Le soleil perçait doucement à travers les persiennes du supermarché. Il devait être approximativement midi, tout au plus et l'hiver faisait lentement sa place à la Nouvelle Orléans. Chacun sortait emmitouflé dans son manteau, écharpe et gants et ce même si le climat s'avérait encore doux cette année.

Des chants de Noël se faisaient entendre encore dans les rayons, entre les décorations de fin d'année et les rayons alimentaires. On croisait souvent un voisin venu réapprovisionner son placard, bien vidé par les repas de réveillon. On se souriait, se saluait aimablement. Noël et ses miracles parvenaient encore à toucher les gens, après tout.

Pourtant les portes d'entrée laissèrent retentir le carillon sans que personne ne se retourne vraiment, vaquant toujours à ses occupations sans se soucier du reste. Mais très vite, le silence se marqua, loin des conversations et des bruits de chariots, uniquement perturbé par les champs de Noël et le coup de feu qui venait de retentir dans le magasin. Des hommes, cagoulés, armés, venaient de pénétrer dans les rayons pressant chacun de se retrouver à l'avant du magasin, devant l'immense vitrine et de ne pas dire un mot.

« Tout le monde à terre ! »

On était le surlendemain de Noël et la Nouvelle Orléans connaissait déjà sa première prise d'otage.

Spoiler:

Et voilà que je me retrouvais en urgence pour chercher le cadeau de Jillian qui venait d’arriver. En retard pour Noël en plus ! Je n’avais pas eu beaucoup d’idées mais je me disais que quelques CDS lui feraient plaisir. A l’air du numérique, les CDs conservaient cette beauté : on achetait de la musique sur support véritable. Alors je m’étais dis pourquoi pas. Ma commande venant d’arriver, deux jours en retard, cependant j’avais trouvé un cadeau de secours à déposer au pied du sapin en attendant que celui-là arrive. Je me rendais au centre commercial afin d’aller les récupérer. Son premier noël depuis sa sortie d’asile avait évidemment été fêté en grande pompe.
Et pourtant, ce matin, qui aurait pu dire qu’aller chercher des CDs relevait du suicide… Des coups de feu se firent entendre dans le hall du centre, ce qui ne présageait rien de bon, alors je me planquais derrière le comptoir, attendant d’en savoir un peu plus sur ce qu’il se passait.

Les fêtes de fin d'année... un vrai casse-tête pour le commun des mortels. Pas pour Drake qui n'a plus de famille à qui offrir des cadeaux. Sa mère est morte, son père les est parti et de toute manière il ne veut plus lui parler. Quant à sa soeur elle s'est suicidée et il ne s'en est toujours pas remis. Alors pour lui, Noël ne signifie plus rien. Il est resté seul devant sa télé avec une bouteille de Vodka pour seul compagnie. Ce matin en ouvrant le frigo, il a remarqué que celui-ci était totalement vide, c'est pourquoi sans grande envie, il s'est habillé pour aller faire quelques courses. L'alcool c'est bien, mais il faut aussi manger. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il aurait mieux fait de rester chez lui. Alors qu'il était en train de faire ses courses un coup de feu retenti ce qui lui fit lever le nez pour regarder et voir les braqueurs armées. Le pompier se fit pousser avec les autres pour être rassemblé au même endroit et obligé de se retrouver allongé par terre. Ceci avait un arrière-gout assez dégradant. Le jeune homme n'est peut-être pas flic, mais quelque chose dans sa tête lui dit qu'il ne va pas rester sage très longtemps.

Spoiler:

Les terroristes eurent cette merveilleuse idée de nous rassembler au centre de la galerie, afin de mieux nous surveiller comme il se doit. Les otages révoltés se faisait embarqué à coup de pied au cul et d’arme pointée sur la tempe. C’est avec énervement que je fus attrapé de derrière mon comptoir pour rejoindre le reste des otages. Tout ça pour un CD. En chemin, je reconnus au loin un de mes collègues de bureau, Drake, et … Daniel ?!

Je n’aurais jamais imaginé que nous aurions cette merveilleuse idée de nous retrouver autour d’armes à feu le surlendemain de Noël. Agacé, je fis en sorte de m’asseoir à proximité de Daniel pour au moins être à ses côtés. Dans les situations désastreuses un visage amical ne faisait pas de mal, ça aidait à relativiser. Au moins, nous étions vivants, quelle aubaine !

« C’est à croire que nous nous voyons uniquement dans les situations désastreuses »

Je faisais allusion aux morts respectives de nos parents dans un incendie, à croire que nous poussions le destin à nous apporter la poisse où que nous allions !

La chance n'était décidément pas l'ami de Drake. On dirait qu'elle le fuit comme s'il était la peste. Voilà qu'il se retrouve avec tous les autres en mode otage d'un braquage. Le jeune homme avait presque envie de se lever pour taper sur le premier braqueur qu'il pourrait voir. Et vous savez quoi, pour couronner le tout il entendit une voix à son oreille. Non, pas ça ! Pas maintenant, pas ici ! C'est vraiment pas le moment qu'il pète un plomb. Si c'était vraiment un esprit qui lui disait tout ça, c'était pas du tout ce qu'il fallait dire. Le pompier ferma les yeux en se répétant qu'il n'entendait rien, c'était son imagination. Sauf qu'inconsciemment il se répétait les phrases de l'esprit dans sa tête. En vain, il tenta de prendre son temps pour bien inspirer et expirer afin de se calmer. Mais non, c'était trop tard. Savoir qu'un esprit n'était pas loin été en train de le rendre fou et malheureusement il n'avait pas la moindre goûte d'alcool sous la main pour se calmer. Son regard se tourna vers le premier braqueur qu'il vit. Son poing droit se serra fort allant jusqu'à faire craquer ses jointures. Puis d'un bond, il se leva et sauta sur le braqueur armée. Il lui mit une droite monumental qui le fit tomber au sol et il continua de le frapper au sol encore et encore. Tant pis, s'il se fait taper ou tirer dessus...

Drake commençait sérieusement à péter les plombs. Qu’est ce qu’il lui prenait ? Se faire tuer n’était pas dans les cordes d’un pompier, son objectif étant de sauver des vies. Abasourdi, je fus surpris de sa réaction surpris qu’il ne se fasse pas tuer par les braqueurs. Pas encore du moins, une arme était cependant braquée sur sa tête. Daniel voulut jouer les héros également et je les regardais tous les deux une arme pointée sur la tête en me demandant ce qu’il leur prenait d’avoir des envies suicidaires. Si c’était la mort qu’ils voulaient, autant que ce ne soit pas devant moi… je ne voudrais pas avoir deux gars à enterrer, et pas d’illustres inconnus loin de là… Me relevant, je dardais mes prunelles dans ceux des braqueurs tout en sommant à mes deux acolytes de s’asseoir sans broncher… Drake me semblait le plus difficile à maintenant en place, et pour cause, il sautait l’alcool à plein nez. Bonté divine.

« Drake tu t’asseois et TU TE CALMES »

Articulant les trois derniers mots, je posai mes mains sur mes épaules, créant un poids qui l’amènerait naturellement à se rasseoir. L’un des braqueurs nous détaillait d’un regard suspicieux, non sans savoir s’il allait tous nous tuer, ou nous surveillait juste du coin de l’œil… en tous les cas, ces deux derniers messieurs n’arrangeaient pas notre cas … Quant à Daniel, je lui demandais simplement de se rasseoir, ce qui serait plus facile pour lui, il ne semblait pas aussi gris que Drake... enfin j'espérais

Voilà, Drake avait craqué. Sa folie l'avait emportée pour foncer tête baissée sur le braqueur. C'était complètement dingue, il n'aurait jamais dû faire une chose aussi dangereuse. Les braqueurs étaient armées et pas avec des pistolets de "tapette". S'ils si connaissait un peu en arme à feu -ce qui n'est pas son cas- il aurait pu reconnaitre du matériel militaire, peut être pas le plus performant, mais de la bonne qualité. Quoi que bonne qualité ou pas quand on vous tire dessus ça fait quand même des trous. Ses poings agissaient presque sans qu'il ne les commandes. S'abattant sur le visage du sale type encore et encore. Ce qui était sûr c'est qu'il ne pouvait pas se dégager. Hors un autre vilain arriva et colla le canon de son arme contre le crâne du pompier tout en l'armant. Le poing droit de Drake se stoppa immédiatement à quelques centimètres du visage de sa victime. Son esprit était comme embrouillé et il ne savait absolument pas quoi faire à ce moment précis. Pas besoin de chercher, sa victime lui en colla une sur le visage ce qui le repoussa et Hayel l'attrapa pour l'obliger à venir s'asseoir. Tient, il n'avait pas vu que son collègue était là. Un autre type avait aussi voulu jouer les héros. On peut dire que la tentative était vraiment nulle. Le jeune homme remarqua une jeune femme qu'il n'avait pas vu juste avant mais n'y fit pas trop attention. Pour l'instant, il attrapa juste un mouchoir qu'il colla sur son arcade visiblement ouverte à cause du coup qu'il venait de recevoir.

Le coup que le pompier c'était pris ne lui avait pas pour autant remit toutes les idées en place. Il restait persuadé que la chose qui lui avait parlé été toujours dans le coin et c'était en train de le rendre malade. Pour l'heure, il faisait tout son possible pour éviter d'y penser et se focaliser sur sa douleur au front tout en épongeant le sang avec un mouchoir. L'autre type qui s'était levé pour le secourir ou jouer au héros lui adresse alors la parole. Drake tourna son visage vers lui en arquant légèrement un sourcil. "Clark Kent" c'était le surnom qu'il venait de lui donner. Sincèrement, il n'avait pas la tête à écouter des conneries et encore moins à les apprécier. Ok, le type en question voulait simplement détendre l’atmosphère, c'était louable mais ceci ne le toucha pas. D'ailleurs, quand il lui présenta sa main pour se saluer, il ne tendit pas la sienne pour la serrer. Oui, Drake laissa ce pauvre gars dans le vent et fronça les sourcils en jetant un regard sombre en écoutant la suite de ce qu'il avait à dire. Ceci voulait clairement dire qu’il n’en avait rien à foutre de son humour. Pour le moment, il était bien trop déconcentré par la voix qu'il avait entendu. L'envie de gouter à de l'alcool devenait également plus forte. Maintenant c'était presque devenu automatique, dès qu'il entend ou voit quelques choses d'anormal, il doit se plonger dans l'alcool. Le bruit d'un pot de fleur s'écrasant sur le sol le fit sursauter. En se retournant, il vit que c'était une femme qui était la source de ce son. D'ailleurs, elle le fixait et ceci le mit mal à l'aise...

Au loin des sirènes de police résonnaient, devenant de plus en plus fortes et aigues au plus elles se rapprochaient. Quelqu'un avait sonné l'alarme. Au vu des mines furieuses de leurs braqueurs, cela était vraiment loin de leur plaire, bien loin de leur plaire. Un hurlement rageur finit par sortir de la bouche de l'un d'entre eux avant qu'il ne finisse par crier.

“Quel est l'abruti qui les a prévenu?”

Un coup de feu retentit dans l'air, faisant tréssauter chacun, les uns se recroquevillant, les autres jetant des regards apeurés autour d'eux.

“Parlez! Maintenant! Qui?”

Être otage était une toute nouvelle expérience pour Drake. Lui, il a plus l'habitude de se retrouver cerné par le feu, au moins lui ne risque pas de vous tirer dessus pour un oui ou un non. D'ailleurs, le stress et l'énervement des braqueurs monta d'un cran considérable quand les sirènes de police se firent entendre. Logiquement, ça se voudrait rassurant... eh bien pas quand vous êtes à l'intérieur avec des hommes armées qui seraient prêt à vous faire exploser la cervelle. L'un des gars s'excita en demandant qui avait appelé la police. Franchement comment savoir ? Vu le nombre de personne, il se pourrait que l'un d'eux ait eu le temps de composer le 911 et de dire tout ce qu'il faut. A voir attitude du gars, il risquait de faire un malheur si personne ne se dénonçait. Quel beau merdier ! Drake regarda autour de lui et la plupart des gens baisaient le regard pour contempler le sol. Oh, c'est une manière de montrer qu'ils sont innocents ou simplement de se faire oublier par les braqueurs. Le pompier lui regarda l'homme armé, l'alcool qui était encore dans ses veines et l'envie d'en boire encore ne devait pas le faire raisonner de manière normal. "Si vous seriez moins con, vous auriez vus qu'il y a des caméras de sécurité, ce qui veut dire qu'il y a un poste de sécurité ici ou ailleurs qui visionnent les images en temps réel... Vous êtes vraiment des débutants !" s'amusa à dire Drake avec un petit air moqueur. Ce fut une mauvaise idée, car le gars s'approcha de lui et l'attrapa par le col. Oh, il allait passer un très mauvais quart d'heures...

Chacun suppliait. Certains remettaient de l'huile sur le feu, tandis que d'autres couinaient dans leur coin. L'agitation commençait à monter dans la salle tandis que les braqueurs commençaient à s'énerver sur certains otages. Plusieurs d'entre eux entreprirent de tirer sur les caméras de surveillance tandis que les autres se mettaient en ligne devant les captifs du jour. Au loin, des sirènes de police se firent entendre provoquant des réactions dans le supermarché.

"Bien. Puisque c'est ainsi. Tout le monde debout."

Si la plupart se relevèrent, ils durent donner un petit coup de main aux otages récalcitrants. L'un des membres du gang se détacha et pointa son doigt vers deux hommes dans la foule, Maddox et Hayel.

"Hé bien s'il est malade, nous n'allons pas l'embêter plus longtemps. Avance jusqu'au fond jeune homme et toi, suis le. Vous passez devant nous. Ces deux jolis coeurs vont juste nous remettre le coffret. Personne ne voudrait qu'il leur arrive quelque chose de mal, pas vrai?"

Un rire gras s'échappa de sa gorge alors qu'il les poussait doucement du bout de l'arme. Les sirènes se rapprochaient tandis qu'il reprenait.

"L'asiatique, le beau gosse moralisateur, et les deux casses-cou, vous allez vous mettre devant la vitrine, et vous vous y collez en regardant droit devant vous. Le premier qui bouge se prend une balle dans la tête."

[HJ: nous parlons bien entendu de Billie, Lucas, Drake et Daniel =D C'est à Lucas et Hayel de répondre! Lâchez-vous ]