La matinée avait été des plus difficiles pour Tamina comme pour Maddox souvent ils avaient cette sensation de faire deux pas en avant et trois en arrière, c'était assez complexe comme équation parce qu'au final ils avançaient. Tout avait commencé avec un matin chagrin, Maddox enroulé dans ses couvertures d'humeur de toute évidence particulièrement mauvaise. Tamina venue ce jour là le réveiller eut le droit à son silence comme unique réponse, elle cherchait à le tirer de son silence mais il recroquevillait en signe qu'il ne voulait pas se lever, aussi elle lui donna un quart d'heure de plus avant de revenir à la charge, l'obligeant à se lever en lui disant qu'il devait le faire. Bien sur cela ne fut pas sans que l'homme ne rouspète qu'il n'était pas un gosse. Le moment de la douche fut tout aussi pénible et il avait laissé un bazar monstre dans la salle de bain en sortant et bien sur il refusait de ranger quoi que ce soit, capricieux... Il l'avait toujours été, mais quelque chose n'allait pas, quelque chose était différent. Mais même Maddox l'ignorait, il ignorait qu'un esprit maléfique était là, près de lui et influençait son comportement parce qu'il était fragile, parce qu'il avait toujours été entre ces deux mondes... Après un petit déjeuné englouti dans le silence, il se levait de table sans débarrasser son bol et ignorait les appels de la jeune femme. Il était à genoux dans le salon quand elle venait le rappeler à l'ordre, les doigts noircis, il dessinait à une allure folle, une lueur étrange au fond de ses beaux yeux bleus. Le Visage de Nitzan. Une fois de plus, encore et encore... Il pensait bien que Tamina commençait à se douter de quelque chose, de sorties en douce du beau brun, aucune preuve, juste des suspicions. Et encore et toujours le visage de cette fille dans un style assez particulier et le silence de Maddox à son sujet...

Le bol sur la table basse, elle exigeait de lui sans dire un mot qu'il aille le mettre dans le lave vaisselle, mais il ne bougeait pas, il n'eut même pas la politesse de relever les yeux vers elle, bien trop concentré à dessiner cette femme, cette amie avec un léger sourire sur les lèvres, l'air perdu dans des souvenirs heureux ; mais il n'y avait pas que ça. Une pointe de détresse et une détermination inhabituelle chez lui. Quand elle insista, quand il sentait cette main tiède empêcher la sienne de poursuivre son travail, ses yeux bleus se relevaient brutalement vers elle alors que sa seconde main venait attraper le bol pour le lancer brutalement contre le mur en criant « Laisse-moi maintenant ! Laisse-moi ! » Son regard était noir et jamais il n'avait vu une telle crainte dans les si beaux yeux noisette de la jeune femme, récupérant sa main, il achevait son dessin de façon compulsive. Une fois son dessin achevé, il se levait enfin approchant Tamina dans la cuisine qui faisait on ne sait quoi. La fixant quelques instants avant de lui dire en posant son oeuvre sur la table « Elle est la seule, elle peut m'aider. Elle peut me voir. » Le teint blême de Maddox ce matin là persistait, il avait si froid et quand il voyait l'inquiétude de la jeune femme, l'homme sensible qui se cachait derrière celui caché derrière ce manipulateur qu'était l'esprit néfaste qui le hantait. Oui, lui était sensible à ce qu'il voyait, mais il y avait quelque chose de néfaste dans les yeux de la belle. Il ignorait ce qu'était la jalousie, mais cette lueur ressemblait à quelque chose qu'il avait déjà vu dans un regard brun, d'un homme... Reculant brutalement, son dos heurtant le coin du meuble, ce que assez douloureux mais le dément ne faiblissait pas même si dans ses yeux on pouvait lire une certaine douleur. Fixant la jeune femme avant de se mettre à pleurer « Elle peut me voir, elle est là seule à me comprendre... Tu dois me laisser... Je me sens... Je n'arrive pas à savoir... » Non, il n'arrivait pas à mettre des mots sur ce qu'il ressentait, c'était trop floue... Il avait besoin de temps, de confiance... Trop d'émotion, les siennes et celle de l'esprit... Fixant l'image de Nitzan, il restait persuadé qu'elle était la seule qui puisse vraiment le comprendre, elle lui avait rendu sa mère et lui avait donné son amitié...

Il avait peur, mais au creux de son ventre il y avait cette colère en lui. Celle qui lui était étrangère et pourtant c’était lui, il se souvenait de cette colère quand il avait pu parler avec sa mère. Cette colère qu’il avait commencé à exprimer avant de la ravaler une fois de plus parce qu’il avait bien trop peur de la laisser s’exprimer. Elle voulait l’aider, ou est-ce qu’elle le devait ? Il se sentait perdu, il ne savait plus vraiment quoi penser de cette fille. Il s’était attaché à elle mine de rien et il était perdu dans ses émotion, il avait toujours bien du mal à verbaliser ce qu’il ressentait et c’était dans cette confusion qu’il évoluait. Aussi quand la jeune femme avait amorcé un geste vers lui avant de faire chemin arrière, il avait baissé la tête sous le poids de ses questions qui semblaient à ses yeux comme des accusassions. Submergé par sa colère, il menait sa main sur sa joue pour essayer ses larmes se griffant légèrement au passage. Mais Maddox qui était un homme douillet ne manifestait aucun signe à cette brutalité qu’il c’était donné. Au contraire, son regard semblait s’obscurcir et laissait échapper de sa gorge un cri d’une colère intense, s’époumonant à bout de souffle, il semblait briser. Il s’en prit au mixeur qui vola jusqu’à l’autre bout de la pièce avant de jeter le grille-pain au sol pour le briser, criant de plus bel frappant le micro-onde de ses poings sans grand dégât, il finissait par s’arrêter, se tournant vers la jeune femme dont la crainte avait envahis le regard. Il n’y avait plus dans ses yeux cette lueur de jalousie, de convoitise qui lui rappelait cet homme... Ses beaux yeux bleus barrés par des mèches brunes, il la fixait longuement à bout de souffle avant de lui répondre d’une façon assez distante et froide « Je m’en vais tout le temps. Tu ne seras jamais comme Harry... Ou comme elle... Elle me comprend, elle m’a rendu ma mère et toi tu ne peux pas. Tu ne peux rien faire pour m’aider ! Tu ne comprends rien ! Je sais que tu mens, tu crois que je suis taré... Mais tu ne veux rien voir et j’veux que tu t’en aille ! » Jamais il n’avait été aussi cruel avec elle, ni avec personne d’autre. Son regard venait s’accrocher à un point invisible, celui qu’i fiait quand les voix lui parlaient et celles-ci ne cessaient de le mettre en garde contre sa tutrice, profanant des menaces qui le faisait perdre une fois de plus tout rationalité.

Revenant à lui, la bouche entre ouverte en fixant la jeune femme l’air complètement choqué avant de se refermer comme une huitre. La main devant les lèvres en reculant puis il se laissait glisser le long du mur, il avait tellement froid. Cette colère, cette peur... Il ne savait plus vraiment à quoi d’accrocher, il était tout simplement perdu et il avait peur de la perdre... Mais il ne pouvait s’empêcher de penser au fait qu’elle l’abandonnera elle aussi, que tout le monde le faisait après tout... Pleurant caché derrière ses cheveux, de plus en plus vulnérable, il se recroquevillait dans sa solitude avant de lui dire sans pour autant calmer ses larmes « Je n’sais pas ce qu’il m’arrive... » Il était épuisé de toute cela, de cette situation instable... « Je ne veux plus mentir... » Se relevant brutalement il plaquait la jeune femme contre le mur en la prenant brusquement dans ses bras ; cessant ses pleures tout aussi brutalement. Cherchant sa chaleur comme un animal blessé, la toisant du haut de son mètre quatre vingt il ne se rendait pas compte de ce qu’elle pouvait bien penser de ce geste, il l’avait emprisonné de ses bras et soufflait à son oreille « Pourquoi tu me regarde comme ça ? Qu'est-ce que tu veux me prendre ? J’arrête de mentir si tu dis la vérité Tamina... » Il avait posé sa main sous la poitrine de la jeune femme au niveau de son petit cœur, distinguant ce léger sursaut chez elle, il plongeait ses yeux bleus humides de larmes dans le doux regard de sa belle thérapeute, son regard semblait près à lire à travers elle, il voulait qu’elle cesse de se cacher maintenant, il voulait la voir elle, telle qu’elle était vraiment au fond, ce qu’elle ressentait et la raison de cette convoitise qu'il vivait comme un "vol".

Trop de mensonges, il n’était pas homme qui savait mentir parce qu’il était bien trop fragile pour les vivre, même s’il n’avait pas à proprement ment, il s’était muré dans ce silence qui le faisait souffrir, il se sentait comme prit au piège de celui-ci et avait de plus en plus peur car la situation lui échappé complètement. Et ce nouveau comportement bipolaire montrait son instabilité, d’un affrontement contre lui-même et cette sensation d’avoir mal agi et d’être finalement tellement incompris. Sa confusion était telle qu’il ne savait plus quoi faire de ce corps. Agressif et fragile à la fois, c’était un cocktail qui pouvait le détruire, mais il ne se rendait pas compte qu’il était également dangereux pour elle. Avec Alexey il avait toujours été le plus faible des deux et jamais il n’avait su le faire bouger d’un millimètre même en essayant de lui témoigner de la résistance et Harry lui était bien assez fort pour contrôler ses crises, mais elle... Il ne se rendait pas compte d’être un danger pour elle, du moins cela fut le cas jusqu’ à ce que ses yeux bleus puissent voir cette peur dans son regard magnifique. Mais la peur qu’elle lui renvoie eut un effet paralysant sur lui, restant bloqué contre elle, tétanisé par cet effet de réverbération... Demeurant d’abord silencieux  face à ses questions, les idées étaient toujours aussi désorganisées, il ouvrait les lèvres mais aucun son ne semblait pouvoir en sortir. Décollant lentement sa main de la jeune femme puis son corps, ses yeux bleus perdus dans un brouillard d’incompréhension... « Tu... Tu as peur... » Finissait-il par souffler, la main devant ses lèvres en reculant comme sous le choc. Il semblait que c’était la première fois qu’il faisait face à ce cas de figure, il lui faisait peur. Détournant le regard ver le salon avant de se retourner pour déambuler jusque sa chambre, claquant la porte avant se venir s’asseoir sur le rebord de la fenêtre où se trouvait des barreaux pour éviter un tragique accident.

Quelques minutes plus tard, il entendait la porte s’ouvrir et il s’empressait d’essuyer ses larmes sans la regarder, posant le front contre la vitre glacée, il se sentait affreusement mal et ne saurait l’expliquer verbalement... Aussi quand elle s’approchait de lui, il trouvait au fond de lui le courage d’affronter ses beaux yeux bruns « Je ne voulais pas mentir... J’avais peur de sortir, mais j’ai écouté ce qu’ils me disaient de faire et même si j’ai peur je dois faire ce qu’ils disent... Mais après je voulais sortir, mais j’avais peur... Je ne pouvais pas te le dire, c’était mal. Pourquoi tu la déteste, tu ne l’as connais même pas. » Lentement il se levait, mais cette fois ci, ce fut son tour de reculer quand elle s’approchait avant de lui lancer sur la défensive « Non ! Ne t’approche pas de moi si tu as peur... Tu ne sais pas... Les gens me regarde toujours d’une façon étrange, ils croient que je ne vos rien, peut-être qu’ils pensent que je suis un attardé. Mais toi... Jamais personne ne m’a regardé comme ça... » Essuyant ses larmes une fois de plus, il cherchait au fond de lui ce qui pouvait bien lui rester de courage pour demander « C’est ça que tu vois dans mes yeux ? Est-ce que... Est-ce que ça te fait mal à toi, de la voir ? » Mais la question cachée, celle qu’il n’arrivait pas à mobiliser assez de courage pour la formuler... C’était seulement de savoir si Alexey aussi avait eut mal, est-ce c’était ça qu’il avait fait de si horrible à cet homme ? Et finalement, n’avait-il pas mérité d’être frappé s’il l’avait fait souffrir de la sorte ? Mais les mots restaient là, dans sa gorge près à l’étouffer par ce simple souvenir, celui d’un homme qu’il avait aimé avant d’en être détruit...

Elle lui demandait de désobéir aux voix, il ne répondait pas parce qu’il ne pouvait pas répondre, il faisait ce qu’ils demandaient parce qu’il pensait qu’il devait le faire. Qu’est-ce qu’elle savait du pouvoir qu’ils avaient sur lui, les voix étaient toujours là avec lui, c’était comme si vous connaissiez quelqu’un depuis des années, c’était une relation privilégié qu’il y avait entre lui et ces voix, ils leur faisait complètement confiance et n’avait jamais su s’empêcher de les écouter malgré les coups d’Alexey parce qu’elles avaient été là pour le réconforter, oui, il n’y avait eu personne pour le consoler à cette époque si ce n’était elles. C’est là qu’elle se décidait à lui avouer être jalouse de Nitzan parce qu’il y avait quelque chose de concret entre eux, une amitié belle et bien réelle. Le beau brun ne répondait pas, il ne savait pas vraiment quoi répondre. Pourquoi état-elle jalouse ? Elle ne voulait pas qu’il la voit ? Qu’est-ce qu’il devait faire maintenant ? Est-ce qu’elle voulait être son amie ? Elle lui disait qu’elle restait, même si elle avait peur. Il la fixait de ses yeux bleus tristes alors qu’elle lui disait qu’il n’était pas attardé comme il venait de le dire. Trop de questions. Mais elle ne répondait pas à celle qu’il avait posé, il lui avait demandé si la peur lui faisait mal, si quand il la regardait avec effroi, est-ce que cela la faisait souffrir ? Elle ne répondait pas, parlant encore de Nitzan et du fait qu’il soit sorti dehors, il avait lentement baissé les yeux, probablement ne voulait-elle tout simplement pas lui dire. Elle était fière de lui ? Il ne comprenait plus rien... Perdu dans cette situation étrange, elle le félicitait à présent pour avoir fugué ? Il se sentait complètement perdu à présent et c’était tout à fait déroutant ce qu’il se passait. Maddox ne savait plus quoi faire, quoi dire...

Finalement il s’était approché d’elle, s’asseyant sur le lit à coté d’elle sans pour autant la toucher fixant devant lui comme si quelqu’un était en face de lui et lui adressait la parole ; c’était le cas dans sa folie que personne ne semblait comprendre... Personne sauf Nitzan... Puis enfin il prenait doucement la main de Tamina en relevant ses yeux dans ceux de la psychologue pour lui dire « Amis ? » C’était tellement innocent quand sa sortait de sa bouche et pour la première fois, il s’approchait un peu plus d’elle pour l’embrasser doucement sur la joue de ses lèvres humides de ses larmes. Un premier geste d’affection après plusieurs semaines passé ensemble, lentement il décollait ses lèvres de sa peau tellement douce et agréable... Redressant la tête avant de se lever, ne lâchant pas la main de la jeune femme pour la conduire vers le salon pour la faire asseoir sur le sofa avant de souffler « Attends... » Lâchant sa main pour aller dans la cuisine, rangeant ce qu’il restait à ranger hormis ce qui était brisé avant de revenir auprès de la jeune femme s’enveloppant dans le plaid posé sur le dossier du canapé tirant le tiroir sous ses pieds pour attraper la télécommande de la télévision verrouillé par un code numérique sur la télécommande pour éviter qu’il ne regarder des choses inappropriées quand il était seul, en particulier les films policier ou d’horreur qui lui montaient rapidement au cerveau. En général, la télévision c’était seulement le soir et pas très longtemps, mais il pensait que vu qu’elle l’avait félicité, il pouvait la regarder... Non ? C’était toujours assez désorganisé dans son esprit, il ne savait même pas si c’était un test qu’il faisait subir à la thérapeute, il n’y pensait pas spécialement même si cela avait toujours un impact. Donnant à la jeune femme le boitier avec un léger sourire pour lui dire « Je n’aime pas quand tu t’en va... Tu me laisse ici, tout seul... » Il marquait une pause avant de lui demander en rougissant « On peut regarder un film ? » Ensemble... C’était étrange parce qu’il se sentait plus proche alors qu’ils avaient été tellement loin l’un de l’autre quelques instants plus tôt. Deux pas en arrière, un bond en avant...

C’était la première fois qu’il lui témoignait de l’affection, la première fois qu’il osait enfin exprimer une parcelle de ce qu’il ressentait pour cette femme, cet amour était des plus sincère bien qu’il doutait que celui-ci soit réciproque. Elle était tellement douce avec lui et elle était cette chaleur féminine qui avait manqué à sa vie depuis trop de temps. Il se laissait faire, sa main si délicieuse contre sa joue c’était tellement agréable et bienvenu... Puis il l’entrainait dans le salon avant d’aller ranger, un net signe du progrès qu’il avait accomplit. Lui qui avait toujours attendu que tout se passe dans sa vie, elle lui avait beaucoup appris et il avait affronté une bonne partie de ses peurs bien que la guerre était loin d’être gagnée. Puis il revenait vers elle, insinuant qu’il voulait regarder la télévision en lui donnant la télécommande et elle le fit sans qu’il n’ait besoin d’insister. C’était étrange, mais il aimait cette situation. Elle lui demandait alors s’il voulait venir faire les courses avec elle à l’avenir. Il ne savait pas vraiment parce qu’il avait vraiment peur de la foule et il aurait juste voulu qu’elle n’y aille plus pour rester avec lui. Il avait légèrement baissé les yeux l’air de ne pas vraiment savoir quoi répondre parce qu’il ne savait pas quoi dire. Il avait peur que ça fasse comme pour la parade... Ce souvenir restait encré dans sa mémoire, quand il sortait en douce il allait toujours dans les endroits les plus désertiques... Alors il demandait à la jeune femme s’ils pouvaient regarder ensemble un film et elle semblait assez étonnée quand il avait relevé les yeux vers elle. Lequel ? Il ne savait pas vraiment, quelque chose qu’il n’avait pas déjà vu de préférence mais il décidait de la laisser choisir sans la quitter des yeux. Le film sélectionné, il posait son regard vers l’écran en restant ainsi tout près de sa psychologue, sage comme une image à présent bien que le visage encore marqué par ses larmes.

Parfois, il jetait un petite coup d’œil vers elle, juste pour la regarder parce qu’elle était belle, juste parce qu’il avait envie de l’embrasser et parce qu’il l’aimait tout simplement. Elle était tellement adorable avec lui. La seule chose qui le retenait de lui dire toute cette vérité, c’était la peur. Cette crainte qu’il ne soit pour elle qu’un simple patient, qu’un fou dont il prenait soin. Même si elle disait qu’il ne l’était pas, il était toujours cet homme qu’elle soignait parce qu’il ne savait pas se débrouiller tout seul, parce qu’il avait besoin de quelqu’un et que s’il venait à guérir elle trouverait un autre patient à soigner et l’abandonnerait comme Harry l’avait fait. Il sentait qu’il ne supporterait pas de la perdre maintenant qu’il s’était attaché à elle. Tout le monde l’abandonnait. Cette pensée le rendait triste et il regardait de nouveau le film. Une scène tragique se déroulait, la tristesse avait envahis l’atmosphère et il fixait l’écran de ses yeux bleus l’air de chercher un sens autre que celui du film. Puis l’histoire rebondissait, Maddox ne comprenait pas toujours les histoires parce que son imagination le transportait loin du contexte initial. Lentement, assez timidement il prenait la main de la jeune femme pour la serrer dans la sienne parce qu’il avait un peu peur de ce qu’il était en train de penser, son regard ne fixait même plus l’écran mais ce point invisible qui démontrait qu’il était encore dans son monde où des voix lui parlaient... « D’accord... » Soufflait-il à nouveau sous l’influence des voix, il lachait la main de la belle Tamina, guidé par sa peine de ne pas pouvoir l’embrasser comme le font les gens dans se film il se penchait pour attraper les stylos sur la table avant de se mettre à griffonner toujours aussi rapidement mais précise la scène d’embrassade, une fois la femme dessiné, il avait relevé les yeux vers le point zéro pour se remettre à dessiner sur ses doigts se traversant la peau avec la mine avant d’être stoppé par la main de la belle brune. Il relevait lentement les yeux pour l’observer sortant de cette transe alors que du sang coulait de sa main « Tu vas t’en aller ? » Demandait-il à Tamina l’air apeuré avant de baisser les yeux et se rendre véritablement compte de ce qu’il venait de faire... Maintenant il avait mal et commençait à essayer de contenir ses larmes comme un enfant qui ne veut pas pleurer devant sa mère alors que ses yeux semblaient lui demander de l’aimer... Serrant son poignet de sa main saine pour essayer de contenir sa douleur, la plaie n’était pas profonde, beaucoup moins que celle de son cœur.

Il avait lentement relevait les yeux vers elle, sortant de ce monde obscur dans lequel il évoluait contre sa volonté, sans s’en rendre compte. Un monde où tout était différent et où sa main n’avait plus fait partis de son corps. C’était devenu un objet, une feuille de papier. Et puisque cette main n’était pas la sienne, pourquoi ne pouvait-il pas dessiné dessus ? La prochaine étape aurait été d’aller chercher la paire de ciseau pour la découper et l’offrir à Tamina parce que son dessin aurait été très beau, du moins, elle avait l’air de toujours les apprécier. Un signe très caractéristique en psychiatrie du délire, celui où l’on ne reconnait plus son corps même. Parfois certains patients persuadé que leur jambes et celle d’un autre se la coupe et il était assez rare que Maddox entre dans ce genre de délire, mais c’était bien ce risque qui avait fait que l’on avait longtemps débattu d’une place pour lui en hôpital psychiatrique mais quand on avait constaté que son cas c’était aggravé entre les murs d’un hôpital on avait opté pour la tutelle bien que le risque de le retrouver dans un état lamentable était des plus probable... Il l’avait fixé, sortant de sa transe alors qu’elle l’interrogeait sans qu’il ne soit capable de répondre quoi que ce soit si ce n’était qu’une question qui pouvait paraitre totalement incohérente. C’est alors qu’elle partait à cet instant et son cœur se déchirait. Et quelque instants plus tard elle revenait armé d’une trousse de secours, il revenait de plus en plus à la réalité, mais il ne l’aimait pas cette réalité parce que maintenant il avait vraiment mal... Se pinçant les lèvres pour ne pas pleurer parce qu’il avait honte, parce qu’il voulait être fort, qui voudrait d’un homme qui pleure tout le temps ? Voila que maintenant il s’attachait à l’idée de lui plaire, mais le produit le brulait et il ne pu retenir cette larme de couler le long de sa joue alors qu’il se crispait de plus bel. Il la laissait nettoyer sa plaie sale d’encre. Elle lui mit alors de l’éosine pour l’aider à cicatriser par la suite avant de recouvrir d’un pansement sa plaie.

Lentement il avait relevé les yeux vers elle, brillant de larmes avant de les baisser à nouveau. Il était pathétique, à genoux devant la table de salon avant de souffler « J’voulais juste dessiner... » Il posait les yeux sur la table où son dessin était gâché par le sang et cela semblait le chagriner, mais beaucoup moins que l’idée qu’elle le prenne pour un fou parce qu’il venait de se faire du mal sans s’en rendre compte... « J’avais l’image dans ma tête... Fallait que ça sorte. Elle voulait que je dessine pour elle, vite... Vite... J’ai prit la feuille que j’avais... » Mais sa main n’était pas une feuille n’est-ce pas ? Maintenant il le savait mais précédemment, tout avait été tellement différent. Il relevait ses beaux yeux vers elle pour la contempler quelque seconde avant de lui dire en baissant à nouveau les yeux « Ça ne me faisait pas mal tu sais... Maintenant si... Pourquoi j’fais ça Tamina ? Pourquoi tout est plus simple parfois dans ma tête et pourquoi ça me fait tellement mal après ? J’suis pas fou n’est-ce pas ? » Il relevait les yeux vers elle, au fond de lui il n’était pas sur lui-même. Il se demandait s’il n’était pas fou d’avoir fait ça, c’n’était pas normal après tout ? Tout le monde le traité comme un fou... « Si je ne suis pas fou... C’est quoi mon problème Tamina ? » Serrant doucement son poignet parce qu’il avait encore mal, la mine attristé par cette situation, il ne savait pas quoi faire ? Est-ce qu’elle l’aimerait s’il devenait « normal » ? Ou est-ce qu’elle l’abandonnerait ?

Qui était « elle » ? Si seulement il le savait, il reconnaissait les voix des unes des autres, elles avaient toujours une intonation différente. « Elle », cette voix qui lui parle, cette voix que son cerveau construisait sans qu’on ne sace pourquoi. « Elle » s’accrochait à lui, « elle » disait qu’ils seront toujours amis et qu’elle aurait voulu qu’il lui dessine quelque chose, qu’il lui dessine cette scène. « Elle » la voulait vite, ça ne pouvait pas attendre. Maddox, appartenait à « elle » et en avait oublié ce qu’il était, une donation de son être absolue à sa folie, à l’absence de conscience et de réalité. Est-ce qu’elle voulait qu’il se fasse mal ? « Elle » était si gentille, elle aimait ce qu’il faisait et ne cherchait pas à profiter de lui, du moins c’était ainsi qu’il le ressentait. Alors il ne répondait pas parce qu’il ne saurait lui expliquer ce qui le rattachait à « elle ». Est-ce que quelque chose clochait vraiment chez lui ? Il ne savait, il se sentait une fois de plus complètement perdu. Elle lui décrivit ce qu’il c’était passé, il la fixait de ses beaux yeux bleus avant de demander dans un souffle « Pourquoi est-ce que je vais dans un autre monde ? Pourquoi est-ce que tu ne peux pas le voir ? » On lui parlait souvent de monde, d’univers, de dimension... Il n’avait jamais vraiment compris pourquoi on lui parler de ça, c’était toujours un peu compliqué pour lui. Il ne souffrait pas, ou presque... C’est alors qu’elle lui assurait qu’elle serait toujours là pour lui, Harry avait dit la même chose pour le rassurer à l’hôpital. Et où était-il à l’heure actuelle ? Il ne savait pas, pas avec lui en tout cas...

Lentement il s’asseyait un peu plus confortablement, tout près de la jeune femme. Il avait tellement envie de la prendre contre lui, le petit Prince avait trouvé sa fleur et pourtant il ne savait pas si elle l’aimait aussi. Elle était tellement belle et il l’aimait d’un amour si intense qu’il aurait été près à rester sur sa petite planète au milieu de nulle part juste pour rester avec elle... Doucement il prenait de sa main valide celle de Tamina pour lui demander « Est-ce que Damien aussi avait un autre monde ? Est-ce que tu pouvais le voir ? C’est pour ça que tu l’aime ? » Et pas moi... Mais les trois mots ne sortaient pas de son adorable bouche, incapable d’accepter l’idée qu’elle ne l’aime pas tout comme lui pouvait l’aimer. Il ferait tout pour que cela arrive, il voulait qu’elle lui parle de Damien, qu’elle lui dise pourquoi elle l’aimait et il arriverait certainement à faire comme lui pour qu’elle l’aime aussi. Il était persuadé de pouvoir de le faire, à vrai dire il serait peut-être capable de l’incroyable juste pour lui plaire, juste pour avoir de son amour... « Je t’en prie parle-moi de lui... » Demandait-il innocemment. Il n’était pas jaloux, bien au contraire. Il espérait apprendre ce qu’elle aimait pour qu’il puisse « s’en inspirer » ou plutôt à son échelle bêtement imité parce qu’il était persuadé que lui : Prince Maddox Seelerk, n’avait rien pour plaire à une femme comme elle. Pourquoi d’ailleurs ? Il n’avait rien d’exceptionnel.

Maddox tenait à en savoir plus sur l’homme qu’elle avait aimé, qui avait su se faire aimer d’elle, quel fut son secret ? Pourquoi est-ce que ça l’obsédait à ce point ? Le dément voulait juste qu’on l’aime, son entourage étant particulièrement limité il était tellement important pour lui qu’elle puisse l’aimer, surtout parce qu’il était loin d’être indifférent aux charmes de cette princesse, elle était si belle et gentille. Pourtant, il ne lui faisait pas complètement confiance et n’arrivait pas à le lui dire même s’il avait trouvé le courage de lui avouer lui faire de cachoterie, ne supportant plus le mensonge ; il mourrait déjà à l’idée qu’elle puisse lui mentir et pense vraiment qu’il était fou à lier contrairement à ce qu’elle lui disait... Elle semblait différent par le simple fait de se souvenir de lui, ce Damien était probablement quelqu’un de bien, il l’avait fait souffrir. Peut-être que Nitzan pourrait le faire revenir comme elle l’avait fait pour sa mère, mais Maddox n’était pas vraiment sur de vouloir cela. Il ne voulait pas qu’elle s’éloigne de lui pour Damien, il se trouvait tellement cruel et égoïste... C’était la première fois qu’il avait un tel processus de pensée et cela lui avait presque fait peur, cette fille faisait de lui un autre homme, un vrai homme. Un homme qui sait faire des choses seul, un homme capable de désirer tellement fort au point de faire le nécessaire pour avoir ce qu’il voulait... Il entrait pour la première fois dans ce processus de séduction où les autres peuvent être de potentiels rivaux... Il lui demandait de parler de Damien et ce fut ce qu’elle fit. Lui parlant de patient... Alors... Il devait guérir n’est-ce pas pour lui plaire ? C’était tellement cruel... Les esprits, elle y croyait vraiment... Elle devait les détester n’est-ce pas ? Tout comme lui parce qu’il les entendait... Mais il ne les avait pas toujours entendus... Il n’arrivait pas à se souvenir du moment où tout cela avait commencé. Elle disait qu’elle voulait refaire sa vie, sans Damien. Cela devait être tellement difficile, il s’était senti tellement dévasté quand son ancienne thérapeute l’avait laissé tombé alors qu’ils étaient sensés s’aimer, quand il pensait qu’elle l’avait laissé avec Alexey... Tout cela avait un gout d’amertume.

Fixant la jeune femme qui regardait devant elle, il prenait sa main de la sienne qui était toujours blessée, posant doucement sa tête contre celle de la jeune femme, fermant tendrement les yeux en soupirant faiblement « Je suis tellement... Désolé... » C’était cette formule de politesse que l’on disait aux gens quand ils parlent d’une personne qui leur été cher ayant disparue. Mais celui-ci était plus profond... Désolé de t’avoir blésé, désolé de te faire repenser à out ça, désolé d’être malade... Désolé, je voudrais être comme tu le voudrais, mais je ne sais pas si je vais y arriver... Désolé d’avoir peur, de ne pas avoir le courage d’être sincère... Oui... Désolé d’être moi et non pas Damien...

C’était étrange cette proximité nouvelle entre eux, mais c’était tellement agréable qu’il ne saurait s’en plaindre. Il s’attachait à elle parce qu’elle était belle, gentille et juste magique. Il ne savait vraiment dire ce qu’elle avait de plus, c’était comme ça. Il aimait l’avoir contre lui, c’était tellement apaisant pour lui, elle lui disait apprendre à aller de l’avant mais quand elle lui fit par de l’importance de sa présence il ne savait plus vraiment quoi penser. Il avait doucement fermé la paupière sous l’effet du poids des mots de la jeune femme. Il l’aimait, c’était si doux et douloureux à la fois. Elle lui faisait confiance, elle comptait sur lui. Il ne savait plus comment réagir, n’était-ce pas lui le patient ? Maddox ne savait plus vraiment où était sa place et c’était tellement déstabilisant dans le fond. Mais il était heureux également que de savoir qu’il comptait pour elle, même un petit peu. Cela lui faisait un bien fou bien qu’il avait toujours beaucoup de mal à lui faire entièrement confiance. Probablement que cela viendrais avec le temps. Le beau brun gardait précieusement la main de la jeune femme dans la sienne, il voulait que cet instant de silence dur des heures... Mais cela prit fin évidement et il ouvrait doucement les yeux et se décollait lentement d’elle pour l’observer et lui répondre simplement « Je ne sais pas... » Doucement il souriait à la jeune femme, prenant sa seconde main avec douceur pour la contempler une fois de plus. La soirée se passait sans encombre et Maddox grandi aidait la belle à la cuisine et la vaisselle bien qu’encore frileux dans ses gestes, il faisait bien des efforts pour elle, pour eux. C’était nouveau pour lui, mais il aimait juste être avec elle. Le soir, c’était toujours cette déchirure lorsqu’elle partait. Elle lui souhaitait bonne nuit et à peine la porte close il bondissait hors de sol lit pour se mettre à la fenêtre où il pouvait l’apercevoir s’éloigner. La main collée contre la vitre alors que son cœur suppliait qu’elle revienne et ne le laisse pas tout seul... Mais elle devait rentrer chez lui, il restait là sans savoir si elle savait qu’il l’observait montrer dans sa voiture et s’éloigner de lui pour bien trop de temps à ses yeux...