MUSEUM OF HORROR

be so cruel when this black sun revolved around you

Julia avait aménagé le grenier du musée pour y mettre en place son chez-soi. Ainsi, elle pouvait vivre dans cet espace qui lui était si sacré. Après avoir tant investi là-dedans, elle était incapable de quitter l'endroit. Vers dix-huit heures, elle avait tourné la pencarte indiquant la fermeture de l'établissement pour la journée. Elle avait alors profité de sa soirée pour ranger et faire un peu de ménage. Les plafonds étaient hauts et les fenêtres imposantes ce qui produisaient énormément de poussières. En ce qui concerner la rentabilité de la journée, c'était le même schéma depuis quelques temps. Pas un chat. Un vide, le silence absolu. Julia était installée à l'accueil, immobile, fixant sans aucune vie le mur d'en face. A force de regarder jour après jour dans la même direction, elle avait observé une micro-fissure dans sa tapisserie. Peut être dû à l'humidité. Fatiguée par la complication de la situation et de cette journée désastreuse, elle quitta ses vêtements pour se glisser dans un bain chaud. Seul quelques bougies blanches étaient allumées, un encens à la sauge posé sur une petite table se consommait lentement parfumant et purifiant l'endroit.

Un bruit résonna soudainement. Il venait d'en bas et réveilla en sursaut la directrice Bowen qui s'était endormie. Son encens était complètement dissout. Elle quitta silencieusement sa baignoire pour enfiler un peignoir. Ne sachant pas quelle heure il pouvait bien être, elle savait qu'elle n'attendait personne. Elle s'empara alors de son téléphone portable, il traînait dans la poche de son gilet qu'elle avait retiré avant de se baigner. Dans un murmure prudent, elle appela le poste de police, signalant une intrusion chez elle. Elle espérait ne pas avoir affaire avec un esprit mais plutôt avec un voleur. C'était toujours très compliqué pour elle d'expliquer au autorité son "don". Poussée par une certaine curiosité et par l'adrénaline, elle quitta sa salle de bain pour inspecter les lieux en attendant que la police arrive.

Pieds nus, elle descendit prudemment l'escalier, lui faisant quitter le grenier. Personne n'était vraiment au courant qu'elle logeait dans son musée et les voleurs étaient plutôt intéressés par des pièces de sa collection. Julia songea à investir dans des caméras de sécurité. Chose qu'elle n'avait pas faite jusqu'ici puisqu'elle ne se sentait pas en danger. Mais depuis quelques temps, suite à la révolte de Belaam, son musée attisait la haine de certains habitants qui dénonçaient cet endroit comme une source du Mal. Des accusations que Julia trouvait absolument ridicule. Par la fenêtre, elle perçut la lumière des phares d'une voiture. Pour une fois, la police avait été rapide, elle s'empressa de descendre le dernier étage qui la séparer de la porte d'entrée pour leur ouvrir. Dans la précipitation elle trébucha et perçut en même temps une ombre s'enfuir à l'arrière de son établissement.

FICHE ET CODES PAR ILMARË

MUSEUM OF HORROR

be so cruel when this black sun revolved around you

« Eh Duplessis, bouge ton cul, on a un appel signalant une intrusion. »

Lucas releva la tête de sa paperasse. Ah oui, c'était génial de bosser de nuit quand c'était le calme plat. Son affaire de tueur en série était résolue. Le coupable n'était autre que Red Hands, le salopard qui s'était amusé à capturer Lucas et plein d'autres victimes, plus ou moins innocentes. Un taré, œuvrant pour Belaam. Lucas n'était pas medium, il n'était pas non plus porté sur le paranormal à outrance, mais il avait vécu suffisamment d'expériences bizarres et inexplicables pour ne plus mettre en doute le fait que les esprits existaient et hantaient la terre. Pas davantage qu'il n'était sceptique concernant la magie et le vaudou... Ou la puissance des exorcismes. Grandir ici avait du lui ouvrir l'esprit très jeune. Il n'avait pourtant pas été confronté à tout cela pendant son exil loin de la Nouvelle Orléans. Mais depuis qu'il était revenu, ça allait de mal en pis. La dernière farce en date étant, bien sûr, son enlèvement par ce taré, la torture psychologique et la tentative de possession dont il avait fait l'objet. De quoi hanter ses nuits qui n'avaient vraiment pas besoin de ça !

Mais maintenant que l'affaire était close, il n'avait plus de gros fil rouge à se mettre sous la dent. Il fallait s'occuper des rapports et tous les trucs ennuyeux du même acabit. Alors quand on lui parla de cette intrusion et même si cela n'avait rien de folichon (quoique, il pouvait tomber sur un voleur qui était aussi un tueur, surpris par le propriétaire des lieux), il se dépêché, heureux de retourner sur le terrain. C'était son truc, l'adrénaline.

Il roula un peu trop vite, et sans gyrophare. Prévenir un éventuel voleur qu'il était là au risque qu'il panique et fasse n'importe quoi, comme prendre la victime en otage ? Non merci. L'adresse était le musée de l'horreur. Autant dire que Lucas n'arrivait pas avec une bonne composition. Il trouvait ce genre de business répugnant. Un attrape gogo. Une façon de s'enrichir sur le dos des touristes. Mais bon, cela ne faisait pas de mal... n'est-ce pas ? Il se demandait bien pourquoi quelqu'un se donnerait la peine d'entrer là dedans. Qu'est-ce qu'il y avait à voler de valeur ? Il n'y avait jamais mit les pieds.

Il se gara alors et sortit, le plus discrètement possible, son arme à portée de main. Tout semblait calme. Il approcha de la maison, aux aguets. Par où le voleur était-il entré ? La porte s'ouvrit alors sur une femme d'âge mûr. La propriétaire des lieux sans doute. Si elle ouvrait... C'était que le voleur n'était plus dans les parages et qu'elle n'avait pas besoin de se cacher. Avant d'ouvrir la bouche, Lucas lui présenta son badge, même si personne d'autre que la police qu'elle avait appelé ne pouvait se présenter au beau milieu de la nuit.

« Lieutenant Duplessis. Tout va bien Madame Bowen ? »

Il supposait que c'était elle. Il avait murmuré, au cas où, même si son instinct lui soufflait que le danger était passé.

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