The evil spell of
the avenging spirits

  

Nitzan Antonescu & Pyotra-Shiloh E. Udinov

Et la pluie de s'écouler...

Tu es fatiguée. La nuit dernière ne t'a pas réellement reposée, mais c'est ainsi. Tu viens à présent de terminer ta journée de boulot, et tu es satisfaite de penser que dans peu de temps tu serais chez toi, et que tu pourrais pianoter sur ton ordinateur jusqu'à ce que tu t'effondres de sommeil, une fois de plus, ta joue sur ton clavier.
Ca ne fait que quelques mois que tu travailles en tant que hacker pour la police de la Nouvelle-Orléans. Auparavant, tu étais en études d'informatique. Mais tu as reçu une offre, que tu n'as pas pu refuser. C'était ce boulot, on la prison. Le choix t'as paru assez simple. Tu n'es obligée de travailler pour eux que pour cinq ans, après ça, tu seras libre enfin, de te trouver le travail que tu souhaites. En effet, ouvrir depuis ta tablette le coffre fort de la banque de la ville en ayant simplement préchargé ton programme, c'est passible de pas mal d'années en prison, alors tu t'estimes heureuse. Non pas que tu aies cherché à voler quoique ce soit, c'est bien trop facile de pirater un compte et de transférer l'argent incognito sur ton propre compte sans faire d'esclandre et sans soulever de questions. Non, ce qui t'intéressait, c'était simplement de mettre à jour, les failles de sécurité de leurs programmes. Une sorte d'avertissement, comme pour dire « Si moi je le peux, quelqu'un d'autre le pourra aussi. ».
Bref, du coup, avec ce nouveau boulot tu as pu changer d'appartement, et troquer ton vingt-mètres carrés pour un quarante-cinq mètre carré bien plus lumineux. Ainsi, ton parcours du soir a changé. Autrefois, sur le trajet direct entre l'université et ton appartement, tu te contentais de faire une halte, désormais, c'est un détour par Marigny que tu suis chaque soir de la semaine. Tu as pris l'habitude depuis l'université à t'arrêter dans le magasin de musique de Nitzan The Music Hole.
Cette habitude s'est installée toute seule, petit à petit. La première fois, tu cherchais simplement un jeu de cordes de basse, que tu as acheté, puis ensuite, tu as farfouillé dans les vinyles, et peu à peu, les brefs 'saluts' se sont transformés en discussion, et au lieu de ne passer que de temps à autres, tu passais presque tous les soirs. Désormais Nitzan est ton amie. Tu l'apprécies énormément, et lui dis tout. Enfin... presque tout. Tu n'as jamais mentionné ton 'don', ta différence devant elle. Ni devant grand monde d'ailleurs. A part une ou deux personnes (dont une morte) personne ne connait ton secret.
Tu arrives dans la bonne rue, et t'arrêtes dans une boulangerie et achètes à grignoter.  Une fois ta commande récupérée, tu presses le pas. Tu pousses la porte, et en même temps que retenti le bruit qui annonce l'entrée de quelqu'un tu lances un joyeux « Bonjour ! C'est moi ! » et enlèves ta capuche. Malgré le fait que tu sois trempée, tu souris en traversant le magasin et te diriges vers l'arrière boutique qui sert de bureau. Tu entres sans frapper, tu as l'habitude désormais. Tu poses ton sac dans un coin, ce que tu as acheté sur le bureau, et tires un chaise pour t'installer. Mais avant tu regardes Nitzan et lui demandes : « Tu vas bien? Tu as passé une bonne journée? » Tu sais déjà que tu as plein de trucs à lui raconter, tu as beau l'avoir vu la veille, tu as toujours quelque chose à lui raconter.

The evil spell of
the avenging spirits

   

Nitzan Antonescu & Pyotra-Shiloh E. Udinov

Et Nitzan de raconter sa journée.

A peine arrivée, que déjà Nitzan te salue et te propose d'aller te chercher un pull. Elle redescend avec un de ces pulls qu'on ne porte jamais qu'à la maison tellement ils sont passés de mode, mais restent confortables. Tu en as bien deux ou trois en boule dans ton placard que tu enfiles quand tu rentres chez toi avec plus aucune intention de ressortir. Ravie de la trouvaille de Nitzan tu te déshabilles et tu enfiles le pull directement par dessus ton soutien-gorge. Rien que d'enlever les fringues mouillées tu te sens mieux, mais une fois le pull passé, tu remercies Nitzan de tout ton coeur. « Merci, franchement j'avais pas bien chaud! » Nitzan se met à te raconter sa journée. Apparemment à part ce mec mignon, rien de bien réjouissant dans sa journée pluvieuse. Puis c'est à ton tour de raconter les péripéties de ta journée. Tu lui souris, et hume l'air chargé de l'odeur du café. Tu commences ensuite le récit de ta journée, en débutant par la réponse à sa question. « Bwarf! La routine, tu sais. Ce n'est pas réellement par goût que je travaille avec eux... Sans ça, j'aurais fini en prison alors bon... Mon patron est trop chiant, il est tout le temps sur mon dos à me faire des avances. Sans arrêt. Il n'est pas mal, mais il est tellement odieux, toujours en train de penser à lui et au profit qu'il pourrait tirer de chacune des situations... Ce mec s'attribue le mérite de tous ses subordonnés, et ne félicite jamais personne que lui-même. S'il n'était pas aussi égocentrique, peut-être que ses avances me gêneraient moins, et peut-être même que je me laisserais tenter, mais tel quel... C'est un vrai boulet.  Par contre, un des filcs de la brigade d'intervention est vachement mignon, malheureusement il ne m'accorde jamais plus d'un vague coup d'oeil,et chaque fois qu'il m'adresse la parole c'est pour me demander de chercher un truc en rapport avec une enquête ou pour me parler de la fille du box d'en face... Dana la sublime et magnifique créature que tous les hommes du poste admirent, celle dont le prénom est sur les lèvres de tous ses collègues masculins, celle dont on murmure les éloges à chaque coin du couloir... Tu parles que face à elle je sois transparente, tu la verrais... Un mannequin, des jambes sublimes, un corps parfait, et des cheveux toujours brillants et bien coiffés... Elle me désespère...  » Tu lui souris. Tout ça elle le sait, c'est le compte rendu que tu lui fais chaque jour, ton patron a le même comportement exécrable jour après jour, et tu n'arrives pas à le décourager... Tu fais un signe de tête vers la cafetière et tu ajoutes « Je crois que le café est prêt. J'ai apporté ça d'ailleurs ! » et te voilà la main au fond de ton sac à la recherche du sachet en papier que tu avais abrité de la pluie. Tu le poses sur le bureau, et l'ouvre en déchirant tout un côté. « Des chouquettes de la boulangerie française deux rues plus loin. J'espère que tu aimes ça !»

The evil spell of
the avenging spirits

   

Nitzan Antonescu & Pyotra-Shiloh E. Udinov

Et les chouquettes d'être mangées.

Tu as raconté tes déboires professionnels et sentimentaux, et tu t'es confiée un tant soit peu à Nitzan. A vrai dire, tu ne lui as jamais confié que ce qui t'arrivait au présent, et rarement quoique ce soit à propos de ton passé. Tu lui as bien raconté le pourquoi du comment tu avais failli te retrouver en prison, mais à part ça, pas grand chose. A vrai dire tu as rarement confié ton passé à qui que ce soit. Les histoires de ta famille sont restées secrètes elle. A part évoquer que tu as voyagé de la Russie jusqu'en France pour terminer ta course ici aux Etats-Unis, personne ne connait grand chose de ta vie.
Des fois, tu t'en veux de ne pas savoir t'ouvrir aux autres, mais tu as du mal, puis pour ça il faudrait expliquer tes capacités, tes facultés, ta malédiction, et tu as peur de la réaction des gens à cette annonce. Tu as trop peur qu'on te voit ensuite comme une bête de foire, comme une créature curieuse.. Ce n'est pas que l'opinion des gens t'importe réellement, c'est surtout que tu as peur d'être rejetée, et d'être à nouveau seule, comme après le 'suicide' de ta soeur jumelle.
C'est à tout ça que tu penses du temps que Nitzan sort du bureau pour aller gracieusement gueuler sur un mec qui tentait de piquer un jeu de cordes, juste après qu'elle t'ait parlé de te tirer les cartes. Tu lui as souris, pas bien convaincue. Tirer les cartes. Tu penses alors à deux hypothèses. La première : Nitzan fait juste ça pour s'amuser et elle n'a pas de don, elle ferait alors partie de ces charlatans qui courent les rues en ville -comme te l'avait un jour appris Jack-. La seconde hypothèse, c'est que Nitzan possède réellement un don, et qu'elle sache réellement lire les cartes. Dans le second cas, tu aurais sans doute moins peur de lui dire l'entière vérité sur ta famille et ton histoire, mais.. Comment savoir?
Ta jeune compagne revient s'asseoir et te plaint. Elle te parle des mauvais mélanges de coeur et boulot. Tu souris, et attrape à ton tour une chouquette pour la savourer avec délices. Nitzan apprécie aussi et le fait savoir.
« Je suis d'accord avec toi, ces petites choses sont vraiment un régal! De toutes manières, tu sais, il n'y a aucune chance que je sorte avec mon boss, c'est un vrai connard, un trou du cul de première, un petit bourgeois catho et coincé qui se la pète, donc bon... Quand à l'autre, c'est pas mon boss, mais je l'intéresserais jamais. Alors j'ai arrêté de soupiré en le regardant c'est même pas la peine d'y penser.. Nan, il faut que je sorte plus, que je rencontre de nouvelles personnes, mais c'est tellement pas dans mes habitudes, et dans mon tempérament. J'préfère tellement la compagnie de mon ordinateur à celle d'une foule en délire. »
Tu lui souris, prend une autre chouquette, et la mange avec un soupir appréciateur. Puis soudain Nitzan te propose une de ses petites soirées filles dont elle a le secret : du chinois livré à domicile et un bon vieux film ou une série. C'est parfait. Ca tu adores, et tu t'empresses d'accepter.  « Avec plaisir !! Qu'est-ce que t'as comme stock de séries ou films? » Tu es vraiment trop contente de passer la soirée avec elle et de penser à autre chose que toutes ces choses pas rassurantes auxquelles tu penses quand tu rentres chez toi.