tend une lettre scellée de cire. L'objet est trop incongru pour que les GIs en faction l'ignore. Tapotant du bout des doigts son volant, l'exorciste attend l'air impénétrable. Si ses "anges gardiens" du Vatican ont bien fait leur travail, on ne les retiendra pas. Quel bon américain catholique oserait faire une boulette de cette missive signée de la main du Saint Père? Un homme aux épaulettes dorées et à la poitrine lourdement décorée s'avance jusqu'à la portière. Andreas baisse à demi le carreau. Des yeux bleus inquisiteurs balaient l'habitacle du véhicule avant de se poser sur Minelli. C'est votre seule autorisation de sortie, Padre. Vous êtes bien sûr de l'utiliser maintenant? Andreas hoche silencieusement la tête. Bien. On attend votre retour pour 10H. Passé ce délai, la ville vous sera interdite. Le militaire se tourne vers les GIs, ordonne de laisser passer ce véhicule et retourne dans son baraquement sans quitter du regard ce singulier prêtre et sa jolie passagère.

Andreas coule une oeillade vers sa partenaire, esquisse une légère moue avant d'enfin lui adresser la parole. Le trajet va durer une heure. C'est parfait. La nuit sera tombée. Le terminus de cette virée est encore gardé secret. En vérité, Andreas a bien l'intention de donner la trouille à Sophya. Pas cette trouille que l'on éprouve en regardant un film d'horreur, en montant dans un manège à sensations ou en visitant une demeure à la réputation hantée. Non. Il veut que Sophya soit frappée par cette peur animale et instinctive. L'être humain est génétiquement programmé pour survivre et dans les situations où les armes physiques sont inutiles, c'est la peur irrationnelle de la proie qui vous vrille les tripes et vous rend profondément stupide. C'est cette peur là qu'il veut inoculer à la jeune femme. Si elle désire vraiment être exorciste ou travailler avec lui, elle doit être capable de la ressentir, d'utiliser cette crainte animale à bon escient et ne pas se laisser envahir par le besoin réflexe de fuir. Dépassant un large panneau qui annonce qu'ils viennent de quitter la Nouvelle-Orléans, Andreas tourne la tête un instant vers Sophya et sans introduction, lui pose une question qui le taraude depuis son arrivée dans cette ville et la découverte de cette jeune apprentie.

Pourquoi tu veux devenir exorciste, Sophya? Qu'est-ce-qui t'intéresse dans cette activité? Tu as déjà un pied dans le paranormal pourquoi tu veux t'y enliser de plus belle?
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Sophya A. Turner
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MessageSujet: Re: Highway to Hell - PV Sophya Highway to Hell - PV Sophya EmptySam 28 Fév - 16:20

La brune haussa un sourcil à la remarque de son maître exorciste. Appréhender Andreas était quelque chose de compliqué, d'autant plus pour Sophya qui avait la croyance d'une mouche en la religion et toutes ces valeurs que le prêtre pouvait bien défendre. Cependant elle finit par hocher la tête avant d'attraper son sac et d'y enfourner quelques affaires pratiques : de quoi écrire, son téléphone, son porte feuille et le grigri que lui avait confectionné Pa'Obi. Ce dernier ne la quittait d'ailleurs plus depuis que les Esprits devenaient de plus en plus agressifs et qu'eux-même perdaient un terrain plus que certain face à ces derniers. La détective privée ne pouvait s'empêcher de jeter un regard plutôt angoissé face à la menace qui leur pendait au nez. Les possessions étaient de plus en plus nombreuses, de plus en plus violentes et ne laissaient que peu d'espoir aux hôtes investis. C'était ce qui l'avait particulièrement décidée à tenter la formation d'exorciste. Ça et le fait que de toute manière, elle n'avait plus rien à perdre de ce côté-là. Si elle voulait être capable de frapper fort et atteindre une cible réellement, c'était sa seule option envisageable. Et elle l'avait envisagée. La preuve était sa présence ici.

Ses pas la mènent à la voiture dans laquelle elle monta sans un mot. Sophya n'était pas vraiment quelqu'un qui faisait facilement confiance et qui arrivait à surpasser ses émotions négatives facilement. Il fallait du temps à chacun de l'apprivoiser et surtout de la rendre beaucoup plus à l'aise avec les relations amicales. Dans le fond, elle était quelqu'un d'extrêmement bagarreur et de foncièrement méfiant et personne n'échappait à cela. Si elle s'était quelque peu détendue avec l'âge avançant, cela ne changeait pas grand chose à sa perception du monde et des gens. Vivre sans cesse dans le déni de qui l'on est et dans la peur du rejet vous pousse à observer les choses d'une manière différente, beaucoup plus précise et pertinente. Parler pour parler n'était pas dans ses habitudes et Andreas avait bien dû le remarquer. Ni chouineuse ni emmerdeuse, juste taiseuse et parfois un peu trop bornée pour son propre bien. Son sac s'échoua sur la banquette arrière et ils démarrèrent sans que le prête ne l'informe de l'endroit où ils se rendaient. De toute manière, le prêtre n'était pas beaucoup plus bavard qu'elle, ce qui rendait les choses beaucoup moins gênantes qu'avec un homme dont la conversation préférée aurait été la pluie et le beau temps.

Ils arrivèrent au point de contrôle militaire et la jeune femme fronça des sourcils, se demandant pourquoi ils se présentaient ainsi devant les forces armées. Ce qui l'étonna le plus fut quand Andreas sortit une lettre cirée pour la remettre à l'un des hauts gradés, qui lut attentivement le papier avant de lui demander s'il était bien sur de lui. La brune tourna légèrement la tête vers le militaire puis déposa son regard perçant sur l'italien. Pourquoi gaspiller sa seule chance de possible survie ? Elle n'y comprenait pas grand chose. Si les exorcistes pensaient à former suffisamment de médiums, partir aurait été la première chose qu'ils auraient du faire. Cependant on finit par les laisser passer et le trajet reprit, sans que Sophya ne pose la question qui pourtant lui brûlait les lèvres.

L'exorciste finit cependant par l'avertir que le trajet durerait une heure. Que ce serait parfait. Pour le coup, l'ex juriste ne voyait pas très bien la raison...

« Pourquoi parfait ? »

C'était la seule question qui lui importait réellement. Elle avait toujours eu ce besoin de comprendre les choses, de les maîtriser au maximum. La question qu'il lui retourna la fit sourire tandis que ses yeux fixaient la route devant elle. Pourquoi ? Cette question valait des dizaines de milliers de dollars à vrai dire. Elle n'était pas quelqu'un qui s'investissait pour les autres... n'avait jamais eu de vocation de les aider plus que cela. C'était très récent cette découverte d'une empathie qui semblait avoir déserté tout son être auparavant.

« Pourquoi pas ? J'ai vécu toute ma vie effrayée de ce que j'étais. Un monstre aux yeux des autres. Capable de voir ce qui n'existait pas. On a tenté de m'en convaincre, on m'a punie pour être comme je l'étais. Personne ne parvenait à comprendre pourquoi j'avais peur, pourquoi il m'arrivait de rester des heures dans le noir, les yeux fermés, sans autre compagnie que des voix dans ma tête. Personne ne pouvait voir ce que je voyais. Dès que j'ai posé mes yeux pour la première fois sur un esprit, j'ai compris ce qu'ils étaient réellement. Des abominations. Comme moi. Et j'ai toujours su que pour être normale, je devais m'en débarrasser. C'est pour ça que je veux faire cette formation. Pour m'en débarrasser tout simplement. Pour ne plus avoir peur ou me sentir marginalisée. »

De toute sa tirade elle n'avait pas décollé ses yeux de la route.

« J'ai vu mon premier esprit à l'âge de cinq ans, mais vous devez déjà le savoir. Je n'avais ni famille, ni ami pour me rassurer. Je sais le poids que cela fait, quand on perd tout du jour au lendemain. J'ai fini par grandir et tenter de réfuter tout cela, mais je n'y parvenais pas. Peut-être que dans le fond je ne le voulais pas non plus, je ne sais pas. Mais ça fait partie intégrante de qui je suis. Et quand j'aurais pu être capable d'aider quelqu'un qui m'était devenu proche, j'ai eu peur et j'ai fui. J'ai laissé une amie mourir par la faute d'une possession, sans même un regard en arrière. Je ne veux pas être ce genre de personne non plus. »

Elle lâcha un léger rire avant de se tourner vers le prêtre.

« Et vous ? Pourquoi avoir rejoint les Ordres ? Pourquoi être devenu exorciste ? Ce n'est pas vraiment commun... »
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MessageSujet: Re: Highway to Hell - PV Sophya Highway to Hell - PV Sophya EmptyDim 15 Mar - 12:54


Il avait gasspillé son billet de sortie pour Sophya et à l'atmosphère soudain appesantie dans la voiture, Andreas comprit que la jeune femme avait saisi l'importance et le poids de cette missive qu'il avait donné aux militaires du point de contrôle. Le méritait-elle? L'exorciste l'espérait de tout son coeur. Dorénavant, il était à armes égales avec les autres citoyens. Plus d'échappatoire. Plus de solution de repli. Andreas n'était pas un peureux et encore moins un déserteur. On l'avait envoyé sur ce champ de bataille avec un objectif, il ne le quitterait qu'en réussissant sa mission car s'il triomphait, les points de contrôle deviendraient inutiles. [cdolor=darkcyan]Maintenant, je suis enchaîné à la ville.[/color] énonce-t-il en dépassant les baraquements militaires. Comme toi. Les secondes s'écoulèrent quelques instants, silencieuses et étranges, avant que Sophya ne rompe la monotonie de la route par une question. Pourquoi leur arrivée tardive en ce lieu inconnu serait-elle parfaite? Parfait car la nuit sera tombée. murmure-t-il du bout des lèvres un étrange demi-sourire creusant ses joues. La voix calme et posée d'Andreas reprend et pour toute explication, il émet une courte phrase sybilline. A la lumière de la lune ou dans l'obscurité, on perçoit les choses différemment.

Attentif et silencieux, Andreas écoute la réponse de Sophya à sa question. L'évocation du passé de la jeune femme trouve une résonance dans ses propres années d'enfance. Si la terreur pure et simple n'avait pas frappé l'exorciste, l'incompréhension avait été, quand à elle, bien présente. Peut-être la peur l'avait-elle épargné à cause de son éducation très catholique. La religion apporte des réponses à des phénomènes que la science n'explique pas encore. La foi est une réelle force lorsque l'on est confronté à l'inexplicable. Andreas aurait pu être profondément traumatisé par sa première rencontre physique avec un esprit, mais cela n'avait éveillé que curiosité. Comprendre ce qui lui était arrivé, tirer ses propres conclusions après avoir recoupé de multiples contes et légendes. C'est ainsi qu'il avait plongé dans le paranormal et l'occulte. En écoutant sa passagère, l'italien songe à son arrivée à la Nouvelle-Orléans. Son contact américain l'avait provoqué en prétendant qu'il allait adorer Sophya...pour l'instant, il saisit les raisons qui ont poussé l'Association à mettre Miss Turner à ses côtés. La solitude suscitée par une vision lucide l'avait frappé et avait marqué chacun de ses pas par la suite.
Toutefois, Andreas grimace légèrement lorsque Sophya qualifie les esprits d'abomination. L'exorciste n'éprouve rien pour les fantômes. Ni animosité ni pitié. C'est une logique effrayante qui l'anime. La Terre n'a pas été faite pour ces entités, leur place n'est pas parmi les vivants. Il est un régulateur. Lèvres closes, il émet un marmonnement un peu réprobateur en levant une main, coupant la jeune femme lorsqu'elle parle de son besoin d'éliminer les entités qui s'accrochent à elle. Tu ne peux pas devenir uniquement exorciste pour toi-même, Sophya. C'est une occupation qui va te demander des sacrifices auxquels tu devras consentir si tu ne veux pas mourir.

De son passé, Andreas parle peu mais surtout parce que personne n'ose l'interroger à ce propos. Il faut dire que l'homme n'est pas un modèle de sociabilité et que l'aura qui se dégage de lui décourage toute tentative d'en savoir plus à son sujet. En vérité, les seules zones d'ombre opaque sur son existence passée que l'exorciste entretient soigneusement concernent la formation dont il a bénéficié et cet ordre obscur et influent dont il fait partie intégrante. Quand Sophya l'interroge sur les raisons de son engagement, le prêtre coule une oeillade sur le côté jusqu'à croiser le regard de la jeune femme. Pour le prestige de l'uniforme? commence-t-il d'un ton presque léger en glissant l'index dans son col romain. Reportant son attention sur la route que le véhicule dévore, il se surprend à se réjouir que Sophya ose briser la glace qu'il érige entre lui et les autres. Andreas prend une légère inspiration qu'il expire longuement avant de daigner enfin répondre.
Je n'ai pas reçu d'appel divin irrépressible comme peuvent le dire de nombreux membres du clergé. C'est paradoxal mais mon entrée dans les ordres découle d'un long cheminement. Je ne suis pas médium mais je "les" ai toujours senties ou aperçues...ces ombres fugaces qui filaient à la périphérie de mon regard. J'ai étudié le folklore, les légendes de tout horizon, puis la psychologie humaine pour comprendre ce que'elles étaient. Mais il n'y a que le religieux qui a pu m'apporter des réponses. Quand à son entrée dans le monde sombre et désespérant des exorcismes...les paroles de celui qui fut son mentor résonnent encore avec netteté dans son esprit.

On m'a emmené sur le chemin de l'exorcisme. Je n'ai pas à eu à choisir cette voie, elle s'est imposée à moi. Le premier possédé que j'ai vu a mis en échec l'homme, le psychiatre, le prêtre que je suis mais il n'a pu résister à l'exorciste qui était encore latent en moi. Je ne suis pas un exorciste par choix mais par devoir. Lâchant d'une main le volant, Andreas extirpe de la poche de son jean noir un tube de comprimés dont il fait sauter le bouchon entre ses doigts avant de gober deux pilules blanches. L'amertume des antidouleurs tapisse sa bouche mais elle ne le fait plus grimacer. La texture pâteuse et désagréable des gélules ne provoque plus de nausée. La lointaine douleur à peine gênante de son genou s'estompe. Il n'en avait pas besoin, vraiment pas jusqu'à ce qu'arrive ce délicat frisson tiède qui enveloppe ses muscles. L'étreinte presque maternelle de la chimie qui asservit les nerfs. Les analgésiques lui baisent le front en murmurant doucement que tout va bien et que rien n'a d'importance.
Sophya, tu auras toujours peur. Le tout est de savoir ce que tu es capable de faire de ce sentiment d'alarme. Tu y obéis et prends tes jambes à ton cou? Ou tu choisis de glisser dessus en utilisant sa force?
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MessageSujet: Re: Highway to Hell - PV Sophya Highway to Hell - PV Sophya EmptyJeu 19 Mar - 15:32

C'était une façon de voir les choses qui n'était pas forcément celle à adopter avec la brune. Pourtant elle comprenait parfaitement ce que l'exorciste tentait de lui faire comprendre en lui avouant que désormais il était coincé à la Nouvelle Orléans. Elle-même n'avait aucun moyen de quitter cette ville. Aucun moyen de savoir si la survie pourrait se faire dans une autre ville, si son don s'y manifesterait tout autant. Big Easy était connue pour sa concentration spirituelle, mais est-ce qu'ailleurs dans le monde Sophya aurait toujours les mêmes capacités à attirer les esprits ? C'était une question qu'elle s'était souvent posée et son voyage à Atlanta ne lui avait pas vraiment apporté de réponse. Surtout parce qu'elle n'avait pas eu l'occasion d'approfondir la question, en réalité. Mais toujours était-il que oui, elle était enchaînée à cette ville, à son folklore et à son côté caché. Parce qu'elle était une médium. Et que les médiums à la Nouvelle Orléans ce n'était pas ce qu'il y avait de plus calme comme situation. Pourtant à la réponse que lui offrit l'italien, la détective ne peut empêcher l'un de ses sourcils de se réhausser. Pourquoi les gens s'obligeaient-ils toujours à adopter ce genre de réflexions parfaitement stupéfiantes et que personne ne comprenait ? La nuit, les esprits étaient d'autant plus violent que personne n'était là pour les contrôler. C'était tout ce que la jeune femme savait. Ses souvenirs étaient assez précis sur la question par ailleurs, pour qu'elle ne cherche pas à extrapoler sur la réflexion de l'exorciste. Parce que oui, autrefois le noir la terrifiait, autant que la journée. Être une télépathe spirituelle n'avait rien de reposant, et la nuit, certains pensaient qu'elle pouvait être faible. Les pleurs, les hurlements, l'angoisse, tant de choses qu'elle ne pouvait continuer à réprimer. Il était temps que la jeune femme commence à y faire face.

Elle finit par se révéler à lui d'une manière qu'elle n'avait jamais abordée avec un étranger. Mais si la brune veut pouvoir avancer et concrétiser sa formation, une certaine relation devait s'établir avec son maître exorciste. C'était évident, presque obligatoire. Et il lui fallait donc mettre de côté cette méfiance profonde qui l'animait sans cesse. Il fallait que la jeune femme se dépasse de toutes les manières possibles et inimaginables. Qu'elle lui fasse confiance. Et ça commençait par lui expliquer qui elle était réellement.

« J'en suis consciente, plus que personne ne pourrait l'être. Dans ma vie, je n'ai jamais que côtoyer cela. La mort, je veux dire. Elle s'est imposée de la manière la plus brutale et ne m'a jamais laissée. Je vois des morts. Je les ressens, je les entends. Sans cesse. Je connais leur dangerosité, leur faiblesse, leur histoire souvent. Et je connais leurs désirs les plus profonds. Croyez-bien que les sacrifices qu'il faut faire, je les connais déjà et que je ne serais pas là si je n'étais pas prête à les faire. »

Le sourire de la brune se fit réellement amusé lorsqu'il lui répondit. Le prestige de l'uniforme. Elle-même avait toujours pensé qu'il serait impensable de rejoindre les Ordres pour la beauté de l'habit. Au contraire, c'était peut-être d'autant plus répulsif à ces yeux. Mais elle n'était pas une catholique investie, bien loin de là. Un certain sérieux reprit place sur son visage tandis que le prêtre continuait. Elle hocha la tête à l'entente de ses recherches de vérité. Oui, la religion qu'elle quelle soit était l'unique réponse à ce phénomène. Le surnaturel, le paranormal. L'existence de ce double, presque triple monde qui faisait écho au leur. Et la jeune femme ne pouvait nier qu'elle-même aurait pu y être sensible si l'on ne l'avait pas tournée vers le Vaudou.

« Ce n'est pas vraiment banal comme choix de carrière tout de même. Vous étiez vraiment psychiatre ? »

Quelque chose qui aurait pu la révulser au plus haut point. On ne pouvait pas vraiment dire qu'elle les portaient dans son coeur, ces êtres qui avaient tout tenté sur elle, expériences, prises de médicaments. On l'avait traitée comme une folle, alors que tout ce qu'elle vivait dépassait la science, dépassait la raison. Personne n'avait été capable de croire qu'à la Nouvelle Orléans l'un de ces « senteurs d'esprits » était véritable. Tous pensaient aux arnaques, au mensonge. Mais un enfant n'était pas foncièrement menteur, encore moins elle. Pourtant... personne n'avait jamais crû ce qu'elle avait à dire.

Du coin de l'oeil elle le vit prendre des médicaments, sans besoin de boire, comme si c'était une habitude. Rassurant dans le fond. Mais au moins, il ne cherchait pas à embellir la vérité. Il renchérit par la suite et la médium ne put s'empêcher d'hausser les épaules.

« La fuite n'est plus une option. Tous doivent un jour affronter leurs démons pas vrai ? J'ai pris une balle dans la jambe et ai failli perdre mon ex-mari. Vous pensez vraiment que je vais courir dans le sens inverse si l'occasion devait se présenter ? Je suis devenue détective à la recherche d'esprits et de corps disparus. Je pense qu'on ne peut pas vraiment dire que je sois angoissée par la peur d'eux. J'ai appris à me maîtriser, petit à petit. Je veux juste en apprendre davantage. Parce que nous sommes en guerre, qu'on le veuille ou non. La question qu'on devrait se poser, c'est est-ce que vous, vous avez toujours peur ? Et à quoi servent ces pillules ? »

Elle était directe, franche. C'était sa façon d'être , comme à son habitude. Elle n'avait pas vraiment peur de représailles verbales. Dans le pire des cas ils feraient demi-tour, après tout.

« Si on doit travailler ensemble, il faut qu'on puisse se faire confiance. Un minimum du moins. Je ne suis pas du genre à m'épancher de mes problèmes et je déteste parler de moi. Je fais un effort dans le cas présent. On n'est pas obligés de tout savoir l'un de l'autre mais juste le minimum. Par contre, je vous demande juste d'être honnête avec moi en toute circonstance. Si on est bien barrés, si on risque quelque chose, si on n'a rien à foutre, si on va mourir, si on va s'en sortir. Je n'ai pas besoin d'être ménagée. Pour ça j'ai des parents et de la famille. Mais je mets ma vie entre vos mains et j'entends qu'on passe cet accord. J'ai un avantage certain, je les vois, les ressens, les entends. Vous ne les ressentez juste. Je peux être vos yeux, vos oreilles et votre boussole. Mais je n'accepterais aucune manipulation de votre part. »

Elle marqua une pause.

« Et ce sera totalement et entièrement réciproque. Est-ce qu'on est d'accord ? »
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MessageSujet: Re: Highway to Hell - PV Sophya Highway to Hell - PV Sophya EmptyJeu 7 Mai - 18:00


Etrange cet échange à coeur à demi découvert. Voilà bien longtemps qu'Andreas ne s'est pas laissé aller à évoquer certains pans de son existence pour satisfaire la curiosité d'un tiers. Habituellement, il se serait contenté de se murer dans le silence, adressant à son interlocuteur une oeillade dénuée de toute chaleur et de toute sympathie, donnant à ce dernier une sensation de malaise pour oser s'aventurer sur ce terrain glissant et intime. Les discussions auxquelles l'exorciste participait jusqu'alors n'étaient que de purs enseignements ou des conseils avisés où le simple rapport d'humain à humain était bien généralement absent. Cela lui a-t-il manqué? Non, pas vraiment. Mais s'il doit avoir un nouvel apprenti, il doit s'abandonner à cet exercice.
Son statut de diplômé en psychiatrie semble étonner la jeune femme près de lui. Sans voir l'expression de son visage, il entend l'étonnement dans sa voix. Carrière religieuse et scientifique paraît être encore et toujours un mariage sacrément difficile, voire inenvisageable, aux yeux de beaucoup de personnes. Ne dit-on pas de celui qui prie Dieu qu'il est un croyant et de celui qui L'entend, un fou? Quand on est homme de foi peut-on être homme de science?
Je suis toujours psychiatre. répond le prêtre en employant le présent et non le passé pour qualifier son second métier. Il hausse brièvement les épaules en reprenant d'une voix lointaine. Bien que cela n'ai pas été mon occupation principale. Raffermissant sa prise sur le volant, il glisse une oeillade à sa voisine se lançant dans une brève explication à propos des motivations qui l'ont amené à étudier le dédale de la psyché humaine. Par le passé, beaucoup d'exorcistes se sont fourvoyés en croyant faire face à une possession alors qu'il ne s'agissait que d'une crise psychotique. On ne soigne pas de la même façon un humain possédé et un humain malade. Les traits de Andreas se figent le temps de quelques secondes. Il songe à ce cas d'école qu'on présente à tout prêtre exorciste fraîchement émoulu, le cas Anneliese, dont on ne saura jamais véritablement si sa possession était véritable ou pas. La jeune femme est morte après avoir subi plusieurs rituels qui n'ont rien donné. L'Eglise et le Vatican se sont montrés dès lors extrêmement prudents vis-à-vis de la possession. Tout a été mis en oeuvre pour que ce déplorable cas ne soit plus vécu. L'Institution religieuse avait lourdement souffert après ce drame, montrée du doigt et accusée d'homicide volontaire. Il y a maintenant une sorte de cahier des charges, avec plusieurs points à observer avant de déclarer officiellement quelqu'un habité par une entité maléfique.

Admirable fougue et belle réponse, Sophya. J'espère que ce feu qui t'anime ne sera pas éteint lorsque nous serons confrontés à notre premier cas ensemble. J'ai vu des rocs fondre comme neige au soleil dès les premières secondes d'un exorcisme et nous abordons là ce qui m'apparaît comme le point le plus crucial de notre vocation. La peur est un sujet important, Sophya. Primordial même. Il faudrait que je sois complètement fou pour ne pas éprouver de peur en entrant dans la chambre d'un possédé. Alors je te répondrais, oui. Oui, j'ai toujours peur lors d'un exorcisme. Pas pour moi, pas pour la victime mais parce que je reste un être humain, mortel et fragile, un animal doté d'une conscience qui n'a jamais complètement oublié pourquoi son espèce a toujours redouté l'obscurité. Je vais m'adresser directement à une entité capable d'extirper de mon passé mes pires secrets, révéler au grand jour mes cadavres les plus putréfiés. Pour reprendre tes mots, en effet, c'est une guerre où tous les coups sont permis et où l'adversaire ne se gênera pas pour appuyer là où ça fait mal, pour rouvrir des blessures que l'on croyait cicatrisées depuis lontemps. Les remords et les regrets, la culpabilité et les souvenirs deviennent des armes dans les mains d'un esprit. Et face à ça, tout ce que nous nous avons, c'est notre foi et notre volonté qui doit être inébranlable. Un peu déséquilibré comme combat, non?

Il reste encore nombre de choses à éclaircir entre eux et ce qui chiffonne sa passagère en ce moment, c'est ces pilules qu'il vient d'avaler sans eau et croque comme on mange un caramel. Sortant de nouveau le tube de comprimés, il le lance à Sophya qui le rattrappe. Vicodin...ça ne trompe personne, le nom de cette médecine a fait les gorges chaudes de toutes les revues il y a quelques années, a été l'objet d'une tapée de reportages. Accoutumance quasi immédiate, la dangerosité de ce remède n'est plus à prouver ni à justifier. Tu sais ce que c'est n'est-ce-pas? Puissant, trop puissant d'après l'avis de certains médecins. Cela fait des années que je les gobe. Presque machinalement. Ma démarche chaloupée, je la dois à une entité qui m'a laissée un très mauvais souvenir. Cette saleté m'a gratifié d'une véritable victoire à la Pyrrhus. Je suis parvenu à la renvoyer mais le prix à payer fut énorme. Un genou éternellement pulvérisé qui ne cessera de me faire souffrir et le cadavre de mon seul et unique apprenti.

La voiture ralentit l'allure en approchant d'une masse sombre qui floute l'horizon. Andreas s'engage sur un sentier mal dessiné dont chaque nid de poule, chaque ornière déclenche un véritable brasier dans sa jambe handicapée lui vrillant les reins et le bas du dos. Qu'importe. Ils sont bientôt arrivés. Les ténèbres de la nuit deviennent réellement impénétrables et la seule lumière dispensée maintenant est celle des phares de la voiture. Une brume de mauvais augure masque le sentier de terre poussiéreuse. Le ciel est d'un noir d'encre où seules quelques étoiles pâlottes scintillent d'un éclat fatigué. La lune n'offre aucune lueur rassurante et paraît comme boursouflée et malveillante. L'homme moderne n'a plus sa place dans cet environnement et tout, dans le décor, conseille de faire demi-tour. Andreas stoppe le véhicule et dans un crissement lugubre serre le frein à main. Pour terminer cette rafraîchissante conversation, sache que les seuls secrets que je possède appartiennent au Vatican et que ces derniers n'ont donc aucune forme d'importance pour toi. Je ne suis pas adepte des serments et des promesses, je préfère de loin les actes. Je n'ai pas l'intention de te manipuler, Sophya. Je ne te mentirais jamais. Tu n'auras que franchise et honnêteté de ma part. J'ai beaucoup de défauts mais la duplicité n'en fait partie. Maintenant, tu vas descendre de voiture et t'enfoncer dans cette forêt. Seule, sans téléphone sans lumière. Tu vas te laisser lentement envahir par la peur. Car tu auras peur là dedans, une peur instinctive et animale. Apprivoise la, gère la comme tu l'entends. Résiste le plus longtemps possible au besoin naturel que tu auras de tourner les talons et de me rejoindre. Et quand elle ne troublera plus tes sens, quand ton coeur ne s'affolera plus du moindre son que tu ne pourras identifier et que ton instinct interprétera comme une menace, quand tu auras confiance à chaque pas que tu feras, tu pourras revenir vers moi.
L'exercice peut sembler facile en apparence. Après tout, qu'il y a-t-il à craindre dans une forêt? Aventurez-vous dans une forêt durant une nuit particulièrement sombre, redevenez une proie livrée à la merci de l'inconnu...deux millénaires de civilisation n'ont jamais effacé cet instinct de survie animal qui habite toujours l'âme humaine.
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Sophya A. Turner
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MessageSujet: Re: Highway to Hell - PV Sophya Highway to Hell - PV Sophya EmptyDim 21 Juin - 12:38

La brune se fit pensive sous les aveux de son nouveau mentor. Pa'Obi avait été beaucoup plus limpide durant son apprentissage «  fais ce que je te dis de faire gamine, et ne désobéis jamais à un ordre. Ensuite, viendra le temps où tes questions deviendront intelligentes. » Et effrayée par l'immense base que l'homme représentait, l'adolescente avait gardé le silence des semaines durant avant que le vieil homme n'éclate de rire et ne la rassure. Mais la jeune fille intimidée avait laissé place à une femme beaucoup plus assurée. Ce qui d'ailleurs l'avait menée sur ce chemin qui ne semblait guère de bonne augure.

« Si vous voulez mon avis, les psychiatres eux-mêmes ne sont pas assez exorcistes. En fait, plutôt que l'homme de religion, c'est l'association qui me choque. D'expérience, tout ce qui a attrait à la mort, effraie particulièrement les psys. »

C'était un fait avéré. Ils se vantaient souvent d'être ouverts d'esprits et de pouvoir toucher à tous les domaines mais mettez-leur en face une gamine prétendant voir les morts et vous allez les voir détaler comme des lapins. Oh, elle savait très bien de quoi elle parlait la Sophya. Un passé comme le sien scellait son opinion sur cette profession qu'elle détestait désormais. Tout ce qui avait fait d'elle cette personne aigrie, méfiante et sans cesse sur ses gardes. Mais elle devait avouer qu'elle ne connaissait pas grand chose du monde de l'exorcisme. À vrai dire, rien du tout. À part quelques films regardés par-ci par-là – et encore elle n'était pas une fan du genre horreur – la médium avait plus d'a priori sur cette profession que quiconque. Pourtant, c'était une nécessité d'intégrer ce genre de particularités. Elle n'avait aucun don de sorcellerie et avait un contact plus que direct avec l'au-delà. Au moins, ce ne serait pas spécialement compliqué de brancher un esprit au sien...

Une once d'agacement s'insinua en elle lorsqu'il évoqua leur futur cas. Beaucoup dans l'Association semblaient oublier que les médiums n'étaient pas que dotés de capacités extrasensorielles mais étaient surtout un canal direct avec les esprits. Ils voyaient ce que l'humain lambda, même doté de ce don de sensation, ne pouvait voir. Et parfois, l'effroi ne pouvait que vous saisir. Son propre géniteur lui-même revêtait une apparence terrifiante lorsque l'on y regardait bien. Jamais ils ne pensaient qu'ils avaient déjà cette vision de ce à quoi l'enfer ressemblait. Et pourtant, la jeune femme avait une idée bien précise de ce dont elle parlait en ce moment. Mais encore une fois, la brune devait avouer qu'elle n'avait aucune idée de ce que représentait précisément un exorcisme et que se montrer présomptueuse parce que ses capacités lui donnaient une longueur d'avance n'était pas vraiment ce qui devait être le plus intelligent. Un soupir glissa de ses lèvres tandis qu'elle dardait un regard assombri sur la route.

« Vous prêchez une convertie, mon Père. »

Un sourire ironique se peaufina sur son visage tandis que Sophya regardait les nuages obscurcir la lune. Décidément, il choisissait bien sa soirée pour une balade romantique.

« Mais vous avez tout de même conscience que je ne crois pas en Dieu ? Enfin, pas en son existence, quand on voit ce que je vois, on y croit, mais pas en ses capacités, en sa bonté,... Du coup, je ne vois pas vraiment comment il va m'aider. Après tout, il ne s'est pas vraiment montré à la porte depuis toutes ces années... »

Non la demoiselle n'était définitivement pas croyante, bien loin de là. Malgré tout, elle gardait cette envie de découvrir ce qu'elle était. Longtemps elle s'était réprimée, effrayée, mais avait fini par apprécier en quelques sortes ce qu'elle était. Certes, ce n'était pas le fol amour, mais plus ce rejet constant qu'elle s'imposait auparavant. Ses lèvres se pincèrent à la dernière annonce du prêtre exorciste. Ce délire ne lui plaisait pas vraiment. D'ailleurs, il suffisait de voir ses yeux se teinter de cette colère latente pour s'en rendre compte. Pourtant, la brune s'exécuta après un soufflement audible.

« Rappelez-vous que je suis une médium donc un nid à esprit. J'espère que vous avez votre eau bénite et tout le tintouin avec vous, parce que ça m'étonnerait qu'on en reste à une jolie balade au clair de lune. »

Un rictus amer déchira son visage tandis qu'elle sortait de la voiture et claquait la portière. Pour la discrétion on repasserait mais au moins, elle se ferait comprendre. Apprivoiser sa peur, elle allait lui en donner des moyens de le faire. L'un d'entre eux avait-il seulement conscience qu'elle ne faisait que ça, la réprimer pour pouvoir la sortir au moment opportun ? Sans doute était-ce la raison qui ne l'avait pas encore faite tuée jusque maintenant. Pourtant, la médium se retourna vers la voiture une dernière fois, laissant l'occasion à Andreas de revenir sur sa décision et de la rappeler à lui. N'était-ce pas une preuve suffisante de son obéissance qu'elle parte sans vraiment discuter sous ses ordres. Peut-être d'ailleurs était-ce cela qui allait la faire tuer. Sophya continua d'avancer, s'arrêtant de temps à autres pour jeter un coup d'oeil sur le côté, surveillant chacun de ses pas. La prudence était la première chose que Pa' lui avait apprise lorsqu'il avait commencé son initiation. Toujours regarder par-dessus son épaule et toujours vérifier qu'aucune noirceur n'était derrière celle-ci. La fin justifiait les moyens pour tous, mais spécialement chez les esprits. Et cet endroit en était ou en avait été regorgé. Des âmes tourmentées, perdues. Les Bayous n'étaient pas si loin et on pouvait aisément deviner toutes les horreurs qui avaient dû y être perpétrées. Et cette impression de malaise qui s'insinuait profondément jusqu'à ne plus vous quitter. Elle pouvait entendre leurs murmures, les plaintes sourdes qu'ils laissaient échapper.

Ce fut difficilement que la jeune femme déglutit, tout en s'arrêtant. Un pâle reflet de lune éclairait l'endroit dans lequel elle s'était stoppée, comme prise d'un mauvais pressentiment. La détective humecta doucement ses lèvres avant de baisser les yeux vers ses pieds avant de se rejeter précipitamment vers l'arrière, manquant de tomber sur les branchages qui s'étalaient autour. Au moins, elle venait de boucler une affaire. Ses yeux se remplirent de larmes avant qu'elle ne se détourne pour vomir. Sophya doutait fortement que son mentor ait eu la moindre idée de ce qu'elle trouverait dans cette forée, d'ailleurs, elle avait dû vraiment s'enfoncer profondément, mais s'il avait voulu que la brune ressente de la peur, c'était le cas actuellement.

Le visage défiguré, griffé de toute part, à moitié mangé par les insectes, laissait apparaître deux yeux ternis, floutés par la mort. Ses yeux vides qui la fixaient, tandis que l'expression du visage laissait paraître l'horreur et la douleur qu'elle avait connu dans ses derniers instants. Le corps nus, marqués de bleus et de lacérations diverses. La cause de la mort probable devait être l'hémorragie qui venait de son bas ventre. Bas-ventre largement arrondi, signe d'une grossesse bien entamée. Peut-être trois-quatre mois déjà. Pourtant, ce n'était encore qu'une enfant. Treize ans, si elle se souvenait bien de son dossier. Disparue depuis six mois. Morte parce qu'elle n'avait pas pu retrouver le malade qui lui avait fait ça.

Ses jambes se dérobèrent sous elle, tandis qu'elle fondait en larmes et se mettait à vomir violemment. Son corps convulsa quelques instants avant qu'elle ne laisse échapper un cri, frappant le sol à de multiples reprises. Elle avait peur, oui, l'odeur la rendait malade, mais ce qui l'effrayait le plus c'était d'avoir à avouer à cette famille l'horreur qu'avait subi leur enfant unique. Combien de temps elle resta là, à fixer ce cadavre, les bras serrés autour de son corps, les larmes roulant sur son visage constellé de terre et de poussière, ravalant la bile qui lui montait aux lèvres ? Elle n'en avait strictement aucune idée. Pourtant, la jeune femme finit par se relever, fermant les yeux de l'enfant d'une main tremblante, avant de se diriger vers le chemin inverse, manquant de se perdre une ou deux fois. Le visage défait, la mine grave, elle s'avança vers la voiture, ouvrit la portière, s'installa sur son siège et garda le silence pendant quelques instants, le temps de rassembler ses pensées.

La jeune femme finit par se retourner, attraper son sac et sortir son téléphone pour envoyer un message à son associé. Cependant, son doigt s'arrêta à quelques millimètres de la touche « send ».

« Est-ce que vous saviez ? Ce que je trouverais là-dedans ? »

La brunette ne lui laissa pas l'occasion de répondre cependant.

« Vous n'avez aucune idée. Vous les sentez, vous pouvez les deviner. Je les vois. Sans arrêt. Les devine alors qu'ils sont déjà partis depuis des heures. J'ai sans cesse l'idée de ce qu'ils sont capables de faire. J'ai vu leurs corps décharnés, la folie dans leurs yeux, les corps qu'ils laissent derrière eux. Aucun ne peut se soustraire à moi. Même mort, le réflexe de la pensée est plus fort que tout. Chacune de leurs pensées morbides, de la douleur qu'ils ont infligé... Tout ça, tout ça je peux m'en souvenir. C'est gravé en moi. »

Elle marqua une pause courte, reniflant, avant de reprendre.

« Et ça me terrifie. Ça a fait de moi ce que je suis. Méfiante, peureuse, forte, imprenable. Je peux vous répéter les sorts de protection les plus puissants qu'ils soient, vous expliquer comment rendre votre demeure inaccessible à leur influence. Mais il n'y a rien de plus terrifiant que de se rendre compte de l'horreur qu'ils sont capables de faire. »

Sa main trembla tandis qu'elle appuyait sur le bouton et tentait de se contrôler du mieux qu'elle le pouvait.

« Il y a le cadavre d'une enfant dans cette forêt. Et pas que. »

La fin de la phrase s'effondra dans le fond de sa gorge tandis qu'elle détournait le regard. En dire plus ne serait pas possible pour le moment. Il voulait qu'elle ait peur, et qu'elle contrôle cela ? Elle venait de lui prouver que ce ne serait jamais possible.

[HJ: désolée pour le délai de réponse. Vive les vacances! xD ]
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MessageSujet: Re: Highway to Hell - PV Sophya Highway to Hell - PV Sophya EmptyVen 24 Juil - 11:56

Bonjour!

Ce rp n'a pas reçu de réponse depuis un mois, merci de ne pas le laisser tomber dans l'enfer des rp's oubliés et d'y répondre au plus vite ou de nous prévenir s'il faut l'archiver =D

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