Petits être fragiles que les humains. Certains d'entre eux pouvaient pratiquer certaines... sources de magie, mais ne pouvaient se défendre entièrement contre la menace qui planait au-dessus de leur tête. Cette épée de Damoclès invisible qui ne cessait de perdre de la distance et se balançait distinctement par-dessus l'entière population de la Nouvelle Orléans.

Certains avaient pu être suffisamment malins ou ouverts d'esprit pour détecter les dangers qui rôdaient en dehors de leur foyer. Les meurtres, les disparitions, les changements de comportements... Peu d'entre eux avaient pensé que des Esprits habitaient réellement la même ville qu'eux et se trouvaient peut-être en ce moment même au sein même de leur assemblée. Leur serait-il possible de déceler des possédés parmi leur rang ? Peut-être que oui... Peut-être que non.

Des affiches avaient été placardées partout en ville, des folders distribués dans leur boite aux lettres, les invitant à une séance d'information contre le danger qui semblait à nouveau frapper les rues de la Nouvelle Orléans. Certes, beaucoup savaient déjà que leur ville était dangereuse, beaucoup ne savaient pas la raison de ce danger. Et à vrai dire, les autorités ne comptaient pas leur ouvrir les yeux à ce sujet. Moins ils en sauraient, mieux ce serait. Le maire de la ville glissa un regard désintéressé sur l'attroupement qui se formait devant lui. Il aurait bien entendu préféré se retrouver dans son salon, une bonne bière à la main et un match des Pelicans à la télévision. Pourtant il se releva et s'éclaircit la gorge, avant de se diriger vers le pupitre qui présidait dans le hall de la mairie.

« Mes chers concitoyens, bonsoir. Je serais bref et vous laisserais retourner rapidement à vos occupations. Nous sommes réunis ce soir pour faire le point sur la situation qui anime nos rues. Nous n'irons pas par quatre chemins. Vous aurez remarqué que le taux de criminalité augmentant encore et encore dans nos territoires. De nombreux meurtres ont eu lieu et beaucoup d'entre vous se demandent encore comment une telle insécurité a pu voir le jour au sein de notre ville. »

Il marqua une pause, s'essuyant le front.

« Je n'ai pas de réponse à vous fournir si ce n'est que plus que jamais, les délinquants et autres criminels qui peuplent notre chère Nouvelle Orléans, sont décidés à y mettre la peur. Mais ne vous laissez pas avoir mes amis. Ne cédez pas. Des dispositions policières seront prises sous peu. Nous vous encourageons cependant à vous déplacer par groupe et non seul, d'éviter les endroits suspects et de nous signaler la moindre chose étrange que vous pourriez voir. Votre vie ou celle d'autres personnes pourraient en dépendre. »

Nouvelle pause.

« Des questions ? »

Spoiler:

Valerie n'était pas de celles qui paniquaient pour un rien mais force lui était de constater que les choses n'étaient pas à leur avantage. Son affaire commençait à battre de l'aile et plusieurs de ses employés avaient dû rendre leur tablier parce que les gens devenaient tellement méfiants qu'ils compliquaient considérablement la tâche. Mais ce qui commençait vraiment à l'angoisser, c'est qu'elle n'avait pas la moindre idée de ce qui se passait. C'était dans l'air comme une menace sourde mais elle était incapable de mettre de mots dessus. Il fallait qu'elle ait des réponses, alors elle s'était rendue à la réunion à la mairie, mais le discours du maire l'avait laissée mécontente.

« Bonjour. Valerie Ryers. Est-ce que ces crimes n'ont lieu qu'ici ou ça s'étend sur tout l'état ? Je veux dire… est-ce qu'on peut s'attendre à recevoir de l'aide du gouvernement pour enrayer ça ou non ? »

James n'avait pas débarqué depuis bien longtemps à Nola et malgré tout, il avait noté une certaine agitation... Cependant, restant le plus souvent chez lui, il ne s'en souciait pas plus que ça, après tout, fut un temps ou il vivait dans des quartiers peu favorisés et très dangereux...

Il s'était quand même rendu à la reunion, histoire d'en savoir un peu plus, parce que même en faisant l'autruche et en ne pensant qu'à son amour perdu, il avait tout de même remarqué que c'était pas normal tout ça... Il était donc assis à écouter, prenant mentalement des notes sur ce qui se disait. Il n'était pas d'ici, alors il se voyait très mal prendre la parole... Il n'était pas de ce genre la de toute façon... Sauf quand ça concernait son travail, mais là, il passait son tour.

Le discours que le maire veut faire ne servira sûrement à rien. Il va nous sortir des banalités pour nous faire croire que la situation est sous contrôle. Des phrases types pour endormir l'angoisse qui pointe le bout de son nez. Je ne connais peut-être pas bien le milieu de la politique, mais j'en ai vu des discours à la télé. Qu'ils soient vrais ou fictifs, c'est toujours le même refrain. Inutile de paniquer, tout est mis en oeuvre pour arranger la situation. Le bordel ambiant sera vite maté, vous pourrez bientôt recommencer à consommer allègrement ! De toute façon, ce sont tous des enfoirés, les politiciens. Je suis venue en espérant que, cette fois, la conférence diffère. En espérant que des gens osent dire tout haut ce qu'il se passe réellement et réclamer des dispositions appropriées... Au lieu des plans inutiles qu'ils vont nous inventer. Tout ça me replonge dans mon procès. Résultat, j'ai les nerfs. Pendant son exposé mielleux, je ne peux m'empêcher une remarque cinglante, énoncée à voix basse, mâchoires serrées.

"Des délinquants... C'est des esprits de merde, ducon."

Mais je sais qu''interpeller directement le maire avec ma "théorie", c'est risquer de retourner chez les fous. Et je n'irais plus jamais. Pour une fois Tamsin est d'accord, même si je la sens plus effrayée encore à l'idée de se retrouver face à un spectre. Pour l'instant, contentons-nous d'écouter.

C'est bien sans en avoir envie que Drake ce dirigea d'un pas lent vers le lieu de cette "réunion" public ou le maire avait pour mission assez fastueuse de rassurer la population. Tout ce qu'il se passait en ville n'avait échappé à personne. Des meurtres, de la violence, des incendies... encore un peu et ça devient "Mad Max". L'unique côté positif c'est que notre pompier n'est pas prêt d'être au chômage grâce à ça. Hors, il commence à ressentir des choses de plus en plus étrange. Les reflets dans le miroir, les voix qu'il ne devrait pas entendre et ça le rend dingue. D'ailleurs, il suffisait de voir sa tête fatiguée pour comprendre qu'il dormait de moins en moins chaque nuit. La nuit dernière, il avait encore entre quelqu'un lui parler alors que personne ne se trouvait chez lui. C'est dur à admettre, mais il est bien obligé de s'y faire, les esprits l'entourent. Depuis que sa soeur a été possédé, il a l'impression que c'est son tour. Pauvre Drake, lui qui n'avait rien demandé... Du monde était déjà là et une bonne vingtaine de minutes après son arrivée le maire prit la parole. Comme n'importe quel politicien, il se voulait rassurant bien qu'il fasse un discours assez bref. Pour la suite, c'était aux invités de parler. La voix qui s'éleva ne lui était pas inconnu. Sa mine un peu déprimé s'effaça et il se mit sur la pointe des pieds pour repérer la jeune femme. Il cru l'apercevoir, Octavia. Bon sang, s'il aurait cru la revoir, depuis toutes ses années. Alors doucement, il se fraya un chemin dans sa direction en évitant de bousculer ou écraser des pieds.

La déclaration du maire se perdit entre les réactions mécontentes, bruyantes ou silencieuses des personnes assemblées et sa question sembla se perdre dans le brouhaha environnant. Valerie grommela de mécontentement et secoua la tête avant de se retourner en se disant qu'il valait mieux qu'elle rentre chez elle plutôt que d'attendre des réponses qui ne viendraient pas. Elle le vit quand elle se retourna. Drake. Valerie se figea en le regardant. Une bonne dizaine d'années s'étaient écoulées depuis qu'ils s'étaient vu pour la dernière fois. Ça semblait presque irréel de le revoir désormais.

« Je… wow. Drake ? »

Wow... Il avait bien entendu? Des esprits? Ok, on était a la nouvelle-Orléans, berceau du vaudou et de pleins de croyances occultes mais quand même... C'était pas un peu tiré par les cheveux? Il aurait aimé entendre la réponse à la seule question rationnelle posée... Il ne se sentait vraiment pas à l'aise de prendre la parole, mais s'il le devait, il le ferait... Il n'était pas d'ici, il venait de débarquer en ville depuis seulement quelques semaines... alors bon, il n'était pas le mieux placé... Que ce soit pour prendre la parole ou être septique en fait... Il était persuadé de l'aura particulière de la ville... Lui revint en mémoire l'épisode ou il s'était "perdu" dans les ruines causées par l'ouragan... Cette sensation d'invisible qui l'avait envahi... Peut être n'était-ce pas si irrationnel que cela... Il se mordilla la lèvre et croisa les bras, préférant vraiment attendre avant de faire une quelconque conclusion...

Des mots... toujours des mots. Il voyait bien notre petit maire, que sa population était sceptique pour le coup. Mais que pouvait-il bien leur dire ? Ce serait créer un vent de panique, un souffle de rébellion que de leur avouer la vérité. Alors il fallait camoufler tout cela. Certains étaient moins bêtes que d'autres et cela se voyait aux regards qu'on lui lançait. Alors il prit son courage à deux mains et se lança dans l'arène. Après tout, il n'était pas politicien pour rien, pas vrai ?

«  Pour répondre à la question de Mademoiselle Ryers... Nous n'avons pas eu d'échos de la part d'états voisins ou même plus éloignés. Bien entendu, nous mettrons tout en oeuvre pour que cela cesse et demanderons une aide du Gouvernement. Nous ne laisserons pas tomber la population de la Nouvelle Orléans, nous arrêterons ces malfrats. »

Que de sûreté dans cette voix et ce visage bien trop affable que pour être honnête.

« Une petit verre vous est offert après ce discours. Le bar est au fond de la salle. Merci à tous pour votre attention. »

Ecourtement du discours, alors que le Maire était déjà descendu de son estrade et rejoignait l'extérieur de la salle, pas vraiment désireux de se faire alpaguer par sa population.

Un type pas loin de moi a l'air d'avoir entendu ma remarque... Il tire une tête d'ahuri. Je peux le comprendre. Comme on dit, il faut le voir pour le croire. Mais ça a le don de m'énerver. Je ne supporte plus ces regards. Évocateurs ou fuyants, ils veulent dire la même chose : elle a une araignée au plafond celle-là. Oh il n'est pas le seul de mes voisins à tirer cette conclusion. Deux personnes vont jusqu'à s'éloigner. C'est ça, dégagez avant d'être contaminés. Crétins.

Mes poins se serrent, mais le maire attire mon attention. Le maire, ah ! Quelques phrases de pommade et il se casse. Vite vite avant que quelqu'un ne soulève le ridicule de son discours. Il peut le mettre où je pense, son verre. D'ailleurs, des gens quittent aussitôt la salle. Pas beaucoup. Les autres se ruent sur la boisson gratuite. Pas loin de moi, il y a encore ce gars. Il a pas trop l'air de savoir ce qu'il fout là. Mais son regard...

"Hé toi. J'suis pas folle. Ce que j'ai dit est vrai. Tu peux me croire ou pas, mais me regarde plus comme une tarée, compris ?"

En un élan, je m'étais postée devant le brun, campée solidement sur mes jambes. Un regard empreint d'une colère qui ne me quittait pas depuis neuf ans.

Spoiler:

Dès le moment où il avait cru reconnaitre Octavia, le discours du maire était devenu totalement secondaire. Son cerveau ne l'écoutait plus, ce n'était plus qu'un bruit de fond, un brouhaha qui ne l'intéressait plus. Tout ce qu'il voulait, c'est s'assurer que c'était bien cette fille qu'il avait rencontré il y a dix ans pour passer juste une journée avec elle. Il ne l'avait connu qu'une journée, mais ceci avait suffi pour qu'il l'apprécie beaucoup. Quand il fut assez proche et qu'elle le vit, elle le reconnue ce qui lui fait plaisir. Depuis tout ce temps, elle ne l'avait pas oublié. Un sourire naquit sur son visage oubliant ainsi les problèmes qu'il avait en-tête. "Octavia ! Ça me fait tellement plaisir de te voir. Comment tu vas ?" demanda-t-il tout en la regardant. Les années qui étaient passées l'avaient rendu encore plus belle qu'avant. Pendant qu'il était en train de discuter avec elle, il n'avait pas fait gaffe que monsieur le maire avait terminé son discours et que tout le monde allait boire un coup. Pour le moment, il préférait rester dans la salle qui était en train de se vider et ou le fond sonore diminué ce qui était plus facile pour parler entre vieux amis.

La réponse que lui fit le maire la laissa un peu sur sa faim. Elle espérait bien que le Gouvernement n'ait pas l'intention de les laisser patauger avec leur criminalité grandissante, encore plus quand elle voyait les impôts qu'elle était obligée de payer. Avec ça, ils avaient intérêt à se bouger les fesses pour rappliquer au pas de trot avec la cavalerie quand la Louisiane les appellerai. La brune se détourna, un poil sur les dents pour tomber sur une vieille connaissance, qu'elle n'avait vu qu'une seule fois puis plus jamais retrouvé sur son chemin. Son sourire s'agrandit en voyant Drake s'approcher d'elle puis se fana un peu quand elle entendit son prénom.

« Valerie, s'il te plait. Personne ne m'a appelé comme ça depuis des années. »

Elle eut un petit sourire d'excuse mais ne songea pas un instant à s'écarter de lui alors qu'une bonne partie de la salle semblait se diriger vers le buffet.

« C'est vraiment trop bizarre de te revoir après toutes ces années. Je ne pensais pas que tu te souviendrais de moi. Qu'est-ce que tu deviens ? »

Depuis le temps où ils n'étaient que deux jeunes qui s'étaient échappé de leur réalité, juste pour un jour.

Le discours du maire ne s'éternisa pas... Effectivement, ça sentait le souffre et le dirigeant de la ville prenait la fuite avant que ça ne tourne au vinaigre... C'était bien un politicien ça... Par beaucoup d'aspects, un maire était comme un patron, toujours à enfumer son monde par des mots plein d'assurances... Du grand n'importe quoi dans la plupart des cas... Comme dans celui ci d'ailleurs...

Il soupira légèrement et s'apprêta à se lever quand une demoiselle se planta devant lui en l'engueulant... Heu... Mais enfin... C'était pas juste là! Il avait certainement tiré une drole de tête, mais... il ne l'avait jamais considérée comme folle!

-"Excusez moi Mademoiselle mais vous vous trompez... Je ne sais pas que croire, mais vous êtes très loin du compte... Vos propos m'ont interpellés... Pourriez vous m'en dire plus?"

C'était toujours bon à savoir... Parce que franchement... Il était curieux, mais aussi... il voulait savoir... C'était peut ^tre insensé, mais si c'était vrai, il voulait être mis au parfum avant...

Un monsieur vint interpeller la jeune femme à propos d'un restaurant. Avait il à coeur de le sauver de l'engueulade? Il lui adressa un sourire poli.

Mes propos l'ont interpellé. Il veut en savoir plus. Alors là... Je m'y attendais pas. Mais vraiment. Et ça se lit clairement sur ma tronche. Celle-là, on me l'avait jamais faite ! Je ne lui reprocherais pas d'innover, non, c'est juste que ça me prend de court. Je pensais devoir me défendre contre un abruti et voilà qu'il se montrait en réalité poli et curieux. Seulement curieux.

"Heu... Tu te fous de moi ou t'es sérieux ?"

C'est une manie des psys, ça, poser des questions en semblant intéressés, pour mieux te juger après. Étonnée, je reste donc méfiante. Puis un homme s'adresse à moi, semblant me connaître. Je ne reconnais pas cette voix. Décidément, c'est la journée des surprises. Je me tourne vers lui, intriguée. Moi, je dois un resto à un type ? Il me dit quelque chose, mais pas moyen de retrouver d'où il m'est familier.

"Hé salut... Ah bon ?" Mon regard voyage entre les deux hommes. "Vous êtes de mèche ? C'est une blague ? Sérieux, les mecs, jouez pas aux cons !"

On ressent que je suis un peu paumée. Je ne suis pas agressive, mais on sent également que ça se passera mal s'ils se foutent effectivement de ma gueule. Mais qu'est-ce qui se passe ?

Malgré les dix longues années qui s'étaient écoulés, la jeune femme se souvenait de lui. Vous n'imaginez pas à quel point il était content. Depuis le temps, elle avait changé, mais en bien, c'était une femme sublime. Visiblement elle n'aimait plus se nommer Octavia vu qu'elle le reprit. Drake fut un peu surpris, ce qui est tout à fait normal. Le jour de leur rencontre, il y a dix ans, c'était Octavia et non Valérie. Il se demanda pourquoi ce changement de prénom avait eu lieu. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas le moment pour poser la question. "Oh, désolé Oct... Valérie." C'est marrant, mais elle l'avait sous-estimé en pensant qu'il ne se souviendrait plus d'elle. Comment pourrait-il oublier un jour cette jeune femme qui l'a accompagné dans son périple d'un jour jusqu'en Floride. Ceci avait été court, mais suffisant pour qu'elle reste gravée dans sa mémoire. "Comme si j'allais oublier une fille qui a appétit digne de ce nom !" dit-il pour plaisanter en se souvenant leur repas. Concernant ce qu'il devenait, il n'allait pas lui dire qu'il était en train de virer fou et alcoolique. Non, il va feindre que tout va bien. "Oh, tu sais pas grand-chose. Je risque ma vie assez souvent. Je suis devenu pompier." C'est là qu'en regardant un peu plus loin, il vit une jeune femme en train de discuter avec deux hommes. Tient, ce ne serait pas la fille qu'il a sauvé lors du carnaval ?"Tu vois la fille là-bas, je suis presque sûr de l'avoir sauvé il n'y a pas si longtemps."

« Pas de soucis. »

La transition devait être dure mais elle ne pouvait pas faire autrement. Elle ne supportait plus qu'on l'appelle Octavia. Drake lui tira un sourire lorsqu'il lui dit qu'il n'aurait pas pu l'oublier à cause de son appétit.

« Je te signale que tu ne t'es pas mal non plus défendu ce soir là. »

En tout cas, au moins un des deux avait accompli son rêve. Lui était devenu pompier comme il avait dit qu'il le ferait tandis qu'elle s'était reconvertie en arnaqueuse grand standard.

« Félicitations. Pompier c'est bien, même si tu risques ta vie. C'est un métier bien. En tout cas, ce n'est pas ça qui va te rendre un peu plus modeste apparemment. »

Répondit-elle en se demandant s'il était resté aussi bon que le jeune homme qu'elle avait rencontré près de dix ans plus tôt. Valerie se retourna pour regarder la fille en question qui haussait le ton. Elle sourit mais il disparut très vite. Elle ne savait pas trop comment se comporter avec lui. Après dix ans, elle se retrouvait presque comme la fille qu'elle était ce soir-là.

Il avait visiblement surpris la jeune femme. Elle n'avait vraiment pas l'habitude qu'on puisse la prendre au sérieux? Ou du moins ne pas la prendre pour une folle. James n'était vraiment pas de ce genre là. Il ne supportait pas juger les gens au premier regard et il n'appliquerait pas ça avec la demoiselle non plus. Elle lui demanda s'il était sérieux ou si il se foutait de sa gueule. Il lui adressa un sourire qui se voulait rassurant avant de lui répondre doucement.

-"Hé bien, je suis parfaitement sérieux... Mais je pourrais comprendre que vous ne teniez pas à avoir cette conversation ici... Je peux vous proposer un entretien dans un lieu plus privé afin que vous soyez plus à l'aise?"

Il sortit son porte-feuille et lui tendit sa carte de visite, ou figurait son numéro de portable. Elle demanda ensuite s'il était de mèche avec l'autre gaillard... Il eut un petit rire.

-"Je ne connais pas ce jeune homme, mais je vous laisse ma carte, si cela vous arrange?"

Il voulait s'adapter au mieux à la volonté de la jeune femme sans pour autant perdre l'opportunité d'en apprendre plus... Un petit quelque chose lui disait que ça pourrait aider, d'une façon ou d'une autre, dans sa vie.

Le Poltergeist regardait la petite salle, amusé, du haut des escaliers. L'Ordre de Belaam avait trouvé un écho en lui et il s'était précipité dans la pièce, avec d'autres, pour mettre un peu d'ambiance dans cette triste et fade soirée. Un regard entendu avec un autre et il descendait calmement, comme s'il était humain, avant de passer dans le dos d'une jeune femme, et de la frôler nonchalamment, soufflant par la même occasion dans son cou et contre le lobe de son oreille avant de s'en aller vers une autre victime, poussant son verre contre sa poitrine et déversant le contenu de ce dernier dans son décolleté. Un rire le secoua, avant qu'il ne décide de partir derrière le bar et de faire tomber deux-trois bouteilles... Il ne fallait pas trop éveiller de soupçons après tout...

Sourcils levés, je regarde le curieux me tendre une carte après m'avoir proposé une discussion ailleurs. Effectivement, je ne suis pas sûre qu'en parler avec tous ces gens autour soit une bonne idée. Je n'ai pas vraiment envie que mon psy apprenne que je tiens des séminaires sur les esprits... Bon. Apparemment, les deux types ne se connaissent pas et le curieux est vraiment intrigué. Par le sujet, pas par ma maladie mentale ou par ma paire de fesses. Je prends donc enfin sa carte et y jette un œil.

"James, photographe et styliste." Je relève mon regard vers lui. "J'imaginais les stylistes plus... extravagants."

Je conclus par un sourire. On a tous en tête ce cliché du créateur de mode complétement décalé et autoritaire. Pas vraiment intéressée par le milieu, j'ai jamais réfléchi plus loin que ça à vrai dire, et ce James ne colle pas du tout à l'image. A vrai dire, je le croyais plutôt dans les affaires.

"Puisque je connais ton nom, moi, c'est Jillian. Bon, tu l'as entendu, mais j'aime bien me présenter moi-même." Tout en rangeant la carte dans la poche de mon jeans, je retourne mon attention sur l'homme qui me connaît. "Désolée, je me souviens plus d'où on se connaît..." J'affiche une grimace gênée. "... et j'ai oublié ton prénom."

L'alcool, c'est mauvais pour la mémoire. Ce devait être la première fois que je me lâchais autant depuis ma sortie. La première fois et j'avais réussi à promettre un resto à un inconnu. Enfin ça aurait pu être pire.

Cling! Clang! Clung!

Le bruit du premier verre brisé me fait sursauter. Au final, je me retrouve à agripper le bras de James, tendue, les yeux rivés sur le bar.

C'était vraiment sympathique de revoir Octa... Valérie. Ça allait être dur de se faire à ce nouveau prénom. Mais il finira pas s'y faire. Elle sembla ravie de voir qu'il était devenu pompier. De toute façon, c'était dans la poche avant même qu'il n'obtienne son diplôme. C'est ce qu'il voulait faire, il suffit de ne pas avoir peur, de faire ce qu'on lui a appris et après d'avoir une bonne dose de courage. Quoi que ces derniers temps, la vie n'est pas si rose que ça pour lui. Pas la peine de le dire à Valérie pour le moment. "Et toi ? Est-ce que tu vas bientôt nous envoyer dans l'espace ?" demanda-t-il en étant presque sûr qu'elle ait réussi à atteindre son objectif. Avant la réponse de la jeune femme, il crut percevoir de l'agitation un peu partout autour de lui. D'un air distrait, il regarda afin de voir ce qu'il se passait. On aurait dit juste des bouteilles ou des verres qui venaient de tomber. Ce devait être un serveur maladroit. Sauf que son regard cru capter une sorte de forme flou qui disparut dans la foule. Bon sang, non pas maintenant ! Pas un esprit. Le pauvre devint alors totalement pâle, du mieux qu'il le pu, il tenta de contrôler le tremblement de ses mains. C'était à devenir dingue, est-ce qu'il avait vraiment vu un esprit, ou est-ce son imagination ?

Oh… C'est vrai. À l'époque où Drake l'avait rencontrée, elle était encore motivée pour essayer d'intégrer la NASA. Ça remontait à loin. Presque une vie pour elle. Valerie ouvrit la bouche pour répondre et lui dire qu'elle était aussi prêt d'aller dans l'espace que de Bill Gates aller prendre une limonade avec Steve Jobs mais elle la referma aussitôt.

« Non, pas du tout. Mais je me suis réorientée. »

Elle ouvrit la bouche pour lui ajouter ce qu'elle faisait mais soudain s'en sentit tout à fait incapable et préféra lui sourire doucement avant de poser son bras sur son coude pour le tirer vers le bar qui était mis à disposition.

« Bon si on veut arriver à prendre un verre avant qu'il ne reste plus rien, on a intérêt à se dépêcher, tu ne crois pas ? »

Sans attendre sa réponse, elle y alla pour servir deux verres et se retourna vers Drake pour lui tendre un verre. Et alors qu'elle levait son verre, un choc secoua son coude levé et elle renversa à moitié son verre sur une jeune femme qui semblait agrippée à son voisin.

Quelle joie de ne pas se faire envoyer sur les roses! Surtout pour un sujet aussi délicat... Le monde de l'invisible était quelque chose qu'il était toujours difficile d'appréhender... Qu'on y croit ou non, entre les convaincus et les septiques, il fallait savoir jongler et ne froisser personne... Pas simple quoi! Il eut un sourire en coin à sa remarque.

-"Oui je sais, c'est surprenant, mais non, tous les stylistes ne sont pas exubérants, et heureusement d'ailleurs!"

Même s'il y en avait beaucoup, il l'admettait sans peine, mais lui n'avait pas fait ses classes en se sachant homo, déjà, parce que à Paris, il aurait pu effectivement virer beaucoup moins austère que ça... Mais soit. Il hocha légèrement la tête.

-"Enchanté Jillian! Très joli prénom au passage."

Il ne faisait même pas attention que ça pouvait être pris pour de la drague, mais ce n'était pas du tout son intention, de toute façon, son coeur était prit, et bien plus que ça... Il laissa les deux autres discuter, se perdant un peu dans ses pensées. Sauf qu'il en fut tiré par des bruits bien étrange et les mains de Jillian crispées sur son bras. Il posa la sienne sur celles de la jeune femme pour tenter de l'apaiser avant de tourner son regard vers la source du bruit... Ok... C'était flippant là... Pourtant, il resta de marbre, en apparence... Intérieurement, il se demandait vraiment ce que c'était ce bordel... Ajouté au fait qu'un contenu de verre venait d'atterir sur Jillian, et lui par extension. Il lacha un petit grognement et sortit son mouchoir, parfaitement propre, qu'il tendit à Jillian pour qu'elle s'éponge.

-"Ne laissez pas ça comme ça..."

Il tourna la tête vers la demoiselle qui venait de fauter et son regard n'était pas vraiment gentil...Elle pouvait pas faire attention? Enfin... Il se sentait oppressé là... Qu'est ce qu'il se passait bon dieu!

Hum. Je me sens un peu conne pour le coup. Mais avec le coming-out des esprits depuis quelques temps, on ne sait jamais ce qui se passe... A cause de mes rencontres avec eux, on peut dire que je deviens un peu parano, oui. Comme il ne se passe rien de plus, je lève un regard d'excuse vers James tout en libérant son bras. Alors que j'allais reporter mon attention sur l'autre homme, dont les paroles me travaillaient, splash!, une boisson m'arrose. Tendue, je reste une seconde ahurie la bouche ouverte avant de fusiller la responsable du regard. Puis je hausse les sourcils, plus méfiante qu'agressif.

"C'est quoi ton excuse ?"

Je remercie ensuite James qui me tend un tissu. Après avoir essuyé le liquide qui avait atterri sur mon visage, je m'occupe de mon bras tout en lançant à Daniel :

"Apparemment, nos vêtements sont voués à prendre cher dès qu'on se rencontre."

Une lueur amusée s'allume dans mon regard. Cette première rencontre me revient peu à peu grâce à ses indices. Je tends ensuite le mouchoir à son propriétaire.

"T'en as besoin aussi."

En plus, il n'a pas l'air d'apprécier du tout. Ça ne m'enchante pas non plus de devoir me balader avec un t-shirt imbibé de je-ne-sais-quoi, mais tant que la nana a juste été maladroite, je ne vais pas en faire une maladie. Ce n'est qu'à ce moment-là que j'aperçois le pompier. Aussitôt, je me retrouve devant lui.

"Oh..." Et à cet instant que je me rends compte qu'en fait, je ne le connais pas et que je ne sais donc pas comment l'appeler. "Contente de voir que tu vas bien !"

Je l'embrasse sur la joue, puis lui adresse un sourire reconnaissant.

"Merci pour le carnaval. Enfin si on peut l'appeler comme ça."

Il m'avait éloignée de la cohue et promis de s'assurer que Hayel s'en sorte bien, ce qu'il avait fait. Hé bien... J'avais finalement bien fait de venir à ce foutage de gueule organisé par la mairie. Bonnes rencontres et surprises au rendez-vous. C'était tellement plus... vivifiant que la prison psychiatrique.

Spoiler: