Alastair était calmement dans la foule quand il perçut un mouvement. L'esprit qui s'était rendu invisible se retourna vivement et observa une folle qui courait. A un moment, le corps se figea et le sang s'écoula comme une fontaine inédite. Un tressaillement d'excitation traversa le Dibbouk tandis qu'il s'approcha du corps qui s'effondra. Alastair s'accroupit à côté du corps encore chaud qui deviendrait bientôt froid. Intéressant, depuis quelque temps la ville était agitée. Lui qui était depuis 249 ans ici adorait cette nouvelle agitation qui lui donnait l'illusion d'être plus vivant. Vive les conneries des vivants ! Ce fut à ce moment-là que le Dibbouk leva les yeux et discerna Lucas dans la foule, encore plus intéressant. Même si l'esprit décida de rester invisible. Il n'était pas d'humeur bavarde. Surtout avec cette foule hystérique qui se bousculait et que des gens lui passaient à travers. Un soupire franchit sa bouche, alala, toujours la même musique avec les vivants !

Un matin assez tendre, il savait qu'elle avait l'intention de lui demander quelque chose, cela semblait lui bruler les lèvres et il était toujours autant fasciné par celle-ci. Elle voulait sortir, dehors et avec lui. Il avait fini par accepter après le petit déjeuner bien qu'assez inquiet en demandant s'il n'y aurait pas trop de monde et évidement elle fit le nécessaire pour le rassurer. Dans la rue, il restait près de la jeune femme assez anxieux. Puis lentement, il relevait ses yeux bleus pour observer la foule et devant eux, une femme tombait au sol. Ils n'étaient qu'à quelques mètres, cela aurait pu être eux... Mais non... Cette femme, elle était morte pour une raison certaine. Les gens commençaient à s'agiter et Tamina c'était agrippé à lui en se mettant à trembler. Il avait bien trop cette habitude de se reposer sur elle, et maintenant il était seul parce qu'elle avait peur. Maddox ne savait plus vraiment s'il avait peur, il était là, figé à fixer ce cadavre dont le sang coulait encore. Peut-être était-ce là une autre forme de réaction face à ce traumatisme, il avait cette sensation de déjà subi... Une vision ? Il ne savait plus vraiment, c'était trop flou. Alors, il resserrait ses doigts autour de la main de Tamina pour la rassurer avant d'approcher un peu plus alors que tout le monde fuyait ce point, ils avançaient contre cette marée humaine qui s'empressait de vider la place alors que ses yeux bleus ne savaient quitter des yeux la victime dont il sentait une étrange présence juste là... Il ne pouvait pas le voir, mais il commençait à ressentir de plus en plus les esprits... « Pourquoi devait-elle mourir ? » Demandait-il comme s'il parlait à la victime elle-même, serrant un peu plus Tamina contre lui, il aurait voulu l'emmener loin, la protéger de cette situation. Mais il y avait une force attractive qui avait conduit ses pas jusque là... Une fois de plus, il avait ce comportement de dément que personne ne pouvait comprendre... Ou ne voulait le faire.

Intéressant les réactions des gens. Il reconnut Tamina qu'il adorait tourmenter mais se demanda bien qui était le fou avec elle. Pourquoi devait-elle mourir ? Quelle drôle de question ! Le Dibbouk fronça les sourcils en entendant cela, il se demandait parfois à quoi les gens pensaient pour poser de telles questions, dans quel monde vivaient-ils bon sang ? Ah quelque chose d'intéressant, enfin ! Son cher Lucas qui apparaissait comme le chevalier blanc sur son fidèle destrier, comme c'était mignon dites voir. Alastair s'accroupit devant le flic, observant sa main qui tentait de retenir le sang qui s'échappait encore et encore. D'un souffle de pouvoir, il se rendit visible et tourna la tête vers Lucas.

« Je crois que tu ne peux rien faire Lucas. »

Sa voix était moqueuse alors qu'il tourna la tête vers Tamine et Maddox.

« Oh bonjour ! Comme vous êtes mignons. »

Il fit un petit sourire candide qui chez lui, était équivaut à une menace de mort. Le fauve était dans la place.

La voix de Tamina si lointaine, partis dans ses délires une fois de plus. Cette femme avait l’air si réel, tout le monde la voyait. Est-ce que ça faisait parti du monde réel ? Qu’est-ce qu’il en savait ? Il n’y appartenait qu’à moitié, comment pourrait-il distinguer les choses qui lui sont propres ? Elle voulait partir, il ne savait pas ce qui lui faisait peur à ce point, est-ce qu’elle avait mal ? Est-ce qu’elle allait avoir mal... Puis un homme se penchait sur la victime pour la sauver car cela semblait être son devoir. Puis il eut cette apparition, comme un souffle glacial... Fixant ce type dire à l’autre qu’il ne pouvait rien faire, Maddox l’avait fixé avant que celui ne s’adresse directement au dément et à sa thérapeute qui semblait terrifiée par ce personnage. Elle était un peu plus autoritaire qu’à son habitude, exigeant leur départ. « Bonjour... » Répondait tout simplement Maddox à celui qui venait des les complimenter sans trop savoir s’il était sincère ou non. Il n’avait pas peur des esprits, du moins pas tout le temps. Il était en permanence à leur contact et ils contribuaient à sa folie s’en était certain. Puis doucement il tournait la tête vers la jeune femme « Tu peux le voir ? Pourquoi tu ne m’a pas dis avant que tu les voyais toi aussi ? » Les idées se bousculaient une fois de plus dans sa tête où la logique était plus rare qu’un point d’eau dans le désert. Il n’était pas en colère contre Tamina, il en était incapable. Mais à cet instant, il se sentait perdu et encore plus loin d’elle à son grand désarroi... Elle avait dit que tout se passerait mieux que pour la parade, que cette fois il n’y aurait pas de problème... Il y en aura toujours.  

Ah il faisait peur à Tamina, intéressant. Il tourna la tête vers Lucas quand celui-ci le provoqua. Une lueur mauvaise naquit dans le regard du Dibbouk. Il avait bien envie de lui ouvrir aussi la gorge mais il prenait sur lui. Il ne s'en prendrait pas à lui, pas ainsi et pas maintenant surtout.

« Pourquoi tu me poses toujours des questions dont tu connais la réponse, hein ? »

Dit-il, hargneux. C'était évident pourtant qu'un esprit avait tué cette pauvre fille ! Furfur rapporta son attention sur l'homme qui accompagnait Tamina.

« Allez approche gamin. Ce n'est pas cette femme qui va te protéger. »

Sa voix était basse et grondante comme celle d'une bête. Il s'était adressé à Maddox mais quand il avait prononcé sa dernière phrase, il avait fixé Tamina. S'il ne lui faisait pas peur, il se pendrait bien une seconde fois. Mais impossible d'ignorer le fait qu'elle ne semblait pas rassuré en sa présence. Mince alors quoi !

C’est alors que ce type s’adressait à eux, un brin agressif comme s’il culpabilisait de la mort de cette femme. Maddox le fixait quelque secondes avant de reporter son intention sur cette « hallucination » que Tamina pouvait voir et ce type aussi ! C’était tellement étrange, peut-être était-il en train de rêver ? C’était tellement réel pourtant... L’esprit lui disait d’approcher et il ne savait pas vraiment pourquoi il devait approcher, surtout que cette voix n’avait absolument rien de rassurante... Tamina voulait partir et il s’était quelque peu laissé tiré par le bras quand elle se mit vivement devant lui comme pour le protéger, Maddox avait à peine entendu cette femme qui criait, déjà son intention était attiré par un autre élément dans ce brouillard : les voix. Evidement, elles étaient toujours là et cette voix qui lui susurrait que Tamina était une menteuse devenait de plus en plus oppressante... « Elle me disait qu’elle me croyait, c’n’était pas un mensonge... » Réalisait-il à haute voix, elle ne le prenait donc pas pour un fou ? Pourtant, à cet instant il était bien en train de parler tout seul. Mais la voix persistait, lui disant qu’elle ne lui avait pas tout dis, il se sentait perdu une fois de plus. Au moment de s’enfuir il avait relevé les yeux vers elle et il voyait comme elle avait peur, alors de façon presque brute il attrapait la jeune femme au milieu de ce chaos pour la saisir contre lui en plongeant ses yeux bleus dans son regard « Ils racontent n’importe quoi ; faut pas avoir peur... Je suis désolé Tamina, j’pensais que tu disais que tu ne me pensais pas fou pour que je me sente mieux. J’aurais du te faire confiance, j’en avais envie tu sais, mais tout le monde me croit malade. Tout sera différent... » Lentement ses yeux se posaient sur cet esprit qui faisait si peur à sa thérapeute un léger sourire l’air de dire « bravo, tu peux faire quelque chose de bien s’en t’en rendre compte... » Aussi, il commençait à emboiter le pas pour éloigner Tamina de tout cela.

La réponse du fantôme n'était pas rassurante, pas davantage que son regard assassin d'ailleurs. A priori, Lucas pouvait ranger Alastair dans la catégorie « ennemis ». Trop bien... Bref, s'il interprétait correctement la réponse de l'esprit... Alors cette fille avait été tuée par un fantôme. Et là, ça corsait les choses. Lucas marmonna :

« Si les assassins sont des fantômes maintenant... »

Comment on arrêtait un meurtrier ectoplasmique hein ? Alastair semblait s'intéresser aussi au couple non loin d'eux et Lucas fit de même. L'homme semblait surpris que sa compagne voit l'esprit et sa réponse trouva un écho chez Lucas. Voyait-il Alastair parce qu'il le permettait également ? Mais quand Lucas les alpagua, la jeune femme lui répondit sèchement. Un cri de femme les interrompit, alors qu'elle allait semer la panique. Le type à côté d'eux semblait un peu ailleurs et même se réjouir de voir un fantôme et que ce soit le cas de sa compagne. Compagne qui intimait à Alastair de s'occuper de celui qui avait fait ça. Alors là, c'était un vœu pieu sans doute, mais bon, elle pouvait essayer.

« Ben alors Alastair, lassé d'être invisible, tu montres ta bouille à tout le monde maintenant ? Notre ami là bas a l'air enchanté, sa copine moins. T'as une idée de comment on arrête un assassin déjà mort ? »

Spoiler:

Alastair claqua sèchement la langue contre son palet dans un geste typique d'agacement. Mais aussi un bruit qui n'était pas sans rappeler les cavaliers. Il avait des tics qu'il ne perdrait pas. Depuis qu'il avait su marcher, son père l'avait mis sur un cheval. Cela marquait votre chair et forcément, vous aviez des petites manies.

« Comme tu es drôle Tamina. »

Susurra-t-il de manière menaçante. Il tourna la tête vers Lucas qui l'interpella. Il le prenait pour Dieu ou quoi ? Le mauvais esprit prit tout de même la peine de réfléchir. A part appeler un exorciste ou prêtre vaudou, il n'y avait rien à faire mais cela, il ne le dirait pas. Il ne donnerait pas des armes à Lucas qui pourrait un jour lui permettre de l'arrêter lui.

« Aucune idée, j'imagine qu'on laisse couler ? »

Il tourna la tête quand les voitures de police surgirent dans un fracas presque comique.

« Tiens tes amis, mais ils ne croiront pas ta théorie, quelle dommage... »

Souffla-t-il avec moquerie.