Michelle n'a jamais quitté sa terre d'origine, à savoir la Nouvelle-Orléans. Ses origines remontent au continent de l'Afrique mais elle est née sur le continent Américain et comme sa famille avant elle qui cultivait le coton dans d’immenses plantations, elle finit par se mettre au service d'une riche famille en tant que gouvernante. Ce choix si particulier remonte à l'époque où Michelle n'était encore qu'une enfant, à peine une adolescente : la Louisiane, un état très conservateur dans une Amérique raciste. C'était dur, extrêmement dur même mais c'est grâce à l'étroitesse d'esprit et à la stupidité des racistes que Michelle a sus adopter un tempérament intransigeant et sévère. C'est dans cette période là qu'elle fit la connaissance d'une adolescente qui elle, eu l'intelligence de défendre Michelle qui était encore très faible à ce moment là. Michelle vit en cette jeune femme une preuve qu'il y avait de l'espoir pour elle. Pour elle mais aussi sa famille et toute sa communauté. Une amitié sincère ne cessa de naître et d'évoluer entre les deux femmes, Michelle trouva appui chez celle qu'elle considérait comme une sœur et pu retrouver l'équilibre perdu que la mort de son père avait engendrée. Et pour cette raison, c'est à l'âge de seize ans que Michelle décida d'offrir ses services à la famille Mason envers qui Michelle se sentait profondément reconnaissante. Pourtant, Michelle aurait pu pratiquer une profession moins 'ingrate' si l'on puis dire : sa mère pratiquait régulièrement le vaudou, jouant sur les origines de la famille pour vendre philtres, amulettes et d'autres choses du genre. En effet, Michelle n'est autre que la descendante de la célèbre prêtresse vaudou Marie Laveau, celle qui a ravivé le culte du vaudou en Nouvelle-Orléans au dix-huitième siècle. Mais Michelle préférait gagner sa vie honnêtement et non pas en jouant sur son héritage familiale.
Lorsqu'elle eus dix-huit ans, elle rencontra l'amour de sa vie avec qui elle engendra son trésor : Lydia. Dix années de bonheur durant lesquelles Michelle fut l'une des femmes les plus heureuses de la ville, avec ses employeurs et amis les Mason, sa fille chérie et l'homme qu'elle aimait plus que tout au monde. Mais tout est éphémère, surtout chez la famille à Michelle : le fiancé et père de famille finit par mourir dans un accident de voiture, rien de plus banal. C'est dans cette période là que Michelle finit par embrasser son héritage et suivit les traces de son ancêtre au travers du vaudou. Elle put compter sur l'aide des Mason, qui lui permirent de remonter la pente et elle aurait voulu plus que tout que sa fille Lydia comprenne que les temps change et que les gens ne sont pas tous les mêmes. Mais être une 'bonne' ne semblait pas enchanter la fille de la gouvernante qui devint coiffeuse, tout comme son ancêtre Marie Laveau lorsque son mari décéda. Finalement, la pomme ne tombe jamais trop loin de l'arbre. Dans cette même période, madame Laverne découvrit que sa fille était douée du don de projection astrale dans son sommeil, chose contre laquelle la mère mit de nombreuses fois en garde sa fille qui semblait comprendre l'ampleur de la situation. A dix-neuf ans, Lydia tomba enceinte et Michelle fut grand-mère, l'un des plus beaux jours de sa vie. Dès que Michelle prit dans ses bras la fragile petite Caleigh, elle savait que l'amour qu'elle allait porter pour sa petite-fille était aussi puissant que la magie qui coulait déjà dans les veines du bébé. Elle ne dit rien à sa fille : Lydia était en effet réticente contre tout ce qui touchait au vaudou et à la magie. D'ailleurs, elle vit d'un trop mauvais œil la notoriété grandissante de Michelle en tant que Mambo.
Quand Caleigh eu sept ans, c'est elle qui retrouva le corps de sa mère sans âme. L'esprit de Lydia s'étant égaré dans le monde des esprits, il ne resta derrière elle plus qu'une enveloppe, un réceptacle vide et Michelle tenta de nombreuses choses pour permettre à l'âme de sa fille de l'entendre et lui permettre de regagner son chemin parmi le monde des esprits, mais c'était trop tard. Michelle prit donc à sa charge sa bien aimée petite-fille et continua de découvrir qu'en plus d'être plus puissante, Caleigh était plus enclin à accepter le vaudou dans sa vie. C'est avec fierté que Michelle fit une éducation à Caleigh concernant les origines de la famille et les bases du vaudou qui intéressaient sincèrement la jeune médium. Quand cette dernière eut atteint ses dix ans, Connor le dernier héritier des Mason laissa la demeure de sa famille entre les mains de Michelle. Durant des années, la maison familiale devint la maison de Michelle et sa petite fille : la prêtresse vaudou continua l'éducation magique de sa petite fille jusqu'à ce qu'elle ne devienne femme.
Les derniers événements furent pourtant catastrophique avec les esprits se rebellant et Belaam au summum de sa puissance. Surtout que Caleigh a rejoint de son plein gré l'Association des Médiums, Michelle savait qu'elle devait se joindre à cet organisme pour garantir la protection du clan Vaudou mais surtout pour garder un œil sur sa petite fille. Il ne s'agit plus d'apprendre à purifier une maison ou faire une poupée vaudou et elle veut s'assurer que sa petite-fille l'a bien compris. Je suis prête à me battre contre Belaam pour assurer la survis de ceux que j'aime mais aussi la protection de ma ville : je suis née ici, c'est dans le cimetière saint Louis numéro un que son exhumés les défunts de ma famille et il y a déjà eu trop de dégâts comme ça pour permettre une nouvelle vague de rage s'abattre sur la ville.

Jackson Square, avec une vue sur la cathédrale Saint Louis. Il faisait chaud aujourd'hui et comme chaque jeudi matin, je me rendais au marché afin de faire le plein de produits frais pour la semaine. Fruits, légumes, herbes, céréales... Et occasionnellement, si le temps me le permettait, je faisais un petit détour qui était familier pour les sorciers : un marché également mais exclusivement composés d'encens, de sachets d'herbes, d’élixirs, de grimoires vierges, de bougies artisanes, de bijoux... Bref, c'était un lieu de réunion et de partage pour les sorciers de la Nouvelle-Orléans. Malgré les événements récents concernant la fissure de la barrière entre le monde des vivants et celui des morts, ma communauté vaudou restait très active et depuis que j'avais intégré l'Association mon peuple avait suivit mon exemple en faisant de son mieux pour que cette alliance soit efficace. Mais les ténèbres étaient très fortes en Nouvelle-Orléans, elle était présente en chacun de nous et tandis que pour ma part j'avais gagné mon combat contre la noirceur depuis longtemps, chaque individus est amené à faire un choix entre lumière et ténèbres. Je me rappel que lorsque je suis rentré au service des Mason, le vaudou était vus chez moi comme une opinion religieuse, une croyance. Mais avec le temps les esprits crédules finirent par faiblir devant la réelle puissance de cette forme de magie. La guerre entre esprits et vivants nous a peut-être permit, à nous vaudous et wiccans, de prendre plus d'assurance aux yeux des autres mortels qui nous considéraient comme des fanatiques ou des hérétiques. Le sens du mot vaudou fut élaboré et l'image de mon héritage finit par grandir, ne se limitant plus aux poupées vaudou ou aux prémonitions dans des ossements de poulets. Enfin bref, après avoir acheté tout ce dont j'avais besoin je suis retourné à la demeure de mes employés, commençant à préparer le thé glacé et la tarte au citron meringuée avant d'étaler sur la table de la cuisine ce que j'avais acheté au marché occulte : sauge, gros sel, œils de tigre, sang de dragon en encens... Tout ce qu'il fallait pour purifier une maison. L'Association et moi même devons agir mains dans la mains, pas chacun de notre côté mais rien ne m'empêchait de prendre des précautions pour mes employeurs qui sont mes amis, mais aussi pour Caleigh. Je n'ai aucune envie de voir ma petit-fille finir comme sa mère Lydia qui pourrit avec le temps sur un fauteuil. Peut-être aurais-je du quitter Crescent City depuis longtemps, pour partir à Salem ou San Francisco. Voir l'Europe, dans le sud de la France. La vie pour ma petit-fille aurait sans doutes était plus tranquille mais je me devais d'assurer la protection de mon peuple puisque j'étais devenu la Mambo, tout comme Marie Laveau avant moi l'était je suivait les traces de mon ancêtres en essayant d'être un bon leader. Mais l'amour est une faiblesse, et ma famille est une faiblesse suffisante pour me pousser à me sacrifier si je le devais. Bien sûre, j'avais également pris des précautions à ce niveau là si je venais à quitter ce monde prématurément : un coffret contenant un grimoire improvisé et des pages de nombreux grimoires d'ancêtres pour Caleigh, elle devait apprendre à se battre si les choses tournaient mal.
Lorsque le four sonne, je termine de fermer un sachet rembourré d'herbe pour sortir la tarte au citron et y planter un couteau pour voir la cuisson. Parfaite, comme toujours. Je la dépose sur le rebord de la fenêtre le temps qu'elle refroidisse avant de faire le tour de la maison, un pied de sauge brûlant entre mes mains et dispersant un peu partout dans la maison les sachets, bien cachés. Je ne fais jamais ça devant la famille Mason, mais comme à mon habitude je fais toujours tout dans le dos des gens pour m'assurer protection et sûreté.