Je fis tout pour essayer de reprendre le contrôle et de le faire taire, mais rien n'y fit. La colère bouillonnait dans nos veines et je le sentais perdre la raison. Evan se fit plus confiant que lors de notre première rencontre avec Zéèv, mais je savais bien que cela ne le rendait pas plus imposant que lui, encore moins de l'esprit en lui. Sa force en fut la preuve quand il nous agrippa à la gorge. Mon souffle se coupa et j'entendis les paroles de Zéèv. La vérité, nous la connaissions tous deux, mais lui ne supportait pas de l'entendre. J'avais pris mon pied avec lui, c'était vrai et rien n'aura plus blessé Evan plus que cela.
La menace de Zéèv le fit frissonner plus encore que moi. Nous savions que ce n'était pas des paroles en l'air, qu'il le ferait. Je fus soulagé un instant, croyant que cela le ferait taire. Je crus pouvoir reprendre le contrôle sur mon corps, mais je constatai avec stupéfaction que ce n'était pas le cas. De mes lèvres s'échappèrent un rire étouffé et moqueur alors que nous retombions assis sur les bancs.
«C'est ça, vas-t-en. Tu vas faire quoi? Aller violer cette pauvre jeune femme dans un coin sombre? C'est tout ce que tu es capable de faire, être ce vieux chauffeur de taxi pervers qui prend des femmes plus jeunes que lui, qu'elle le veuille ou non. Tu me dégoûtes. Mets ça sur la faute de l'autre en toi, on sait tous les deux que c'est toi le plus répugnant.»
Notre corps se raidit et cette fois, c'était moi. La peur m'avait traversé alors que je l'écoutais parler. Je lui hurlais intérieurement de se taire, de ne pas parler, mais il n'avait rien voulu entendre. Avait-il été trop loin?