HISTOIRE.
Serena a vu le jour à New York le 30 avril 1977. Fille unique d'un père vendeur immobilier et d'une mère secrétaire dans une agence de mannequinat, bien qu'elle n'ait pas grandi dans le plus grand luxe, on ne peut pas dire qu'elle est manquée de quoi que ce soit. Petite, Serena montrait déjà un fort tempérament et un caractère bien trempé. Son premier mot ? « Non ». Têtue, elle était du genre à faire des caprices pour obtenir ce qu'elle voulait et à tourner tout le monde en bourrique. Avec les années, elle ne s'assagit pas et devint de plus en plus ingérable. La demoiselle passait ses journées entourée de garçons, bien qu'elle ne rentra jamais dans le stéréotype de la garçonne et cultiva sa féminité. A douze ans, première cigarette, à treize, première cuite... Serena était un vrai petit diable et ses parents étaient désespérés et se heurtaient à un mur d'incompréhension. C'est à quinze ans qu'elle commença à chanter et à monter son groupe de rock. L'adolescente se mit également à fréquenter assidûment les garçons à partir de cette période. Attirée par les Badboys, elle se retrouva souvent mêlée à des affaires douteuses de voles, drogues, ivresses sur la voie publique, etc... Serena s'enfonçait de plus en plus dans une spirale infernale tant et si bien que ses parents lui forcèrent la main pour qu'elle s'émancipe, puis ils la mirent à la porte. Ne sachant plus quoi faire, désemparés. La rockeuse pensait du haut de ses dix sept ans qu'elle était enfin libre, mais cette liberté avait un prix et elle s'en rendit bien vite compte. Il fallait qu'elle trouve un moyen de subvenir à ses besoins, son groupe de rock n'ayant pas décollé. A la rue ou dans des squattes miteux, elle revint vers sa mère pour qu'elle l'aide à trouver un emploi. Plus que mignonne, elle fut embauchée comme mannequin par l'agence de sa mère. En l'espace d'un an, elle avait pris sa vie en main, toujours aussi sulfureuse et dévergondée, mais bien plus stable. Puis grâce au réseau que son métier lui offrit, elle réussit à promouvoir son groupe et à vingt ans, quitta le mannequinat pour se consacrer exclusivement à sa carrière de chanteuse. La vie d'artiste, la vraie, à faire des tournées, des concerts, Serena vivait un rêve. Elle enchaîna les petits amis, pour la plupart des membres de groupes rivaux et avec lesquels sa finissait toujours mal, dans les cris et les scandales. Mais elle s'en accommodait, elle était jeune, se pensait invincible, elle avait tort... Quand elle était dans sa vingt troisième année, son groupe avait été invité à la Nouvelle Orléans afin de donner un concert pour la nouvelle année et l'entrée dans le nouveau millénaire. Comment dire non ? La soirée fut mémorable, le concert hallucinant, Serena se donnait à fond. Chanter sous les feux d'artifices des compositions et des reprises de grands classiques du Rock, elle se sentait enfin à sa place dans ce monde. Après le concert et la séance d'autographes, la chanteuse alla au car pour changer de tenue avant d'aller rejoindre les membres de son groupe pour fêter la nouvelle année. Mais sur le chemin, elle tomba sur un groupe de mecs plutôt fans de sa prestation. Les envoyer bouler fut une très mauvaise idée. Les esprits s'échauffèrent et la bande de machos saoulent l'emmenèrent de force dans leur voiture et roulèrent jusqu'au Bayou, pour plus d'intimité... La mémoire de Serena c'est arrêté au moment où elle sort de scène. Elle ne se souvient pas de ces brutes imbibés d'alcool, ni de l'enlèvement, ni des coups, des cris, de leurs mains sur son corps...de cette petite fille terrorisait qui assistait impuissante à la scène, de ses mains qui serraient ses hanches, son corps, sa gorge. Elle ne se souvient pas qu'ils aient jetés son corps sans vie dans les marécages après avoir fini l'impardonnable. Non tout cela elle ne s'en souvient pas. Elle se souvient en revanche de son éveil, d'avoir été désorientée, paniquée, seule. Il lui a fallu du temps pour comprendre qu'elle était morte et encore plus pour qu'elle l'accepte, si elle parvient à vraiment l'accepter un jour. Serena n'avait que la colère qui lui rongeait les entrailles, elle avait mal et elle voulait que les autres aient mal. C'était si injuste qu'elle soit morte, si jeune, elle n'était qu'au début de sa gloire. Alors elle se vengea, contre tout le monde, n'importe qui. Cherchant à faire perdre la raison à ces familles, ces couples, ces personnes innocentes. Morte ? Soit. Mais autant en profiter jusqu'au bout alors. Car comme on dit « Show must go on ».

TEST RP.
Ses longs cheveux platines, fins, volaient au vent. Ses grands yeux bleus entourés à outrance de noir étaient fixes. Cela faisait quatorze années qu'elle était morte. Quatorze années qu'elle passait à hanter les vivants, à les faire souffrir autant qu'elle souffrait si ce n'est plus. Mais elle était fatiguée, lasse surtout. Certains enfants feront des cauchemars pour le restant de leurs jours, d'autres suivront une thérapie et d'autres oublieront, comme elle a oublié. Mais quelles perspectives d'avenir avez vous quand vous êtes morte ? Certes il y a les autres fantômes et les médiums pour pimenter un peu tout ça, mais quelles perspectives avez vous quand on vous a enlevé vos rêves et vos espoirs ? Serena en était là. Debout, seule, le regard fixe, elle restait là au milieu de la place, de toute manière elle avait le temps, elle avait l'éternité pour attendre. Attendre quoi ? Elle même l'ignorait. La poltergeist avait fait souffrir, elle souffrait, elle allait encore faire souffrir. Les gens lui passaient à travers sans la voir, certains avaient un frisson mais ne s'éternisaient pas. Quant à elle, elle se contentait de les ignorer, se concentrant sur quelque chose de plus vitale, sa mémoire. Elle tentait une fois de plus de se souvenir, mais une fois de plus elle se retrouvait face à un gouffre noir d'où rien n'émergeait. Alors elle ouvrit la bouche et se mis à hurler, d'un son rauque, pleins de fureur, à s'en couper la voix. Elle restait là droite, la bouche grande ouverte déforment son visage, hurlant à pleins poumons. Puis elle se tue et son regard quitta le vide pour se réanimer. L'esprit regarda autour d'elle, personne n'avait entendu sa détresse, personne ? Si une personne. Une femme belle, là, qui la voyait, l'observait. Serena n'avait pas l'habitude qu'on la voit mais ce n'était pas réellement ça qui la dérangeait. C'était cette femme, la revenante était certaine que cette jolie brune était vivante et pourtant elle avait la sensation de voir un fantôme. Elle eut un flash, violent, un visage d'enfant, une gamine, terrorisait, le regard écarquillait par la peur. Le flash disparut aussi rapidement et brusquement qu'il était venu. Cette petite fille, dans ce souvenir, le seul souvenir qui lui venait depuis quatorze ans, cette petite fille c'était cette femme. Un vertige saisit Serena, que faire ? Mais cette femme la voyait, c'était certain, elle la fixait, elle n'arrêtait pas de la fixer. Dès que l'ancienne rockeuse plongeait son regard dans le sien, elle voyait le visage de cette petite fille, le regard plein de peur. Alors elle fit un pas, cela lui semblait si lourd, presque une torture, mais elle parvint à avancer en direction de l'inconnue. Peu importe qui elle était et où elle irait, Serena venait de se promettre de la hanter comme ce visage enfantin allait la hanter. Cette inconnue qui la voyait, cette médium était le début de la réponse à son passé, à sa mort. Serena ne pouvait plus faire marche arrière, elle continuait d'avancer vers cette femme, ses souvenirs, son destin.