La brune acquiesça avant de se détacher avec douceur du corps de son ex-mari. Elijah avait tout de même le don de toujours apparaître dans les moments les plus embarrassants, c'était à noter, vraiment. Son regard vert attrapa quelques instants les yeux anthracites avant qu'elle ne glisse à nouveau ses lèvres contre les siennes tout en descendant du plan de travail.

« Certes. Mais Alastair a conscience que ton travail te sert à vivre. L'abruti d'esprit qui me pourrit la vie, lui, était clown avant. J'imagine qu'il s'amuse vraiment, vraiment beaucoup ! Pas vrai Kobal ?! »

Elle se souvenait parfaitement de mois de travail foutus en l'air parce que monsieur avait renversé – et brisé par la même occasion – sa tasse de café préférée sur son dossier en cours. La jeune femme venait d'ailleurs de donner le nom d'esprit au photographe, sans sourciller. Après tout, Chase n'avait encore jamais tenté d'exorciser qui que ce soit ou même de faire partir un quelconque esprit. Non, en fait, il se foutait tout simplement de leur présence par moment. Certes, son don n'était pas aussi bourré d'inconvénients que le sien, mais il avait la factulté d'occulter la présence de ses êtres non désirables dans leur vie, Alastair étant le seul à avoir obtenu vraiment une relation avec le jeune homme.

« On parle d'Elijah alias Kobal, mon cher poltergeist de compagnie. Bientôt je vais même lui acheter une laisse s'il continue à m'emmerder de la sorte. Ou l'abandonner le long d'une autoroute. »

Sur le coup, la jeune femme était un peu cruelle et le savait, compte tenu des circonstances, mais toujours fallait-il qu'elle s'en débarrasse pour une fois. Et puis, Sophya se sentait un peu frustrée pour le coup, alors... elle se lâchait complètement.  Après avoir envoyé valdingué sa chaussure à travers la tête de l'esprit – et cet abruti s'amusait vraiment – la brune soupira avant de diriger son regard sur Chase. Le brun ne se départit pas de son calme, plutôt habitué à ses sautes d'humeur, il fallait l'avouer, et lui ramena sa chaussure. Avec un soupir résigné, la médium renfila la ballerine et haussa un sourcil.

« Tu m'abandonnerais ici ? Lâchement ? Avec lui ?! »

A savoir que Kobal s'apprêtait à avoir de gros ennuis. Elle répondit au baiser du brun, tout en adressant un doigt d'honneur à l'esprit – oui la jeune femme pouvait être très mature parfois – par dessus l'épaule de celui-ci. Elle lui adressa même un sourire moqueur lorsqu'elle se détacha et glissa gentiment.

« Je te suis. Je tiens à préciser qu'en plus, je n'ai pas encore mangé... »

Message subliminal ? Oui totalement. Ce n'était pas qu'elle n'était chez elle que depuis une heure avant que tout ça n'arrive, mais si, en fait. Alors bon...

« Laisse moi prendre ma veste et mon sac,  et on y va. »

Très mature, la jeune femme tira la langue à l'esprit tout en enfila son perfecto et glissant son pied dans la seconde ballerine.

« Alastair sait surtout flinger ma chambre noir… Encore heureux que j'anticipe. », répondis-je calmement alors que visiblement, ce que nous venions de commencer venait d'échouer. Frustré ? Oui dans un sens, mais il n'y avait rien à faire si ce n'est ignorer et nous éloigner d'ici. Elle me présenta par la même occasion l'esprit, me donnant des informations qui aurait pu m'aider si toutefois j'en avais quelque chose à faire. Mais non, pas vraiment. Me détachant donc définitivement d'elle, je signalais que j'allais partir, mais si toutefois elle voulais me suivre. « Je ne t'abandonne pas… La preuve tu peux me suivre. » soufflais-je avant de l'embrasser tandis qu'elle essayait, visiblement de faire passer un message. Elle accepta donc, avant de signaler qu'elle n'avait pas manger. Je savais ignorer les esprits, mais ça, c'était comme une sortie d'autoroute, c'était un peu trop voyant à mes yeux. « On va pas bruler les étapes avec un restau… Je ferais à manger chez moi. », oui, j'avais une logique sans doute étrange, mais je préférais rentré, je n'avais pas prévu de partir trop longtemps de chez moi, je n'avais pas prévu d'être aussi long. Je lui laissais donc prendre sa veste et son sac et lorsque ce fut fait, l'on s'apprêta à sortir de chez elle. Des idées pour la suite ? Je n'en étais pas sur pour le coup, mais disons que tout dépendrait de qui se trouvait chez moi ou non. En attendant, j'espérais déjà que cela soit plus calme qu'ici, car sauf Alastair, je n'avais que peu de patience face aux esprits, du moins peu de patience pour les considérer et donc pour les écouter. C'était sans doute pour cela que j'avais une grande proportion à l'ignorance. Certes c'était sans doute assez choquant pour beaucoup, mais pour moi… Je préférais vivre tranquille.

La brune adressa donc un regard victorieux à l'esprit avant de se retourner complètement et de l'ignorer, tandis qu'elle esquissait un sourire face aux aveux concernant Alastair. Si l'esprit s'en prenait essentiellement à Chase, il ne lui avait jamais vraiment fait de réelles saloperies, il fallait bien l'avouer. Parce que peste comme il était, Furfur aurait pu être vraiment énervant et ne pas y aller par quatre chemins pour faire mariner le jeune photographe. Les bras coincés dans le perfecto qui n'avait pas vraiment envie de se fermer, la brune finit par répondre.

« Il pourrait faire bien pire, ne te plains pas trop. Et puis, tu t'énerves tellement facilement lorsque l'on touche à tes photos que c'en est presque trop facile. Et n'oublie pas... il t'a quand même bien rempli ton porte-feuille certaines fois... Donc ce n'est qu'un mal pour un bien. Moi, ce clown ne m'apporte rien d'autre que des emmerdes. »

Elle dégagea ses cheveux de sa nuque avant de réussir à fermer sa tirette. Bien, il n'avait fallu que quelques minutes pour y parvenir. D'ailleurs elle soupçonnait son clown de compagnie d'y être pour quelque chose. Il finit par lui répondre qu'il ne l'abandonnait pas et l'embrasser. Si la jeune femme se laissa faire, sa tête était à des millions d'années lumières de ce moment. Après un regard d'avertissement en direction de l'Esprit et de lui avoir soufflé sympathiquement que s'il innondait son appartement ou quoique ce soit, elle le réexpédiait d'où il venait aussi vite qu'il ne l'avait fallu pour lui dire « abruti ». Frustrée légèrement, un peu embêtée par les paroles du photographe concernant le fait de brûler les étapes, la jeune femme le suivit jusque dans la rue.

Dans le fond, il n'avait pas spécialement tort quand il disait qu'ils précipitaient les choses. Elle avait gagné une bataille, mais peut-être un peu trop facilement. Il allait finir par la penser totalement acquise et finirait par s'enfuir en courant, ne lui laissant que ses yeux pour pleurer. Rien ne lui prouvait qu'il était là pour elle, et non pas parce que oui, il était attiré. Elle ne voulait pas de restes de relations malgré tout, elle le voulait pour elle, même si ce n'était que partiellement, et pas forcément avec un couteau sous la gorge. Glissant son sac sur son épaule, la jeune femme le suivit jusqu'à la porte d'entrée de l'immeuble avant de s'arrêter.

« Chase ?... Tu... Tu as raison. Je pense qu'il faut qu'on prenne plus de temps, c'était une mauvaise idée de te mettre toute cette pression. Si tu veux revenir, tu reviendras, et j'attendrais. Je pense que je devrais remonter et prendre un truc à emporter, ce sera plus simple. Je suis désolée... »

Elle effectua quelques pas en arrière, le regardant avec un sourire désolé. Elle prenait peur tout simplement, qu'ils finissent à nouveau par se tromper parce qu'ils allaient trop vite, parce qu'elle voulait aller trop vite. C'était une angoisse constante de finir par se faire rejeter à nouveau et la jeune femme n'était pas certaine de pouvoir faire face à cela sans que cela ne la blesse outre mesure. Alors autant prendre une porte de sortie et éviter les situations gênantes, pas vrai ?

« Tu n'as qu'à m'appeler quand tu te sentiras prêt, ou passer tout simplement. Je n'ai pas envie d'être celle qui t'oblige à faire des choses dont tu n'as pas envie et... et apparemment rien n'est clair pour nous deux, alors autant prendre le temps de réfléchir pas vrai ? Désolée d'avoir été comme ça... d'avoir provoqué tout ça. »

Elle atteignit la marche de l'escalier avant de se retourner.

« J'attendrais. Que tu sois prêt, que tu le veuilles vraiment. D'éviter de paraître stupide en t'allumant, alors que ça tombe, tu ne veux que ça. Bref... Je tiens à toi, et si je suis prêtre à faire beaucoup de choses pour te récupérer, je ne jouerais pas ... enfin voila, t'as compris où je voulais en venir. »

Elle ne voulait pas être une prostituée, une fille qui ne l'attirerait que comme ça. Ils avaient été mariés bon sang, alors inutile de jouer là-dessus. D'un côté, elle espérait qu'il la retienne, qu'il lui montre qu'il en avait vraiment envie... Mais elle avait peur tout simplement. Alors elle préférait lui donner de l'espace, ce dont ils avaient toujours manqué. Trop vite, ce n'était pas ce qui leur convenait.

« Appelle-moi, okay ? Quand tu auras décidé. Que ce soit oui ou non. Je
ne veux pas te forcer la main... Surtout pas. »

Elle attendait qu'il la rassure quand même à ce niveau-là. Juste pour être sure qu'elle avait encore suffisamment de crédit à ses yeux pour qu'il se préoccupe de ce qu'elle ressente, tout simplement.