J'avais reprit ma vie, j'avais cherché à étouffer et ignorer tout ce qui pouvait me le rappeler. J'allais bien, et si j'essayais de convaincre les autres, j'allais bien finir par m'en convaincre aussi. Ça arrivé, perdre le contrôle, perdre tout repère, c'était normal, c'était quelque chose que l'on ne pouvait pas éviter… Alors oui, j'ignorais, je restais dans mon monde à chercher à reconstruire ce que j'avais perdu, à chercher à ne pas me heurter à une réalité dont je ne voulais pas. De toute façon, je n'en parlais pas… Mais visiblement on ne voulait pas réellement me laisser tranquille et cette annonce de fermer la ville en était une… Regardant lentement autour de moi, je vis les gens commencer à paniquer et le pire fut sans doute que les quelques personnes suspect que je pu voir n'étaient rien, en comparaison de ce que j'avais vu… J'allais peut-être passé pour un crétin, mais ce qui allait se dessiner maintenant n'arrivait pas à éveiller la peur, ou quoi que se soit d'autre… J'avais beaucoup plus de mal à définir le danger depuis mon retour, bien plus de mal à saisir le fait que ce qui se tramait n'était rien d'autre que l'arrivée d'un enfer sur terre, ou plutôt sur NOLA. Mais dans toute cette foule, la seule personne qui attira réellement mon regard fut lui, là bas, plus loin… Lui, c'était lui qui… Était le plus proche de toute vérité…

Ce qu'il faisait là ? Au mieux il se tenait informé, au pire il s'enfonçait dans la gueule du loup. Se terrer afin que les disciples de Belaam ne l'attrapent pas ne l'effleurait pas pour être honnête. Il n'était ni lâche ni prêt à donner satisfaction. Après avoir quitté l'Enfer, se cacher dans un trou ne figurait pas dans ses projets. Pour se fondre dans la masse, Scáth s'était matérialisé, bras croisés contre son torse pour cacher ses blessures. De toute façon, l'attention de tous était tournée vers l'écran géant d'où le maire créa la panique et la colère. Quelqu'un embrasa par ailleurs l'écran... Première étape avant de s'attaquer directement à l'élu ? C'était en tout cas à se demander si ce dernier n'était pas possédé par Belaam lui-même. Toutes ces décisions qui ne profiteraient qu'au groupe d'esprits enragés...

Un contact le tira de ses pensées ; quelques secondes et la mortelle finit par passer sa main au travers... Sensation plus que désagréable. Liam se retourna aussitôt pour faire face à la jeune femme en cause. Avec le mouvement de colère de la foule, il espérait ne pas tomber sur une folle furieuse qui crierait à la vengeance contre les esprits... Sans savoir sa réaction, il tint d'ailleurs sa matérialisation, préférant éviter d'attiser davantage encore la véhémence de la population. Sans un mot, il porta un doigt à ses lèvres, gardant l'autre bras bien devant son torse ensanglanté dans un souci de discrétion.

Et il s'éloigna, zigzaguant entre les vivants. Soudain, il s'arrêta et porta son regard sombre sur un homme qui l'observait, oubliant la jeune femme juste devant lui. Était-ce un disciple de Belaam qui le reconnaissait ? Dans le doute, Scáth retrouva son invisibilité et, avant que la demoiselle ne puisse émettre un son, l'en empêcha en posant sa main sur sa bouche. Il souffla alors à son oreille :

"Pas un mot. Et je te laisserais tranquille."

Spoiler:

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Ok, je n'avais pas halluciné, c'était bien un esprit et il venait de prendre une fille en otage. M'avançant en même temps qu'une petite brunette, je finis par la retenir par le bras avant de lui dire, conscient que ce que j'allais prononcé ne serait pas sans conséquence pour moi. « Vous pourrez rien faire… », du moins pas physiquement. Alors serais-je en mesure de le faire de frapper ? Je n'en savais rien car il était fort possible qu'il se dématérialisé au dernier moment et… J'étais encore blessé, je n'avais toujours pas oublié… « On t'a demandé de la lâcher ! », soufflais-je un peu plus calmement. Nous étions près, pas super loin, mais assez pour qu'il nous entende.

La jeune fille s'immobilisa. Pas un geste. Elle ne tenta pas de crier. Mais avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit en conséquence, l'autre femme, d'abord, débarqua en le priant de lâcher son otage. Magnifique. Une médium qui l'avait vu disparaître. Les festivités s'intensifièrent lorsque l'homme qu'il soupçonnait travailler pour Belaam intervint. Disparaître et interdire la rousse d'émettre un quelconque son avait pour unique but de prendre discrètement les voiles sans que l'individu ne puisse le suivre... Bref, c'était aussi mort que lui.

Scáth éloigna sa main de la donzelle et se refit visible pour les médiums. Si l'homme avait été un ennemi, il n'aurait pas pris la peine de secourir une humaine.

"Je ne compte pas l'éventrer.", déclara-t-il simplement. Lançant un regard appuyé à l'homme qui trahissait les Enfers, il ajouta : "On se calme."

A ce moment-là, un type louche approchait des mortels... Et il était évident que lui ne leur voulait pas du bien.

J'aurais déjà plus facilité à atteindre physiquement, mais il ne nous laissa pas plus le temps de penser qu'il nous assurait qu'il n'allait pas l'éventrer. Fronçant les sourcils en sentant ma patience faiblir, je ne m'interrogeais pas vraiment quand à la marche à suivre, il fallait la faire libérer. J'allais donc passer à l'action lorsque la médium à mes côtés se fit frapper et tomba sur le sol. L'homme qui l'avait attaqué n'allait visiblement pas en rester là et sans vraiment réfléchir, je soufflais.

« Putain… »

M'avançant vers l'homme je lui collais un droite qui m'arracha une grimace de douleur lorsque mes muscles se bandèrent sur ma blessure. Je ne m'en étais toujours pas remit.

Si Scáth avait apprécié s'expliquer, il n'en aurait de toute façon pas eu l'occasion. La médium fut frappée violemment. Elle tomba, mais il ne vit pas si elle avait perdu connaissance ou non. La rousse avait reculé jusqu'à lui et il profita de la proximité pour la conseiller de son ton bourru pendant que l'autre homme attaquait la brute.

"Qu'est-ce que t'attends ? Ramasse aussi une pierre."

Il ne l'encourageait pas à agresser les gens, mais bien à prendre une arme pour se défendre. Il valait toujours mieux se battre que de se laisser faire, même si l'avantage nous faisait défaut.

La riposte du médium ne suffit pas. Avant que celui-ci ne soit à son tour écrasé par un gros caillou, Liam prit le contrôle de la pierre en question pour l'envoyer sauvagement dans le visage du pro-Belaam. Celui-ci tomba à la renverse, la tête quelque peu éclatée.

Ok, j'avais été frappé et c'était loin de faire du bien pour le coup, j'étais légèrement sonné et je ne pouvais que comprendre ce que la jeune femme disait. Après, j'avais malheureusement connu pire et bien qu'affaibli, j'allais me relever. La jeune femme qui avait été prise en otage demanda alors pourquoi l'on souhait la tuer, ou plutôt nous tuer, la réponse fut simple et sans appel… Soupirant alors, je me permis un commentaire.

« J'irais jusqu'à dire qu'ils veulent faire de la terre un enfer avec plus de jouets… »

La médium me remercia alors avant de me demander si ça allait. Bonne question, je voulais juste sortir d'ici, m'éviter un nouveau retour en enfer.

« J'ai connu mieux et toi ? »

Lui demandais-je en la voyant quelque peu instable.

La rousse suivit étonnement son conseil et démontra dès lors une fureur inattendue. Les deux agresseurs étaient à terre - l'une se noyant dans son sang qui se déversait de ses nombreuses blessures causées par la demoiselle qui n'avait plus rien d'innocent, l'autre méconnaissable depuis que Scáth avait remodelé son visage avec une pierre. Les trois mortels se reprenaient et débattaient sur les raisons de ce carnage. L'esprit restait à l'écart, mais ne put s'empêcher une remarque :

"Et si vous n'voulez pas devenir leurs jouets, vous devriez penser à dégager d'ici."

Autour d'eux se déroulait un véritable carnage et eux discutaient... Sans blague.

Je pouvais comprendre son sentiment, mais comme l'avait dit le vieux mort… Il fallait qu'on bouge. Aidant donc la médium à se relever, j'appuyais son regard lorsqu'elle posa la question, était-il ou non avec nous ? De toute façon on ne pourrait pas faire grand chose si ce n'était pas le cas… Avançant donc difficilement, l'on rentra dans la rousse qui nous accompagnait et le fait qu'elle n'avance pas n'allait pas nous aider. La médium lui demanda alors d'avancer, mais en contournant légèrement l'obstacle je compris qu'elle était effrayé… Suivant alors son regard, je rencontrais celui d'un homme qui aurait pu me faire reculer tant il me rappeler les enfers.

« On a un problème… »

Soufflais-je alors avant de regarder l'esprit et de rajouter.

« C'est le moment ou jamais de nous prouver dans quel camp tu es Casper. »

Oui, je sais, c'était spirituel, mais vous vous attendiez à quoi ? Quoi qu'il en soit, il était le seul à pouvoir ouvrir une brèche, car deux médiums cassé et une statue n'allait pas pouvoir faire grand chose.

L'esprit nous laissa une ouverture que l'on saisit et ce jusqu'à ce que la rousse se fasse prendre à partie. L'esprit essaya alors de l'étrangler et l'autre médium fut plus rapide que moi, bien qu'inefficace… M'avançant donc vers l'esprit, je ne pus cacher mon sourire, d'autant plus lorsqu'il se dématerialisa à nouveau pensant me faire subir le même sort qu'à ma compagne d'arme. « Pas de chance… », soufflais-je envers l'esprit qui se prit une première droite. J'étais médium, mais j'étais surtout capable de toucher les esprits. S'en suivit alors un passage à tabacs qui me fit relever les yeux, « Partez toutes les deux, j'assures vos arrières ! », j'étais le seul à ne pas passer à travers, une fois que celui-ci se casserait, je m'occuperais des autres…

Liam suivit de près le sbire de Belaam. Quand il arriva, ce dernier était aux prises avec le médium qui, contre toute attente, arrivait à l'atteindre. Information bonne à savoir. Cela signifiait qu'ils n'avaient plus besoin de lui, pas vrai ? L'esprit les laissa donc s'occuper d'eux, retournant à l'observation de la place. Si elles se retrouvaient en fâcheuse posture, elles n'auraient qu'à l'appeler... d'une manière ou d'une autre puisqu'elles ne connaissaient pas son nom. Lui cherchait sa femme et son fils. Eux, il ne permettrait pas qu'il leur arrive malheur.

Quelqu'un, probablement un possédé, l'interpella :

"Tu fous quoi ? On n'est pas là pour glander ! Amuse-toi, putain, c'est la fête !"

Scáth lui retourna un regard froid avant de répondre d'un ton égal :

"Je cherche mes victimes, j'veux pas du premier venu."

Il valait mieux se faire passer pour un complice.