A défaut de ne pas jouer en groupe ces dernières années, je devais trouver une occupation pour compenser la non-pratique de mes instruments. Jouer pour soi restait particulièrement agréable, mais être à plusieurs offrait réjouissance et apaisement. Mon groupe du lycée me manquait depuis longtemps, depuis que nous nous étions séparés, nos études approchant. Les séances chez l’orthophoniste pour apprendre la diction et la prononciation correcte des mots ne m’avaient ni donné le temps ni l’opportunité de m’y remettre.

Pour parer à ce manque, je me rendais régulièrement au magasin de musique, moyen comme un autre de rester en harmonie avec celle-ci. Seul moyen d’expression pendant presque onze ans de ma vie, je ne pouvais me résoudre à l’abandonner. Il était primordial que je reste en sa compagnie, elle faisait partie de moi pour toujours maintenant.
La vibration produit par le son me rendait cette joie incompréhensible que je ressentais à chaque fois : j’étais bien, heureux avec elle. Mon bonheur, je l’avais trouvé entre les accords d’une chanson, entre les intervalles de la partition, et entre la voix du chanteur. La musique m’accompagnerait tout au long de ma vie au quel cas je ne pourrais goûter qu’au malheur.

Comme à mon habitude, je me rendais vers l’étalage des nouveautés. Un nouvel air, une nouvelle inspiration du moment, voilà ce qui m’attirait. Le nouveau, le différent. Une vibration qui éveillerait mes sens. Je fouinais, scrutais, écoutais les extraits, me faisait une opinion, reposait, cherchais. Je pouvais facilement passer une heure là-dedans. Internet aurait été plus simple me direz-vous. Deezer, ce genre de site. Non, pas du tout. J’étais un peu old school, je préférais acheter un cd pour respecter les droits d’auteur de l’artiste. Il méritait également son droit de vivre. Parfois, je téléchargeais, c’est vrai. Quand on voyait le genre de tubes et le temps pris pour le créer, on pouvait bien aussi se le permettre. Je payais les artistes qui selon moi le méritait.

Je ne faisais pas attention à la gérante, mais il me sembla qu’elle parlait au téléphone, en tous cas, un mot sortit de sa bouche, intriguant. « Antonescu ». Mon oreille sélective n’avait retenu que ce mot dans toutes ses paroles, cependant il signifiait beaucoup pour moi. C’était celui d’une branche de ma famille dont je n’avais pas eu de nouvelles depuis probablement dix ans au moins. Ma curiosité se fit sentir et je me retournais. Cette femme, se pourrait-il que ce soit … ma cousine germaine ? La généalogie et moi n’étions pas faits pour nous entendre, je n’avais retenu que la partie la plus intéressante. Si en plus j’allais dans le magasin de ma cousine depuis un moment sans avoir conscience que c’était elle, je pouvais vraiment passer pour le dernier des imbéciles. Nous étions petits la dernière fois que nous nous étions, pas étonnant que nos visages nous soient étrangers aujourd’hui. Mais tout de même, j’avais un peu de moi. M’approchant d’elle, il fallait que j’en ai le cœur net.

« Bonjour. Puis-je vous poser une question ? Ne seriez-vous pas par hasard Nitzan ? Nitzan Antonescu ? »

J’ignorais si elle allait me répondre ou me prendre pour un fou, mais il ne me coûtait rien de tenter.

Je n’avais certainement pas opté pour la meilleure stratégie pour aborder la jeune femme. M’exprimer face aux personnes avait toujours été difficile. Ce n’était pas de la timidité, simplement la conséquence de onze années de silence. Quand toute votre enfance est régie par le fait que l’on ne peut vous entendre, poser une question est un peu plus difficile. Encore aujourd’hui, il m’arrivait de me contenter d’un hochement de tête pour saluer mon entourage ou même mon patron, ce qui passait plutôt moyennement  vis-à-vis de mon supérieur hiérarchique. Sa réaction plutôt énervée, me fit reculer d’un pas. Si c’était l’accueil réservé aux clients aujourd’hui, la recette ne serait pas des meilleures. Et depuis quand avais-je le profil d’un agent immobilier ? Je n’étais même pas en costume. Ce n’était certainement pas le bon moment pour lui parler et je me mêlais de ce qui ne me regardait pas, en l’occurrence son identité. Pensant être de sa famille, je pouvais me permette de savoir, non ? En tous cas, je n’avais pas agi comme il le fallait, et m’excusait platement vis-à-vis de la vendeuse.

« Excusez-moi madame, je ne voulais pas vous déranger. »

Sans comprendre comment tournait cette scène rocambolesque, ce fut à son tour qu’elle s’excusa envers moi. Oh. Hochant rapidement la tête, je comprenais tout à fait ce à quoi elle faisait allusion. Pour sa gouverne, je la mettais en garde concernant son comportement, étant pratiquement certain de parler à ma cousine. Je mettais un peu moins de distance entre nous dans l’intonation de ma voix, et j’étais presque certain qu’elle ne m’avait pas reconnu. Essayant mentalement d’allier la photo de nos vacances à la mer avec le visage de cette jeune adulte

« Veillez à connaître votre interlocuteur la prochaine fois. Je n’ai pas la tête d’un agent immobilier… enfin j’espère. »

Je la dévisage, cherchant à assembler les souvenirs lointains. Si lointains que tout ne revient pas, pas tout de suite. A la regarder, aucune image hormis les photos de vacances ne me viennent en tête. Je pourrais très facilement me tromper, il pourrait s’agir d’une toute autre personne. J’aimerais avoir raison. Parce que la famille est importante à mes yeux. Personne n’est à l’abri de la perdre un jour, que la mort accoure pour vous l’arracher sans que l’on puisse agir d’une quelconque manière.  Alors elle m’était relativement précieuse, je ne voulais pas la perdre et profiter au maximum de sa présence.

« Si vous êtes Nitzan Antonescu, alors je suis votre cousin Hayel Blackson. J’ignore si vous vous souvenez de moi, mais nous avions l’habitude de jouer ensemble, enfants. »

Je ne peux m’empêcher de la vouvoyer. Tant que je n’aurais pas confirmation d’avoir ma cousine et de pouvoir la reconnaître, je m’en tiendrais à la politesse en rigueur. Vais-je retrouver la petite fille intrépide en cette adulte ? Ou a-t-elle complètement changée, au point de n’avoir de commun qu’un lien de parenté ? Les questions s’entassent dans ma tête, auxquelles je n’ai point de réponse. Le temps a passé, nous avons chacun évolué de notre côté. Et maintenant, que se passe t-il ? A elle de me le dire. A elle de réagir, bien comme mal, à cette annonce. La famille a-t-elle autant d’importance à ses yeux qu’aux miens ? Tout ne dépend que d’elle.

La voilà qui s’excuse de sa conduite. Ma cousine n’a jamais été une mauvaise fille, juste un peu trop impulsive parfois. Ses réactions pouvaient être parfois directes et acides, cependant ce n’était que pour se défendre. Je reconnais que je fus surpris de cette réaction, mais dans le fond, dix années n’avaient pas suffi à faire changer la jeune femme. Voilà qu’elle bafouait des excuses pour son comportement, me proposant une excuse par des bons de réduction. Je n’en demandais pas tant de sa part, c’était juste arrivé. Je n’avais pas non plus eu la meilleure approche qui soit, alors je comprenais tout à fait que le premier dialogue n’ait pas bien collé. La communication et moi, nous n’avions jamais fait très bon ménage tous les deux, et ce n’était pas les années qui allait arranger ce petit défaut chez moi. Lorsque le silence vit en vous, qu’il s’incruste dans nos vies, il n’y a aucun retour en arrière possible. Il se forge une place, il s’installe et nous envahit, puis attaque l’entourage. Quand la parole n’a plus son mot à dire, que le silence est plus amical après tout, c’est là qu’il gagne.

« Je n’en demande pas autant quand même… mais merci »

Voilà, je ne savais pas quoi dire d’autre. Je me sentais mal à l’aise, et ce sentiment ne voulait nullement s’en aller. Il était trop grave pour faire machine arrière, j’étais venu lui parler. Je ne le regrettais pas, si je l’avais fait, c’est que j’en avais particulièrement envie. Et je vis dans le regard de Nitzan celui de ma cousine, heureuse de me retrouver après tant d’années. Tant d’années perdues dont nous n’avions pu profiter pleinement. Je la connaissais bien, mais maintenant, qui pourrait dire que nous nous connaissions toujours, comme avant ? Certaines choses n’avaient pas changées, mais je ne pouvais à l’instant pas me faire un avis très objectif sur la chose. Le temps change les gens, il les fait évoluer d’une certaine manière. Qu’on l’approuve ou non, il n’est pas possible de revenir en arrière, et l’on doit s’adapter à cette nouvelle personne qui change. Je plonge mes yeux dans les siens, et nous nous regardons, comme deux enfants qui ne sont pas vus des vacances d’été, prêts à refaire les cent coups ensemble. La jeunesse, une période de la vie si précieuse, dont on se rend compte de son importance une fois que celle-ci s’est envolée… J’acquiesce, un sourire aux lèvres.

« Oui, c’est moi. Bel et bien moi. »

Je voudrais lui dire beaucoup de choses, celles que l’on n’a jamais eu l’occasion de dire, car je croyais que l’on continuerait à se fréquenter, se voir. Finalement, rien n’opéra, rien ne se fit, le contact s’envola par un concours de circonstances dont les enfants n’ont aucun pouvoir. Après tout, ce sont les parents qui décident. Les miens étaient morts, ce qui n’avait pas facilité par la suite les relations familiales. Un côté de ma famille devait forcément en pâtir plus que l’autre, après tout, mon oncle m’avait élevé. Maintenant, plus rien ne pourrait nous séparer si nous ne l’avions pas décidé. Nous étions maintenant des adultes, nous seuls décidions de notre futur.
Ma voix, un sujet bien dissimulé. Personne ne connaissait le vrai fond de l’histoire. J’avais décidé de garder tout cela secret, de ne pas en parler. Qui croyait au surnaturel d’abord ? Je préférais donc rester évasif, sans m’attarder sur le sujet.

« C’est revenu, tout simplement, l’année du bac. Et oui, si tu veux mais on peut également rester ici pour discuter, cela ne me dérange pas. Qu’est ce que tu deviens ? »

Où que l’on aille, quoi que l’on fasse, peu importait. Il n’y avait qu’une seule chose qui importait, une seule pour avoir de l’importance aujourd’hui, et c’était que j’avais retrouvé ma cousine.

Nous voici réunis et prêts à nous relater le bon temps, celui de l’enfance et des souvenirs à la volée de nos vadrouilles à deux. Je me sentais comme un môme retrouvant sa complice de toujours, celle pour qui les bêtises allaient bon train et où le but consistait à ne pas se faire prendre par les parents. Voilà que ma cousine m’invitait dans une pâtisserie, française en plus, de quoi allécher mes babines en grand gourmand que j’étais. Ses affaires rassemblées et le magasin fermé, Nitzan fut prête à m’emmener dans le lieu rêvé. S’il y avait une chose que j’avais apprise chez elle, c’était qu’il ne fallait jamais la contrarier. Nitzan était bien en train de fermer la boutique pour moi. Incroyable mais vrai.

« Oui depuis un bon moment déjà. Et toi ? C’est dingue que nous ne soyons pas croisés plus tôt ! »

Les circonstances familiales jouaient également et si nous n’avions pas fréquenté le même lycée, il était normal que nous ne nous soyons pas vus depuis. L’important était que nous nous soyons retrouvés. Nous marchâmes jusqu’au lieu dit, que je ne connaissais que de vu sans jamais y avoir mis les pieds, et nous entrâmes tout sourire. Le gérant allait avoir du mal à nous virer de là, j’allais me faire plaisir ! Je ne sus même pas quoi choisir tant la carte me semblait appétissante. Je dus me montrer raisonnable, me promettant d’y retourner sous peu. Il y avait bien plus important à se dire que de se concentrer sur la pâtisserie ! Plus de dix ans sans se voir, il y en avait des choses à se raconter !

« C’est marrant, moi aussi j’ai monté un groupe, mais au lycée. Les membres ont été dissous depuis, qu’est ce que j’en ai de bons souvenirs cependant ! » J’esquissais un sourire, fier que ma cousine ait également un groupe « Quel est ton rôle ? Chanteuse ? Tu vas devoir me dire quand est ce que tu iras jouer !» Je la voyais bien donner toute son énergie dans sa voix ! « Pour ma part, je suis devenu pompier. Un métier à plein temps, surtout ici si tu veux mon avis. Mais je m’y plais beaucoup. Il faut juste faire preuve de beaucoup de sang froid. »

Et de disponibilité. La plupart, les alertes étaient lancées en pleine nuit et je devais me tenir prêt et disponible n’importe quand. Un métier qui demandait de faire face aux intempéries, au temps, et dont personne ne pouvait prédire à l’avance le travail qui nous attendrait sur le terrain. Mais il me plaisait énormément. Je ne le changerai pour rien au monde. D’une certaine manière, ce n’était que pour rendre justice à l’incendie qui avait tué mes deux parents et ôté ma voix. Je ne voulais plus que cela n’arrive à aucun enfant, aucune personne.

« Je crois que tes parents ne s’entendaient pas trop avec mon oncle et ma tante. C’est pour ça qu’ils ont arrêté de se voir et que nous avons perdu contact. Ne te sens pas mal à cause de »

Le sujet lui semblait sensible et tangible, à moi non. Nous n’étions que des gosses, n’avions que d’autres choix que d’écouter nos parents. Nous avions été séparé enfants, mais nous venions de nous retrouver, et je ne voulais penser qu’à cela maintenant.

« Nous avons beaucoup de temps à rattraper tous les deux ! Mais tu verras, je ne compte pas m’envoler avant un bon moment. »

Je fus flatté que ma cousine se souvienne d’autant de choses me concernant. Etant plus jeune que moi, je n’aurais jamais imaginé que certains souvenirs de son enfances l’avaient marquées à ce point.

« Ouais, hautbois. Je voulais arrêter tellement c’était dur. Et puis j’en ai un peu continué après mais sans plus. J’étais plus au piano et à la basse. C’est de la basse que je jouais dans mon groupe. Je les veux tes dates, et comment, tu rigoles ? J’irai te voir cousine, je serai ton plus grand fan ! »

L’écoutant narrer ses péripéties avec les critiques, je restais fasciné par ce qu’elle était devenue. Je n’aurais pas imaginé la voir ainsi en réalité. Devenir cette fille qui gardait un magasin de disques et de musique tout en jouant avec son groupe pour le plaisir. Mais c’était Nitzan et j’en étais pour ainsi plutôt fier. Ma cousine en concert !

« Vous devez avoir un nom dans le milieu pour avoir reçu des critiques ! Quel est le nom de ton groupe au fait ? Il y a des démos sur Internet ?»

J’étais prêt à aller farfouiller la toile à la recherche d’infos bien évidemment ! Quand je lui disais que je serai son plus grand fan, je ne disais pas les choses à moitié ! Dix ans à rattraper c’était dix ans. Ma mine se fit plus sérieuse lorsqu’elle m’annonça l’incendie dont elle avait été victime. La famille et les incendies ne faisaient pas bon ménage, et je m’inquiétais davantage. Le collègue dont elle me parle, je voyais très bien qui il était et l’allusion qu’elle fit concernant son nom me fit rire, me détendant un peu. Je restais pourtant assez inquiet bien que l’incident soit passé.

« Tu n’as rien eu j’espère ? Tu sais que je ne supporterai pas de perdre un autre membre de ma famille dans un incendie… Vous avez trouvé quelle en était la cause ?»

Drake était un chic, enfin pour ce que je connaissais de lui. Un peu téméraire, mais nous l’étions tous en bon pompier : des fous prêts à se tuer pour sauver une vie. Notre chef nous disait souvent de ne pas se lancer dans les flammes sans être sûrs d’en ressortir. Je dois reconnaître que nous avions tendance à agir à l’inverse : d’abord on fonce, après on réfléchit. Drake avait fait de même, galérant pour sauver ma cousine. Mais elle était en vie grâce à lui. A sa place, j’aurais été pétrifié sur place, revivant à nouveau la possible perte d’un être cher. Il était préférable que je n’ai pas été sur les lieux ce jour là.

« Je devrais le remercier pour le sauvetage de ma cousine, je lui dois une fière chandelle ! Drake est un bon collègue, je ne le connais pas plus que ça, mais c’est bien que tu te sois fait des amis ! Même si je désapprouve les circonstances de votre rencontre.»

Souriant à la fin de ma réponse, je n’en demeurai pas moins des plus sérieux. Personne n’était à l’abri d’un incendie et j’avais l’art de les attirer dans ma famille, pour ma part. Mon visage se rembrunit lorsque Nitzan m’en demande plus sur les circonstances de ma voix retrouvée. Comment lui expliquer que c’est la vision d’un esprit autour d’une amie qui a généré ceci ? Je ne peux pas, j’ignore même si elle est médium et possède cette faculté tout comme moi. C’est à croire que je passerai pour un fou sinon !

« Un choc. Je ne me souviens plus trop, mais ce jour là, j’ai hurlé. Et lorsque l’on m’a parlé, j’ai répondu. Les sons sont sortis d’eux-mêmes, et je ne savais l’expliquer. Il a fallu que j’aille chez un orthophoniste durant quelques temps, mes sons étant trop étranges, et puis voilà que je parle normalement maintenant. »

En gros, l’histoire bien hachée pour une personne non médium. La version officielle que j’avais à peu près racontée à tout le monde. Pas trop de détails, pas trop de mensonges donc.

Spoiler:

« C’est déjà pas mal ! Au moins vous vous amusez ! »

Tout le monde n’avait pas forcément le temps pour monter son groupe effectuer les répétitions, trouver le local adéquat tout en trouvant des bars d’accord pour les laisser se produire sur scène. Tout n’était pas aussi simple que l’on pouvait bien le penser.

« Je peux quand même désapprouver que tu te sois retrouvé dans un incendie ! »

Incroyable ces femmes il fallait toujours qu’elles prennent tout de travers ! Jamais contentes en plus. Je faisais une remarque sur le fait que leur rencontre aurait pu être un peu moins dangereuse même si ce n’était la faute ni de l’un ni de l’autre, et à la place, je me faisais lyncher pour désapprouver leur rencontre ! Ces femmes, nous étions asservies à elles, à faire tout ce qu’elles voulaient. C’était ma cousine en plus, même si je ne pouvais rien lui refuser, parfois, j’aurais bien voulu lui faire entendre raison sans que mes propos ne soit compris de travers.

« Ah ah, oui en effet ! Mais je ne me presse pas d’en trouver une, je veux tomber sur la bonne ! Et toi alors de ton côté, avec les hommes ? »

Je n’étais pas pressé de trouver une fille belle comme un cœur et vide à l’intérieur. J’avais encore le temps de profiter de ma vie de célibataire sans les responsabilités relatives à la vie de couple. Tellement plus facile à vivre au quotidien. Souvent, les filles pour lesquels un pompier attirait avait plus de poitrine de neurones dans le cerveau. J’en voulais au moins une avec qui je serai capable de tenir une conversation sans soupirer devant le ridicule de ses mots. On pouvait toujours dire que je n’étais pas un mec normal, mais je n’allais regarder la taille de la poitrine avant d’en choisir une. Ce que je cherchais, c’était une relation qui durerait dans le temps, pas le petit coup d’un soir sans lendemain. La deuxième option pouvait parfois être bienvenue dans des circonstances festives mais ce n’était pas ce que je recherchais. J’étais un peu old school, on pourrait croire, mais je m’en remettrais bien. Nitzan était déjà inquiète pour mon travail, c’était attentionné comme tout, mais je ne profitais pas de mes heures de travail pour aller faire les magasins de musique !

« Ne t’en fais pas, je suis en temps libre. Je peux être sollicité à tout moment pour une intervention, mais, le reste du temps, soit nous restons à la caserne pour s’occuper de la paperasse environnante, soit nous sommes libérés. Les horaires ne sont pas fixes, puisque nous agissons en fonction des aléas. Ce ne sont pas que de feu qu’il s’agit, mais également d’interventions animalières comme les essaims perchés dans les toits, ce genre de choses parfois fort peu sympathiques. »

Je pouvais parler de mon métier plutôt longtemps mais je n’allais pas non embêter ma cousine avec le quotidien d’un pompier. Ce qui était le plus contraignant, c’était la forme physique à entretenir régulièrement, afin d’être prêt pour toutes les intempéries possibles. Mon chef veillait à ce que nous fassions nos exercices de musculation réguliers, afin de pallier à n’importe quelle situation extrême. J’étais parfois de garde aussi, enfin, tout dépendait des jours et du planning affiché.

« Tu comptes rester longtemps à la Nouvelle Orléans ? Ou tu veux vagabonder dans le monde comme tu le disais si bien enfant ? »

Je me souviens de Nitzan voulant partir à la découverte du monde. Ses rêves d’enfant avaient certainement évolué depuis, mais c’était drôle d’effectuer cette coïncidence entre passé et présent. Pas du tout ce à quoi on s’attendait une fois adultes finalement.

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