Chacun suppliait. Certains remettaient de l'huile sur le feu, tandis que d'autres couinaient dans leur coin. L'agitation commençait à monter dans la salle tandis que les braqueurs commençaient à s'énerver sur certains otages. Plusieurs d'entre eux entreprirent de tirer sur les caméras de surveillance tandis que les autres se mettaient en ligne devant les captifs du jour. Au loin, des sirènes de police se firent entendre provoquant des réactions dans le supermarché.

"Bien. Puisque c'est ainsi. Tout le monde debout."

Si la plupart se relevèrent, ils durent donner un petit coup de main aux otages récalcitrants. L'un des membres du gang se détacha et pointa son doigt vers deux hommes dans la foule, Maddox et Hayel.

"Hé bien s'il est malade, nous n'allons pas l'embêter plus longtemps. Avance jusqu'au fond jeune homme et toi, suis le. Vous passez devant nous. Ces deux jolis coeurs vont juste nous remettre le coffret. Personne ne voudrait qu'il leur arrive quelque chose de mal, pas vrai?"

Un rire gras s'échappa de sa gorge alors qu'il les poussait doucement du bout de l'arme. Les sirènes se rapprochaient tandis qu'il reprenait.

"L'asiatique, le beau gosse moralisateur, et les deux casses-cou, vous allez vous mettre devant la vitrine, et vous vous y collez en regardant droit devant vous. Le premier qui bouge se prend une balle dans la tête."

[HJ: nous parlons bien entendu de Billie, Lucas, Drake et Daniel =D C'est à Lucas et Hayel de répondre! Lâchez-vous ]

Spoiler:

Il faudra rappeler à Drake la prochaine fois de ne pas venir faire ses courses ici. C'est vraiment trop bête ce qu'il se passe. Un simple hold up aurait pu passer, bien que ce soit quand même la merde. Le fait qu'il y ait en plus un esprit dans le coin ne l'aidait pas du tout à réfléchir de manière correcte. En défiant les braqueurs, il s'en était pris une, heureusement ce n'était qu'un coup et pas une belle sortant d'un flingue. A présent, il allait devoir faire le singe en vitrine avec trois autres personnes. En gros, ils seraient les premiers à y passer si quelque chose se passe mal. La journée continue de manière tout à fait merveilleuse n'est-ce pas ?! C'est alors qu'il remarqua en allant vers la vitrine avec les trois autres qu'il y avait Billie, une jeune femme avec qui il avait parlé, car des gens avaient pensé qu'elle allait se suicider ce qui n'était pas le cas. Puis il vit Lucas, un ami de longue date et surtout un flic. Intérieurement, il espéra qu'il ait une arme, mais s'il n'était pas en service il y a peu de chance que ce soit le cas. Vu le regard que celui-ci lui lança, il comprit qu'il avait quelque chose derrière la tête. Drake fit un léger hochement de tête pour lui signifier qu'il le suivrait quoi qu'il tente. Le jeune homme n'avait aucune idée si ça allait marcher ou échouer. En faite ça lui importait peu. Tout ce qu'il voulait c'est partir au plus vite afin d'être loin de l'esprit qui rode dans le coin.

Elle s'était terrée à côté de Lucas, se relevant avec difficultés. Son corps s'engourdissait et criait grâce. La brune jeta un regard inquiet à son ami avant de serrer les mains autour de son sac dans une vaine tentative de retrouver son courage. Perdu, envolé. Un poids, lourd et douloureux, se glissa dans le fond de son estomac lorsque l'on demanda à Maddox de rejoindre le fond de la salle. Une plainte s'échappa de sa gorge alors qu'elle s'entendait murmurer péniblement à l'un des ravisseurs.

" Prenez n'importe qui d'autre mais laissez-le tranquille..."

Son regard vert croisa les reflets contre la vitre, flous. Trop flous. Mais rien ne perça cependant son cerveau tandis que la panique s'infiltrait dans chacune de ses pores et que Lucas était envoyé contre la fenêtre. Un hoquet s'échappa de ses lèvres et la médium détourna le regard vers les preneurs d'otages. Une balle fusa à la remarque du policier et se logea dans la cage thoracique d'une personne non loin d'elle, l'éclaboussant de sang au passage.

" Encore un mot, et ce sera encore un mort, compris?"

Sophya déglutit difficilement, les larmes menaçant d'inonder ses yeux. Ce serait quand même idiot de mourir aujourd'hui pas vrai? Son regard accrocha la silhouette d'Alastair, lui envoyant un message silencieux. Il fallait que quelqu'un bouge, que cette prise d'otage s'arrête. Les sirènes de police s'intensifièrent pour que les voitures finissent par s'arrêter devant le bâtiment, l'encerclant.

La situation dégénérait tellement que c'était presque comique. Je dis bien presque car Alastair ne riait pas. Il observa un homme et Maddox se faire entraîner. Pauvre Maddox, il était si benêt qu'il allait faire un arrêt cardiaque avant d'arriver au fond, le mauvais esprit en était convaincu. Bien entendu, Lucas ne put s'empêcher de l'ouvrir. Son ancienne victime n'avait décidément pas acquis l'art du silence, bien loin de là. Le fait qu'il ouvrit sa grande gueule fit dégénérer la situation. Alastair poussa un bref soupir qui n'était qu'un coup de vent aux yeux des vivants, un bref murmure du vent. Il vit le regard de Sophya sur lui et fut navré pour la médium. Navré qu'elle subisse tout cela. Lentement, le mauvais esprit s'approcha d'elle et la regarda droit dans les yeux. Son regard lui suffit et il décida d'intervenir, pour elle et ses beaux yeux de femme.

Le Dibbouk se déplaça avec légèreté et se mit derrière un des braqueurs. Il attrapa son arme, l'objet semblait flotter dans l'air et la balle fusa. Un gros bruit assourdissant retentit. Le pauvre homme ouvrit la bouche comme un poisson hors de l'eau et s'effondra. Le sang s'écoulait rapidement de son poumon perforé, il allait se noyer dans son propre sang.

« Qui a fait ça bordel ?! »

La panique gagna le groupe de braqueurs tandis qu'ils avisèrent l'arme au sol. Alastair recula jusqu'à Sophya. Maintenant, ils devaient attendre et peut-être bien, profiter de la panique créée par le mauvais esprit.

Oppressé, il ne savait plus vraiment où il était. Perdu, confus, apeuré et pourtant… Pas tant terrifié par la situation, c’était la peur des autres qui le perdait, c’était les cris et cette façon que ces personnes masqués avaient de parler qui laissait monter l’angoisse, quelque chose qui lui faisait comprendre que rien n’était comme d’habitude et briser les habitudes de Maddox était une chose qui avait le don de le déstabiliser. C’est alors qu’il fut poussé avec une arme dans le dos pour se diriger il ne savait où, n’écoutant pas vraiment ce qu’on disait. La voix de Sophya venait percer cette agitation en demandant de le laisser tranquille. Doucement il avait relevé les yeux pour constater qu’elle était contre la vitrine et c’est à cet instant après une seconde remarque une détonation, des cris, du sang… Doucement ses yeux bleus se posaient sur celui qui devait prendre le coffret avec lui, suivant celui-ci sans trop savoir où il allait. Il avait de plus en plus de difficultés à respirer, cette arme dans le dos, cette sensation qu’on été encore en train de le violer…

Il eut de l’agitation plus loin, mais il ne vit rien. Un coup de feu encore une fois, son regard s’accrochait à son compagnon d’infortune. Il y avait un mouvement de panique devant la vitrine et il ne savait pas ce qu’il se passait. Il devait toujours regarder devant, continuant d’avancer jusqu’au fond du magasin. « Prenez le coffre. » Prince se tournait lentement vers son agresseur masqué dont il pouvait voir les yeux bruns emplis de colère et d’une certaine inquiétude ; comme s’il… N’avait pas le choix lui aussi… « Tu as peur… » Soufflait-il avant de poser ses doigts fins sur le coffre et de reporter son regard azuré sur le type qui l’accompagnait pour porter ce coffre. Prince ne savait pas vraiment ce qu’il se passait à coté, il sentait que son corps rejetait pleinement la situation et le décor devenait de plus en plus flou, son regard s’agitant dans tous les recoins, ne sachant plus vraiment où il devait aller à présent maintenant qu’ils avaient ce fameux coffre…

J’en avais marre. Franchement. La police nous encerclait, et agirait au moindre mouvement brusque. C’était leur protocole, il ne ferait rien d’autre si les otages n’étaient pas en situation de danger et attendrait comme des idiots que le temps passe, tout en cherchant un moyen d’attraper les agresseurs. Je ne supportais plus d’être pris pour un pauvre petit otage parmi tant d’autres, autant qu’ils me tuent pendant que les autres dégageraient en courant. L’héroïsme, personne ne l’avait dans le sang, personne ne voulait se suicider pour les autres, tout ça c’était dans les films. Je me fichais des conséquences par la suite, préférant les ignorer. J’avais un coffre qui nécessitait quatre bras, il servait d’arme, pouvait aussi bien nous protéger que nous aider à passer à l’offensive. L’offensive, ouais. Je regardais Maddox, à qui je pus glisser quelques mots en aparté, bien que prenant un risque plutôt important.

« On attaque, ça vous dit ? Si vous êtes d’accord, acquiescez et ne lâchez surtout pas le coffre des mains »

A mon avis, la situation ne devait pas lui plaire, comme à moi. Et l’effet de surprise ramènerait ceux qui gardaient les otages vers nous, ce qui leur permettrait au moins à eux de s’enfuir et d’évaluer la situation aux policiers qui ne franchissaient pas encore les portes de peur que l’un de nous ne se fasse descendre sur place. Il y a un moment où on arrête de compter sur les autres et que l’on se gère soi-même n’est ce pas. Un signe à Maddox et le coffre vint percuter le gars le plus proche de nous. Surveillant nos arrières, je vis qu’un autre s’approchait de nous et le coffre le percuta également de plein fouet, de quoi le foutre à terre un moment. Une arme atterrit à mes pieds et je m’en saisis. Les pompiers n’apprenaient pas à user de ce genre d’armes, mais ça devait fonctionner comme au tir à la carabine à la foire non ? En attendant, la pagaille commençait à s’élever dans la pièce et il fallait maintenant que nous luttions pour ne pas nous faire tuer par les premières balles qui arrivaient … vite derrière le coffre.

C'était un véritable bordel ! Drake ne comprit absolument rien de ce qu'il se passa. Un simple coup de feu retenti et tout vira au cauchemar... encore plus que ça ne l'était déjà. Il osa tourner la tête pour regarder derrière lui et vit quelqu'un au sol. Tout s'enchaîna si rapidement : Lucas sortit une arme pour abattre les ennemies qu'il voyait. Le rigolo à coté de lui c'était élancé sur un autre type pour lui casser la gueule. Et lui... lui resta planté là sans savoir quoi faire. Finalement, il vit un des gars qui tentait de s'enfuir vers un magasin. Il devait sans doute s'imaginer qu'il allait pouvoir sortir par une porte qui ne sera pas garder. A moins qu'il cache tout son attirail pour finalement se faire passer pour un otage ayant réussi à se cacher. Sans attendre, il se lança à sa poursuite sans savoir pourquoi. La folie du moment ? L'adrénaline ? Ou le fait qu'il n'en ait plus rien à foutre de sa vie depuis déjà un bon moment... Drake couru assez vite et lui sauta dessus pour le plaquer au sol comme un joueur de football américain. Le gars le repoussa d'une bonne droite sur la tempe ce qui eut pour effet de l'assommer à moitié. Du coup, le sale type saisit l'occasion pour se relever et le prendre comme otage perso et bouclier. Voilà notre pompier dans une posture bien délicate.

Son regard capta pendant un long moment celui d'Alastair. Recroquevillée au sol, Sophya n'en menait vraiment par large tandis que l'esprit semblait s'être mis à ses côtés dans une tentative de protection. Il avait abattu quelqu'un pour elle. Du sang avait éclaboussé son visage et la brune pouvait presque en sentir l'odeur métallique, les sillons couler sur ses joues. Inconsciemment, elle avait attrapé la main d'Harry à ses côtés comme pour se rassurer, elle qui habituellement fuyait tout contact physique. Qu'il était idiot de croire que cela la sauverait de quoique ce soit. Un rictus finit par déformer ses traits alors qu'elle détournait le regard de l'homme qui venait de s'effondrer au sol après avoir frappé l'un des braqueurs et que Lucas enchaînait avec une violence qu'elle ne soupçonnait pas vraiment chez lui. Un son métallique lourd lui fit tourner la tête et rater le reste de l'action alors que l'un des autres braqueurs s'effondrait au sol sous l'action d'Hayel qui en mettait un deuxième au sol. Ses yeux se posèrent alors sur Maddox qui avait l'air totalement perdu et la jeune femme ne sut pourquoi mais elle se releva légèrement.

" Je vais le chercher docteur. Mettez-vous à l'abri, quelque part."

Courage? Pas vraiment, mais la vision de Maddox complètement apeuré lui brisait réellement le coeur. Elle avait fait suffisamment de dégât à cet homme pour ne pas lui apporter un semblant d'aide. Elle se releva légèrement, courbée pour avancer avec précaution, regardant à droite à gauche alors que la mêlée générale semblait devenir vraiment apocalyptique. Sa main se tendit vers l'homme, tandis que les yeux verts se voulaient rassurants.

"Viens Maddox. Ça va aller. Ne reste pas là, c'est dangereux."

Il fallait qu'ils se mettent quelque part à couvert, sans quoi ils finiraient par se prendre une balle perdue. Les policiers commençaient à s'agiter et Sophya pouvait voir les choses dégénérer rapidement. Une balle perdue arrivait tellement vite, et la catastrophe était arrivée. Elle guida donc le brun derrière un comptoir et s'accroupit au sol, priant pour que cette prise d'otage prenne fin rapidement.

Maddox avait posé les doigts sur le coffre, les yeux relevé vers le type en face de lui qui lui demandait si ça lui disait d'attaquer. Il ne savait pas pourquoi, mais quand le type lui demandait d'acquiescer ; il le fit tout simplement. Le regard perdu, il ne savait pas vraiment ce qu'il devait faire ; ne pas lâcher le coffre des mains ; d'accord... Mais pourquoi est-ce qu'il le tirait de la sorte ? Le coffre venait atterrir en plein sur la tête du braqueur, la mâchoire grande ouverte, se cramponnant comme il le pouvait en observant le type tomber au sol, l'air franchement amorphe. Puis déjà le coffre emportait son bras et il suivait le mouvement pour venir assommer quelqu'un d'autre. Complètement perdu, il ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer. C'est alors que le coffre touchait de nouveau le sol ; Prince restait planté là, le regard complètement perdu alors que les coups de feu poursuivaient leur symphonie infernale. C'est alors qu'il croisait le regard de Sophya et la main de celle-ci dans la sienne. Elle lui disait de la suivre, détachant doucement ses doigts du coffre avant de la suivre et de se retrouvait assit au sol encore une fois ; elle s'était accroupie et lui s'était littéralement effondré essoufflé et perdu. Il ne voulait plus aller nulle part ; il voulait juste retrouver sa chambre et son papier dessin. Tenant toujours la main de la jeune femme avant de venir approcher d'elle un peu plus ; cherchant le contact rassurant et la douceur féminine maternelle comme l'enfant égaré qu'il demeurait à jamais.

« Je ne comprend rien.... J'ai rien fait... Je n''ai rien fait de mal... » Soufflait-il apeuré ; les coups de feu continuaient et c'est à cet instant qu'ils furent rejoins par Harry qui n'avait su se résoudre à laisser là celui qu'il considérait finalement comme le fils qu'il n'avait jamais eu même si ce n'était professionnellement pas correct et qu'il s'efforçait à ne pas être trop proche de Maddox. Mais la façon dont Harry fit son arrivée choquait un peu plus encore le médium car Harry venait d'arriver en glissant sur le sol ; les yeux à moitié clos et du sang partout... La mâchoire de Prince s'ouvrait de la hauteur des chutes du Niagara et sa respiration cessa alors que les traits de son visage se figeaient dans cette expression horrifiée. « Tout va bien Prince. » Rassurait l'homme dans l'espoir que son patient ne paniquerait pas et creuserait sa tombe. Son regard fuyait en direction de Sophya alors qu'il se cramponnait nerveusement au bras de la jeune femme embrayant sur un mouvement de balancier d'avant en arrière pour contenir son angoisse « Tout va bien Prince... Tout... Va bien... » Répétait-il nerveux. Les yeux de nouveau rivés sur Harry dont les yeux étaient désormais clos ; le fixant avec insistance sans cesser le mouvement de balancier « Réveilles toi... Réveille toi Harry... » Suppliait-il toujours un peu plus angoissé par la situation... Puis face à l'absence de réponse de la part du médecin qui lui avait sauvé la vie ; les larmes se mirent à perler au coin de ses yeux azurés avant de rouler lentement le long de son visage.

Au début, c'était un simple braquage mais un braquage qui avait tourné étrangement dans un bain de sang. Les policiers qui se trouvaient à l'extérieur ne comprenaient rien. Des coups de feu se faisaient entendre et ils regardaient les vitres, nerveux. Qu'est-ce qui pouvait bien se passer ? Il fallait intervenir, il le fallait. Néanmoins, l'un des lieutenants eut une pensée étrange et la formula à voix haute.

« Appelez l'église. »

Sa mama disait souvent que l'église était là pour aider, que Dieu aidait ceux qui demandaient. On ne sut jamais qui mais l'un des policiers appela l'église. On leur dit que dans une demi-heure, un prêtre exorciste viendrait. Si la prise d'otage semblait complètement loufoque, ce n'était pas pour rien, les esprits s'en mêlaient et pas qu'un peu. La femme qui portait une vieille robe usée, un poltergeist, posa son regard sur le commandant. Un homme étrangement pâle se tenait à côté d'elle, lui aussi un mort.

« Nous devons faire quelque chose Henry...
- Ne sois pas ridicule, Maria. »

Souffla-t-il, blasé mais sachant qu'elle le ferait. La vieille femme noire s'approcha du chef de l'équipe et se pencha en avant pour lui souffler à l'oreille. Peut-être l'entendrait-il...

« Vas-y. Le temps presse, vous devez y aller, sinon, ils vont mourir. »

L'homme redressa la tête et se mit à faire des signes des mains. Il croyait à une intuition alors qu'un esprit avait soufflé à son oreille.

« On y va, maintenant ! Anderson, devant ! »

Le dit Anderson hocha de la tête, enfila son casque. La porte vola en éclat tandis que les policiers tentèrent de viser les braqueurs.

« Les mains en l'air ! TOUT LE MONDE LES MAINS EN L'AIR ! »

Des balles avaient fusé car certains bougeaient, d'autres pas. Maria et Henry qui accompagnaient, observèrent les rares esprits présents et les toisèrent avec sévérité. Quel carnage, quel gâchis. Tant de vivants étaient blessés, ou morts.

La jeune femme passa une main rassurante sur le visage de Maddox tout en caressant du pouce le plat de la main du médium. Son regard se posait sans cesse autour d'eux et Sophya devait largement avouer qu'elle était réellement effrayée. Tout tournait au pugilat et elle n'était pas sure que quelqu'un serait épargné. Pourtant elle se risqua à sourire à Maddox, comme pour le rassurer, pour lui confirmer qu'il n'avait rien fait de mal. Mais c'était avant que quelqu'un ne rampe à leurs côtés, couvert de sang. Doucement, la demoiselle lâcha la main du brun avant de la poser sur la poitrine du médecin.

« Oh... Merde... »

Ses yeux se remplirent à nouveau de larmes alors qu'elle tentait péniblement de retenir le sang qui filtrait entre ses doigts à grands jets. La plaie avait l'air profonde, le médecin s'était sûrement pris une balle perdue. Qu'est-ce qu'elle devait faire ? Harry rassurait Maddox qui lui s'était mis à agripper son bras et le serrait avec une force que Sophya avait du mal à supporter. Pourtant, le médecin finit par fermer les yeux et la brune se mit à jurer doucement.

« Non, non, non... Allez debout, Harry, docteur, restez avec nous. »

Elle sursauta lorsque les policiers entrèrent. Elle ne pouvait pas lâcher, alors que le sang continuait de s'écouler entre ses doigts. Il allait mourir si elle le faisait. Des larmes commencèrent à rouler sur ses joues alors qu'elle commençait à crier.

« A l'aide ! Nous avons un blessé ! Vite ! »

La jeune femme tourna son visage vers Maddox et souffla.

« Reste près de moi. Ne bouge surtout pas d'ici Maddox. Tu comprends ? Je resterais près de toi et on rentrera chez toi après, d'accord ? Mais il faut que tu m'écoutes. On n'a pas le choix. »

Pouvait-on vraiment faire confiance à quelqu'un qui était couvert de sang et qui pleurait à chaudes larmes ? Rien n'était moins certain. Sophya chercha Lucas du regard, espérant qu'il n'avait pas subi le même sort que le médecin, avant d'espérer qu'Alastair se pointerait à ses côtés et lui dirait quoi faire. Parce que maintenant, c'était elle qui avait besoin d'être dirigée.

S’agrippant à Sophya, elle compressait le torse du médecine et Maddox ne comprenait pas vraiment pourquoi elle l’écrasait de la sorte ; s’agrippant à elle plein de désespoir. Elle pleurait et il ne savait pas quoi faire. Les policiers entraient et Prince continuait de pleurait, suppliant pour qu’il se réveille. La voix de la jeune femme criait à l’aide, croisant son regard apeuré il se sentait tout simplement perdu. Elle lui donnait alors des consignes à suivre ; lui disant de ne pas bouger. Il entendait crier autour de lui, il ne comprenait pas ce qu’il se passait. Il voulait rentrer chez lui avec Harry et boire un chocolat chaud dans le canapé. Pourquoi est-ce qu’il y avait tout ce sang sur Harry. Enfin, Maddox s’approche de son cher ami et de sa main libre balaye ses joues pour effacer le sang qui s’y trouvaient de façon compulsive « Viens… On rentre à la maison… » Disait-il à son adresse ; il avait les yeux clos. Pourquoi était-il si fatigué ? Le sang continuait à couler et maintenant il en avait plein les mains, ajustant le col de son sauveur comme s’il voulait l’aider à être présentable avant de sortir. Il ne savait pas pourquoi il faisait ça, il ne voulait pas réaliser ce qu’il se passait. Maddox ne comprenait pas pourquoi il dormait là, au milieu de tous ces cris. Harry avait été comme un père pour lui, celui qui le rassurait, qui croyait en lui. Un modèle.

Lâchant alors le bras de la jeune femme, il ne voulait pas faire quelque chose de stupide ; mais c’était la panique qui emportait le tout, essayant ses larmes avec ses mains souillées de sang, barbouillant sa gueule d’ange. Les chevaux courraient de nouveau dans sa tête… Est-ce que tu as déjà tué quelqu’un… Fixant le visage inerte d’Harry, est-ce que c’était de sa faute ? Non, il n’était pas mort, il allait ouvrir les yeux de toute façon. « T’as dis que tu resterais avec moi Harry. » Se penchant sur son visage pour constater qu’il n’y avait pas un souffle de vie qui s’émanait de sa bouche ; laissant ses larmes se noyer dans le sang qui était sur ses joues. C’est alors qu’un policier attrapait le médium par la taille, celui-ci s’agrippait alors aux vêtements d’Harry qui gisait sur le sol ; ils resteront ensemble n’est-ce pas ? « Au secours Harry… Au secours… » Suppliait-il, mais la priorité des policiers étaient de sauver les vivants et non pas de faire de tentatives désespéré sur des futurs cadavres ; mais le dément refusait de se laisser faire. Criant de toutes ses forces avant de se mettre à griffer son sauveur qui était protégé par ses vêtements solides d’intervention ; criant au point d’oublier de respirer alors que de ses yeux s’écoulaient les larmes du désespoir comme s’il était lui-même en train de mourir. Traînant des pieds, laissant tout son poids jouer avec l’apesanteur pour forcer ce policier à le laisser là ; pour l’empêcher de s’éloigner d’Harry, mais avec sa corpulence il voyait s’éloigner son ami auprès de Sophya. Il était tellement… En colère. Oui, en colère…

Le pompier était toujours l'otage d'un des braqueurs. Il le tenait fermement par le cou grâce à son bras qui était enroulé autour de celui-ci. Son autre bras tenait l'arme fermement contre sa tempe. L'homme était stressé de voir que leur petit braquage était en train de tourner au vinaigre. Plusieurs malfrats étaient déjà à terre et la police venait d'entrer éliminant les derniers qui étaient encore debout. Drake commença à se débattre, il n'avait pas envie d'être tué d'une balle dans la tête ou d'une balle perdue. Sans trop savoir comment, il réussit à déséquilibrer l'homme en donnant un bon coup de pied dans son genou. Le bras qui le maintenant au cou se desserra ce qui lui permit de "s'échapper". Quand il se retourna, l'homme avait retrouvé l'équilibre. Son arme était rivée sur lui, prêt à tirer pour faire payer cet affront qu'il venait de lui faire. Le jeune homme était presque prêt à entendre le coup de feu qui lui sera fatal. Et il eut lieu, un grand "PAN", mais bizarrement il ne ressentit aucune douleur. Ses yeux qu'ils avaient fermés par peur venait de se ré-ouvrir pour voir le corps du malfrat s'écrouler sur le sol. Il fut surpris et passa sa main sur son visage pour constater qu'il était couvert de sang. Ce n'était pas le sien, mais celui du braqueur. Son regard chercha plus loin et il vit un policier en uniforme d'intervention qui se tenait au loin avec son arme encore fumante. Ce type venait de lui sauver la vie. Complétement perdu, il se dirigea vers la sortie comme la plupart des autres otages. Des ambulances étaient là, prête à accueillir les blessés. Un ambulancier voulu le prendre en charge, mais il n'avait rien, le sang qui le recouvrait n'était pas le sien. Drake se contenta de marcher jusqu'à un banc, avant de s'écrouler lourdement dessus, ses mains tremblants sans pouvoir s'arrêter.

Ses yeux s'étaient remplis instantannément de larmes alors qu'elle fixait ses mains qui ne voulaient pas lâcher la blessure. Le sang continuait de couler alors que le tissu semblait tellement imbibé. Pourtant elle n'avait pas le temps d'assimiler quoique ce soit, que des policiers s'infiltraient et éloignaient Maddox d'elle.

"Hé lâchez-le. Lâchez-le! C'est son médecin..."

Elle se redressa doucement tandis que Lucas s'adressait à elle. Et pour une des rares occasions de sa vie, elle ne pouvait pas lui répondre. Sa tête tournait comme pas possible, alors qu'elle fixait le brun dans le blanc des yeux. Elle aurait voulu lui crier de ne pas chercher d'excuses faciles, de ne pas lui dire ce genre de choses. A vrai dire, la médium bouillonnait d'une colère sourde qui ne manquerait pas d'exploser. Pourtant le bourdonnement de ses pensées fut interrompu par une voix à ses côtés. Les deux opales se tournèrent vers deux yeux bleus et la brune étira un fin sourire, maigre consolation. Pourtant, elle se sentit presque rassurée d'entendre ces mots.

La brune fronça doucement les yeux en regardant la silhouette de l'homme s'éloigner, une impression de déjà vu se glissant dans ses tripes. Une nouvelle voix, bien connue pourtant. Le mouvement de tête qu'elle effectua lui arracha une grimace alors qu'elle reculait, les yeux emplis d'une colère qui allait vraiment exploser.

"... Toi. "

Elle leva ses mains ensanglantées en signe d'énervement, avant de reculer pour de bon.

" Cette journée est un véritable enfer... J'ai donné, vraiment. Comme je peux le voir tu t'occupes de lui? Bien... Moi je m'en vais, je ne resterais pas une seconde de plus ici. Porte-toi bien Maddox. "


Sa respiration se hacha légèrement avant qu'elle ne reprenne.

" Essaie de ne pas briser son coeur, comme tu as brisé celui des membres de ta famille..."

Revoir Tamina lui procurait ce sentiment de rage, cette sensation d'abandon. La mettait dans une colère folle à vrai dire. Elle se retourna pour de bon, assurant aux policiers qu'elle n'était pas blessée et n'avait pas besoin de voir un médecin avant de retourner jusque l'arrêt de tram. Son reflet lui fit écho dans la vitre de l'arrêt. Elle comprenait mieux les regards interloqués quand elle se regardait. Le sang séché donnait vraiment l'impression qu'elle sortait d'une publicité pour The Walking Dead. Foutue journée.

Traîné de force en dehors du magasin, il se débattait autant qu’il le pouvait ; criant qu’il ne voulait pas sortir, appelant avec désespoir son ami qui gisait au sol. Une voix familière lui parvenait aux oreilles, le flic cessait alors de le traîner ; ses yeux azurés s’agitaient encore avant de voir les traits de Tamina, doucement sa main venait sur son visage. Il ne disait rien, la fixant toujours aussi terrifié. C’est fini… Non… Ce n’était pas fini. Son regard observe les personnes évacuées en direction des ambulances ; puis Sophya s’approchait d’eux ; il ouvrait les lèvres pour lui adresser la parole, mais celle-ci l’ignore. Elle parlait à sa tutrice avec une telle haine qu’il se sentait complètement perdu, la fixant dans cette incompréhension la plus totale puis enfin elle lui accorde quatre derniers mots. Les larmes brillaient dans ses yeux bleus, puis elle ajoute une dernière phrase à l’égard de sa thérapeute qui semble tétanisée. Alors que Sophya se retournait il demandait alors la gorgé serrée « Où est Harry ? » Pas de réponse… Son silence le brise ; elle s’éloigne de lui et les larmes coulent sur son visage taché de sang. Un infirmier approche et demande s’il est blessé ; il le fixe de ses yeux bleus. Est-ce que l’on peut soigner un cœur brisé ?

Puis par-dessus son épaule, il aperçu deux brancardiers pousser un sac noir sur un brancard ; l’interne note sur un papier en annonçant l’heure du décès. Maddox pousse l’infirmier et se met à courir, il avait si mal aux jambes qu’il avait l’impression qu’elles allaient se briser d’une seconde à l’autre ; hurlant de cette douleur qui le déchirait, raisonnant entre les rues qui entourent le centre commercial ; il attrapait brutalement la fermeture éclair alors que deux flics partent à sa poursuivre, le visage inerte d’Harry lui fait face « Non !! NON !! REVEILLES TOI !! » Il s’agrippant au brancard alors que l’on tente de nouveau de l’extraire de force ; il touchait son visage glacé avant de perdre connaissance. Écroulé dans les bras des policiers ; il se réveillera plus tard dans ce lit blanc accueillit par les grands yeux de l’infirmière qui lui assurait que tout irait bien, cette bienveillance si mensongère…