Zéèv observa la foule s’agiter, assis sur le dossier de l’un des bancs avoisinant l’église. La sanction tombe pour la Nouvelle Orléans. Guillotine.

Il sourit faiblement, laisse ses yeux bleus évaluer la folie de la foule. Il s’en délecte. Savoure leur rage. Etouffe Skyler et le démon qui l’habite prend le plein pouvoir. Écrasez-vous humains. Vous avez perdus. Alor que certains vocifèrent, il reste impassible. Se moque silencieusement. Tant d’humain, la dernière fois qu’ils avaient osés s’assembler en masse, Yâaqov avait incendié le char de leur grotesque parade. Il les observe, en recule. C’est alors qu’il remarque Lucas qui se tenait juste à coté de son perchoir. La foule s’agite et la triste ville aurait besoin d’un héro.

« En avant pour la mascarade. » Finissait-il par lâcher en signe de mauvais présage. Aux plus malins qui l’entendront de fuir rapidement.

La situation ne faisait qu'empirer et l'intervention du maire venait n'allait rien arranger. Ce qu'il avait dit avait presque eu l'effet d'une bombe sur les citoyens de la ville. Dire que la ville va être fermée et gardé par des militaires alors que lui n'est même pas là, c'est un peu l'hôpital qui ce fou de la charité. Drake regarda ses collègues pompiers qui avaient été appelés au cas où quelqu'un fasse un malaise ou qu'un mouvement de foule crée la panique. Vu l'énervement qui commença à s'élever, il n'allait pas tarder à avoir du boulot. De son côté, il sentait que quelque chose n'allait pas. Certes, il n'avait pas vu d'esprit encore, mais c'est comme s'il sentait leur présence tout autour de lui. Intérieurement, il croisa les doigts pour qu'Alastair ne soit pas dans le coin.

Un peu plus loin, il lui sembla reconnaitre son vieil ami Lucas. Celui-ci semblait s'inquiéter d'un homme assis sur un banc. Le pompier parvint à le voir entre deux personnes qui se trouvaient devant lui. En effet, le gars n'avait pas l'air en forme. Du coup, il confia à son collègue qu'il avait peut-être repéré un malaise et qu'il allait voir ça de plus prêt. Quand il arriva, il salua d'un signe de tête son ami et regarda l'homme assit. Doucement, il posa sa main sur son épaule dans l'espoir d'attirer un peu son attention et également de le rassurer. "Monsieur, est-ce que ça va ? Je peux vous aider, je suis pompier. Si vous ne vous sentez pas bien, je peux vous conduire à l'ambulance et on s'occupera de vous."

Un type s’assoit sur le banc sur lequel était installé Zéèv, il fut amusé de le voir lutter. Zéèv aussi avait lutté, mais il avait fini par l’avoir jusqu’à la moelle. Il ne dit rien pourtant, se contente de l’observer. Il ne le connaît pas, enfin si. Yâaqov à l’état d’esprit avait déjà rodé autour de ce juif. Mais une chose certaine, Cohen était loin de le connaître. Il attend, s’interroge sur le mal qui le ronge. Puis la voix de Lucas le fit bien sourire ; son déni faisait peur à voir. Pathétique. Se disperser ? La foule avait juste envie de ravager cette église, de tout renverser et de proclamer la révolution. Il s’intéresse à son voisin, un type se présente comme être un pompier. La belle affaire. Ils sont tous là, attroupés autour de ce pauvre fou qui n’avait besoin que de solitude pour espérer reprendre le contrôle. Voila les idiots, voila l’humanité. Ils sont si doués pour contribuer à leur propre perte à encourager le mal.

« Je serais vous, je le laisserais tranquille. » Fit savoir le frisé d’un ton évasif. C’est alors qu’il vit l’écran géant prendre feu, il reconnaît bien là, la signature de cette gamine que ses yeux ne savent trouver dans la foule. La panique. En avant, qu’ils le veuillent ou non. Il ne se permettrait de prendre l’énergie de l’hôte d’un autre, mais si cela s’avère nécessaire comme « coup de pouce » ; alors pourquoi pas. Il descend du dossier du banc, les mots sont poison, il approche du torturé pour lui souffler « Pourquoi tu luttes ? Les autres ont déjà compris que c’était inutile, regarde les... » Regarde le chaos. Allé, explose. Deviens toi, devenons princes des enfers.

Si Drake était au courant de ses dons de médium, peut-être qu'il aurait pu constater du premier coup d'oeil que les deux hommes sur le banc n'étaient pas totalement normal. Mais voyez-vous, il ignore ou ne veut simplement pas croire au fait qu'il a ce don qu'il considère plus comme une malédiction. De plus, n'ayant aucun contrôle dessus, aussi bien il peut voir et entendre des choses, aussi bien il peut être aussi normal qu'un humain lambda. Pour une fois qu'il ne pensait pas aux esprits, il ne se douta pas un seul instant que ça allait déraper. Tout ce qu'il imaginait c'était que l'homme aux cheveux longs subissait un malaise et qu'il lui fallait de l'aide. A aucun moment, il ne crut au fait que l'homme allait bien. Avant qu'il ne lui réponde, la panique grandit quand l'écran prit feu. Merde ! C'est quoi encore ce bordel ? Il n'est donc plus possible d'avoir une seule journée sans catastrophe ? Chaque rassemblement qui a lieu en ville à l'air de finir mal. Peut-être qu'il faudrait éviter de regrouper les gens ainsi, même si c'est important. Alors qu'il reposait son regard sur le chevelu, il se leva et prit la fuite vers la foule. Mais c'est quoi son problème ? C'est en voyant le rouquin assit sur le banc qu'une drôle de sensation le parcouru. Ce gars... il n'était pas tout à fait normal. Sans attendre, il se tourna vers Lucas dans l'espoir de le convaincre de partir d'ici très rapidement. "Faut partir d'ici et vite ! On doit faire évacuer les gens ! On ne peut pas s'attarder sur une seule personne," expliqua-t-il. C'est un peu comme à la guerre, l'intérêt d'un peuple entier vaut souvent le sacrifice de quelques vies. C'était triste à dire, mais si les esprits sont derrière tout ça, ça risque de très mal finir.

A ses mots, il sentit que l’homme sortait de sa torpeur. Laissant place à sa panique. Rejoignant la marée humaine. Nemo demeura persuadé alors qu’Il allait faire surface. Carnage. Ses yeux bleus fixent cet homme courir ; il heurte la populace en délire et ne va finalement pas bien loin. La voix de Lucas tente de le retenir. Cela fit sourire Zéèv. Tant de curiosité. Pourquoi se soucier des autres, alors qu’il pouvait avoir ses propres problèmes. Il se chargerait de lui en donner alors. Le second considère qu’il faut s’occuper des autres. Il le regarde avant de déclarer « Maintenant, messieurs. C’est chacun pour soi. » Il regarde Lucas, il ne plaisante pas. La loi du plus fort. L’instinct de survie. Alors, il dévoila la lame d’un poignard et en menace le flic « Tu as toujours été doué pour sauver les autres, mais dis moi pour sauver la tienne comment tu te débrouilles ? Mon ami. » Les deux derniers mots, sont des coups de poignard. C’est la fin de l’amitié. C’est le coté impulsif et incontrôlable de Nemo qui le pousse à dévoiler son véritable visage. C’est hors de son contrôle. Comment faire. Il ne savait pas. Il était asphyxié, Zéèv avait toujours tout fait pour que ça ne se sache pas, parce que sa conscience morale l’empêchait d’agir. Mais il n’était plus et personne ne pouvait plus tempérer le Dibbouk. Tony ne disparaissait pourtant pas de sa ligne de mire, il savait qu’il reviendrait. Il ignorait pour quoi à vrai dire, une intuition.

C'est à croire que la situation n'était pas déjà assez bordélique. Le feu créait un vrai mouvement de panique dans la foule et le fait qu'il ait sentit la présence d'esprit chez le roux ne le rassura pas. Drake voulait s'en éloigner le plus rapidement possible avec son ami afin d'aider les autres. Alors qu'ils allaient s'en aller, le gars interpella son vieil ami. Ennuyé, il leva les yeux vers le ciel avant de se retourner et de voir stupéfait que le rouquin avait sorti un couteau. Bon sang ! Mais qu'est-ce que c'était ce bordel ? Très peu rassuré, il recula un peu, restant tout de même proche de Lucas. "Lucas...je crois qu'il faut vraiment qu'on parte là !" Drake déglutit tout en reculant de nouveau d'un pas et percutant ainsi une femme qui voulait fuir. Elle vit donc l'homme menacer Lucas et elle se mit à hurler de terreur tout en partant encore plus vite. Ce nouveau cri affola encore plus les autres qui s'éloignèrent des trois hommes comme si une bombe était à leurs pieds. Dans la folie de leur fuite, le pompier fut bousculé et tomba à terre, deux personnes lui marchèrent dessus au passage, ce qui était assez douloureux. Les pieds avaient atterrit en plein sur son ventre avec une certaine violence ayant pour effet de lui couper le souffle. Pour le moment, il était trop sonné pour se relever, mais il voyait très bien son ami et l'inconnu, il craignait que ça tourne mal, mais il ne pouvait rien faire contre une arme.

Il se contente de sourire. « Fou dis-tu… » C’est alors que le beau gosse à la mâchoire carrée tomba au sol. Se fit joyeusement piétiner. Zeev le regarde de ses yeux bleus sans la moindre once de pitié. Tu as mal ? Tu ne sais pas ce que c’est de souffrir.

« J’espère que tu es plus doué que ton petit copain pour survivre. » Il sourit. Un homme le bouscule. Alors, il laisse la colère parcourir ses veines et son poing s’écrase sur le visage de ce pauvre type qui tombe également au sol. Ils prennent tous la fuite. Ils ont de la place pour se battre. Il se contente de sourire une fois de plus. « Serais-tu capable de le tuer ? »

Dans toute cette anarchie, Drake c'était retrouvé sur le sol et les gens se fichaient pas mal de lui. Personne n'eut un geste bienveillant pour l'aider à se relever. Au contraire, on le piétinait comme un vulgaire tapis. A coup sûr, il devait avoir une ou deux côtes cassées. Pour le moment, le souffle coupé, il avait du mal à reprendre contenance. Son regarde alla de Lucas au roux, puis du roux au brun aux cheveux longs de tout à l'heure qui hurlait à présent comme un perdu. Bon sang, lui aussi avait un esprit. Le pauvre pompier avait l'impression de sombrer dans la profondeur des abysses. Son monde était en train de s'écrouler, c'était comme devenir fou. Pourquoi avait-il ce don maléfique ? Etre un simple humain n'était pas suffisant ? Que pouvait-il faire ? Dans un premier temps, il reprit son souffle et parvint à se relever avec difficulté. Par reflexe, il porta sa main là où il avait mal, finalement, les côtes n'étaient peut-être pas cassé. Peu importe, il regarda son ami et le roux qui avait l'air prêt à s'entre-tuer. Alors, sans réfléchir, il s'élança sur le rouquin, dans l'espoir de le désarmer ? De le faire tomber au sol ? En gros, il était en train de jouer les héros et ça pourrait-être dangereux pour lui.

« Vous êtes si nombreux… » Un corps, un autre… Après tout, il pouvait encore donner l’illusion que perdre son hôte ne l’affaiblirait pas. C’est alors que le type qui était au sol, se relève. Un regain d’énergie et Zeev qui tenait toujours son arme en main, eut évidement le reflexe de le diriger vers le pompier et il traversa de sa lame son flanc.

Le choc le réanime et il couche le téméraire sur le dos avant de s’écrier choqué « Mais qu’est-ce que j’ai fais ! » Puis cette lueur d’inquiétude disparu et l’homme se penche sur sa victime avec un sourire malsain, les doigts se posant autour du manche et le regarde tout simplement. « Bientôt tu seras des notre. » Toi qui ne voulais pas même nous voir.

Drake pensait pouvoir maitriser l'homme, il était sûr qu'il était trop occupé avec Lucas pour faire attention à lui. Eh bien c'est toujours quand on est sûr d'une chose que ça ne se déroule pas comme prévu. Le roux se tourna vers lui, la lame fendant sa chair pour se loger dans son abdomen. Le choc le stoppa et lui coupa la respiration d'un coup. La bouche grande ouverte, il tenta de respirer, mais ni parvint pas. La lame froide et aiguisée fut retirée de son ventre et il tituba quelques pas en arrière avant de tomber à genoux sur le sol. Automatiquement, ses mains se portèrent sur sa blessure, un liquide chaud et visqueux en sortait. Ses doigts étaient recouverts de cette substance rouge qu'il ne connaissait que trop bien. Enfin, il finit allongé sur le sol, la douleur traversant son ventre était tout simplement horrible, mais il n'avait plus assez de force pour hurler. Le pauvre pompier écarquilla les yeux quand il vit le roux se pencher vers lui... manquerait plus qu'il le charcute en public. Puis les choses allèrent très vite, le roux fut attaqué et Lucas eut le temps de s'approcher pour voir comment il allait. Celui-ci appuya sur sa blessure pour limiter l'hémorragie, mais ça n'allait pas tenir longtemps. Un organe interne été peut-être touché. Si seulement un collègue pouvait venir les aider, mais la panique était trop présente pour que les gens fassent attention à eux. "Tire-toi d'ici, pendant qu'il en est encore temps Lucas !" baragouina Drake du mieux qu'il le put.

Alors qu’il était là, penché sur son blessé. Mais il reçut un coup non pas sans violence. Alors, son corps bascule en arrière et il est étendu sur le dos. Ce n’est pas le flic qui a frappé. C’est L’autre. Il secoue la tête, se remit rapidement les idées en place. Plus ou moins. Il se vengea d’un bon coup de pied dans le tibia de l’homme pour qu’il chute à son tour. Yâaqov pour avoir survécu dans les camps (jusqu’à une certaine limite évidente), savait se battre. « Qu’est-ce qu’il te prend ? » Demandait-il à l’esprit qui se trouvait dans le corps du jeune homme. Ils se relèvent alors que le flic appelle à l’aide. Le frisé sourit alors « Tu veux te mettre de leur coté ? Tu en subiras les conséquences. » Une menace, mais qu’il ne s’imagine pas que ce soit des paroles en l’air.

Le pompier aurait dû parier à l'avance que Lucas ne l'écouterait pas. A sa place, il lui aurait également dit d'aller se faire voir. C'est comme les militaires, on abandonne pas un homme à terre. Alors, il était bien forcé de le laisser faire ce qu'il voulait. La chance était de leur côté pour le moment puisque les deux autres hommes étaient en train de s'affronter dans un combat singulier. Son ami en profita pour le relever, chose que Drake ne parvint pas à faire sans grimacer. Sa main était toujours appuyée sur son ventre pour tenter de stopper l'hémorragie, mais il avait du mal à appuyer sur la blessure lui-même. Maintenant, ils avaient juste besoin de s'éloigner d'ici pour trouver du secours et pourquoi pas un collègue de Drake qui hallucinera surement en le voyant blessé. "Merde, une ambulance vient de partir," remarqua le jeune homme en entendant la sirène s'éloigner. S'il y avait beaucoup de blessé et que la plupart des véhicules étaient déjà partis, ça allait être compliqué de quitter les lieux rapidement pour se diriger à l'hôpital. "Dit moi que t'es venu en voiture et que tu vas pouvoir me sortir de là ?" murmura-t-il en espérant ne pas mourir ici.