Ses yeux bleus rivés sur la grande horloge, remuant légèrement la tête au rythme de la vielle basse que gratouillait l’un des clients de la boutique de sa tutrice quand la voix grave du type déclarait qu’il allait la prendre. Le sortant de ses songes, se levant lentement avant de s’approcher timidement de la caisse où la jolie brune semblait débordé. Il ne fit pas un bruit ; puis enfin elle avait relevé les yeux vers lui et il lui adressait un tendre sourire. Maddox allait beaucoup mieux, il s’était accoutumé à cette nouvelle vie chez elle ; à l’absence de Tamina et aux retrouvailles avec un homme dont il taisait l’identité. Il n’avait été incapable d’expliquer à la jeune femme qu’il avait retrouvé Alexey, cela parce qu’il lui avait sauvé la vie probablement et qu’il ne voulait pas lui causer encore des ennuis. Ô qu’il s’en voulait de l’avoir envoyé en prison ; jamais n’aurait-il du le dénoncer à la police et rien de tout cela ne se serait produit. Jamais il ne serait allé à l’hôpital psychiatrique et jamais il n’aurait souffert de la mort de son ami qui avait périt devant lui. Toutes ces choses horribles qui n’auraient pas eu lieue, mais vivre avec Alexey faisait partie de toutes ces choses horribles. Il se souvenait encore la douleur des coups, du froid de l’eau de la douche sur son corps couvert d’ecchymoses… Il en frémissait en y repensant, de cette colère dans le regard d’un homme qu’il avait cru être son ami, qu’il croyait encore être.

Il lui demandait s’il pouvait aller à la librairie à deux rues de là ; ils avaient l’habitude de s’y rendre. Bien sur, elle acceptait. Même si Maddox était un grand enfant, il restait adulte pour certaines choses. Pour ce qui était de se débrouiller seul, c’était une notion encore floue mais il apprenait doucement malgré ses difficultés à faire face à l’imprévu. Avant de partir, il grimpait les escaliers qui menaient aux étages pour aller chercher un livre particulier qu’il s’était mis de coté. Ses pieds enfermés dans des rangers mal lacés foulaient alors seul le sol de la rue ; les gens se promenaient avec insouciance et lui longeait les murs comme à son habitude ; ses yeux bleus rivés sur le sol planqué derrière des mèches trop longues de sa chevelure brune mal peignée. Probablement aurait-il fait un garnement adorable ; il avait plutôt l’allure d’un jeune homme quelque peu sauvage d’un charme pourtant innocent et cristallin. Il était adorable candide et quand son cœur se brisait il y avait ce gout d’amertume des espoirs envolés. Qu’ils soient bleus ou rouges, les rêves cachaient toujours des cauchemars.

Il poussait la porte de la librairie ; il y avait quelques acheteurs qui se promenaient dans les rayons et la jolie blondinette se tenait là à gribouiller il ne savait quoi. S’approchant à pas lent, serrant contre lui un livre imposant que certains clients lorgnaient interpellé par celui-ci. « Bonjour… » Finissait-il enfin par lâcher timidement ; Prince avait quelque chose d’assez particulier à demander à la belle libraire. Enfin ils croisaient le regard ; il la fixait de cette façon intense qu’il avait de crier en silence ses peines ; ce besoin de l’autre. Ô Regardes-moi, j’ai tant de bleus à l’âme…

Puis enfin, il dessinait un tendre sourire qui jurait avec son regard mélancolique ; Maddox un crève cœur que l’on délaissait parce qu’il cherchait les rayons de soleil et qu’il était nuage. Il aurait voulu embrasser la mort si elle n’était pas aussi cruelle avec lui, il aurait voulu rejoindre ses parents dans le jardin d’Eden et oublier comme il faisait mal d’être condamné sur terre. Il serait un ange parfait ; son âme n’était entachée d’aucune pensée cruelle. Pas même de rancune envers ce que le sort lui infligeait. « Je voudrais offrir un livre pour Nitzan… Ô je n’ai pas d’argent, mais on peut échanger… Regarde… » Déposant sur le comptoir ce qui s’avérait être un livre plus très jeune sur l’occulte et les esprits. Le pauvre fou pensait bien faire ; estimant que ce livre était probablement bien trop vieux et que Nitzan l’avait de ce fait lu plusieurs fois et qu’elle serait probablement ravie d’avoir quelque chose de nouveau à lire. De plus, il l’avait souvent vu feuilleter ce livre en soupirant d’ennui. Il voulait simplement faire quelque chose pour elle après tout ce qu’elle avait fait pour le sauver. Il n’avait pas idée de savoir comme cet ouvrage était précieux à sa tutrice, mais créerait également débat auprès de la vendeuse qui ne s’attendait certainement pas que le petit candide lui apporte un tel livre.

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Amelia K. Donovan & P. Maddox Seelerk

Chaque journée, je me levais avec de moins en moins d'ambition, toujours un peu moins d'idée de ce que je voulais faire de ma vie. J'ignorais ce en quoi je voulais étudier et j'avais l'impression de n'avoir aucun rêve d'avenir si celui de mon coucher confortablement dans mon lit le soir. Je savais déjà que je n'étais pas particulièrement ambitieuse, que je n'avais pas trouvé ma grande passion qui me donnerait envie de défoncer les murs et braver les interdits. Je trouverais peut-être un jour, mais avec Evan en moi j'en étais de moins en moins certaine. Je n'arrivais plus à rien, pas même à sortir. Il était de plus en plus envahissant et je ne savais pas quoi faire pour me départir de lui. J'aurais voulu pouvoir en parler à quelqu'un, mais à qui? Personne ne me croirait et j'ignorais même si Evan me laisserait parler ou s'il m'en empêcherait. Avant, il se contentait de me parler, de m'inciter, mais désormais il prenait carrément possession de mon corps. C'était la sensation la plus horrifiante que j'avais ressenti de ma vie. Je préférais ne pas y penser et prier pour que cela se produise le moins possible.

Je m'accrochais donc à la seule chose qui s'offrait à moi : mon emploi. Un emploi qui n'avait rien de fantastique, un emploi tranquille, mais que j'aimais quand même. Je faisais le maximum d'heure qu'ils voulaient bien m'offrir. J'y passais beaucoup de temps, regrettant presque la fin du jour et la fermeture de la librairie. Cette journée était comme toutes les autres. Un cahier à la main, je prenais quelques notes sur l'inventaire de bouquins que nous devions passer pour la semaine. Je regardais ma liste de livre, griffonnant plus que je n'écrivais réellement quand j'entendis une voix timide me saluer. Relevant la tête, je fus surprise de voir celui qui se trouvait devant moi. En fait, je remarquai surtout l'énorme livre qu'il tenait à la main. Ce livre ne venait certainement pas d'ici, il était trop volumineux et puis il semblait très vieux. Réalisant que je n'étais peut-être pas la plus courtoise à fier son livre ainsi, je levai les yeux pour le regarder attentivement. En croisant son regard, je sentis quelque chose en moi. Ou plutôt quelqu'un. Evan s'animait en moi et je le sentais. Pourtant cela n'avait rien à voir avec les crises de jalousie qu'il faisait depuis quelques temps lorsque je parlais à un homme. Cette fois, c'était... de la joie! J'en fus presque surprise de sentir cette soudaine agitation en moi. Je dus faire un effort pour ne pas laisser Evan gagner le dessus, mais je ressentais tout de même ce qui lui ressentait. Toute cette joie de le revoir et en même temps une forte tristesse de voir qu'il avait l'air de souffrir en silence. Ces émotions déteignirent sur les miennes et je lui adressai un sourire compatissant.

«Bonjour. Que puis-je faire pour toi?»

Sa demande me laissa un peu surprise, plus interrogée. Qui était Nitzan? Je l'ignorais à vrai dire, mais je compris à son air que cela devait être important. Il posa sur le comptoir devant moi le livre que j'avais remarqué plus tôt. Simplement en regardant la couverture, je sentis un frisson me traverser. Un livre d'occultisme. Sur les esprits. J'eus la maigre pensée de me demander si ce livre était vraiment crédible. Pourrait-il m'apprendre quelque chose que j'ignorais? Y trouverais-je des réponses à mes questions? Je posais ma main sur le livre et immédiatement je la retirais. J'avais eu cette sensation étrange, comme si un choc électrique avait traversé mon corps. Il me fallu un moment pour comprendre qu'il s'agissait en fait d'Evan qui venait de lui envoyer un signe. Il valait mieux qu'elle ne touche pas à ce livre. Je me pinçai doucement les lèvres, posant ma main sur le livre mais cette fois pour le pousser vers lui.

«C'est un beau livre que tu as, mais je crois que tu serais mieux de le garder. Cela n'empêche pas que tu puisses lui en donner un nouveau, en plus de conserver celui-là, qu'en dirais-tu? Viens, suis-moi»

J'attendais qu'il ait récupérer son livre pour l'inviter à me suivre. Je fis signe à une collègue que je partais pour quelques instants avec un ''client''. Nous avions l'habitude et puis il fallait dire que nous travaillions pas dans un endroit tranquille où ce genre d'absence était fréquente, quand ceux-ci nous posaient des questions, cherchaient des livres ou autres. Je le fis me suivre jusque dans le fond de la boutique, ouvrant la porte de la section réservée aux employés en lui souriant, comme pour le rassurer qu'il pouvait entrer.

Un sourire se peignait sur son visage magnifique et l’homme naïf le lui rendait par imitation ; ne sachant pas vraiment pourquoi elle pinçait un peu plus les lèvres que d’habitude. Il l’avait vu sourire de façon plus libre ; le jour où il lui avait demandé s’il pouvait garder le livre du Petit Prince, une œuvre qu’il gardait sur sa table de nuit. Alors il posa ses yeux sur le vieux libre, et si c’était le livre préféré de Nitzan ? Ô qu’il était horrible ! Pourquoi faisait-il une chose aussi méchante ? Elle repoussait le livre vers lui et ses yeux bleus se firent interrogateurs. Elle ne voulait pas. Baissant lentement les yeux, cette allure de gosse qui avait espéré et dont la déception lui été difficile d’avaler. Pourtant, il prit sur lui. Maddox pouvait s’avérer capricieux par moment, mais ces derniers temps ces caprices étaient d’un tout autre ordre. Pas matérielle. Les caprices quand il se réveillait en sursaut au milieu de la nuit ; pleurant pour dormir dans le lit de sa tutrice comme un gosse de trois ans qui avait besoin d’être dans le lit des parents pour échapper à ses angoisses nocturnes. La seule défense de Prince était ses larmes, c’était elles qui poussaient les gens à prendre en considération ses peurs ; ses émotions. Des sentiments souvent trop fort pour lui, ses yeux dégoulinaient parce qu’il ne savait pas se gérer ; parce qu’il se laissait submerger par des émotions refoulées. Mais la déception ne dura qu’un instant. Les mots de la jeune femme firent renaitre un sourire sur son beau visage tandis qu’il attrapait le livre épais contre son torse avant de la suivre les bras croisés autour de l’ouvrage.

« D’accord… Elle a beaucoup de livres comme celui là… Mais ils sont vraiment vieux tu sais… » Ils arrivaient devant une porte ; il s’arrêta alors sans la quitter de ses iris bleues. Elle lui fit alors signe d’entrée ; il ne su pourquoi mais il se sentait assez mal à l’aise à cet instant. Il la suivit tout de même, entrant dans une pièce où des nombreux livres étaient encore emballés par plusieurs, entassé, rangé, des papiers, des étagères… La porte se fermait et il sursautait ; se tournant vers la jeune femme d’une angoisse marquée sur les traits de son visage fin. Les portes qui se fermaient dans son dos, renvoyé à des souvenirs douloureux. La salle de bain qui se ferme ; le laissant nu avec cette parfaite inconnue qui lui frottait le dos. La porte de sa chambre qui se fermait après avoir reçut une injection au dessus des fesses après avoir été tiré de force dans son lit. La porte du tribunal qui se fermait et le forçait à parler de la mort d’Harry. La porte de la voiture qui se fermait et l’obligeait à aller dans cet hôpital pour les fous. Baissant les yeux en serrant l’ouvrage contre lui comme l’on serra une peluche pour se donner courage, il n’avait aucune raison d’avoir peur n’est-ce pas ? Il fallait dire qu’il ne connaissait que très peu cette jeune femme et même si elle avait toujours été particulièrement gentille avec lui ; le doute envers le genre humain l’oppressait de par ses expériences malheureuses. « Je n’ai rien fait de mal n’est-ce pas ? » Interrogeait-il craintif, les espaces clos ne lui présageaient jamais grand-chose de bon, il n’était pas pour autant claustrophobe. Il était un être qui avait simplement besoin d’être rassuré.

C’était irréaliste ; il était un homme et était bien plus grand et fort que la jeune femme. Pourtant, il avait peur. Car malgré les apparences, il était incapable de se défendre contre qui que ce soit, cela en avait toujours été ainsi. C’était sa faiblesse, c’était ce qui le rendait touchant ; c’était ce qui faisait de lui la victime idéale. Il était fou, il était fragile avant tout. Regardant alors le livre avant d’ajouter au bord des larmes « Je ne voulais pas le voler… Je te jure… C’était pour lui en offrir un autre ; je voulais qu’elle m’aime. » Non pas d’un amour qui liait l’homme et la femme, c’était bien plus innocent et sincère pourtant. Il avait besoin qu’on l’aime, qu’on ne lui mente plus. Que l’on cesse de lui faire des promesses amères, qu’on cesse d’oublier qu’il avait des émotions et qu’il était écorché de la vie qu’il menait.

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Amelia K. Donovan & P. Maddox Seelerk

Je lui souris, faisait de mon mieux pour être gentille avec lui. En fait, c'était plus fort que moi, quelque chose me poussait à sourire sans cesse et à vouloir l'aider. Cette impulsion positive est une des rares qu'Evan ne m'ait jamais donnée, surtout face à un homme. Dans le cas présent, je vois bien le corps d'homme, mais je sens aussi l'enfant en lui. Cela n'est pas inconnu de personne, ce jeune homme est un peu comme un enfant. Un enfant profondément gentil et plein de bonne volonté.

Il me suivit avec son livre dans les bras. Je ne lui dis pas immédiatement où nous allions, je voulais lui faire la surprise de l'endroit. Cependant, en me trouvant vers lui pour lui tenir la porte et le faire entrer dans la pièce, je sentis son malaise. De quoi pouvait-il bien avoir peur? Il me suivit néanmoins et je refermai la porte avec soin, celle-ci produisant son bruit habituel qui ne manqua pas de faire sursauter le pauvre garçon. La manière dont il me regarda à cet instant aurait pu me fendre le coeur : si angoissé, si apeuré. Je m'approchai de lui et posai doucement ma main sur son épaule alors qu'il serrait son livre fort contre lui. Je le regardai en souriant doucement, faisant ''non'' de la tête.

«Bien sûr que non, tu n'as rien fait de mal. Au contraire, j'ai un cadeau pour toi. Nous ne serons pas longtemps ici si tu veux, tu pourras ressortir tout de suite après, d'accord?»

J'attendis de voir si je l'avais réellement rassuré, puis je glissai ma main sur son dos pour lui indiquer la direction à prendre, vers où avancé. Il me suivit ainsi et lentement ma main quitta son dos. J'avançai encore jusqu'à arrivé jusqu'à arriver devant des grands casiers, au fond de la salle. Dans ceux-ci étaient entassés des centaines, voir des milliers de livres. C'est alors que j'entendis sa voix, si triste et au bord des larmes. Je me retournai pour faire face à un visage si plein d'espoir et de tristesse. Je ne pus alors que m'approcher de lui à nouveau. Je fis glisser ma main sur sa joue, prête à essuyer une larme si celle-ci venait à couler.

«Je sais que tu n'as jamais voulu le voler. Je sais à quel point tu es gentil et tu as voulu lui faire plaisir et c'est pour ça que je t'ai amené ici. Tu vois ces livres derrière moi, dans ces grands casiers, ce sont des livres que nous ne vendons plus. Que dirais-tu d'en choisir un et de l'offrir à Nitzan en plus de garder celui que tu as dans les bras. Ce serait bien, non?»

Je lui souriais à nouveau, essayant de lui faire comprendre à quel point j'étais sincère et ne désirais que lui faire plaisir. Je cessai de caresser sa joue, non pas sans cesser de le regarder. Il était étrange de voir quelqu'un ainsi, si homme extérieurement, mais encore un enfant à l'intérieur. J'avais beaucoup de compassion pour lui, je pouvais deviner qu'il avait vécu des choses horribles, des choses qui marquent quelqu'un à jamais. Evan me souffla la confirmation de cette impression.

«Tu sais, il n'y a pas besoin de cadeau pour qu'elle t'aime. Offre-lui en un, elle sera heureuse, mais je suis certaine qu'elle t'aime déjà»

Elle s’approchait de lui ; il se laissa faire malgré l’angoisse. Cette main posée sur son épaule et il la fixait de ses grands yeux bleus ouverts. Elle lui fit signe que non avant de répondre ; il fut assez soulagé des mots de la jeune femme et commença enfin à se détendre. Que les tourbillons qui agitaient ses pensées pouvaient être cruels. Elle lui dit alors qu’elle avait un cadeau pour lui, vraiment ? Il dessinait doucement un sourire timide sur ses lèvres quand il se laissa diriger un peu plus encore vers le fond de la pièce. Bien sur qu’il appréhendait encore ; mais il avait acquiesçait et était donc d’accord pour la suivre. Le brun mystérieux se mit alors à se justifier, elle était douce. Sa main sur son visage, le rassurait alors. L était vrai qu’ils se connaissaient très peu après tout ; mais il commençait à lui faire davantage confiance un peu plus chaque jour. Prince était un personnage particulier, un être fragile et pourtant parfois pendant un instant, la lucidité pouvait le traverser et le rendre bien plus adulte.

Elle lui expliqua qu’il était quelqu’un de gentil, et cette phrase lui réchauffait le cœur. Il fallait dire avec toute ces choses qu’on l’accablait d’avoir fait ou pas fait le renvoyé à une image négative de lui-même ; se pensant alors immonde. Maddox ne supportait plus son reflet dans le miroir depuis longtemps, ce qui expliquait cette négligence capillaire et probablement serait-ce pire si sa tutrice n’était pas derrière son dos. « Oui… Ce serait bien… » Répondait-il pensif alors, son regard parcourrait les casiers sans oser pour autant les toucher ; puis doucement approchait à pas de velours avant d’approcher les doigts. Cessa sa route lorsque la voix de la jeune femme interrompit cette ascension. Ce qu’elle lui dit lui brisa le cœur et il tournait doucement la tête vers elle ; l’observant au travers des mèches de cheveux qui tombaient devant ses yeux bleus « J’ai l’impression… Mais je croyais que Tamina aussi elle m’aimait ; elle est partie. Pourtant, elle le disait qu’elle m’aimait… Peut-être… Que si j’avais été plus gentil, elle serait restée avec moi. » Peut-être s’il n’était pas fou… Mais voila, il était lui. Il avait le cœur brisé, parce qu’il croyait qu’elle l’aimait, qu’elle le considérait comme un homme et non pas comme un taré dont elle avait la garde. Alexey avait raison… Il avait toujours eu raison…

« J’ai peur que les gens préfèrent l’argent à moi… » Baissant doucement la tête avant de se tourner vers les casiers, ces gestes sont lents. Il serrait encore le livre contre lui, ce qui n’était pas évident pour fouiller. Puis enfin, il tirait un lire épais ; la couverture était magnifique ; colorée… C’était un roman d’un écrivain méconnu ; il l’avait prit au hasard car la couverture l’avait intrigué. Et quand il l’ouvrit ; il fut parcouru d’une étrange sensation. Il n’avait pas lu l’histoire, mais il sentait que quelque chose de particulier la rendait unique. « Celui-ci… » Murmurait-il avant de relever la tête vers la jolie blonde. « Tu es sure que tu ne veux pas le garder… » Demandait-il alors inquiet.

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Amelia K. Donovan & P. Maddox Seelerk

Je semblais être parvenu à le rassurer. Un miracle, sans aucun doute. Je n'étais pas très doué pour calmer les maux de l'âme et rassurer les gens. J'essayais, bien sûr, comme n'importe qui, mais je ne possédais pas l'aisance des mots. Pour une rare fois depuis le début de ma possession, je savais qu'Evan intervenait pour le mieux dans cette situation. Je parlais parfois sans m'en rendre compte et je comprenais que c'était lui qui m'insufflait les mots à dire. Ma main sur sa joue, les impulsions gentilles, Evan me disait quoi faire et je lui faisais confiance pour une fois.

Devant nous s'étendaient un grand étalage de livre. Je les regardais avec un certain sourire. La plupart d'entre eux était là depuis des années, sans avoir bouger. C'était les pauvres mal aimés de notre librairie. C'était ces livres que nous avions jamais vendus, mais que nous avions pu retourner au fournisseur. Il y avait aussi ces livres brisés ou encore avec quelques erreurs qu'on nous rapportait et qui finalement étaient mis là en attendre d'une réparation qui trop souvent ne venaient jamais. Bienvenue aux États-Unis, royaume du capitalisme et de la destruction écologique. Cela m'attristait, je devais l'avouer. Heureusement, de nouveaux employés déploraient comme moi ce gaspillage et nous tentions ensemble d'instaurer des ventes à rabais ou encore à en faire des dons. C'était ce que je faisais à l'instant, un don informel bien sur, mais qui ferait certes plaisir à quelqu'un.

Je regardais le jeune homme parcourir des yeux les étalages. Je sentis que j'avais dis quelque chose de mal, peut-être n'avais-je pas su user des bons mots. Quand il tourna la tête pour me regarder, je sentis une envie effroyable de me cogner la tête contre un mur. Quelle idiote! Pourquoi avais-je parlé sans savoir même ce qu'il vivait. Je voyais bien dans son regard la douleur et les souvenirs d'un passé pas si lointain. Je tentai un sourire, un sourire désolé.

«Cela n'a rien a voir avec ta gentillesse. Tu es déjà quelqu'un de si gentil et si elle t'a abandonné, c'est qu'elle ne mérite pas l'amour que tu as à offrir...»

Avais-je encore dis une bourde? Ces paroles étaient venus de moi et je me sentais frustrée soudainement. Evan m'avait-il abandonné au moment où j'avais besoin de savoir quoi dire? La dernière chose que je voulais c'était bien de faire de la peine à ce jeune homme. Pourtant, je sentis soudainement une nouvelle vigueur en moi... Evan...

Un sourire paru sur mes lèvres sans que je ne le contrôle et je m'approchai de lui, me positionnant à ses côtés alors qu'il fouillait entre les livres. Je ne sus pourquoi je fixais le livre avant même qu'il ne le prenne, comme si Evan savait déjà lequel il allait choisir. Un frisson me parcourut quand il ouvrit le livre et je ne compris pas pourquoi, comme si soudainement j'avais éprouvé ce que le jeune homme ressentait. Ou n'étais-ce qu'Evan? Mon corps se tourna vers lui et je m'entendis lui répondre :

«C'est un excellent choix et je suis certaine qu'il sera bien mieux avec toi qu'à croupir ici dans ces étagères»

Elle lui disait qu’il était déjà quelqu’un de gentil et que Tamina ne méritait pas qu’il l’aime ; il n’avait rien répondu. Assez perturbé de parler de toute cela avec la jeune femme ; il la connaissait à peine après tout et elle ne savait pas que Tamina avait été sa tutrice légale pendant presque huit mois et qu’elle l’avait abandonné de façon si brutale qu’il en avait été anéanti. Il finissait par choisir un livre et elle lui disait que ce choix était parfait ; il lui adressa alors un sourire naïf tandis qu’elle confirmait que le livre serait plus heureux avec lui. Le medium ; s’aventura alors à un contact avec la jeune femme. Le genre de chose qu’il ne faisait pas vraiment en règle générale. Beaucoup trop craintif des réactions, des autres tout simplement. Il prit doucement la main de la jolie blonde et la fixait de ses yeux bleus avec insistance avant de lui dire « J’avais quelque chose pour toi aussi… » Maddox posa le livre de Nitzan sur l’une des étagères ; souleva la première page où se trouvait une feuille de papier dessin. Il le prit lentement entre ses doigts et relevait la tête vers Amélia.

« J’ai dessiné ça avant-hier ; tu sais je t’avais aidé à ranger les livres en haut et… » Il retourna doucement la feuille de papier et il avait reproduit le portrait d’un homme qu’elle connaissait bien, celui d’Evan. Un sourire assez mal à l’aise, il avait baissé les yeux effrayé de sa réaction. Les gens n’aimaient pas vraiment qu’il rapporte ses visions sur papiers, ça avait une connotation effrayante ; mais il avait pensé que cela ferait vraiment plaisir à la jeune femme qu’il espérait serait son amie. « Et j’pensais… Que tu serais contente que je te le donne… Il a l’air de te manquer… » Ses mains tremblaient un peu, il était terrifié à l’idée qu’elle le traite de fou furieux. Il était particulièrement gêné ; reculant un peu, crispé. Il n’osait lever les yeux pour voir son visage. Peut-être n’aurait-il jamais du faire cela ? Nitzan lui avait expliqué pourtant que les gens ne pouvaient pas comprendre, mais qu’il y avait-il de mal ? Il avait juste vu que ce type hantait ces souvenirs ; c’était probablement qu’il lui manquait. Peut-être était-elle amoureuse ; il avait senti le vide. L’incapacité de dire quelque chose ; comme si elle n’avait jamais pu dire à cet homme comme elle l’aimait. Cette idée l’avait tant chagriné qu’il avait voulu faire cela pour l’aider ; pour mériter alors d’être son amie.

« Les gens détestent que je dessines. Mais moi… Je me sens mieux… Mais je n’aime pas vraiment les donner ; c’est à moi. Et… Mais celui là ; j’voulais te le donner. Tu as l’air tellement triste quand tu penses à lui Amelia… Comment il s’appelle ? » Peut-être allait-il trop loin. Il ne savait pas, après tout c’était trop tard. Il lui tournait le dos mal à l’aise refermait le livre et le prit de nouveau contre lui avant de relever doucement les yeux caché derrière ses cheveux, appréhendant particulièrement sa réaction, son regard. Qu’il était si dur d’être aimé.

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Amelia K. Donovan & P. Maddox Seelerk

Peut-être avais-je dit la mauvaise chose? Je l'ignorais puisqu'il n'avait rien répondu. Peut-être étais-ce mieux ainsi après tout. Je ne connaissais rien sur lui, trop peu de choses, je le réalisais maintenant. J'aurais dû lui demander plus souvent ce qu'il en était de sa vie. Le contact de sa main contre la mienne me fit sourire. Comment aurait-on pu repousser un contact si innocent et si bienveillant? Je lui rendais le moindre de ses sourires, mais restait interdite devant sa déclaration.

«Pour moi?»

J'étais surprise. Pourquoi aurait-il quelque chose pour moi? Je le regardai posé le livre pour en soulever la première page. Je vis bien évidemment la feuille qui était posé là et m'interrogeait. Que pouvait bien être cette lettre? Je découvris bien assez vite que cela n'avait rien d'une lettre. Je le regardai en souriant alors qu'il m'expliquait qu'il s'agissait d'un dessin. Mon esprit avait tout imaginé... tout sauf ça.

Sur la feuille, je vis un visage. L'ironie du sort avait voulu que j'oublie les traits de ce visage. À force d'avoir Evan à l'intérieur de moi, j'en avais oublié les traits de son visage alors qu'il était vivant. Cela me frappa en plein visage et je posai mes doigts sur ma bouche, hoquetant à la vue de ce portrait que je ne quittais pas des yeux. Je sentis en moi Evan aussi ébranlé que je l'étais. L'avait-il senti à l'intérieur de moi? Aurait-il pu savoir qu'Evan était là et ne m'avait jamais réellement quitté. Ce fut un flot d'émotion qui jaillit en moi alors que je tendais une main tremblante pour prendre le dessin. J'avais envie de pleurer et d'ailleurs je sentis que mes yeux étaient devenus humides. Comprenant qu'il pourrait mal l'interpréter si je ne réagissais pas, j'offris un sourire touché à Maddox, passant un doigt sur la feuille.

«Merci, c'est... tellement gentil. Je suis émue, pardonne-moi. Ça me fait énormément plaisir»

Peut-être fus-je trop impulsive, mais je le serai doucement dans mes bras, gardant le dessin dans ma main en m'assurant de ne pas le froisser. Je ne savais pas comment il avait su pour Evan, je n'avais jamais parlé de lui. Pourtant, je ressentais un soulagement . Simplement de pouvoir enfin prononcer son nom, sans que l'on se demande pourquoi je mentionnais le nom de ce garçon décédé.

Je me détachai doucement de lui, essuyant doucement mes yeux. Je regardai Maddox, sachant que je ne pouvais pas tout lui raconter. Je sentais Evan en moi qui aurait voulu crier qu'il était là, mais qui ne pouvait pas. Je regardai le jeune homme fermé son livre avec un soupir, alors que pour ma part je m'assoyais sur le sol. Mes jambes faiblissaient et je savais que j'avais besoin de m'asseoir un moment. Je me foutais que mon absence se prolongeait, les autres sauraient se débrouiller et comprendraient. Je faisais signe à Maddox de venir s'asseoir près de moi, s'il le voulait bien évidemment.

«Merci, de bien vouloir me donner ce dessin. Je vais le garder précieusement...»

Je regardais le dessin et j'avais l'impression à cet instant qu'Evan l'observait avec moi. Je savais qu'il voyait à travers mes yeux et je le sentais ému lui aussi de contempler son propre visage. Je poussai un soupir en regardant cela. Je réalisais que cela ne finirait jamais. Avoir Evan à l'intérieur de moi me forçait bien souvent à me couper du monde et à n'être qu'avec lui. Cependant, si je parvenais à faire sortir Evan de mon corps, cela voudrait dire de le faire disparaître, peut-être à jamais. Les deux idées me semblaient insupportables et au fond, la dernière chose que je voulais c'était de lui faire du mal.

«Il s'appelle Evan... C'est un garçon avec qui j'allais à l'école autrefois.»

J'avais parlé de lui au présent, sans même m'en rendre compte. Je tournai la tête vers lui, plongeant mon regard dans le sien. Ma vie avait complètement changé depuis l'arrivée d'Evan, j'avais commencé à croire en ces choses auxquelles je n'avais jamais cru. Qu'y avait-il outre ce que moi je vivais? Je ne pouvais pas être la seule. Maddox connaissait-il des choses sur ce monde là?

«Comment as-tu su à quoi il ressemblait? Et que c'était lui qui me rendait triste? Je te promets que je ne serai pas fâché ou quoi que ce soit... Je veux juste comprendre»

Elle lui disait alors être émue, mais elle ne se fâchait pas contre lui et le dément relevait enfin ses yeux bleus vers elle pour l’observer. Elle semblait néanmoins troublée ; il ne savait pas si cela lui faisait plaisir ou pas. Il espérait pourtant qu’elle serait heureuse de ce présent. Il aimait dessiner, ça l’aidait vraiment à se sentir mieux. Il avait du talent il parait, d’autre disaient que c’était laid. Alastair n’aimait pas ce qu’il dessinait ; et Tamina… Oh… Il ne voulait plus vraiment y penser, ça faisait tellement mal au cœur. Mais il était amoureux et les choses n’étaient pas aussi faciles que dans les livres. Il se retrouva dans les bras de la jeune inconnue ; il hoqueta légèrement mais se laissa faire particulièrement docile. Il était bien moins répulsif au contact humain que par le passé. Il s’habituait avec le temps, comme s’il acceptait petit à petit que son corps ne lui appartenait peut-être pas vraiment. Il ferma son livre et quand il se tourna vers elle ; elle était assise au sol. Il déglutissait lentement, ne sachant vraiment que faire. S’asseoir par terre… Il n’y avait pas même de tapis au sol… Que diable Prince et ses manières.

Elle lui fit signe et il hésita quelque peu, un pas en avant puis un en arrière avant d’enfin prendre la décision de s’asseoir. Elle contemplait encore le portrait qu’il avait griffonné avec précision au crayon mine ; elle lui parla alors du garçon sur l’image. Evan. C’était un prénom assez courant quand on y pense, il fallait dire que tout le monde ne se prénommait pas Maddox ; quoi qu’il en soit il n’arrivait vraiment à déterminer ce qu’elle pensait. Puis quand leurs regards se croisaient de nouveau, elle l’interrogea. Elle lui fit la promesse de ne pas se mettre en colère, il ne pouvait s’empêcher d’appréhender. Les gens changeaient facilement d’avis et ils se moquaient bien de lui faire de la peine. « Je sais pas… Je l’ai vu c’est tout… » Son regard fuyant, témoignant de son mal être. Egalement parce qu’il ne savait pas expliquer son don pour la simple bonne raison qu’il n’en avait pas conscience. Depuis toujours, on le traitait de fou, de dégénéré. On disait qu’il mentait, que ce qu’il voyait n’était que mensonge. C’était ce qu’on n’avait cessé de lui répéter depuis ses dix-sept ans et il avait fini par se refermer sur lui-même ; terrifié.

« J’l’ai vu dans ma tête… Comme si je me souvenais… Il marchait dans le couloir du lycée ; son sac était un peu lourd et il était trempé parce que c’était… C’était l’automne. C’était bientôt Thanksgiving en fait je crois… J’l’ai juste vu… Il te regardait. Pourquoi tu ne voulais pas être son amie ? » Peut-être en disait-il beaucoup trop, il était anxieux à chaque mot prononcé. Le dément crispait ses doigts sur la couverture du vieux grimoire de Nitzan tandis qu’il la fixait avec un peu trop d’insistance. « Mais maintenant tu es son amie pas vrai ? » Ajoutait-il alors, curieux de la réponse, bien qu’il semblait qu’il connaissait déjà la réponse.

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Amelia K. Donovan & P. Maddox Seelerk

Je n'avais pas pris la peine de nous amener des chaises. Je ne pensais pas à ça, j'avais seulement besoin de m'asseoir un instant et honnêtement m'asseoir sur le plancher n'avait rien pour me troubler. Je vis cependant Maddox hésité et je compris que j'aurais dû lui proposer une chaise ou quelque chose, mais déjà il avait pris la décision de venir prendre place à mes côtés. Mon attention était rapidement retourné au dessin. Je ne pouvais cesser de le regarder, tout comme Evan observait ses propres traits à travers ses yeux. Nous avions oublié tous les deux je crois, qu'au fond, il avait déjà eu un visage. Ma culpabilité à cet instant résidait dans le fait que je réalisais que je n'avais su garder un souvenir aussi précis de son visage. Il avait fallu qu'on m'offre un dessin si parfait de ces traits. De son vivant, je n'avais jamais porté attention à ses traits, à sa présence... à son existence...

Je n'étais pas apeuré que Maddox ait pu lire en moi. J'en étais soulagé, bien que je ne comprenais pas. J'avais tellement besoin qu'on m'aide et même s'il avait pu saisir une partie de ce que je cachais, je comprenais qu'il en savait surement aussi peu que moi. Je l'écoutai sans cesser de fixer le dessin, comme une nouvelle obsession. Je tournai la tête vers lui quand il commença à ressasser un passage de la vie d'Evan que je ne connaissais pas. J'imaginais bien la scène, Evan avec le sac à dos si lourd sur son épaule qui avançait et... me regardait? Pourtant, je n'étais pas la fille populaire, je n'étais pas celle que tous voulait, je n'étais que moi. Et je n'avais jamais su qu'il me regardait, jamais su que ses yeux s'étaient posés sur moi, alors que mes yeux ne se posaient qu'occasionnellement sur lui. La question de Maddox me fit éclater en sanglot et mes épaules se relâchèrent. Sa tête tombait sur mes avant-bras, je pleura un moment en serrant doucement le dessin dans ma main, toujours sans le froisser.

J'hoquetais, pleurant sans pouvoir m'arrêter. Je sentis Evan, sa présence en moi. J'eus l'impression à cet instant qu'il m'enlaçait à sa manière, comme une douce caresse. Je l'entendais me murmurer de ne pas me mettre dans cet état, que ce n'était pas de ma faute, que je ne pouvais pas savoir. Pourtant, j'aurais dû! Le voir, le deviner peut-être. J'aurais dû faire plus que lui sourire et le saluer. J'aurais dû m'asseoir avec lui et lui parler. Cela n'aurait peut-être pas rendu les sentiments qu'il avait à mon écart réciproques, mais nous aurions pu être amis. Les paroles de Maddox calmèrent finalement mes pleures et je regardai le jeune homme. Un sourire triste paru sur mes lèvres alors que j'essuyai mes larmes.

«Oui, nous sommes amis maintenant, mais les choses seraient différentes si j'avais été son amie avant. Je n'ai jamais refusé d'être son ami, c'est juste que... je ne savais pas. J'ai été... j'ai été stupide et je n'ai pas remarqué qu'il s'intéressait à moi... Je n'ai pas su le voir à temps...»

J'inspirai, refoulant mes larmes qui voulaient à nouveau couler. Je frottai doucement mon nez, reniflant doucement alors que mes hoquets s'interrompaient. Quel misérable spectacle je devais donner maintenant, assise par terre les joues mouillées de larmes. J'eus un petit rire, clignant des yeux pour essayer de les faire sécher.

«Je suis désolé, je ne voulais pas t'ennuyer avec mes larmes.»

Elle se mi à pleurer et il en fut d’autant plus mal à l’aise. Pourquoi était-il si méchant au point de faire pleurer cette jeune femme ? Il culpabilisait dans l’immédiat et se sentait plutôt mal à l’aise au point qu’il se senti incapable de la réconforter. Il l’observait de ses grands yeux bleus, impuissant. Puis enfin, ouvrait les lèvres pour répondre à la belle demoiselle qu’ils étaient amis à présent, Evan et elle. Alors elle se mit à sourire et il se sentait un peu mieux. Peut-être avait-il été trop cruel de lui demander pourquoi elle n’avait voulu être son amie. Ce n’était cependant pas un reproche, peut-on être amis avec tout le monde ? Il ne savait pas, mais il voulait comprendre. Elle répondait qu’en effet ils étaient amis et il dessinait un sourire nais à cette répondre ; comme ravi et soulagé de l’apprendre. Elle semblait regretter de ne pas avoir été son amie avant, mais elle en devait pas être aussi triste. Il sentait qu’Evan ne l’abandonnerait jamais et elle avait beaucoup de chance d’avoir un ami comme cela. Il aurait voulu que Tamina aussi tienne à lui de la sorte, mais elle avait brisé son petit cœur et s’était moqué de lui dans son dos avec Alexey. Soit disant amis… Que c’était douloureux.

Elle gomma ses larmes et il l’aida d’une main hésitante avant de lui dire « Ce n’est pas grave… Il ne t’en veut pas on dirait… Tu as tellement de chance… » Répondait-il tristement, il aurait voulu avoir un ami comme ça ; quelqu’un qui ne lui veuille pas de mal, qui le protègerai toujours. Oui elle avait beaucoup de chance ; c’était probablement pour cela qu’il ne fuyait pas les esprits quand ceux-ci faisaient mine de l’apprécier, d’être son ami bien qu’ils ne voulaient que son corps et rien de plus. Mais lui, il se sentait juste seul, trop seul.

« Je suis désolé de t’avoir fait pleurer. Moi aussi je voudrais que l’on soit ami. J’n’ai pas fait exprès de voir ça, ça arrive tout seul. Tu sais il est très gentil ; il espérait juste que tu l’aime. Et maintenant tu l’aimes ? » Il se risquait avec une nouvelle question, il était vraiment curieux de le savoir. L’amour était une chose qui l’intriguait beaucoup ; entre un homme et une femme. Cela avait l’air tellement compliqué, ambiguë et peu clair. Oui, c’était vraiment une chose mystérieuse et il aurait aimé comprendre pourquoi les gens rendaient cela si compliqué alors qu’il était si simple de tomber amoureux. Mais il était vrai que l’on tombait et que cela pouvait faire terriblement mal… Il avait mal d’amour, mal d’être abandonné. Il aurait voulu que les choses soient plus simples. C’était pourtant impossible et ce que lui avait fait Tamina le brisait ; il essayait de faire comme si. Mais il était si malheureux ; il ne savait pas s’il pourrait s’en remettre. Il était fou d’elle ; elle lui manquait malgré tout. Elle lui manquait vraiment… Il aurait supplié pour qu’elle revienne, pour qu’elle le pardonne de ne pas être comme Damien, de ne pas être l’homme qu’elle aimait et qui était mort, de ne pas être comme Alexey. Oui, il l’aurait supplié de le pardonner et de lui apprendre parce qu’il aurait tout fait pour elle, tout ; même grandir.

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Il avait une présence étrangement rassurante. Je savais bien qu'il était un peu enfant et cela me faisait tant de bien à cet instant. Je n'aurais pas voulu qu'il soit autrement, ni maintenant ni jamais à vrai dire. Je devais avouer que je ne comprenais pas comment on pouvait vouloir du mal à un garçon comme lui. Si gentil, si doux, sans aucune malice. Je trouvais cela horrible qu'on puisse vouloir lui faire quelque mal qu'il soit. Voilà qu'il m'aidait à essuyer mes larmes et j'échappai un petit rire gratifiant en baissant la tête, le regardant par la suite quand il prit la parole. Avais-je de la chance? Je l'ignorais. Avoir Evan en moi n'était pas la pire chose qui aurait pu m'habiter. Il n'était pas méchant, au contraire c'était un garçon si gentil et je savais bien qu'il ne m'en voulait pas. Au contraire, il me faisait toujours sentir si bien et me disait comme il était heureux que nous soyons enfin ensemble. Étais-ce réellement ce qu'il voulait comme vie... ou plutôt comme mort? Vivre à travers moi un amour que nous n'avions pas eu de notre vivant. Je savais qu'il le voyait ainsi, mais qu'en était-il pour moi?

Je poussai un soupir, passant mes mains dans mes cheveux pour les ramener vers l'arrière et lentement les faire retomber. Cela m'avait fait du bien, de pleurer, ce que j'avais peu fait. Ce que je vivais était complexe, le mélange incertain entre miracle et malédiction. Je m'imaginais parfois que je pourrais faire revenir Evan dans son corps, recommencer comme deux inconnus et devenir amis. C'était faux je le savais et surtout, je me demandais si l'amitié lui suffirait désormais. Je sentais bien qu'Evan changeait, il commençait à ressentir le pouvoir qu'il avait sur moi et malheureusement à l'utiliser. C'était cela qui me détruisait le plus. Perdre la maîtrise de mon corps, être coupé de tous quand il le décidait. Sa jalousie. C'était là le problème qui commençait à naître et à grandir, s'étendant comme un poison dans ma vie. Je soupirai puis sourit à Maddox.

«Il ne faut pas t'excuser, ça fait du bien parfois de pleurer. Il ne faut pas t'inquiéter pour ce que tu vois, au contraire, je suis heureuse que tu m'en aies parlé. Et puis, tu as été là pour me consoler et c'est ce que font les amis, comme nous le sommes toi et moi, enfin... si tu le veux bien»

Des amis, des vrais, j'en avais peu. Ce garçon avait besoin de quelqu'un et moi aussi je crois bien. Nous étions donc là, assis à parler. J'en oubliais mon travail et les autres, je ne faisais que parler tranquillement sans me soucier du reste. La question sur l'amour me troubla un peu. Que savais-je de l'amour? Peu de choses à vrai dire. Est-ce que j'aimais Evan? D'une certaine manière, mais pas de celle qu'il aurait souhaité. Nous étions devenus proches à partager ce corps, mais il était devenu un ami précieux, un confident, la personne qui me connaissait le mieux désormais. Cependant, je n'en étais pas amoureuse, je ne l'aurais pu surtout en vue des circonstances. À cette pensée, je sentis Evan se renfrogner et mon coeur se serrer. Je posai d'ailleurs ma main sur celui-ci, peinant un instant à reprendre mon souffle. Je savais bien qu'Evan le savait, mais qu'il continuait d'espérer. Sa détermination... Je la sentais en moi, mais j'étais attristé de voir qu'il ne comprenait pas, qu'il ne pouvait tout simplement pas comprendre l'évidence.

«Evan est gentil, c'est surement le plus gentil garçon que je connaisse. Je l'aime, mais d'une manière différente de la sienne. Il est pour moi comme un frère, mon meilleur ami désormais. Ça me brise le coeur de ne pas pouvoir l'aimer aussi fort qu'il m'aime, mais... »

Je gardai le silence un instant. Je ne parvenais pas à terminer ma phrase. Mais quoi? Masi c'est compliqué? Oui, c'était compliqué. Je ne pouvais pas l'expliquer. L'amour, je le contrôle pas et je ne pense pas l'avoir jamais connu. J'aurais voulu que mon amitié suffisse à Evan, mais ce n'était pas le cas. Je regardai Maddox avec un sourire, toujours un peu triste je crois.

«Tu dois être lasse d'entendre parler que de moi et de mes problèmes ridicules. Je sais que tu as tes propres problèmes, tes propres peines aussi. Sache que tu as le droit de me parler aussi...»

Elle lui disait que cela faisait du bien de pleurer, oh qu’il détestait être triste et détestait également rendre les gens triste. Il avait cette vision enfantine du sourire et des larmes. Elle le rassurait et il en fut absolument rassuré. Elle savait trouver les mots et il l’avait fixé avec un regard tendre ; elle lui disait alors qu’ils étaient amis et cela lui fit un bien fou. Oui, il avait besoin de cela même s’il avait vraiment peur des conséquences, peur d’être à nouveau blessé ; mais son amitié lui était des plus précieuses à cet instant même s’ils se connaissent très peu. Il acquiesçait avec un sourire d’enfant, bien sur qu’il voulait être son ami. C’était si rare que les gens veuillent l’être pour tout avouer, il était tout simplement comblé ; lui qui se sentait si seul. Alors ils se mirent à parler d’Evan et elle lui expliqua comme celui-ci avait été un garçon gentil ; le plus gentil. Mais elle ne l’aimait pas comme lui l’aimait ; c’était tellement triste. Il eut mal au cœur pour ce pauvre garçon, il était amoureux d’elle tout comme lui pouvait l’être de Tamina. Comme c’était difficile d’être ainsi rejette par la personne que l’on aime. Elle s’en voulait de ne pas l’aimer ; il baissait doucement les yeux, elle s’était interrompue et il ne savait quoi lui répondre. Probablement que les gens ont leur raisons de se faire du mal.

C’est alors qu’elle tenta de changer de discussion, de l’orienter sur lui. Et il se crispa quelque peu à l’idée ; il n’aimait pas parler de lui et cela pour des raisons multiples. Sa vie était un véritable champ de batailles ; tout le monde le traitait de fou et personne ne l’aimait. Il dramatisait probablement, mais c’était ainsi qu’il ressentait les choses à l’heure actuelle ; une solitude dont il avait toute les peines à faire face. « J’aime pas vraiment parler… Tout le monde dit que je suis fou. Je ne sais plus vraiment quoi faire ; c’est pour ça que toi tu as beaucoup de chance. » Il lui adressait alors un faible sourire ; il n’était cependant pas jaloux. Il espérait jute qu’un jour lui aussi aurait un véritable ami, quelqu’un qui puisse l’aimer comme Evan le faisait. Ou alors mourir, être un ange magnifique. Il espérait être un si bel ange qu’on l’aimerait vraiment pour tout ce qu’il était ; Harry avait dit qu’il aurait sa place dans l’Eden, qu’il serait heureux et que là bas l’on jugeait plus les autres. Maddox n’était allé qu’une fois au paradis, un voyage dont il n’avait pas même compris le sens. Rares sont les médiums qui avaient autant de pouvoirs que lui, le plus malheureux était probablement dans le fait qu’il n’en avait pas conscience et donc s’en servait de façon aléatoire.

« Je ne crois pas qu’il t’en veuille tu sais… Il t’aime beaucoup trop pour être en colère contre toi. D’ailleurs, peut-être un jour tu l’aimeras pareil. Il est tellement gentil lui, il a fait de mal à personne. Et regarde… » Ajoutait-il tant bien que mal ; le beau fou prit la feuille et montra le visage d’Evan dont les yeux exprimaient une tendresse unique et inoffensive. « Il est beau quand même… » Ajoutait-il en riant faiblement, Evan avait une jolie bouille bien qu’il n’était pas un modèle de beauté, Maddox n’interprétait pas la différence comme une chose négative et trouvait Evan beau tout comme illogiquement il se trouvait affreusement répugnant. Il ne supportait plus de se voir, de voir l’homme qu’il était tout simplement. « Tu trouves pas ? » Demandait-il les larmes aux yeux.

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À voir son corps se crisper, je devinai que je n'aurais pas dû essayer d'orienter la conversation vers lui. Le pauvre garçon semblait mal à l'aise et peu emballer à l'idée de me parler, ce que je pouvais aisément comprendre. Je ne pouvais pas lire les pensées du jeune homme ni savoir ce qu'il ressentait, mais j'avais su l'observer à plusieurs reprises, voir à quel point il semblait triste. Bien sûr, il souriait la plupart du temps, il était toujours si gentil! Je savais pourtant que ce sourire cachait beaucoup de douleur, c'était quelque chose dans son regard, à la manière qu'il avait d'observer les choses et les personnes. J'ignorais quel avait pu être son passé, mais je savais qu'il ne méritait pas les souffrances qu'il avait connu. S'il ne désirait pas m'en parler, c'était surement parce que c'était encore trop frais et trop douloureux et qu'il préférait ne pas donner sa confiance trop facile. Je lui adressai un nouveau sourire, compatissant.

«Je te comprends, tu n'es pas obligé de me parler si tu n'en as pas envie tu sais. Si cependant un jour tu en avais l'envie, sache que je serai là pour t'écouter... et je te promets de ne jamais penser que tu es fou, car tu ne l'es pas.»

J'ignorais si cela le rassurait ou le conforterait un peu. Je comprenais son silence et le respectait, mais je ne comprenais pas qu'on puisse pensé de lui qu'il était un fou. Il était vrai qu'il n'était pas un garçon ordinaire, mais cela faisait-il de lui un fou? Non, pas selon moi. Au contraire, c'était sa particularité qui le rendait si attachant. C'était pour des choses comme ça que j'en venais à en vouloir à la vie d'être si injuste. Maddox méritait l'amour et ne recevait que le mépris. Il était difficile pour lui de me croire quand je lui disais l'apprécier et vouloir être son ami et je ne pouvais l'en blâmer, on s'était tant moquer de lui. Le pauvre.

Il revint à Evan et cela me troublait toujours de l'entendre parler. Comme s'il communiquait avec Evan directement. En moi, je ne ressentais que du silence. Evan s'était tue dans un coin et semblait s'exprimer à travers Maddox. Il me parlait de l'amour qu'il éprouvait pour moi et qui me faisait toujours culpabiliser. J'eus un petit sourire et acquiesçai d'un signe de tête à ses paroles. Je regardais le dessin et eut un pincement au coeur quand il me dit qu'il était beau. J'observai ce visage et ne put m'empêcher d'être d'accord. Evan était beau. Evan était gentil. Mais je ne l'aimais pas. Cela me faisait souffrir, mais je n'arrivais pas à l'aimer comme il m'aimait. Si jamais je l'aimais, que ferions-nous? Nous continuons à partager un corps à deux dans l'amour et l'allégresse. C'était impossible et je savais au fond de moi que cela n'arriverait pas. Je souris cependant à Maddox, ayant un petit rire.

«Tu as raison, peut-être un jour j'arriverai à l'aimer comme il m'aime. C'est un beau garçon, si gentil... Tu sais, il me fait un peu pensé à toi...»

Je le regardai alors et remarquai soudainement qu'il avait les larmes aux yeux. Avais-je dis quelque chose qu'il ne fallait pas. Hésitant un moment, je finis par passer mon bras par-dessous son épaule pour me serrer contre lui.

«Quelque chose ne va pas, j'ai dis quelque chose qui t'a attristé?»

Elle fit la promesse de ne pas croire qu’il était fou, combien avaient fait cette promesse sans jamais la tenir ? Ils le pensaient tous, il voyait encore les sourires empathique des médecins, et lui. Naïf qui leur racontait son mal être pour ensuite être enfermé ; drogué, malmené. Oh non, il était si difficile de faire confiance aux autres désormais. Il parla alors d’Evan, de l’amour que celui-ci portait à la jeune femme et elle semblait émue. Elle le disait beau garçon ; puis ajouta qu’il lui ressemblait. C’est alors qu’il fut prit dans les bras de la jeune femme et il se laissa faire docilement. Fermant tendrement les yeux l’espace d’un instant avant de regarder de nouveau le portrait d’Evan. « Je ne sais pas… » Il releva enfin le museau vers la belle demoiselle pour la contempler ; ils étaient atrocement proches et il n’en avait pas vraiment l’habitude bien qu’il semblait plutôt bien le supporter jusque là. Trouvant même ça agréable à cet instant ; réconfortant. La douce sensation qu’il pouvait tout lui dire. Tout ; ou presque.

Posant doucement sa tête contre celle de la jeune femme alors que sa main approcha du dessin, son index dessinant sans toucher la feuille le contour de son œil avant de dire « Ce serait tellement mieux qu’il ne soit pas mort… Oh tu sais… J’ai compris qu’il était là ; quelque part. Oh il ne veut pas te laisser toute seule ; il restera toujours. Pour toujours. » Soupirant faiblement avant d’essuyer le coin de ses yeux avec douceur ; il ne voulait pas pleurer mais ce n’était pas facile. Les pensées lugubres et franchement morbides le hantaient depuis quelques mois déjà ; depuis qu’Harry était mort devant ses yeux. Une vision insoutenable ; se passage dans l’Eden et cette sensation que la vie n’avait plus de sens ; le départ de Tamina. Tant de tristesse dans de si beaux yeux bleus.

« Peut-être se serait mieux que ce soit moi… Le mort… Et qu’il soit là, avec toi… Oh… C’est tellement injuste tu sais ; moi… Personne n’a besoin de moi. » C’était lui qui avait besoin des autres ; qui avait besoin d’être aimé. Mais personne n’avait besoin d’être aimé par lui, l’on se passait de son existence. Il n’était rien, et tout ces gens qui mourraient, qui comptaient pour les autres. Pourquoi est-ce qu’ils partaient et pas lui ? Pleurant alors ; un mal de vivre oppressant. Non personne ne voulait de lui ; pas même la femme qui l’avait embrassé ; qui lui avait promis la lune et son amour pour toujours. Toujours, plutôt jamais.

Comme c’était cruel. Se serrant contre la jeune femme, ne pouvant plus retenir ses larmes à présent. Sanglotant dans ses bras ; il essaya de sa calmer rapidement. Gommant ses joues comme s’il avait honte. Honte d’avoir cette vie désespérément vide de bonheur et de joie. Il ne vivait pas, il essayait sans cesse de survivre. Il ne savait pas nager ; non il ne savait pas et il se noyait sous leurs yeux.

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Il semblait désemparé le pauvre! Je ne savais pas quoi faire, j'ignorais même ce qui le rongeait. Je le prenais contre moi en ignorant même si c'était le genre de contact qui le dérangeait ou pas. Sa tête vint se poser contre la mienne et sut me soulager. Visiblement, je n'avais pas tout gâcher, ce qui était une bonne chose. Je ne cessai de l'observer, cherchant à comprendre ce qui semblait le troubler à ce point. Comme moi, il caressait maintenant le dessin d'Evan et cela me fit un drôle d'effet. Voyait-il des choses que je ne voyais pas dans ce dessin. Pouvait-il le voir sourire, l'entendre rire... Je n'avais pas ces souvenirs, je ne pouvais que les imaginer, mais mon esprit n'en faisait que des esquisses vagues. Bien sur, je sentais en moi l'amusement d'Evan, devinant son rire, mais cela était toujours si loin d'une image réelle. Tout comme lui, j'eus la réflexion de me dire que cela aurait été mieux s'il n'avait pas périt. J'aurais pu aller le voir, m'excuser de ne pas avoir su et lui peut-être aurais osé me parlé, mais les choses n'étaient pas ainsi.

J'acquiesçai d'un signe de tête à ses paroles, léger, à peine perceptible. En même temps, je me posai des questions, des milliers de question. Comment pouvait-il sentir toutes ces choses? Evan parlait au travers de moi, nous communiquions de notre manière particulière, mais cela n'était pas aussi clair et limpide que ce que me témoignait Maddox, un être extérieur à moi. À nous. Je pinçai les lèvres en l'entendant dire qu'Evan ne me quitterait jamais. J'ignorais si c'était une idée qui me confortait ou qui m'effrayait. Je ne voulais aucun mal à Evan, mais je voulais ardemment retrouvé ma liberté. Je ne pouvais dire lequel de ces désirs étaient le plus fort.

«Il est en moi, à chaque instant... mais j'aimerais mieu qu'il soit en vie, qu'il ait un corps qui lui soit propre... »

Je serrai un peu plus fort Maddox contre moi en le voyant essuyer le coin de son oeil. Je le serrais contre moi en comprenant qu'il y avait en lui plus de souffrance que cela, des pensées plus terribles que cette tristesse de la mort d'Evan dont il me parlait. Ces impressions devinrent si claires et limpides quand il parla à nouveau. Il souffrait de vivre. Je sentis en moi une forte émotion, comme un coup que l'on m'aurait donné de l'intérieur. C'était Evan. C'était lui qui criait à sa manière, qui voulait s'opposer à cette horrible pensée. Je sentis mon souffle se couper et je me redressai légèrement pour lui faire face, prenant son visage entre mes mains tremblantes.

«Non! Ne dis pas ça! Je ne le pense pas, et Evan non plus. Il ne faut pas que tu penses une telle chose. On ne peut rien changer à la mort d'Evan et moi... moi j'ai besoin de toi pour me rassurer et me dire que je ne suis pas folle. Tu es la première personne qui m'assure que la présence d'Evan dans ma vie malgré sa mort n'est pas qu'un délire. J'ai besoin de toi comme ami, je n'aurais personne pour m'aider à vaincre ma tristesse si tu n'étais pas là.»

Je le serrai alors contre moi, le sentant alors pleurer. J'avais tant de tristesse pour ce pauvre garçon. Je le laisserais pleurer sur mon épaule tant qu'il voudrait et je m'en foutais de me faire gronder pour m'être absenter du travail. Cela n'avait aucune importance à cet instant, la seule chose qui comptait c'était d'essayer de faire une différence dans sa vie. Je l'aimais bien et je ne voulais pour rien au monde que malheur lui arrive. Je ne pouvais tout de même pas être la seule à penser ça de lui, non? Je le serai un peu plus contre moi, glissant ma main dans son dos pour le frictionner doucement.

«Tu vas voir, ça fait du bien de pleurer...»

Il était plutôt bien dans les bras de la jeune femme, c’était rassurant et pour une fois il semblait qu’il pouvait se livrer quelque peu ; même s’il ne disait pas grand-chose ; le fond était tellement fort qu’il en exprima une grande partie de son mal être. Il lui disait clairement qu’il préférerait être mort à la place d’Evan, il la senti alors sursauter et il sentait les mains de la jeune femme sur son visage. La fixant de ses grands yeux bleus étonnés alors qu’elle tremblait. Avait-il dit quelque chose de mal ? L’inquiétude traversa ses yeux. Elle ne voulait pas sa mort ; le beau brun la fixait incrédule. Pourquoi ? Ne préférait-elle pas qu’Evan soit là ? A sa place dans cette arrière boutique ? Plutôt qu’un pleurnichard, un fou comme lui… C’est alors qu’elle lui confia avoir besoin de lui, ses yeux bleus se mirent alors à briller d’étonnement. Vraiment ? Il l’écoutait alors et se mit tout simplement à pleurer. Elle le gardait contre lui ; puis il souffla entre deux sanglots « Comment peux-tu me croire… Je suis fou… J’entends toutes ces voix dans ma tête et personne d’autre ne peux les entendre. Je suis fou… » Oui, comment pouvait-elle el croire quand il lui disait qu’il ne l’a croyait pas folle, puisque lui l’était ? « Pourtant je ne mens pas tu sais… Ce n’est pas de ma faute… Tout cela est tellement réel pou moi. » Non, il était incapable de mentir c’était un fait. Il était bien trop innocent et même s’il ne le voulait pas, c’était ainsi.

Il était bien dans ses bras, il pleurait encore quelques instants ; puis se mit à renifler particulièrement gêné. Il ne savait pas combien de temps s’était écoulé depuis ses larmes ; il relevait la tête, observa la jeune femme avec cette tristesse caractéristique « Je suis tellement désolé… J’voulais juste t’aider… » Mais pouvait-il l’aider alors qu’il semblait lui aussi avoir besoin d’aide. Il fixait la jolie blonde, ses yeux lui piquaient à présent et il commençait à avoir mal au derrière à force d’être assit là par terre. Il n’en avait pas vraiment l’habitude pour ainsi dire, c’était sale et personne ne devait s’asseoir par terre c’était mal. Il attrapa la main de la jeune femme dans la sienne ; sa tête de nouveau posé contre son épaule ; observant le portrait qu’elle tenait toujours en main. Cela semblait lui avoir fait plaisir. Probablement devait-elle penser qu’il avait un don extraordinaire d’avoir pu entrer en contact avec Evan et qu’il pourrait peut-être l’aider à s’en débarrasser. Mais il n’avait conscience de rien, et jamais il ne voudrait faire partir Evan. Il était tellement gentil, où irait-il après ? Il voulait rester avec elle, pourquoi faudrait-il qu’il s’en aille ? N’était-elle pas heureuse ? Il se posait beaucoup de question, elle n’avait pas voulu être son amie et il ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle avait été injuste. Cependant, il savait comme la vie était compliquée ; comme les gens sont étranges et leurs vies noyées de regrets.

« Je me sens fatigué maintenant Amelia tu sais… » Lui disait-il alors, reniflant encore une fois ; ne bougeant cependant pas. Il était plutôt confortable dans les bras de la jeune femme ; il lui demanda d’une voix affaiblie « On est amis maintenant, tous les trois ? » Gamin adorable ; il s’était enfermé dans l’idée qu’il était fou. Que sa différence n’était pas normale, qu’il était interdit de ne pas être forcément très malin. Il était juste lui et terriblement seul.

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Amelia K. Donovan & P. Maddox Seelerk

Le pauvre pleurait encore et encore et j'avais pitié de lui. Comme il semblait triste le pauvre, j'avais de la peine pour lui, sincèrement. C'était lui qui avait voulu atténuer ma peine, mais je comprenais alors que de nous deux, ce n'était certes pas moi la plus malheureuse. On avait dû le prendre pour un fou, effectivement, mais ce n'était pas mon cas. J'avais eu tant peur de parler pour qu'on me prenne moi-même pour une folle, alors lui... lui qui avait osé parler, on avait dû lui faire tant de mal. Je le comprenais. Je ne comprenais pas ce dont il était capable, mais je comprenais sa douleur. Il était un pauvre garçon qu'on avait traité de fou si longtemps qu'il avait fini par y croire.

«Pourquoi ne te croirais-je pas? Tu entends des voix dans ta tête et moi... j'ai un mort qui habite mon corps, qui est en moi. Evan n'est pas que près de moi, il est en moi. Personne avant toi n'avait pu le deviner ou l'entendre... Si tu es fou, alors je le suis aussi. Et entre fous, il faut bien s'aider»

J'eus un petit rire, c'était une plaisanterie qui l'apaiserait j'espérais. Je savais bien qu'il ne mentait pas et qu'il disait la vérité. Comment aurait-il pu savoir autrement? C'était impossible, je n'en avais parlé à personne encore. Mon bras continuait de le tenir contre moi. Il continua de pleurer un long moment, jusqu'à ce que je le sente se calmer et renifler doucement. Je lui adressai un sourire quand il releva la tête vers moi.

«Surtout, ne t'excuses pas. Tu m'as beaucoup aidé aujourd'hui tu sais... Je me sens mieux maintenant, plus en paix.»

C'était vrai. Je ne pouvais dire que je vivais encore en symbiose avec un esprit en moi, mais je comprenais qu'il y avait des destins pire que le mien. Je devrais apprendre à vivre avec lui, peut-être un jour trouver le moyen de le faire quitter mon corps. Je ne devais pourtant pas l'en extirper, simplement... lui faire comprendre que les choses étaient différentes que du temps où il était vivant. Une histoire entre nous deux? C'était impossible. Je ne supportais pas l'idée qu'Evan souffre, mais il fallait pourtant bien qu'il envisage l'idée de me quitter, de reposer en paix. Lui n'était pas mort en paix. Et moi je ne vivais pas en paix. Je laissai Maddox prendre ma main, je savais qu'il ne voulait pas qu'Evan me quitte. Nous quitte. Jamais je n'oserais lui en parler, j'avais compris. Voilà bien une autre chose que je devrais garder pour moi-même.

«C'est normal que tu sois fatigué... Tu as beaucoup pleuré, ça épuise.»

Quand il parla d'amitié, cela me fit sourire. J'avais beaucoup d'amis, c'était vrai, peu d'amis sincères peut-être. Je n'avais jamais considéré en avoir besoin. Depuis l'arrivée d'Evan dans ma vie, j'avais perdu contact avec l'extérieur. Peut-être n'aimais-je pas Evan d'amour comme il m'aimait, mais chose certaine...Il était mon ami. Il l'était devenu, nous avions tant échangé ensemble. Maintenant, nous connaissons tant de chose l'un de l'autre. Peut-être était-il jaloux, mais il savait aussi me connaître et me comprendre. Maddox me comprenait aussi et peut-être étais-ce tout ce dont j'avais besoin.

«Des amis pour la vie, oui... Toi, moi et Evan»

Je lui souris, appuyant ma tête contre la sienne et finalement, je me levai l'invitant à faire de même. Face à lui, je lui souris en approchant mes mains de ses joues où je passai mes pouces sous ses yeux pour en essuyer les dernières larmes.

«Te te sens mieux? Tu es si joli avec un sourire sur ton visage, alors ne sois plus triste. Je n'aime pas voir un ami avoir de la peine»

Elle voulu le rassurer ; lui annonçant qu’elle ne le prenait pas pour un fou ou qu’ils l’étaient tous les deux. Jillian aussi était complètement folle et elle était son amie depuis qu'ils s'étaient rencontré à l'hôpital psychiatrique et qu'il l'avait laissé se planquer sous son lit pour échapper au personnel soignant et leurs piqures qu'ils se plaisaient à planter dans leurs fessiers à longueur de temps. Elle était son amie parce qu'elle avait toujours été douce avec lui, d'une tendresse étrange et elle n'avait cassé de le tirer vers le haut. Jetant ses médicaments dans les toilettes en lui disant qu'il n'avait pas besoin de ça. Elle lui disait qu'il avait su l'aider ; il ne savait pas si c'était vrai mais il voulait la croire. Pourquoi est-ce qu'elle mentirait après tout ? Il ne souhaitait pas le départ d'Evan, probablement parce qu'il ne comprenait pas ce qu'elle vivait. Prince prenait doucement sa main, leurs mains. Evan était un ami qui avait beaucoup de peine. Il espérait qu'il resterait là pour toujours. Il lui confia être fatigué, il avait beaucoup pleuré et c'était bouffeur en énergie c'était une certitude. Ses yeux le brûlaient. Mais qu'importe, ils étaient amis "pour la vie" et cela le comblait de joie tout simplement.

Ils se relevaient et il faisait face à la jeune femme. Il était beaucoup plus vieux qu'elle ; pourtant il avait une allure de gamin flagrante. Elle avait l'air d'une grande sœur ; mais il n'en avait jamais eu. Pourtant, il avait la sensation lorsqu'il était avec Nitzan qu'il en avait une maintenant. Elle essuya affectueusement ses larmes et il la fixait de ses grands yeux bleus humides. Elle lui fit alors remarquer qu'il était plus beau à voir avec un sourire. Il l'observa alors intrigué. « Tu trouves que… Que moi j’suis beau ? » Une question à l'allure enfantine ; d'un gamin en plein doute sur son image parce que les autres se moquaient de lui. Mais il y avait bien plus de souffrances derrière ces mots. Les souffrances d'un homme battu et maltraité pendant quatre ans, un homme qui avait vu son corps se transformer; s'amaigrir et jamais plus ne retrouva son éclat du passé. Un homme qui semblait voir encore sur sa peau claire les hématomes du passé. La douleur d'un homme abandonné par la femme qu'il aimait pour la deuxième fois, la sensation d'être bien trop laid. La sensation que personne ne le regardait comme un homme. Les yeux de Sophya sur son corps nu et abimé. Baissant les yeux, il n'aimait pas vraiment parler de ça. De son physique. Il n'aimait pas son reflet ; il se trouvait immonde tout simplement dégoutant. On avait volé sa dignité. Pourtant, Maddox était bel homme. Une allure de rêveur, de type dans sa bulle. Un artiste en soit. Un look assez particulier en soit, une gueule d'ange et des yeux bleus à se damné. Mais il ne voyait plus tout cela.

« Oh non… Je ne le suis pas je le sais. » Soufflait-il, relevant les yeux vers elle. Elle était vraiment jolie. Il comprenait pourquoi Evan était amoureux d'elle. Puis elle était gentille. Mais surtout très belle. Il ne devrait probablement pas penser comme ça, mais il pensait bien qu'elle faisait partie des femmes les plus belles qu'il ait vues. Jillian était une très belle femme; mais il était incapable de le voir. C'était son amie voila tout. Il était un peu aveugle parce qu'il l'avait aperçu la première fois habillé en blouse et décoiffée; parce qu'elle lui avait fait un peu peur. Sa mère avait été belle ; très belle. Le plus bel ange du monde. Il était fou amoureux de sa mère. Gamin, il aurait voulu l'épouser. Mais elle était morte, elle l'avait quitté beaucoup trop tôt. Il n'oubliait cependant pas les traits de son doux visage. Jamais.

« J'n'ai jamais été comme les autres. J'voulais tout faire pour l'être, pour qu'on m'aime. Mais je le serais jamais, je suis stupide. Personne n'aime les idiots. Je suis trop bête pour comprendre. » Expliquait-il à sa façon, avant d'approcher de l'étagère pour reprendre son livre ainsi que l'autre dans ses bras; c'était un peu lourd mais il était en plutôt bonne forme physique depuis sa sortie de l'institut spécialisé. Puis enfin, il adressait un sourire à la jeune femme comme elle le lui avait demandé de le faire. « Elle va être contente, elle s'occupe bien de moi tu sais. »

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Je n'avais pas l'impression d'être face à quelqu'un de plus vieux que moi et pourtant, en observant ses traits il me fallait me rendre à l'évidence qu'il l'était. Un corps si homme pour une âme si jeune. Ses traits, ses expression, rien dans sa personnalité ne donnait l'impression d'un adulte, il était un pauvre garçon terriblement brisé par la vie. Au fond, il était un peu comme un petit frère, je le voyais ainsi. Un ami, bien sur, mais quelqu'un qui avait surtout besoin de quelqu'un pour l'aider. Étais-je cette personne? Pour dire vrai, je n'en étais pas certaine. Je voulais l'aider et je le ferais de mon mieux, mais je n'avais jamais été la meilleure pour les belles paroles et le réconfort. Sans Evan, le pauvre Maddox aurait surement fui depuis le temps. Evan savait comment parler aux gens et je regrettais seulement qu'il n'ait pas su me parler avant.

«Bien sûr que je trouve que tu es beau! Quelle question.»

Une sourire accompagna ma réponse assurée, mais je compris que sa question n'en était pas une si simple. Encore une fois, je sentis la douleur qu'il y avait derrière cette question. Une profonde blessure intérieure en était surement à l'origine. Je vis l'horreur dans ses yeux avant qu'il ne les baisse pour se défiler à mon regard. Encore une fois, je me demandai bien ce qui avait pu arrivé à ce pauvre garçon. La vie n'avait-elle pas de limite sur sa cruauté. Mes mains se posèrent sur ses épaules avec fermeté et je me baissai pour pouvoir croiser son regard, l'obligeant d'ailleurs à bien me regarder.

«Je sais que tu ne me crois pas. Un jour tu réapprendras à te voir comme tu es réellement, c'est-à-dire quelqu'un de magnifique, autant intérieurement qu'extérieurement.»

Je m'approchai de lui et je dus me mettre sur la pointe des pieds pour pouvoir poser un baiser sur son front. Un baiser que je fis durer plusieurs secondes avant de retomber sur mes talons en lui souriant. Je n'avais pas menti. Il était très beau, sans aucun doute. J'avais toujours aimé les hommes plus vieux, qui avaient l'air d'homme. Maddox était un autre genre de beauté. Une beauté plus innocente, si naïve. Pourtant son corps était celui d'un homme, séduisant même, mais cette personnalité enfantine le rendait tout simplement beau. Je le regardai avec mon éternel sourire d'honnêteté.

«Tu sais, être comme les autres n'est pas toujours une bonne chose. Les seuls idiots, c'est ceux qui ne savent pas t'aimer pour qui tu es. Tu n'es pas stupide, tu as simplement un coeur trop grand et les gens méchants aiment en abuser... Sois-toi même et tu trouveras des gens sur ta route pour t'aimer pour ce que tu es vraiment. Comme moi. Et comme Evan.»

Il reprit son livre et je continuais de sourire, dans l'espoir de le voir sourire à nouveau. Je fus contente quand il le fit. Je sus qu'il l'avait fait pour moi et cela me touchait. Je voulais le voir sourire qu'il soit heureux. Il le méritait tellement. Je l'invitai à me suivre alors que je faisais quelque pas pour retourner dans la boutique. Je m'assurai cependant que nous ne franchirions pas les portes avant qu'il m'eut tout livré ce qu'il avait sur le coeur. Mes collègues se poseraient des questions, seraient en colère peut-être, ou même n'auraient pas remarqué mon absence, mais je m'en foutais. Il avait plus besoin de moi que les livres de cette boutique.

«Je suis heureuse de savoir que quelqu'un s'occupe bien de toi. Tu sais, tu seras toujours le bienvenue ici pour venir me voir. On pourrait même se revoir en dehors de mon travail, ensemble, toi, moi et Evan... Ça te plairait?»

Probablement disait-elle qu’il était beau parce qu’il était son ami. Ou peut-être le pensait-elle vraiment. Il ne savait pas, il n’arrivait déjà pas à différencier le réel de l’irréel. Elle chercha son regard et il ne parvenait pas à la fuir. Elle disait savoir qu’il ne la croyait pas, ses joues rougirent sous ces mots. Comment pouvait-elle le savoir. Oh qu’il avait honte ! Ces mots le réconfortaient et il la fixait à présent jusqu’à ce qu’elle dépose un baiser sur son front. Ses joues rouges ; il ne contrôlait rien. Il fallait dire que ça faisait drôle de recevoir un baiser ; aussi innocent soit-il ; sur sa peau. Il lui adressa un léger rictus intimidé alors qu’elle lui parla des véritables idiots. N’en était-il pas un aussi ? Si stupide… Oh, s’il était plus malin, sa vie ne serait pas celle qu’elle était à ce jour. Y avait-il vraiment une justice dans ce monde ? Il fixait la jolie blonde de son regard triste puis il alla récupérer ses deux livres à présent. Ils approchaient tranquillement de la sortie ; elle reprit la parole et lui proposa de le revoir. Il la fixait de ses grands yeux bleus avant de répondre « Oui… Elle est vraiment gentille avec moi. Mais j’ai peur qu’elle me laisse elle aussi… Tu sais ; moi je ne sais pas me débrouiller tout seul. C’est pour ça que je suis bête. Mais aussi ; je voudrais qu’elle soit mon amie pour toujours. » Un discours enfantin, pourtant tellement sincère. Il avait bien plus besoin qu’on l’aime que l’on s’occupe de lui. Il se fichait qu’on lui fasse un bon repas si c’était sans amour ; comme maman le faisait jadis. Elle lui apportait son assiette à table et ses yeux pétillants qui fixaient cette femme magnifique alors qu’elle ébouriffait ses cheveux et s’asseyait en face de lui pour le regarder manger. Il avait toujours fait mine lui aussi par amour, de ne pas voir qu’elle y avait mis des médicaments ; jusqu’au jour où il lui avait dit qu’il était assez grand pour prendre ses médicaments sans pleurer. Il avait vu la fierté dans ses yeux bleus et elle lui expliquait qu’il en avait besoin pour grandir. Elle avait eu raison de tenir bon, de l’aider à se développer. Elle avait toujours refusé les neuroleptiques et autres médicaments qu’elle ne jugeait pas saint pour son petit ange. Il lui avait toujours fait confiance.

« On pourra se voir oui… Je voudrais faire des choses comme les autres ; ils ont l’air de s’amuser… » Des choses simple de la vie. Visiter un musée, voir un film au cinéma et se goinfrer de pop corn, aller à la piscine bien qu’il ne savait pas nager, aller dans un magasin faire des courses, manger une glace du camion et s’en mettre partout sans pleurnicher ou encore faire un pique nique quelque part, dormir dans une tente et faire un grand feu comme dans les films qu’on lui autorisait de regarder. Il lui adressait alors un sourire pensif ; rougissant de nouveau « J’ai plein d’autres dessins chez moi, j’n’aime pas vraiment qu’on le regarde. Mais je pourrais en faire d’autre pour vous. Est-ce qu’Evan est content ? J’aimerai bien qu’il soit là. » Une preuve de plus qu’il ne comprenait pas tout.

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Je vis bien que mon baiser sur son front l'avait légèrement intimidé. Le pauvre, il ne semblait ps en avoir l'habitude. Je ne voulais pas le laisser à cet instant, j'avais l'impression qu'il aurait fallu que je veille sur lui à chaque instant. En sortant d'ici, tomberait-il sur quelqu'un de méchant qui allait rire de lui. Il était différent, c'était vrai, mais les gens ne voyaient-ils pas à quel point cela faisait de lui une personne attachante et sans malice. Je le regardais face à moi alors qu'il me confiait ses peurs de l'abandon. Le pauvre. Je secouai légèrement la tête, en signe de négation.

«Tu n'es pas bête, nous avons tous besoin de quelqu'un pour s'occuper de nous dans la vie»

Doucement, je fouillai dans la poche de mon jeans pour en sortir un style. Je regardai autour de moi et je vis quelques feuilles blanches éparpillées ici et là. J'en saisi une sur laquelle j'écrivis quelques mots. Je la tendis à Maddox, mais réalisant qu'il avait les mains pleines de ses livres, je la glissai doucement dans le livre qu'il avait voulu m'offrir. Un nouveau sourire accompagna ce geste.

«Je t'ai donné mon numéro de téléphone. Appelle-moi quand tu veux. Il y a aussi mon adresse. Mon appartement est petit, mais tu y seras toujours le bienvenue. J'espère comme toi que cette personne sera ton amie pour toujours et qu'elle sera toujours auprès de toi. Si jamais tu avais besoin de quelqu'un, je veux que tu saches que je suis là.»

Peu de personne avait mon numéro de téléphone. Je le gardais surtout par nécessité, plus que par intérêt d'en posséder un. Je n'étais pas la fille qu'on appelait tous les soirs pour lui proposer de sortir. J'étais cette fille qui passait ses soirées dans son appartement à lire ou encore à se promener dans les rues de la Nouvelle-Orléans. Le solitude était apaisante, mais aussi accablante. Je le remarquai maintenant que j'y étais presque forcé par Evan. Il ne supportait pas les quelques filles qui furent mes amies durant mes années d'étude. Des filles qui allaient me présenter des mauvais garçons, qui auraient une mauvaise influence sur moi. Quant aux hommes, mieux valait ne pas en parler. Aucun ne pouvait s'approcher de moi. Il y avait ces rares exceptions, très rares, quand Evan considérait qu'il n'y avait pas de danger. Comme Maddox. Il le voyait comme un petit frère, un ami et il en était de même pour moi. Voilà la raison de mon sursis et peut-être aussi ce qui rendait Maddox encore plus spéciale à mes yeux.

Il proposa que nous fassions des activités ensemble et cette idée me plus. Il y avait tant de chose à faire en Nouvelle-Orléans. L'animation était au coeur de la ville et il y avait toujours de quoi de nouveau à faire. Voilà pourquoi j'envisageais de passer ma vie ici. Cet endroit était parfait et je l'aimais de plus en plus en vieillissant. Bien sur, nous avions nos défauts. Les tempêtes tropicales comme Katrina était particulièrement violentes ici. La température était changeante selon les temps de l'année, mais on apprenait à s'y faire. Ainsi va la vie disait-on. À l'idée qu'il me montre ses dessins, je ne pus que sourire. Ma main se posa doucement sur la porte et l'ouvrit, laissant entrer un courant d'air en provenance de la boutique.

«Tu n'es pas obligé de me montrer tes dessins, mais je serais honoré si jamais tu avais l'envie d'en faire d'autre pour moi. Enfin, pour nous. Evan est plus qu'heureux et tu sais... ce n'est pas parce que tu ne le vois pas qu'il n'est pas là. Il te remercie beaucoup pour tes dessins... et aussi de bien vouloir être notre ami.»

Je lui souris et l'invitait à sortir de l'arrière-boutique. Je vis du coin de l'oeil ma compagne de travail me dévisagé, mais je l'ignorai. J'aurais bien le temps d'aller lui expliquer plus tard et puis ce n'était pas comme si j'avais à me justifier... La boutique ne contenait qu'un ou deux clients outre Maddox.

Elle lui disait qu’il n’était pas bête ; ô il aurait tant voulu qu’elle ait raison. Peut-être à ses yeux n’était-il pas stupide ; mais il l’était pour tellement de personne. Il était assez attristé de part cette situation. Il récupéra ses livres, puis quand il se tourna devant lui ; elle lui tendait une feuille de papier. Il regarda ses bras surchargés d’un air de se demander comment il allait faire pour tenir tout cela d’une seule main quand elle eut la brillante idée de la glisser dans le livre. Idée qu’il n’avait pas eu car il n’était qu’un imbécile. C’est alors qu’elle lui expliqua ce qu’elle avait glissé entre les pages de son livre. Il l’observa alors ; il se sentait triste à cet instant. Triste et heureux à la fois. Il lui adressait un léger sourire enfantin ; la mine épuisée par ses larmes. Ils parlaient encore un peu avant de sortir, il l’observait avec cette pointe d’admiration qu’il ne cachait que très peu. Admiratif par cette sagesse qu’elle dégageait. Il se laissa guider vers la sortir, il traversa les allées sans avoir rien dit. Qu’aurait-il pu dire de plus. Il était ravi qu’Evan soit heureux. Ravi d’avoir deux nouveaux amis. Il savait que c’était idiot de se réjouir de la sorte ; mais la nature de Maddox était ainsi. Un enfant innocent aux réactions brutes et nature. Parfois l’on dit que les enfants sont cruels ; mais il ne l’était pas. Il frôlait la perfection s’il n’était pas si naïf par son état ; s’il n’était pas sensé être un adulte. Mais il était vrai qu’il était un enfant idéal.

Il passant devant quelques clients ; déposa les livres sur le comptoir comme s’il s’apprêtait à les acheter. A vrai dire ; c’était vraiment lourd et il avait besoin de les poser quelque instant. Une chance, la boutique de Nitzan n’était pas très loin ! Il relevait ses yeux bleus vers la jeune femme lorsqu’ils furent rejoints par une cliente qui s’exclama « Oh ! Mais pourquoi tant de tristesse sur ce joli visage ? » Il tourna la tête vers elle et instinctivement ses doigts se crispaient sur le livre alors qu’elle venait tripoter ses vêtements pour le rhabiller de façon sensuelle. Une jeune femme délurée sans grande gène, franchement trop excentrique pour un homme comme lui. « Allez, souriez. Vous êtes beau comme un soleil ! » Il l’observa alors ; jeta un coup d’œil craintif à Amelia avant de regarder la jeune femme qui recula ; l’observa silencieusement. Ignorant qu’il s’agissait en fait d’un écrivain plutôt célèbre. Il observait cette femme avant de répondre tandis qu’elle était suspendue à ses lèvres. « Et toi tu… Tu es jolie comme une mante religieuse. » Il eut comme un blanc à cet instant. Un moment où l’horloge s’arrêta de malaise. La femme eut un léger rire jaune finalement et demanda à Maddox pourquoi il faisait une telle comparaison. A ses yeux peut valorisante.

Elle n’avait pas idée de son âme d’enfant. Elle le voyait là, grand et beau. Elle le voyait en homme. « Tu es grande… Très grande… Tes cheveux aussi… Tu as de longs doigts. Tout à l’air si long chez toi. Tu es comme une mante religieuse ; elles sont très élégantes. Elles marchent sans bruit… » Elle l’observa un instant ; ce garçon un peu trop poétique sans le vouloir parce qu’il avait cette vision étrange du monde. Elle ria alors ; ne sachant quoi répondre avant de s’adresser à Amélia pour lui dire qu’elle voudrait prendre rendez-vous avec le patron. Maddox l’observa de ses grands yeux bleus avec un peu trop d’insistance « J’ai dit quelque chose de mal ? » Elle se tourna vers lui ; souriant alors avant de réajuster son maillot en faisant face au jeune homme « Pas du tout. C’est juste… Très original comme compliment. » Puis d’un ton un peu moins aimable invita son amie à se dépêcher. Prince la dévisageait sans comprendre, pourtant tant de mépris…

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Nous sortons ensemble de la boutique arrière. Je le vis dès lors s'approcher du comptoir pour y déposer ses livres. Je n'y avais pas penser, mais je compris en le regardant que ceux-ci devaient être lourds. Je souris avant de me glisser derrière le comptoir pour prendre un sac dans lequel je glissai ses livres avant de lui donner. Cela n'était peut-être pas parfait, mais ça rendrait le transport ses livres moins pénibles je l'espérais. J'allais lui parler quand je vis une femme s'approcher de nous. Une cliente évidemment, mais qui s'approchait de lui. Je fus d'abord surprise par sa franchise. S'approcher ainsi d'un garçon pour lui parler si franchement, mais certains avaient l'habitude de dire ce qui leur passait à l'esprit. Ses paroles me firent sourire, car j'espérais qu'elle ferait comprendre à Maddox que je n'étais pas la seule à trouver qu'il était un joli garçon. En ce qui concernait la dame, elle me fit une drôle d'impression.

Je n'avais pas l'habitude de juger mes clients, mais elle me fit un drôle d'effet. Cette manière qu'elle avait de lui parler si directement, de le toucher sans le connaître. Ne voyait-elle pas le malaise du pauvre Maddox? Au moins, elle lui faisait des compliments, mais je voyais bien que cela n'aidait pas Maddox à se sentir mieux. Il était vrai qu'il ne semblait pas avoir l'habitude des contacts et de la proximité. Je l'avais déstabilisé un peu plus tôt, alors qu'en serait-il au contact d'une inconnue? Je vis son regard craintif et je compris que je devais venir à son aide.

«Madame, si vous permettez, je crois que... »

Je fus interrompu par la réponse de Maddox à l'égard de la femme. Une réponse à laquelle je ne m'étais pas attendu, mais qui me fit immédiatement sourire. C'était un compliment. Je savais que pour la plupart, cela sonnerait étrange, mais venant de la bouche de Maddox, je savais que cela n'était pas une insulte. Je dus retenir mon rire alors que je voyais l'expression de la pauvre femme devant lui. L'explication de Maddox était poétique, profondément magnifique et pour ma part, je l'adorais. Ce ne fut certes pas le cas de la femme. Je me tournai vers Maddox et lui adressai un grand sourire.

«C'est un magnifique compliment»

Ce fut tout ce que j'eus le temps de dire avant que la femme ne me demande pour prendre un rendez-vous avec le patron. C'était le genre de demande dont nous avions l'habitude. Je sortis l'agenda qu'on gardait toujours pour les rendez-vous. Je voulus parler à Maddox pour le rassurer, mais la femme se fit pressente. J'adressai un sourire compatissant à Maddox.

«Tu m'attends deux secondes? Je prends le rendez-vous de madame...»

La dame avait quelques caprices et je dus passer un moment avec elle. Je n'aimais pas les clients comme elle, qui se prenait pour des petits rois. En bonne employée que j'étais, je ne disais rien cependant et me contentait de subir. Le temps passait et je voyais Maddox au coin du comptoir. J'avais peur qu'il parte ou qu'il ne se sente mal à l'aise. Une fois la date de rendez-vous pris, je demandai à la dame d'attendre un instant pour ses autres questions. Peu m'importait si cela l'insultait, je voulais m'assurer que Maddox allait bien. Je m'approchai de lui en lui souriant.

«C'était vraiment très joli ce que tu as dis à la dame. Il ne faut pas t'inquiéter si elle n'a pas compris à quel point c'était un beau compliment. Je suis désolé d'être obligé de recommencer à travailler. J'aurais préféré rester avec toi et discuter. Dis-moi comment vas-tu? Je ne veux pas te laisser sortir d'ici si tu ne vas pas bien.»

Je tournai la tête vers la dame et lui fit signe d'attendre encore un peu. La femme maugréait, bien évidemment, mais je n'en avais rien à faire. L'amitié avait toujours priorité sur la clientèle.

La jolie vendeuse le rassura et il affichait un petit sourire enfantin ravi malgré sa mine épuisée. Puis elle prit la cliente un peu à part et comme elle lui a demandé d’attendre, il restait planté là. Touchant du bout des doigts la jolie couverture du livre qui avait l’air parfaitement neuf. Puis enfin elle revenait vers lui, il lui adressait un faible sourire quand elle le rassurant quant à ce qu’il venait de dire. Il était vrai que Maddox trouvait les mantes très jolies, mais les femmes n’aimaient pas être comparées à des insectes. Elles trouvaient cela dégoutant ; mais il ne voyait pas en quoi cela l’était. Une si jolie et gentille mante… Elle s’excusa de devoirs travailler ; il était vrai qu’il ne comprenait pas vraiment pourquoi les gens devaient travailler et pas lui. Personne ne lui laissait rien faire ; on disait qu’il n’en avait pas besoin. Pourtant, il lui arrivait de s’ennuyer. Alors il dessinait et heureusement, ses amis invisibles étaient là. Elle s’inquiétait de savoir comment il allait avant qu’il ne s’en aille ; il hocha doucement la tête tout en l’observant communiquer gestuellement avec la mante religieuse. Quand elle le regarde de nouveau, ses yeux bleus la fixaient avec douceur ; il se demandait pourquoi elle avait voulu travailler ici parce que cette mante n’était pas très aimable

« Je crois que ça va… Je vais rentrer et dormir un peu… » Peut-être manger quelque chose, il y avait plein de Brownies au chocolat dans le tiroir de la cuisine. Comme c’était bon… Il avait tendance à en manger un peu trop ; mais ce n’était pas comme s’il était au régime. Il était mince et loin d’avoir trop de graisse ; voir un peu trop gringalet pour être honnête. Il espérait qu’il en restait encore. Probablement Nitzan serait encre excédée à l’heure du repas lorsqu’il annoncera qu’il n’avait plus faim, ceci dit lorsqu’elle découvrir les emballages au fond de la poubelle elle comprendrait la raison de ce manque d’appétit. Pleurer, ça donne faim et ça fatigue ! Il prit doucement la main de la jeune femme dans la sienne ; lui fit un petit signe particulièrement timide d’approcher un peu plus puis lui souffla en rougissant « J’espère que l’on se revoit très vite… » Il redressa la tête ; lui adressa un sourire maladroit. Il aurait eut envie de lui déposé un baiser, juste un bisou sur sa jolie joue. Mais c’était trop tôt ; il n’arrivait pas à franchir le cap. Probablement y arriverait-il plus tard ; mais il était bien trop effrayé par l’idée pour le moment.

Il recula doucement, prit le sac et s’éloigna. La dame clama alors « Au revoir rayon de soleil. » N’osant lui jeter un coup d’œil, il poussa la porte, recroquevillant ses épaules en rougissant de plus bel. Il pressait le pas ; tenant le sac à bout de bras. Il n’aimait pas vraiment la rue quand il était tout seul. Il avait peur des gens et de ce qu’ils pouvaient lui faire. Quel soulagement lorsqu’il arriva devant la boutique d’instruments de musique de la jolie médium qui prenait soin de lui. Il fut accueilli par son adorable sourire et il posa les livres dans le sac sur le comptoir avant de lui dire que c’était pour elle. Nitzan ne prit pas la peine d’ouvrir qu’elle le remercia ; il se sentait bien dans ses bras. Puis il monta se coucher ; oubliant le papier d’Amelia sous la couverture de son livre ; petite tête de linotte. Cependant à son réveil, la bienveillante l’avait déposé sur sa table de chevet.