Sujet: Love is not a battle [PV Solene] Mar 11 Mar - 23:17
Washington square park, un petit coin de verdure qui ne faisait de mal à personne. Alastair se tenait sur un banc, les bras sur les genoux, pensif. Il avait quelque chose entre les mains, quelque chose qu'il avait trouvé aujourd'hui dans la rue. C'était un petit jouet d'enfant, un soldat en plastique. A l'époque, c'était en plomb mais plus aujourd'hui. Le petit soldat lui rappelait Alastair Junior. Pensif, le Dibbouk fit tournoyer le petit objet entre ses doigts tandis qu'il retendait les rires de son fils. Il le voyait gambader maladroitement, rire, voire glousser, sous le regard tendre de Rebecca. Le mauvais esprit ferma les yeux, tentant d'effacer les images mais en vain. Il revoyait son fils manifester les premiers signes de la pneumonie qui allait l'emporter à deux ans. Il revoyait son petit corps allongé, le cri de Rebecca berça ses oreilles et le mauvais esprit ouvrit brusquement les yeux. Il se plongeait bien trop dans son passé ces derniers temps. Quelque chose le travaillait et cela se manifestait chez lui ainsi.
Alastair soupira et posa le petit soldat sur le banc. Il leva les yeux et à cet instant, fronça les sourcils. Un type ne le lâchait pas du regard. Les vivants ne le voyaient pas théoriquement, il était invisible. Seul un médium pourrait se rendre compte de sa présence et si la personne devant lui était un médium, alors il sentait que quelque chose clochait. Alastair n'aimait pas cela. Le Dibbouk frémit, il avait appris à se méfier des médiums pour éviter de se retrouver dans l'autre monde. Depuis que les esprits semaient la terreur, les vivants se rendaient compte de quelque chose. Ce n'était pas forcément une bonne chose car cela attirait l'attention des vivants sur eux. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'une congrégation d'exorcistes vienne déloger les esprits en place. Alastair en aurait parié sa main au feu. Sauf qu'il ne pouvait plus se brûler vu qu'il était mort, blague du soir bonsoir !
Au bout d'un moment, l'homme se décida à bouger et à partir. Le Dibbouk se demandait s'il devait le poursuivre et s'assurer qu'il ne risquait rien avec cet individu mais il n'était pas d'humeur. Les feuilles qui traînaient encore au sol voltigeaient à cause du vent et l'ancien palefrenier tourna la tête pour voir quelqu'un qu'il aurait désiré de ne pas voir à cet instant. Quelqu'un de précis, Solene. Le Dibbouk toisa l'autre esprit. Ils ne s'entendaient pas. Elle avait une grande gueule et ce n'était rien de le dire. Il ne comprenait pas comment une femme, noire de surcroît, osait autant ouvrir la gueule en sa présence. Au moins, à son époque, les femmes se la fermaient, fin de l'histoire.
« Que me vaut donc le déplaisir de ta présence, très chère ? »
Son ton pouvait sembler aimable, il pouvait avoir l'allure affable mais en réalité, Alastair aurait voulu la bouffer toute crue. Il n'était pas en état de supporter quiconque et il fallait que l'autre esprit se pointe ici et maintenant. C'était bien ça le problème avec les morts, ils vous enquiquinaient n'importe quand, ils avaient un peu que ça à faire. Alastair toisa la femme avec toute l'hostilité dont il était capable.
« J'imagine que tu n'as pas encore d'hôte si tu es ici, à m'enquiquiner. »
Entre eux, c'était une rage mutuelle. Si Furfur avait pu la tuer, il l'aurait fait, sauf qu'il ne pouvait pas, malheureusement. En parlant d'hôte, il rappelait l'ordre de Belaam de faire en sorte de trouver un corps. C'était un peu le but de terroriser les vivants, affaiblir les défenses pour mieux les avoir. Alastair était particulièrement mordant aujourd'hui et il était bien décidé à se défouler sur Solene pour oublier ce qui le travaillait intérieurement. Le Dibbouk n'aimait pas afficher ses faiblesses et clairement, à cet instant, il se sentait faible. Ce sentiment de faiblesse ne lui venait que quand il pensait à son passé d'humain. Il fallait donc en tirer les conclusions qu'il se devait. Pour Alastair, cela voulait dire qu'avoir des sentiments c'était avoir des faiblesses. Donc si on suivait son raisonnement, il suffisait de couper les sentiments, pas vrai ?